Otto Preminger (1905-1986)
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Re: Otto Preminger (1906-1986)
Dans le genre "héroïne qui tombe amoureuse d'un homme qui ne la mérite pas" il y a Kitty aussi (la duchesse des bas fonds de Leisen) qui n'est pas mal D'ailleurs les deux films ont une parenté de thème et de traitement sauf que je préfère le Leisen, qui suscite chez moi plus d'empathie et que je trouve visuellement merveilleux.
J'avais été déçu aussi par Ambre, peut être aussi pour une question de longueur : les péripéties sont concentrées (même coupées et tronquées) en deux heures je crois, du coup on perd trop de chose et on a pas le temps de réfléchir un minimum sans compter qu'il est plus difficile de s'attacher aux personnages. Heureusement qu'on a respecté le format épique d'Autant en emporte le vent et qu'on ne lui a pas fait subir ça .... sinon bonjour le massacre !
Bref mon visionnage remonte un peu et effectivement j'étais sous le coup de la lecture du roman moi aussi. Il faudrait peut-être retenter l'expérience.
J'avais été déçu aussi par Ambre, peut être aussi pour une question de longueur : les péripéties sont concentrées (même coupées et tronquées) en deux heures je crois, du coup on perd trop de chose et on a pas le temps de réfléchir un minimum sans compter qu'il est plus difficile de s'attacher aux personnages. Heureusement qu'on a respecté le format épique d'Autant en emporte le vent et qu'on ne lui a pas fait subir ça .... sinon bonjour le massacre !
Bref mon visionnage remonte un peu et effectivement j'étais sous le coup de la lecture du roman moi aussi. Il faudrait peut-être retenter l'expérience.
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Re: Otto Preminger (1906-1986)
Je pense qu'il faut que tu revoies le film, c'est effectif qu'il aurait fallu que le film dure plus longtemps pour pouvoir raconter toutes les aventures d'Ambre. Ce que je ne comprends pas c'est quitte à adapter et à couper certains passages pourquoi ne pas rester fidèle à d'autres. C'est vrai qu'Autant en emporte le vent est une adaptation quasi-fidèle, hormis la suppression des enfants de Scarlett avec le frère de Mélanie ou avec Charles, ne gardant que Bonnie. Il est vrai aussi que sans doute cela est plus porteur à l'écran. Bon, pour Ambre, il y a le côté sulfureux du personnage qui pouvait sans doute difficilement passer à l'écran à l'époque ! Après tout Ambre a des relations avec Bruce chaque fois qu'elle le voit, même quand il s'est marié ! Ici on donne un beau rôle à Bruce et on fait passer Ambre pour une parvenue qui va déchoir alors que là la fin du livre n'est aucunement respectée !francesco a écrit :Dans le genre "héroïne qui tombe amoureuse d'un homme qui ne la mérite pas" il y a Kitty aussi (la duchesse des bas fonds de Leisen) qui n'est pas mal D'ailleurs les deux films ont une parenté de thème et de traitement sauf que je préfère le Leisen, qui suscite chez moi plus d'empathie et que je trouve visuellement merveilleux.
J'avais été déçu aussi par Ambre, peut être aussi pour une question de longueur : les péripéties sont concentrées (même coupées et tronquées) en deux heures je crois, du coup on perd trop de chose et on a pas le temps de réfléchir un minimum sans compter qu'il est plus difficile de s'attacher aux personnages. Heureusement qu'on a respecté le format épique d'Autant en emporte le vent et qu'on ne lui a pas fait subir ça .... sinon bonjour le massacre !
Bref mon visionnage remonte un peu et effectivement j'étais sous le coup de la lecture du roman moi aussi. Il faudrait peut-être retenter l'expérience.
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Re: Otto Preminger (1906-1986)
Oui j'adore cette fin je me demande si Kathleen Winsor pensait à une suite éventuelle. D'ailleurs si vous ne l'avez pas lu son autre grand roman le plus connu "D'or et d'Argent" sur l'Amérique des pionniers est vraiment excellent on retrouve le souffle romanesque de ambre en plus noir et plus adulte (vu qu'elle avait à peine plus de 20 ans quand elle a écrit Ambre ) je crois que je t'en avais parlé Francesco au dîner classikiens .Cathy a écrit :francesco a écrit :
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Re: Otto Preminger (1906-1986)
Par contre, ce qui est admirable, ce sont les robes d'Ambre, elle doit en changer à chaque nouvelle scène et elles sont toutes absolument sublimissimes ! Il faudrait que je lise d'or et d'argent, il est paru chez Phebus qui avait aussi édité Ambre !
Il est vrai qu'on se demande si une suite était envisagée, mais bon c'est peut-être comme dans Autant en emporte le vent, où la fin est ouverte et où on imagine tout ce que l'on veut, même s'il est évident que Rhett reviendra dans les bras de Scarlett, car elle a toujours tout ce qu'elle veut (même Ashley).
Il est vrai qu'on se demande si une suite était envisagée, mais bon c'est peut-être comme dans Autant en emporte le vent, où la fin est ouverte et où on imagine tout ce que l'on veut, même s'il est évident que Rhett reviendra dans les bras de Scarlett, car elle a toujours tout ce qu'elle veut (même Ashley).
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Re: Otto Preminger (1906-1986)
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Re: Otto Preminger (1906-1986)
L'éventail de Lady Windermere, The Fan (1949)
Une femme semble devenir la maîtresse du mari de Lady Windermere, mais qui est-elle en vérité ?
Otto Preminger signe une adaptation subtile et pleine d'élégance du roman d'Oscar Wilde, critique de la société, des faux semblants de la fin du 19ème siècle, début du 20ème siècle et de ces ragots qui peuvent ruiner la vie d'une femme. La vision en flash back de l'histoire avec ces deux héros vieillis est pleine de charme. L'histoire est sans doute fort théatrale, mais ce n'est jamais du théâtre filmé ! Evidemment il y a ces interprètes qui jouent à merveille et avec subtilité, et en premier Madeleine Carroll et Jeanne Crain la blonde et la brune, la femme d'expérience et la jeune femme qui s'opposent, George Sanders onctueux et cynique, délicieux vieil homme, ou encore Richard Greene fort élégant Lord. Un film court mais qui dépeint magnifiquement les sentiments de tous les acteurs de ce drame.
Une femme semble devenir la maîtresse du mari de Lady Windermere, mais qui est-elle en vérité ?
Otto Preminger signe une adaptation subtile et pleine d'élégance du roman d'Oscar Wilde, critique de la société, des faux semblants de la fin du 19ème siècle, début du 20ème siècle et de ces ragots qui peuvent ruiner la vie d'une femme. La vision en flash back de l'histoire avec ces deux héros vieillis est pleine de charme. L'histoire est sans doute fort théatrale, mais ce n'est jamais du théâtre filmé ! Evidemment il y a ces interprètes qui jouent à merveille et avec subtilité, et en premier Madeleine Carroll et Jeanne Crain la blonde et la brune, la femme d'expérience et la jeune femme qui s'opposent, George Sanders onctueux et cynique, délicieux vieil homme, ou encore Richard Greene fort élégant Lord. Un film court mais qui dépeint magnifiquement les sentiments de tous les acteurs de ce drame.
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Re: Otto Preminger (1906-1986)
Scandale à la cour, A Royal Scandal (1945)
Un jeune soldat devient le favori de Catherine la Grande, tsarine de Russie.
Produit par Lubitsch, ce film aurait du être aussi réalisé par lui, mais tombé malade, c'est Otto Preminger qui le réalisa. Pourtant en voyant cette comédie, on pense vraiment à du pur Lubitsch, ne serait-ce que par toutes ces petites touches comiques comme le vase préféré de Catherine ou encore ces dialogues étincellants qui font plus que souvent mouche et beaucoup rire, avec leur anachronisme ou leur côté dérisoire. Evidemment sans Tallulah Bankhead et Charles Coburn le film fonctionnerait sans doute moins, mais la première campe une Catherine la Grande irresistible, femme moderne, libre au timbre de voix si particulier et le second son chancelier, rare dans les films à costumes, mais toujours excellent. Certes le scenario évoque irresistiblement une adaptation de la Grande Duchesse de Gerolstein, avec ces deux rivales, la tsarine et sa dame d'honneur, ou ce soldat naïf qui grimpe dans la hiérarchie à chaque nouvelle parole, tant il charme sans le voir la tsarine et ces complots qui se trament dans l'ombre. Scandale à la cour est un petit bijou d'humour, de drôlerie, efficace, rythmé. Ann Baxter est ravissante en jeune dame d'honneur fiancée de ce grand dadais, tout comme William Eythe excellent et plein de charme dans le rôle du soldat à qui l'uniforme blanc va bien. Il y a aussi Vincent Price en marquis, ambassadeur de France, onctueux ce qu'il faut sans oublier Misha Auer une fois encore irresistible. Bref une comédie pétillante comme le champagne !
Un jeune soldat devient le favori de Catherine la Grande, tsarine de Russie.
Produit par Lubitsch, ce film aurait du être aussi réalisé par lui, mais tombé malade, c'est Otto Preminger qui le réalisa. Pourtant en voyant cette comédie, on pense vraiment à du pur Lubitsch, ne serait-ce que par toutes ces petites touches comiques comme le vase préféré de Catherine ou encore ces dialogues étincellants qui font plus que souvent mouche et beaucoup rire, avec leur anachronisme ou leur côté dérisoire. Evidemment sans Tallulah Bankhead et Charles Coburn le film fonctionnerait sans doute moins, mais la première campe une Catherine la Grande irresistible, femme moderne, libre au timbre de voix si particulier et le second son chancelier, rare dans les films à costumes, mais toujours excellent. Certes le scenario évoque irresistiblement une adaptation de la Grande Duchesse de Gerolstein, avec ces deux rivales, la tsarine et sa dame d'honneur, ou ce soldat naïf qui grimpe dans la hiérarchie à chaque nouvelle parole, tant il charme sans le voir la tsarine et ces complots qui se trament dans l'ombre. Scandale à la cour est un petit bijou d'humour, de drôlerie, efficace, rythmé. Ann Baxter est ravissante en jeune dame d'honneur fiancée de ce grand dadais, tout comme William Eythe excellent et plein de charme dans le rôle du soldat à qui l'uniforme blanc va bien. Il y a aussi Vincent Price en marquis, ambassadeur de France, onctueux ce qu'il faut sans oublier Misha Auer une fois encore irresistible. Bref une comédie pétillante comme le champagne !
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Re: Otto Preminger (1906-1986)
Juste une petite précision, A Royal Scandal est un remake de Forbidden Paradise (Paradis défendu, 1924) d'Ernst Lubitsch chroniqué ici.Cathy a écrit :Scandale à la cour, A Royal Scandal (1945)
Un jeune soldat devient le favori de Catherine la Grande, tsarine de Russie.
Produit par Lubitsch, ce film aurait du être aussi réalisé par lui, mais tombé malade.
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Re: Otto Preminger (1906-1986)
Charmante Famille, Danger: Love at Work (1937)
Un avocat doit faire signer un acte de vente aux membres d'une famille tous plus excentriques les uns que les autres.
Otto Preminger réalise ici son troisième film. Celui-ci est une comédie dans la pure tradition des comédies américaines de l'époque, à la limite de la screwball et plus proche de la comédie familiale. Le film est assez proche du You can take it with you de Frank Capra réalisé seulement un an plus tard. On retrouve le personnage du jeune homme "normal" qui se trouve confronté à une famille de farfelus finis, entre le jeune fils qui a seulement dix ans va entrer à Harvard, la mère totalement désinvolte, le père dépassé par les évènements, l'oncle qui peint des oeuvres plus psychédéliques les unes ques les autres, celui qui vit tel un ermite, les deux tantes, vieilles filles qui se protègent des intrus, la fille qui va aider l'avocat à faire signer l'acte et naturellement en tomber amoureux sans oublier le fiancé soupçconneux... Bref une comédie complètement loufoque, hilarante par ses dialogues, ses situations, ces personnages totalement déjantés que les réalisateurs de l'époque aiment tant dépeindre. L'atmosphère ne ressemble pas aux films que Preminger réalisera par la suite sous la férule de Lubitsch, l'humour y est beaucoup plus "grossier", sans doute moins spirituel, mais tout aussi efficace. Jack Haley est excellent en avocat dépassé par la situation, mais qui a lui aussi un petit grain de folie, Ann Sothern est tout à fait séduisante dans son rôle de jeune fofolle, sans oublier Mary Boland qui campe la mère loufoque, ou encore Edward Everett Horton en fiancé. Bref une comédie hilarante, méconnue et qui vaut le détour pour ceux qui aiment le genre.
Un avocat doit faire signer un acte de vente aux membres d'une famille tous plus excentriques les uns que les autres.
Otto Preminger réalise ici son troisième film. Celui-ci est une comédie dans la pure tradition des comédies américaines de l'époque, à la limite de la screwball et plus proche de la comédie familiale. Le film est assez proche du You can take it with you de Frank Capra réalisé seulement un an plus tard. On retrouve le personnage du jeune homme "normal" qui se trouve confronté à une famille de farfelus finis, entre le jeune fils qui a seulement dix ans va entrer à Harvard, la mère totalement désinvolte, le père dépassé par les évènements, l'oncle qui peint des oeuvres plus psychédéliques les unes ques les autres, celui qui vit tel un ermite, les deux tantes, vieilles filles qui se protègent des intrus, la fille qui va aider l'avocat à faire signer l'acte et naturellement en tomber amoureux sans oublier le fiancé soupçconneux... Bref une comédie complètement loufoque, hilarante par ses dialogues, ses situations, ces personnages totalement déjantés que les réalisateurs de l'époque aiment tant dépeindre. L'atmosphère ne ressemble pas aux films que Preminger réalisera par la suite sous la férule de Lubitsch, l'humour y est beaucoup plus "grossier", sans doute moins spirituel, mais tout aussi efficace. Jack Haley est excellent en avocat dépassé par la situation, mais qui a lui aussi un petit grain de folie, Ann Sothern est tout à fait séduisante dans son rôle de jeune fofolle, sans oublier Mary Boland qui campe la mère loufoque, ou encore Edward Everett Horton en fiancé. Bref une comédie hilarante, méconnue et qui vaut le détour pour ceux qui aiment le genre.
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Re: Otto Preminger (1906-1986)
Je n'en avais jamais entendu parler mais ça fait envie. Et puis dès que je vois le nom d'Edward Everett Horton, je me bidonne d'avance . Philippe Garnier ne s'est pas loupé en le choisissant pour illustrer la couverture de son désopilant Caractères - Moindres lumières à Hollywood...Cathy a écrit :Charmante Famille, Danger: Love at Work (1937)
Un avocat doit faire signer un acte de vente aux membres d'une famille tous plus excentriques les uns que les autres.
Otto Preminger réalise ici son troisième film. Celui-ci est une comédie dans la pure tradition des comédies américaines de l'époque, à la limite de la screwball et plus proche de la comédie familiale. Le film est assez proche du You can take it with you de Frank Capra réalisé seulement un an plus tard. On retrouve le personnage du jeune homme "normal" qui se trouve confronté à une famille de farfelus finis, entre le jeune fils qui a seulement dix ans va entrer à Harvard, la mère totalement désinvolte, le père dépassé par les évènements, l'oncle qui peint des oeuvres plus psychédéliques les unes ques les autres, celui qui vit tel un ermite, les deux tantes, vieilles filles qui se protègent des intrus, la fille qui va aider l'avocat à faire signer l'acte et naturellement en tomber amoureux sans oublier le fiancé soupçconneux... Bref une comédie complètement loufoque, hilarante par ses dialogues, ses situations, ces personnages totalement déjantés que les réalisateurs de l'époque aiment tant dépeindre. L'atmosphère ne ressemble pas aux films que Preminger réalisera par la suite sous la férule de Lubitsch, l'humour y est beaucoup plus "grossier", sans doute moins spirituel, mais tout aussi efficace. Jack Haley est excellent en avocat dépassé par la situation, mais qui a lui aussi un petit grain de folie, Ann Sothern est tout à fait séduisante dans son rôle de jeune fofolle, sans oublier Mary Boland qui campe la mère loufoque, ou encore Edward Everett Horton en fiancé. Bref une comédie hilarante, méconnue et qui vaut le détour pour ceux qui aiment le genre.
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
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Re: Otto Preminger (1906-1986)
Marge d'erreur, Margin for Error (1943)
En 1943, un soldat, ancien policier dans le civil raconte le passé d'un autre soldat allemand d'origine et mis à l'écart par ses camarades de régiment. Ce flic raconte alors ce qui s'est passé quand il a été affecté à la sécurité du consul allemand nazi convaincu.
Otto Preminger réalise ici un curieux film, autrichien d'origine juive, il joue aussi le rôle de ce consul allemand nazi convaincu, particulièrement odieux. Le film est assez curieux, très malsain et désagréable dans son évocation de cet allemand qui pense à la grandeur du Reich, mais pour rien au monde ne veut retourner en Allemagne, torture sa femme et son père qui a été envoyé dans un camp de concentration, n'hésite pas à empoisonner, bref un personnage odieux ! Pourtant le film peut devenir léger avec les relations entre ce policier juif et cette femme de chambre qui ne parle pas un mot d'anglais, ou tomber dans une atmosphère de film policier à la fois Agatha Christie et film noir de l'époque. Marge d'erreur est un film donc très surprenant où Otto Preminger semble s'amuser à camper un allemand sadique tout en dénonçant Hitler, le troisième Reich, les camps de concentration, la haine du juif mais aussi un personnage à part, un salaud de théâtre. Milton Berle a un jeu particulièrement limité et se contente de sourire bêtement une partie du film, Joan Bennett est tout à fait à l'aise dans cette épouse victime de son consul de mari, tout comme Carl Esmond en amant de cette femme, et bon allemand qui naturellement rejoindra la cause américaine. Il est évident que ce film apparaît plus comme un film de propagande qu'autre chose et il est dommage que l'humour n'ait pas été plus présent, car le film est assez insupportable dans sa première partie et la description de ce consul, odieux personnage.
En 1943, un soldat, ancien policier dans le civil raconte le passé d'un autre soldat allemand d'origine et mis à l'écart par ses camarades de régiment. Ce flic raconte alors ce qui s'est passé quand il a été affecté à la sécurité du consul allemand nazi convaincu.
Otto Preminger réalise ici un curieux film, autrichien d'origine juive, il joue aussi le rôle de ce consul allemand nazi convaincu, particulièrement odieux. Le film est assez curieux, très malsain et désagréable dans son évocation de cet allemand qui pense à la grandeur du Reich, mais pour rien au monde ne veut retourner en Allemagne, torture sa femme et son père qui a été envoyé dans un camp de concentration, n'hésite pas à empoisonner, bref un personnage odieux ! Pourtant le film peut devenir léger avec les relations entre ce policier juif et cette femme de chambre qui ne parle pas un mot d'anglais, ou tomber dans une atmosphère de film policier à la fois Agatha Christie et film noir de l'époque. Marge d'erreur est un film donc très surprenant où Otto Preminger semble s'amuser à camper un allemand sadique tout en dénonçant Hitler, le troisième Reich, les camps de concentration, la haine du juif mais aussi un personnage à part, un salaud de théâtre. Milton Berle a un jeu particulièrement limité et se contente de sourire bêtement une partie du film, Joan Bennett est tout à fait à l'aise dans cette épouse victime de son consul de mari, tout comme Carl Esmond en amant de cette femme, et bon allemand qui naturellement rejoindra la cause américaine. Il est évident que ce film apparaît plus comme un film de propagande qu'autre chose et il est dommage que l'humour n'ait pas été plus présent, car le film est assez insupportable dans sa première partie et la description de ce consul, odieux personnage.
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Re: Otto Preminger (1906-1986)
Bonjour Tristesse (1958)
Cécile, 18 ans, vit à Paris avec son père Raymond, un richissime et séduisant veuf quadragénaire, qui ne lui impose aucune contrainte, même pas celle de ses études. À l’exemple de son père, la vie de Cécile ne semble être que futilités : suites de sorties en boîtes avec flirts successifs. C’est parce que quelque chose s’est brisé en elle durant leurs dernières vacances sur la Côte d’Azur. Depuis lors, Cécile connaît la tristesse et elle se souvient… En compagnie de son père et de sa petite amie du moment, la jeune Elsa, ils s'étaient installés pour passer l’été dans une superbe villa entourée de pinèdes et donnant sur la mer. Leur séjour s’annonçait lumineux et gai, à l’image de la blonde et joyeuse Elsa, farniente alternant avec dîners à Saint-Tropez ou soirées à Monte-Carlo. Et ce, jusqu’à l’arrivée d’Anne Larson, créatrice de haute couture et maîtresse femme, autrefois amie de la mère de Cécile et que Raymond ne se souvenait plus avoir invité...
4 ans à peine après la sortie et le succès du premier roman à succès de Françoise Sagan (écrit alors qu'elle avait tout juste 18 ans), Otto Preminger s'attaquait à son adaptation prestigieuse (casting haut de gamme, costume signé Givenchy...). Un des sentiments profonds qui s'emparait du lecteur dès les premières pages du livre, c'était une profonde nostalgie mêlée de culpabilité qui se dévoilait à travers le mélancolique récit à la première personne. Très fidèle au roman (à quelques broutilles près comme le prénom du personnage de Cyril qui devient Philippe plus simple pour les américains peut être...) Preminger retranscrit cet aspect par des idées narratives simple mais d'une parfaite justesse.
Alors que le livre démarre d'emblée à Saint-Tropez, le film s'ouvre dans un Paris en noir et blanc. On assiste au quotidien de Cécile, jeune fille détachée de tout, des multiples garçons qui se battent pour la séduire comme des environnements mondains bruyant et superficiels qu'elle fréquente chaque soir avec son père. La réalité ne semble être qu'un purgatoire désincarné et triste, alors que les derniers souvenirs de bonheurs inondent soudain Cécile dans un fondu enchaîné dilaté (qui rappelle certaines expérimentations de Mankiewicz dans on usage du flashback) où la couleur se devine progressivement avant d'envahir l'image d'un technicolor éclatant dans une Côte d'Azur de rêve.
Bien que l'aspect sexuel soit moins explicitement exprimé et scandaleux, le scénario de Arthur Laurents rend vraiment bien la complicité entre Cécile et son père (David Niven) notamment à travers les échanges sans tabou sur les nombreuses conquêtes de ce dernier et ses méthodes de séduction. Cette vie oisive et insouciante est complétée par le pétillant et attachant personnage de blonde écervelée joué par Mylène Demongeot et ce quotidien fait de baignades, farniente fête et sorties au casino exerce effectivement un bel attrait. L'arrivée d'Anne (Deborah Kerr) exprime soudain une terrible réalité sur cet existence à tout les niveaux que ce soit la cruauté de la séduction de Raymond (terrible moment lorsque Anne découvre qu'il l'a invitée sans lui préciser la présence sur les lieux de sa maîtresse du moment) ou l'ignorance et l'immoralité dans laquelle évolue Cécile. Deborah Kerr en devient involontairement une figure oppressante en éclairant simplement d'une certaine réalité un mode de vie creux et inapproprié.
Là encore Preminger dans la réaction de Cécile exprime parfaitement la cruauté égoïste de l'adolescente, naturelle mais amplifiée par le contexte et qui aura des répercussions dramatiques. Jean Seberg (qui retrouvait Preminger dans la foulée de son premier rôle cinéma sur Sainte Jeanne où elle jouait Jeanne D'Arc) est formidable, mutine, charmeuse et capricieuse, encore coincée entre l'enfance et une féminité ravageuse. David Niven (plus attachant que le personnage du roman) en grand immature est tout aussi bon et tout en nuance malgré les apparences mais c'est clairement Deborah Kerr qui véhicule l'émotion. Sa bienveillance incomprise, son amour mesuré mais non moins passionné pour Niven tout cela se ressent dans la bienveillance et la fragilité exprimée dans sa performance. La séquence de flagrant délit d'adultère et sa réaction s'avère ainsi presque plus poignante que dans le livre.
Le retour au noir et blanc du présent semble donc signifier l'illusion et le refuge de ce retour à un train de vie léger, mais rien n'est oublié. L'ultime séquence où Jean Seberg laisse tomber le masque en pleurant devant son miroir est amenée par un lent travelling avant traversant la chambre pour arriver jusqu'au visage de l'actrice. C'est un peu tout le poids du souvenir et de la culpabilité qui s'abat alors par ce procédé, plus rien ne sera comme avant.
Cécile, 18 ans, vit à Paris avec son père Raymond, un richissime et séduisant veuf quadragénaire, qui ne lui impose aucune contrainte, même pas celle de ses études. À l’exemple de son père, la vie de Cécile ne semble être que futilités : suites de sorties en boîtes avec flirts successifs. C’est parce que quelque chose s’est brisé en elle durant leurs dernières vacances sur la Côte d’Azur. Depuis lors, Cécile connaît la tristesse et elle se souvient… En compagnie de son père et de sa petite amie du moment, la jeune Elsa, ils s'étaient installés pour passer l’été dans une superbe villa entourée de pinèdes et donnant sur la mer. Leur séjour s’annonçait lumineux et gai, à l’image de la blonde et joyeuse Elsa, farniente alternant avec dîners à Saint-Tropez ou soirées à Monte-Carlo. Et ce, jusqu’à l’arrivée d’Anne Larson, créatrice de haute couture et maîtresse femme, autrefois amie de la mère de Cécile et que Raymond ne se souvenait plus avoir invité...
4 ans à peine après la sortie et le succès du premier roman à succès de Françoise Sagan (écrit alors qu'elle avait tout juste 18 ans), Otto Preminger s'attaquait à son adaptation prestigieuse (casting haut de gamme, costume signé Givenchy...). Un des sentiments profonds qui s'emparait du lecteur dès les premières pages du livre, c'était une profonde nostalgie mêlée de culpabilité qui se dévoilait à travers le mélancolique récit à la première personne. Très fidèle au roman (à quelques broutilles près comme le prénom du personnage de Cyril qui devient Philippe plus simple pour les américains peut être...) Preminger retranscrit cet aspect par des idées narratives simple mais d'une parfaite justesse.
Alors que le livre démarre d'emblée à Saint-Tropez, le film s'ouvre dans un Paris en noir et blanc. On assiste au quotidien de Cécile, jeune fille détachée de tout, des multiples garçons qui se battent pour la séduire comme des environnements mondains bruyant et superficiels qu'elle fréquente chaque soir avec son père. La réalité ne semble être qu'un purgatoire désincarné et triste, alors que les derniers souvenirs de bonheurs inondent soudain Cécile dans un fondu enchaîné dilaté (qui rappelle certaines expérimentations de Mankiewicz dans on usage du flashback) où la couleur se devine progressivement avant d'envahir l'image d'un technicolor éclatant dans une Côte d'Azur de rêve.
Bien que l'aspect sexuel soit moins explicitement exprimé et scandaleux, le scénario de Arthur Laurents rend vraiment bien la complicité entre Cécile et son père (David Niven) notamment à travers les échanges sans tabou sur les nombreuses conquêtes de ce dernier et ses méthodes de séduction. Cette vie oisive et insouciante est complétée par le pétillant et attachant personnage de blonde écervelée joué par Mylène Demongeot et ce quotidien fait de baignades, farniente fête et sorties au casino exerce effectivement un bel attrait. L'arrivée d'Anne (Deborah Kerr) exprime soudain une terrible réalité sur cet existence à tout les niveaux que ce soit la cruauté de la séduction de Raymond (terrible moment lorsque Anne découvre qu'il l'a invitée sans lui préciser la présence sur les lieux de sa maîtresse du moment) ou l'ignorance et l'immoralité dans laquelle évolue Cécile. Deborah Kerr en devient involontairement une figure oppressante en éclairant simplement d'une certaine réalité un mode de vie creux et inapproprié.
Là encore Preminger dans la réaction de Cécile exprime parfaitement la cruauté égoïste de l'adolescente, naturelle mais amplifiée par le contexte et qui aura des répercussions dramatiques. Jean Seberg (qui retrouvait Preminger dans la foulée de son premier rôle cinéma sur Sainte Jeanne où elle jouait Jeanne D'Arc) est formidable, mutine, charmeuse et capricieuse, encore coincée entre l'enfance et une féminité ravageuse. David Niven (plus attachant que le personnage du roman) en grand immature est tout aussi bon et tout en nuance malgré les apparences mais c'est clairement Deborah Kerr qui véhicule l'émotion. Sa bienveillance incomprise, son amour mesuré mais non moins passionné pour Niven tout cela se ressent dans la bienveillance et la fragilité exprimée dans sa performance. La séquence de flagrant délit d'adultère et sa réaction s'avère ainsi presque plus poignante que dans le livre.
Le retour au noir et blanc du présent semble donc signifier l'illusion et le refuge de ce retour à un train de vie léger, mais rien n'est oublié. L'ultime séquence où Jean Seberg laisse tomber le masque en pleurant devant son miroir est amenée par un lent travelling avant traversant la chambre pour arriver jusqu'au visage de l'actrice. C'est un peu tout le poids du souvenir et de la culpabilité qui s'abat alors par ce procédé, plus rien ne sera comme avant.
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Re: Otto Preminger (1906-1986)
J'avais beaucoup apprécié ce film quand je l'ai vu. Il faudrait que je le revois d'ailleurs parce que je me souviens pas trop ce qui s'y passe...
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Re: Otto Preminger (1906-1986)
Bunny Lake a disparu (1965)
Une jeune américaine, Ann Lake, vient d'emménager à Londres avec sa fille Felicia Lake, surnommée Bunny Lake. Son frère, Stephen Lake qui habite déjà sur place, l'aide à s'installer. Lorsqu'elle vient chercher sa fille à l'école, Ann Lake ne retrouve pas Bunny. Stephen arrive pour résoudre le problème et à eux deux ils cherchent dans les tous les recoins de l'école, en vain. La police est rapidement contactée, avec à leur tête le Lieutenant Newhouse. Ce dernier, voyant les recherches ne pas aboutir, remet en cause l'existence même de Bunny Lake.
Après une série de productions prestigieuses à grands sujets et casting haut de gamme (Exodus, Tempête à Washington, Le Cardinal, Première Victoire...) Preminger exilé en Angleterre pour l'occasion revenait au thriller psychologique pur et dur avec ce brillant Bunny Lake is missing.
Le postulat est simple, Ann Lake (Carol Linley) fraîchement installée à Londres dépose sa petite fille pour son premier jour d'école le jour de son emménagement mais, revenu la chercher quelques heures plus tard elle s'avère introuvable. Le récit part ainsi dans une direction mystérieuse tant la disparition semble inexplicable puisque personne ne semble avoir vu la fillette et qu'aucun accès possible à l'extérieur n'aurait été possible sans que sa présence s'avère manifeste. Preminger déplace le cadre du roman de Evelyn Piper de New York à Londres où il use largement de lieux existants pour fixer l'ancrage urbain de l'histoire. Dans une escalade cauchemardesque nous emmenant de la pleine journée à la nuit la plus inquiétante, la ville passe donc des coins pavillonnaire ensoleillée aux arcanes les plus sombres. Ce basculement se fait avec celui de la tonalité du film elle même puisque soudain les faits troublants remettent en cause l'existence même de Bunny et la santé mentale de Ann.
Ce changement se sera fait progressivement par la rencontre de figure de plus en plus étranges. Une maîtresse d'école retraitée isolée et guettée par la folie, un voisin au ton doucereux mais à la perversité réelle tandis que les lieux traversés donnent dans le gothique baroque le plus prononcé comme ce magasin de poupée, cet hôpital au corridor tortueux et au sous sol menaçant. Le générique avec ses découpages enfantins aura donné le ton de ce qui s'avère une plongée dans les terreurs de l'enfance, faîtes de rencontres étranges et de lieux oppressants. Carol Linley (qui aura tourné précédemment Le Cardinal avec Preminger) offre une stupéfiante interprétation parfaitement sur la corde raide entre lucidité et schizophrénie. Laurence Olivier, seul personnage réellement la tête sur les épaules apporte un soupçon de lumière face à cet univers qui annonce les pires cauchemars orchestré par un Polanski, tout en bénéficiant dans ses audaces du travail de Hitchcock dans Psychose. Keir Dullea futur héros de 2001 est entouré de la même aura trouble sous des airs proprets. Preminger nous balade au fil de la santé mentale vacillante de Ann en plein doute, les gros plans saisissants de visages, les basculement d'échelles en plongée ou contre plongée laissant figurer un refuge dans l'enfance.
N'ayant jamais craint d'aborder des sujets sulfureux, Preminger fait fort ici en faisant planer les spectres de l'inceste, l'infanticide et la pédophilie. La dernière partie est un sacré tour de force où un rebondissement inattendu nous emmènent vers un suspense diabolique où les peurs enfantines, la tonalité de conte offrent des situations dérangeantes et déstabilisante. Le ridicule n'est pas loin tant l'audace de Preminger est grande mais c'est la fascination qui domine grâce à sa mise en scène inspirée où il retrouve les accents les plus onirique de ses films noirs (la photo noir et blanc tout en ombres lourdes de menaces et de présence innommable, le tour de balançoire final assez incroyable) et l'interprétation fabuleuse. Etonnant que le film soit si oublié aujourd'hui, le suspense est au moins aussi anxiogène que Psychose et alors le méchant n'a pas grand chose à envier à un Norman Bates dans l'esprit dérangé. Bon film du mois définitif c'est sûr là ! A noter pour les amateur de pop anglaise 60's une apparitions des Zombies (carrément crédités au générique) dont les paroles font directement échos à l'intrigue à divers moments. 6/6
Une jeune américaine, Ann Lake, vient d'emménager à Londres avec sa fille Felicia Lake, surnommée Bunny Lake. Son frère, Stephen Lake qui habite déjà sur place, l'aide à s'installer. Lorsqu'elle vient chercher sa fille à l'école, Ann Lake ne retrouve pas Bunny. Stephen arrive pour résoudre le problème et à eux deux ils cherchent dans les tous les recoins de l'école, en vain. La police est rapidement contactée, avec à leur tête le Lieutenant Newhouse. Ce dernier, voyant les recherches ne pas aboutir, remet en cause l'existence même de Bunny Lake.
Après une série de productions prestigieuses à grands sujets et casting haut de gamme (Exodus, Tempête à Washington, Le Cardinal, Première Victoire...) Preminger exilé en Angleterre pour l'occasion revenait au thriller psychologique pur et dur avec ce brillant Bunny Lake is missing.
Le postulat est simple, Ann Lake (Carol Linley) fraîchement installée à Londres dépose sa petite fille pour son premier jour d'école le jour de son emménagement mais, revenu la chercher quelques heures plus tard elle s'avère introuvable. Le récit part ainsi dans une direction mystérieuse tant la disparition semble inexplicable puisque personne ne semble avoir vu la fillette et qu'aucun accès possible à l'extérieur n'aurait été possible sans que sa présence s'avère manifeste. Preminger déplace le cadre du roman de Evelyn Piper de New York à Londres où il use largement de lieux existants pour fixer l'ancrage urbain de l'histoire. Dans une escalade cauchemardesque nous emmenant de la pleine journée à la nuit la plus inquiétante, la ville passe donc des coins pavillonnaire ensoleillée aux arcanes les plus sombres. Ce basculement se fait avec celui de la tonalité du film elle même puisque soudain les faits troublants remettent en cause l'existence même de Bunny et la santé mentale de Ann.
Ce changement se sera fait progressivement par la rencontre de figure de plus en plus étranges. Une maîtresse d'école retraitée isolée et guettée par la folie, un voisin au ton doucereux mais à la perversité réelle tandis que les lieux traversés donnent dans le gothique baroque le plus prononcé comme ce magasin de poupée, cet hôpital au corridor tortueux et au sous sol menaçant. Le générique avec ses découpages enfantins aura donné le ton de ce qui s'avère une plongée dans les terreurs de l'enfance, faîtes de rencontres étranges et de lieux oppressants. Carol Linley (qui aura tourné précédemment Le Cardinal avec Preminger) offre une stupéfiante interprétation parfaitement sur la corde raide entre lucidité et schizophrénie. Laurence Olivier, seul personnage réellement la tête sur les épaules apporte un soupçon de lumière face à cet univers qui annonce les pires cauchemars orchestré par un Polanski, tout en bénéficiant dans ses audaces du travail de Hitchcock dans Psychose. Keir Dullea futur héros de 2001 est entouré de la même aura trouble sous des airs proprets. Preminger nous balade au fil de la santé mentale vacillante de Ann en plein doute, les gros plans saisissants de visages, les basculement d'échelles en plongée ou contre plongée laissant figurer un refuge dans l'enfance.
N'ayant jamais craint d'aborder des sujets sulfureux, Preminger fait fort ici en faisant planer les spectres de l'inceste, l'infanticide et la pédophilie. La dernière partie est un sacré tour de force où un rebondissement inattendu nous emmènent vers un suspense diabolique où les peurs enfantines, la tonalité de conte offrent des situations dérangeantes et déstabilisante. Le ridicule n'est pas loin tant l'audace de Preminger est grande mais c'est la fascination qui domine grâce à sa mise en scène inspirée où il retrouve les accents les plus onirique de ses films noirs (la photo noir et blanc tout en ombres lourdes de menaces et de présence innommable, le tour de balançoire final assez incroyable) et l'interprétation fabuleuse. Etonnant que le film soit si oublié aujourd'hui, le suspense est au moins aussi anxiogène que Psychose et alors le méchant n'a pas grand chose à envier à un Norman Bates dans l'esprit dérangé. Bon film du mois définitif c'est sûr là ! A noter pour les amateur de pop anglaise 60's une apparitions des Zombies (carrément crédités au générique) dont les paroles font directement échos à l'intrigue à divers moments. 6/6
Dernière modification par Profondo Rosso le 28 janv. 11, 14:37, modifié 1 fois.
- Cathy
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Re: Otto Preminger (1906-1986)
Je déteste tes critiques qui me font acheter des films , surtout qu'en plus on n'est pas forcément d'accord sur les films, mais qu'est-ce que tu peux donner envie de les voir !Profondo Rosso a écrit :Bunny Lake a disparu (1965)
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