Frank Borzage (1894-1962)
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Re: Frank Borzage (1894-1962)
Seven sweethearts (1942)
Un photographe se rend dans une petit bourgade pour faire un reportage sur un festival de Tulipes. Il s'arrête dans une auberge tenu par un hollandais qui désire ardemment marier la plus âgée de ses 7 filles.
Les tulipes semblent inspirer Borzage !
Après l'excellent Au temps des tulipes (également de 1942), le cinéaste livre un nouveau film rafraîchissant bien que moins ambitieux dans son sujet, délesté de son côté socio-historique.
Beaucoup de charme dans cette comédie romantique qui ne manque pas d'esprits et de vitalité grâce à son entraînant casting et son humour décalé : les 7 filles aux prénoms masculins, les postures de Marsha Hunt qui s'imagine comme comédienne de théâtre, les 5 (voire 6) prétendants qui attendent que le père parte se coucher sans oublier les airs un peu égarés et ahuris de Van Heflin (une fois de plus excellent). Son duo avec Kathryn Grayson fait d'ailleurs pas mal d'étincelles et celle-ci est assez rayonnante dans son rôle. L'envers de la médaille est par contre les intermèdes musicaux qui n'apportent rien à l'intrigue et qui ne sont pas vraiment ma tasse de thé, auditivement parlant.
Le film fonction parfaitement pendant une heure avec ses personnages un peu farfelus et une réalisation alerte et fluide avant malheureusement de s'étirer un peu inutilement durant le dernier tiers qui est par ailleurs assez prévisible et moins inspiré tant dans son scénario que dans le travail de Borzage.
Après pas mal de semi-deceptions du cinéaste que j'avais enchaîné ces derniers mois (Flirtation walk, I've always loved you, Smilin' Through ou Green Light) Seven Sweethearts est un très joli et attachant opus, certes mineur et moins personnel que ses chef d'oeuvres mais le plaisir est dans l'ensemble bel et bien là.
Et en parlant de Borzage, je ne savais pas trop où aborder I take this woman (1940) qui a connu pas mal de problème de productions. Il fut en effet commencé par Josef von Sternberg qui quitta le tournage pour différents artistiques avant d'être repris (recommencé ?) par Borzage qui fut à son tour remplacé par W.S. Van Dyke après une longue interruption du tournage de plusieurs mois pour remplacer une partie du casting.
Bref pas facile de savoir qui a fait quoi et l'histoire se tient assez bien même si on sent que certaines sous-intrigues ont presque entièrement sautés comme Jack Carson dont il ne reste plus qu'un seul plan dans le montage final.
On peut supposer qu'il ne reste plus rien de Sternberg dont on imagine qu'il voulait donner une tonalité plus sociale et réaliste à cette intrigue où un médecin des faubourgs populaires sauve du suicide une aristocrate ayant connu un chagrin d'amour. Pour retrouver un sens à sa vie, celle-ci devient infirmière dans la clinique de son nouvel ami qui ne tarde pas à lui déclarer son amour.
A part un plan assez furtif (et saississant) tourné en pleine rue ,grouillante de monde et d'activités, le film est donc un pur produit du système hollywoodien, notamment le style propre et lisse de la MGM.
Malgré les nombreux reshoots de Van Dyke, on sent surtout la sensibilité de Borzage avec une histoire d'amour vraiment touchante pour une approche à la fois pudique et noble des sentiments, loin des dérives mélodramatiques qu'on aurait pu craindre légitiment à la lecture du synopsis. Le traitement de la relation entre Spencer Tracy et Hedy Lamarr parvient même à contourner un certains nombres de clichés et conventions de la seconde partie en rendant les péripéties moins mécaniques et plus humaines. La direction d'acteur y est pour beaucoup, refusant une interprétation exubérante et appuyée. Les comédiens ont un jeu beaucoup plus intériorisé et feutré, perpétuellement intimidé et presque gênée par l'évolution de leurs sentiments. Le film trouve vraiment par moment une certaine grâce et un discret lyrisme que l'étalage de bons sentiments de la dernière ligne droite ne parvient pas à affaiblir.
Malgré sa production chaotique, I take this woman mérite d'être réévalué et redécouvert.
Un photographe se rend dans une petit bourgade pour faire un reportage sur un festival de Tulipes. Il s'arrête dans une auberge tenu par un hollandais qui désire ardemment marier la plus âgée de ses 7 filles.
Les tulipes semblent inspirer Borzage !
Après l'excellent Au temps des tulipes (également de 1942), le cinéaste livre un nouveau film rafraîchissant bien que moins ambitieux dans son sujet, délesté de son côté socio-historique.
Beaucoup de charme dans cette comédie romantique qui ne manque pas d'esprits et de vitalité grâce à son entraînant casting et son humour décalé : les 7 filles aux prénoms masculins, les postures de Marsha Hunt qui s'imagine comme comédienne de théâtre, les 5 (voire 6) prétendants qui attendent que le père parte se coucher sans oublier les airs un peu égarés et ahuris de Van Heflin (une fois de plus excellent). Son duo avec Kathryn Grayson fait d'ailleurs pas mal d'étincelles et celle-ci est assez rayonnante dans son rôle. L'envers de la médaille est par contre les intermèdes musicaux qui n'apportent rien à l'intrigue et qui ne sont pas vraiment ma tasse de thé, auditivement parlant.
Le film fonction parfaitement pendant une heure avec ses personnages un peu farfelus et une réalisation alerte et fluide avant malheureusement de s'étirer un peu inutilement durant le dernier tiers qui est par ailleurs assez prévisible et moins inspiré tant dans son scénario que dans le travail de Borzage.
Après pas mal de semi-deceptions du cinéaste que j'avais enchaîné ces derniers mois (Flirtation walk, I've always loved you, Smilin' Through ou Green Light) Seven Sweethearts est un très joli et attachant opus, certes mineur et moins personnel que ses chef d'oeuvres mais le plaisir est dans l'ensemble bel et bien là.
Et en parlant de Borzage, je ne savais pas trop où aborder I take this woman (1940) qui a connu pas mal de problème de productions. Il fut en effet commencé par Josef von Sternberg qui quitta le tournage pour différents artistiques avant d'être repris (recommencé ?) par Borzage qui fut à son tour remplacé par W.S. Van Dyke après une longue interruption du tournage de plusieurs mois pour remplacer une partie du casting.
Bref pas facile de savoir qui a fait quoi et l'histoire se tient assez bien même si on sent que certaines sous-intrigues ont presque entièrement sautés comme Jack Carson dont il ne reste plus qu'un seul plan dans le montage final.
On peut supposer qu'il ne reste plus rien de Sternberg dont on imagine qu'il voulait donner une tonalité plus sociale et réaliste à cette intrigue où un médecin des faubourgs populaires sauve du suicide une aristocrate ayant connu un chagrin d'amour. Pour retrouver un sens à sa vie, celle-ci devient infirmière dans la clinique de son nouvel ami qui ne tarde pas à lui déclarer son amour.
A part un plan assez furtif (et saississant) tourné en pleine rue ,grouillante de monde et d'activités, le film est donc un pur produit du système hollywoodien, notamment le style propre et lisse de la MGM.
Malgré les nombreux reshoots de Van Dyke, on sent surtout la sensibilité de Borzage avec une histoire d'amour vraiment touchante pour une approche à la fois pudique et noble des sentiments, loin des dérives mélodramatiques qu'on aurait pu craindre légitiment à la lecture du synopsis. Le traitement de la relation entre Spencer Tracy et Hedy Lamarr parvient même à contourner un certains nombres de clichés et conventions de la seconde partie en rendant les péripéties moins mécaniques et plus humaines. La direction d'acteur y est pour beaucoup, refusant une interprétation exubérante et appuyée. Les comédiens ont un jeu beaucoup plus intériorisé et feutré, perpétuellement intimidé et presque gênée par l'évolution de leurs sentiments. Le film trouve vraiment par moment une certaine grâce et un discret lyrisme que l'étalage de bons sentiments de la dernière ligne droite ne parvient pas à affaiblir.
Malgré sa production chaotique, I take this woman mérite d'être réévalué et redécouvert.
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Re: Frank Borzage (1894-1962)
Dans l'émission Plan large (podcast France Culture), 3 camarades a été évoqué comme la ou l'une des premières tentatives, par la volonté de Fitzgerald, de rompre le silence négocié entre les attachés culturels nazis et Hollywood autour de la réalité du IIIème Reich.
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Re: Frank Borzage (1894-1962)
Le Fils du pendu par Florian Bezaud qui a également testé le DVD Artus.
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Re: Frank Borzage (1894-1962)
En 1959, Borzage tourne son dernier film "The big fisherman" (Simon le pêcheur). Cette fresque religieuse est produite par Disney. Invisible depuis sa sortie en salles.
En 1961, il aurait participé, sans être crédité au tournage du film L'atlantide de Giuseppe Masini et Edgar G. Ulmer.
En 1961, il aurait participé, sans être crédité au tournage du film L'atlantide de Giuseppe Masini et Edgar G. Ulmer.
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Re: Frank Borzage (1894-1962)
Nouveau dvd de L’adieu aux armes (meilleur que le précédent ?) chez Lobster. Mais pas de BR.
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Re: Frank Borzage (1894-1962)
Le dernier numéro de Plan Large sur France Culture était consacré à Borzage https://www.franceculture.fr/emissions/ ... e-poetique
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Re: Frank Borzage (1894-1962)
Une nouvelle collection ?Supfiction a écrit :Nouveau dvd de L’adieu aux armes (meilleur que le précédent ?) chez Lobster. Mais pas de BR.
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Re: Frank Borzage (1894-1962)
apparemment...., le numero 2 est Deluge de Felix Feist, sorti en decembre dernier en compagnie du Borzage.bruce randylan a écrit :Une nouvelle collection ?Supfiction a écrit :Nouveau dvd de L’adieu aux armes (meilleur que le précédent ?) chez Lobster. Mais pas de BR.
The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Re: Frank Borzage (1894-1962)
Genre le cinéma parlant américain.
Celà dit leur prochain Je dois tuer lance aussi une nouvelle collection.
Celà dit leur prochain Je dois tuer lance aussi une nouvelle collection.
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Re: Frank Borzage (1894-1962)
History is made at night
Quel film fabuleux ! Ces dialogues ciselés, ce ton qui change sans cesse, ces deux acteurs principaux au charme fou, ce méchant très méchant et crédiblement méchant, ce faire-valoir attachant et ces péripéties invraisemblables mais si fluides ! Je suis un peu moins convaincu par la toute-fin qui aurait mérité quelques minutes de plus, mais rien n'est parfait sinon la perfection de cette œuvre qui soulève le cœur comme s'il était un voilier dirigé vers des eaux plus calmes !
Quel film fabuleux ! Ces dialogues ciselés, ce ton qui change sans cesse, ces deux acteurs principaux au charme fou, ce méchant très méchant et crédiblement méchant, ce faire-valoir attachant et ces péripéties invraisemblables mais si fluides ! Je suis un peu moins convaincu par la toute-fin qui aurait mérité quelques minutes de plus, mais rien n'est parfait sinon la perfection de cette œuvre qui soulève le cœur comme s'il était un voilier dirigé vers des eaux plus calmes !
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Re: Frank Borzage (1894-1962)
Ca a l’air tres bien tout ca mais Borzage en bluray( meme dvd), on le trouve où?
Les Strange Cargo et autres Mannequin ?!?
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Re: Frank Borzage (1894-1962)
Merci pour cette piqûre de rappel. Je pensais l’avoir vu mais en lisant le résumé, j’ai un gros doute. Tu l’as vu sans sous-titres je suppose ?Barry Egan a écrit : ↑23 mai 21, 11:17 History is made at night
Quel film fabuleux ! Ces dialogues ciselés, ce ton qui change sans cesse, ces deux acteurs principaux au charme fou, ce méchant très méchant et crédiblement méchant, ce faire-valoir attachant et ces péripéties invraisemblables mais si fluides ! Je suis un peu moins convaincu par la toute-fin qui aurait mérité quelques minutes de plus, mais rien n'est parfait sinon la perfection de cette œuvre qui soulève le cœur comme s'il était un voilier dirigé vers des eaux plus calmes !
Dernière modification par Supfiction le 23 mai 21, 14:11, modifié 1 fois.
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Re: Frank Borzage (1894-1962)
Je viens de décrypter...
Il y aurait de quoi faire un chouette coffret. Dommage.