Frank Borzage (1894-1962)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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esseintes
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Re: Frank Borzage (1894-1962)

Message par esseintes »

Bonjour à Tous,
En vacances pendant le cycle Borzage je n'ai pu voir Little man,what now ? et I've always loved you.
Un ou deux " camarades " pourraient m'en fournir une copie.
D'avance merci.
Mes congés n'ont, Dieu merci, duré "que" 2 semaines si bien que j'ai pu regardé et aimé Moonrise. Audelà du suspense qu'entretient Borzage par sa mise en scène et la representation en quelque sorte "elliptique" des conflits intérieurs de son héros qui ne parvient pas les confier ( à l'image de Billy), il nous transporte de la meme manière à travers tous ses autres personnages. Pouvons nous rester nous sourds et muets ? Tout est un peu pompeux et moralisateur mais c'est venu comme ça!
Bon cinoche à tous.
Lylah Clare
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Re: Frank Borzage (1894-1962)

Message par Lylah Clare »

Lylah Clare a écrit :
Que pensez-vous de l'analyse très étonnante que fait Hervé Dumont de ses films ? :o
Houhou ! Y a quelqu'un ? Me voilà réduite à me citer moi-même, c'est lamentable...

Il me semblait pourtant que des gens avaient lu le livre de Hervé Dumont sur Borzage, mais peut-être ne sont-ils que virtuels ? :wink:
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Ann Harding
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Message par Ann Harding »

History is Made at Night (Le destin se joue la nuit) 1937
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Je viens de découvrir ce film étonnant aux peripéties rocambolesques qui hésite entre la comédie romantique, le film noir et le film catastrophe!
Tout un programme...
Irene (Jean Arthur) ne supporte plus la jalousie maladive de son époux, un richissime armateur (Colin Clive). Elle demande le divorce. Son époux organise un traquenard pour faire d'elle une femme adultère aux yeux de loi. Par une coincidence extraordinaire, Paul (Charles Boyer) susprend le stratagème, le fait échouer en se faisant passer pour un voleur. Il emmène ensuite Irene dîner dans un luxueux restaurant parisien où ils dansent toute la nuit. Une séquence absolument délicieuse et borzagienne. Irene danse pieds nus, retire son manteau de fourrure... hélàs son époux a plus d'un tour dans son sac, il va pratiquer le chantage et même le meurtre pour la récupérer coûte que coûte!
Tout autre réalisateur avec un scénario aussi délirant aurait produit un film bancal. Mais, avec Borzage, nous avons un film qui tient du conte de fées avec une atmosphère inimitable. Le charme des deux interprètes principaux n'y est pas pour rien: Jean Arthur est bouleversante. Charles Boyer, que d'habitude je préfère en mauvais garçon, est également subtil et émouvant. Le visage torturé de Colin Clive (alias Dr frankenstein) donne au personnage du milliardaire paranoïaque une épaisseur inhabituelle. Certaines scènes de ce film pourrait être issue d'un film de Lubitsch: le dîner dans le restaurant avec son chef italien volubile....
Borzage était ravi de pouvoir tourner cette production indépendante pour Walter Wanger au milieu de ses films de série pour la Warner. Il quitta cette dernière pour la MGM peu de temps après.
joe-ernst
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Message par joe-ernst »

Desire, de Frank Borzage. Marlene y incarne une pseudo-comtesse voleuse de bijoux qui croise sur sa route un ingénieur américain, incarné par Gary Cooper. Un film plein de finesse aux dialogues ciselés et pleins d'humour. On retrouve avec plaisir le couple Dietrich-Cooper, aussi séduisants l'un que l'autre, quelques années après Morocco. La production est d'Ernst Lubitsch. 7,5/10.
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
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Cathy
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Message par Cathy »

The Mortal Storm

Je n'avais pas encore vu ce film, même si je l'avais enregistré lors d'une précédente diffusion télévisée. Je dois dire que c'est assez impressionnant qu'un film de 1940 nous montre la montée du nazisme ainsi. On ne sent pas du tout le film de propagande, même si le décor fait trop américain et surtout trop studio ! Le film est prenant, captivant. Seul reproche, si le début est bien situé en 1933 quand Hiltler accède à la Chancellerie, rien ne dit en combien de temps se passe la vie de cette famille divisée entre ceux qui suivent Hitler aveuglément et les autres qui privilégient leurs sentiments humains ! James Stewart est magnfiique dans le rôle de Martin Reittner, naturellement anti-Hitler, je dois dire que je n'apprécie pas Margaret Sullavan que je trouve fade et gnangnan, quels que soient les films (eh oui je n'aime que moyennement Shop around the corner à cause d'elle :oops: ), mais bon là Borzage s'en sert merveilleusement. Robert Young est aussi utilisé à bon escient. On remarque aussi le jeune Robert Stack en frère de l'héroine. Et que dire de la prestation de Frank Morgan en père qui subira l'humiliation nazie. Impressionnant de voir que Borzage n'est pas tombé dans le manicheisme absolu
Bref un magnifique film où le happy end n'est pas de mise, ce qui est normal et rudement fort pour avoir été filmé au début de la guerre !


La Lumière verte est un mélodrame classique dirigé avec classicisme par Frank Borzage. Un médecin accusé à tort d’avoir tué une patiente trouvera une « rédemption » en trouvant la parade à la Maladie de Lyme causée par les tiques. Errol Flynn délaisse la panoplie du héros de film de cape et d’épée pour celle du héros de la vie contemporaine. Il campe un docteur naturellement charmeur mais droit, héroïque mais modeste, charmeur mais idéal. Le tout est mené sur fond de bons sentiments chrétiens avec l’importance d’un révérend à qui tout le monde fait confiance, la patiente tuée par accident, sa fille, l’infirmière, le médecin et ce sera lui qui expliquera l’importance de the « Green light » traduit littéralement par lumière verte mais serait plutôt le « feu vert » ! Dans les rôles secondaires on note la prestation de Sir Cedric Hardwicke en révérend atteint par la poliomyélite, Anita Louise en fille qui tombera naturellement amoureuse de « l’assassin » de maman.
Doug Quaid
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the Mortal storm

Message par Doug Quaid »

salut

j'ai découvert The mortal storm hier et c'est indéniablement un très bon film, belle photo, bons acteurs, jolis décors de studio.
ça m'a beaucoup plu mais j'ai quelques réticences quant à la narration et l'évolution psychologique des personnages.
Ai-je été le seul gêné par l'absence d'explications sur les convictions nazies des deux fils, pourtant d'origine juive et élevés dans un milieu profondément humaniste ?
La seconde séquence de l'amphithéâtre, avec TOUS les étudiants en uniforme SA ne vous a t-elle pas parue très grossière ?

voilà, peut-être que The mortal storm aurait dû être un peu plus réaliste dans sa dramaturgie.
En l'état, le film me paraît fonctionner comme une fable, un tantinet trop schématique pour me convaincre pleinement.
mais je compte sur vous pour me faire considérer le film sous un autre point de vue. c'est un film que j'ai longtemps désiré et je compte le revoir en espérant effacer cette semi-déception.
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Ann Harding
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Re: the Mortal storm

Message par Ann Harding »

Doug Quaid a écrit :salut

j'ai découvert The mortal storm hier et c'est indéniablement un très bon film, belle photo, bons acteurs, jolis décors de studio.
ça m'a beaucoup plu mais j'ai quelques réticences quant à la narration et l'évolution psychologique des personnages.
Ai-je été le seul gêné par l'absence d'explications sur les convictions nazies des deux fils, pourtant d'origine juive et élevés dans un milieu profondément humaniste ?
La seconde séquence de l'amphithéâtre, avec TOUS les étudiants en uniforme SA ne vous a t-elle pas parue très grossière ?

voilà, peut-être que The mortal storm aurait dû être un peu plus réaliste dans sa dramaturgie.
En l'état, le film me paraît fonctionner comme une fable, un tantinet trop schématique pour me convaincre pleinement.
mais je compte sur vous pour me faire considérer le film sous un autre point de vue. c'est un film que j'ai longtemps désiré et je compte le revoir en espérant effacer cette semi-déception.
Je crois que tu as fait ici un léger contresens: les 2 fils qui deviennent nazis sont les fils issus d'un premier mariage de la mère (Irene Rich). Ils ne sont pas juifs. Bien qu'ayant été élévés par le Prof Roth (Frank Morgan), leur beau-père qui lui est juif (non-aryen come on dit dans le film!). Voir une famille (ou des amis) se diviser ainsi au moment du nazisme n'a rien d'étonnant, hélas! Il suffit de lire les souvenirs de Douglas Sirk (Sirk on Sirk de John Halliday- Sa 1ère épouse devient nazi et lui refuse l'accès à son fils qu'il reverra jamais, il mourra sur le front russe) ou ceux de Lilli Palmer (Jeune actrice juive qui voit sa carrière stoppée nette par l'arrivée d'Hitler au pouvoir. La direction de son théâtre change du tout au tout dès l'arrivée des nazis.).
L'esthétique du film est certes très "MGM". Cela m'a frappé en le revoyant récemment. Mais, à l'époque c'est un film très novateur qui ose dénoncer les exactions nazies quand beaucoup de studios sont plutôt frileux pour ce genre de chose. Et puis, il y a la présence de Margaret Sullavan que je trouve bouleversante en Freya. Bien que le film aie un message, il reste néanmoins 100% borzagien avec ses amants perdus dans un monde hostile. Peut-être ne faut-il pas rechercher un réalisme total dans ce film, ce n'était pas le but du réalisateur. Il s'attache à ses personnages et à leur environnement sans être "néo-réaliste". Voilà, j'espère que cela t'aidera pour "regarder" le film différemment....
Doug Quaid
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Re: the Mortal storm

Message par Doug Quaid »

Ann Harding a écrit :
Doug Quaid a écrit :salut

j'ai découvert The mortal storm hier et c'est indéniablement un très bon film, belle photo, bons acteurs, jolis décors de studio.
ça m'a beaucoup plu mais j'ai quelques réticences quant à la narration et l'évolution psychologique des personnages.
Ai-je été le seul gêné par l'absence d'explications sur les convictions nazies des deux fils, pourtant d'origine juive et élevés dans un milieu profondément humaniste ?
La seconde séquence de l'amphithéâtre, avec TOUS les étudiants en uniforme SA ne vous a t-elle pas parue très grossière ?

voilà, peut-être que The mortal storm aurait dû être un peu plus réaliste dans sa dramaturgie.
En l'état, le film me paraît fonctionner comme une fable, un tantinet trop schématique pour me convaincre pleinement.
mais je compte sur vous pour me faire considérer le film sous un autre point de vue. c'est un film que j'ai longtemps désiré et je compte le revoir en espérant effacer cette semi-déception.
Je crois que tu as fait ici un léger contresens: les 2 fils qui deviennent nazis sont les fils issus d'un premier mariage de la mère (Irene Rich). Ils ne sont pas juifs. Bien qu'ayant été élévés par le Prof Roth (Frank Morgan), leur beau-père qui lui est juif (non-aryen come on dit dans le film!).
Ok, j'avais pas compris ça. et Freya, est ce sa 'vraie' fille ?
quant au nazisme qui déchire une famille, je comprends mais j'aurais aimé que ce soit amené plus finement. L'évolution de la considération envers le professeur, de quasiment vénéré (première séquence dans l'amphi, l'anniversaire) à méprisé (seconde séquence dans l'amphi) à cause de dogmes racistes que les jeunes connaissaient pourtant déja depuis longtemps au moment de l'aniversaire est trop rapide pour être crédible je trouve.
mais une révision me fera peut-être passer outre ce "défaut", surtout avec ce que tu as explicité...
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Ann Harding
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Re: the Mortal storm

Message par Ann Harding »

Doug Quaid a écrit :
Ok, j'avais pas compris ça. et Freya, est ce sa 'vraie' fille ?
quant au nazisme qui déchire une famille, je comprends mais j'aurais aimé que ce soit amené plus finement. L'évolution de la considération envers le professeur, de quasiment vénéré (première séquence dans l'amphi, l'anniversaire) à méprisé (seconde séquence dans l'amphi) à cause de dogmes racistes que les jeunes connaissaient pourtant déja depuis longtemps au moment de l'aniversaire est trop rapide pour être crédible je trouve.
mais une révision me fera peut-être passer outre ce "défaut", surtout avec ce que tu as explicité...
Oui, Freya est la fille du Prof Roth et de sa femme (Irene Rich) et les deux fils sont ses demi-frères. Quant au changement très soudain de comportement des étudiants, je crois que malheureusement c'est assez vrai. Il est étonnant de constater à quel point dans les faits comment la propagande, la lâcheté générale et l'opportunisme peuvent modifier les comportements. Encore une fois, je te conseille la lecture des conversations de Douglas Sirk (traduit en français).
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Doug Quaid
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Re: the Mortal storm

Message par Doug Quaid »

Ann Harding a écrit :
Doug Quaid a écrit :
Ok, j'avais pas compris ça. et Freya, est ce sa 'vraie' fille ?
quant au nazisme qui déchire une famille, je comprends mais j'aurais aimé que ce soit amené plus finement. L'évolution de la considération envers le professeur, de quasiment vénéré (première séquence dans l'amphi, l'anniversaire) à méprisé (seconde séquence dans l'amphi) à cause de dogmes racistes que les jeunes connaissaient pourtant déja depuis longtemps au moment de l'aniversaire est trop rapide pour être crédible je trouve.
mais une révision me fera peut-être passer outre ce "défaut", surtout avec ce que tu as explicité...
Oui, Freya est la fille du Prof Roth et de sa femme (Irene Rich) et les deux fils sont ses demi-frères. Quant au changement très soudain de comportement des étudiants, je crois que malheureusement c'est assez vrai. Il est étonnant de constater à quel point dans les faits comment la propagande, la lâcheté générale et l'opportunisme peuvent modifier les comportements. Encore une fois, je te conseille la lecture des conversations de Douglas Sirk (traduit en français).
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en fait ce qui me gêne, ce n'est pas un retournement de veste idéologique puisqu'apparemment, ils avaient déja des sympathies nazies au moment de l'anniversaire. c'est plutot l'acharnement sur le prof (qui les a élevés et qu'apparemment ils aiment bien) au nom de théories (sur la différence entre les sangs) qui n'ont rien de nouvelles et qui étaient déja les leurs au moment de l'anniversaire.
peut etre qu'il y a aussi le fait qu'entre les deux moments, Robert Young sent la Margaret Sullavan lui échapper et donc n'hésite pas à se radicaliser...
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Re: the Mortal storm

Message par Strum »

Doug Quaid a écrit :en fait ce qui me gêne, ce n'est pas un retournement de veste idéologique puisqu'apparemment, ils avaient déja des sympathies nazies au moment de l'anniversaire. c'est plutot l'acharnement sur le prof (qui les a élevés et qu'apparemment ils aiment bien) au nom de théories (sur la différence entre les sangs) qui n'ont rien de nouvelles et qui étaient déja les leurs au moment de l'anniversaire.
peut etre qu'il y a aussi le fait qu'entre les deux moments, Robert Young sent la Margaret Sullavan lui échapper et donc n'hésite pas à se radicaliser...
Il ne faut pas sous-estimer le lavage de cerveaux opéré par les régimes totalitaires, qui ont pu dans ces années là retourner des hommes comme une crèpe, et a fortiori des adolescents, qui s'opposaient alors à leurs parents. En dehors du parti et de la patrie, rien n'existait plus. C'est une vérité historique, qu'illustre le film.
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Message par Doug Quaid »

Strum, je me pose des questions de dramaturgie, pas des questions d'histoire.
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Message par Strum »

Doug Quaid a écrit :Strum, je me pose des questions de dramaturgie, pas des questions d'histoire.
Je ne comprends pas très bien comment tu peux séparer l'Histoire de la dramaturgie dans le cas présent.
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Message par Doug Quaid »

la question n'est pas:
comment des jeunes sont-ils devenus nazis ?

mais :
sachant qu'ils étaient déja nazis, qu'est ce qui les a conduit à se conduire d'une telle manière vis-à-vis de leur père adoptif et de leur ami d'enfance?
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Doug Quaid a écrit :sachant qu'ils étaient déja nazis, qu'est ce qui les a conduit à se conduire d'une telle manière vis-à-vis de leur père adoptif et de leur ami d'enfance?
C'est le nazisme, qui (comme toujours pour le cas d'une croyance) évoluait, se crispait, s'exacerbait au fur et à mesure que les années s'écoulaient, de 1933 à la guerre. Borzage renvoie cette explication au hors champs de l'histoire et il a raison. La question de savoir comment on devient nazi, et comment le nazisme finit par changer l'individu et le faire disparaitre au profit du groupe, n'était pas le sujet de son film.
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