Louis Malle (1932-1995)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Commissaire Juve
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Message par Commissaire Juve »

Keuâââ ? Pas un mot sur Geneviève Bujold ? :o :mrgreen:
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

Commissaire Juve a écrit :Keuâââ ? Pas un mot sur Geneviève Bujold ? :mrgreen: :o
Si: elle est alors jeune et belle :oops:
Randolph Carter
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Message par Randolph Carter »

Melmoth a écrit :
AtCloseRange a écrit :J'adore Le Souffle au Coeur. Dire qu'aujourd'hui faire un tel film serait quasiment impossible.
Dans le même registre son Pretty Baby (La petite) est totalement inimaginable aujourd'hui. Fascinant jeu avec le spectateur.
Je préfère ne pas dire tout le mal que je pense de ces deux films bien faisandés et me souvenir du Feu follet et du Voleur,sans oublier son adaptation de Tchékhov, Vanya,42ième Rue.
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AtCloseRange
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Message par AtCloseRange »

Randolph Carter a écrit :
Melmoth a écrit :
Dans le même registre son Pretty Baby (La petite) est totalement inimaginable aujourd'hui. Fascinant jeu avec le spectateur.
Je préfère ne pas dire tout le mal que je pense de ces deux films bien faisandés et me souvenir du Feu follet et du Voleur,sans oublier son adaptation de Tchékhov, Vanya,42ième Rue.
Mais si, vas-y, explique (même si je n'aime pas trop La Petite)?
Je suis curieux.
Randolph Carter
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Message par Randolph Carter »

Je ferai court:je ne vois dans Le souffle au coeur qu'une roublarde apologie de l'inceste et dans La petite qu'une crapoteuse histoire se déroulant dans un bouic(ah le bon temps des boxons qui nous fait tellement phantasmer!)
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AtCloseRange
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Message par AtCloseRange »

Randolph Carter a écrit :Je ferai court:je ne vois dans Le souffle au coeur qu'une roublarde apologie de l'inceste et dans La petite qu'une crapoteuse histoire se déroulant dans un bouic(ah le bon temps des boxons qui nous fait tellement phantasmer!)
Je ne vois pas en quoi le film pourrait pousser qui que ce soit à pratiquer l'inceste (ce qui est bien la définition de l'apologie) vu comment le sujet est traité et la scène en question est filmée avec au moins autant de tact que la belle scène d'Un Ete 42. De plus, réduire le film à cet aspect me paraît extrêmement réducteur.
Randolph Carter
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Message par Randolph Carter »

J'émettais seulement un point de vue moral-si le mot a encore un sens-mais je ne cherche pas à te convaincre de la justesse de mon point de vue concernant un film que tu sembles apprécier particulièrement.
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Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

LE SOUFFLE AU COEUR (Paris Première)

SPOILERS
Je viens de le revoir et j'ai beaucoup aimé. Louis Malle, toujours prompt à taquiner l'establishment et le bien pensant de la société, s'en donne ici à coeur joie. La critique retient (comme Randolph :wink: ) la relation très proche de cette mère et de son fils, mais j'y vois aussi (et peut-être surtout) un portrait vif et piquant d'un jeune garçon, entrant dans l'adolescence, qui s'ouvre aux plaisirs physiques et se frotte à la société dans laquelle il va vivre.

La première moitié du film présente surtout une cellule familiale soudée mais à la stabilité fragile, et des électrons un peu trop libres. Ces électrons, ce sont les jeunes, les enfants de ce couple, qui se la jouent rebelles, insolents, vivants, modernes (il écoute du jazz). Ils s'opposent aux "vieux", leurs parents tout d'abord, et ensuite aux générations précédentes qui ont mis en place des règles. Ils refusent ces règles et détournent tant qu'ils le peuvent l'autorité. Celle-ci est personnifiée, ente autres, par l'éducation religieuse qui est, ici, montrée sous un jour peu glorieux: enseignement d'une culture rigide et ancestrale, et soupçons insistants de pédophilie avec le prètre (Michael Lonsdale). Malle taquine le bourgeois là où ça fait mal, en rajoute dans le parcours sexuel du jeune héros, dans les faits et dans les dialogues, quitte à choquer. On n'évite pas les mots crus, les situations un peu taboues: le dépucelage de Laurent chez les prostituées ou le "concours de bites" avec ses frères. Malle décrit une jeunesse qu'on n'a pas l'habitude voir ainsi, qu'on ose rarement montrer aussi crûment.

La bourgeoisie en prend aussi pour son grade, avec notamment les jeunes en cure que Laurent croise là-bas. Certains sont hautains, prétentieux, oisifs, sans goût critique sinon de torpiller la politique du moment.

La relation entre Laurent et sa mère devient dans la deuxième moitié, un sujet important. C'est en allant à cette cure que les deux personnages s'isolent et restent en tête à tête, loin de la famille. Laurent est un ado très mature, très intelligent, qui tient des conversations très inhabituelles quand il parle avec sa mère. Cela porte sur la relation qu'elle entretient avec son amant. Entre Laurent et sa mère, c'est autant la filiation qu'un rapport entre personnes adultes. Laurent s'éveille au sexe avec filles, mais garde l'aspect amoureux avec sa mère. Ils sont très proches, il prend soin d'elle, s'oppose par ce biais à son père qu'il déteste. On boit beaucoup dans le film, pendant des fêtes, des soirées, mais aussi pour se la jouer adulte (quand sa mère s'éclipse deux jours avec son amant, Laurent va manger, en adulte au restaurant, et se saouler).

Vient alors la scène d'amour entre la mère et son fils. Elle ne vient pas par hasard et n'est pas montrée n'importe comment. A ce moment-là la mère est seule (délaissée par son mari et son amant), son fils est le seul à la comprendre, et il ont bien bu tous les deux. C'est un acte presque incontrôlé sur le moment, mais qui ne sera jamais reproduit et surtout pas regretté. Je n'ai pas les mots pour expliquer et justifier cela (il faudrait une vraie chronique) mais à aucun moment je n'ai été vraiment choqué. C'est fait avec pudeur et, il ne faut pas l'oublier, ce n'est pas le seul sujet du film. Je pense même que ce n'est pas LE sujet du film, mais une étape dans la formation de ce jeune homme (une étape très inhabituelle, certes, mais qui sert ici, en plus, à secouer le spectateur).

J'ai beaucoup aimé, c'est bien ryhtmé, jamais ennuyeux, et original.
Melmoth
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Message par Melmoth »

Randolph Carter a écrit :J'émettais seulement un point de vue moral-si le mot a encore un sens
Il y a donc des sujets tabous, quels que soit la manière de les traiter ?
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Sabsena
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Re: Et Louis Malle ??

Message par Sabsena »

Louis Malle fut souvent le cineaste du scandale, il realisa un tres beau film à ses debuts Les amants, il offre ce qu'on a appelé la premiere nuit d'amour du cinema francais, l'adaptation de Queneau etait une gageure, il reussit brillament surtout la premiere partie de Zazie dans le metro, et puis vient rapidement le cineaste du scandale, Le feu follet d'apres Drieu La Rochelle, il contribue à une rehabilitation bien malsaine de cet ecrivain qui fut largement favorable à la collaboration, j'ai trouvé ce film d'un homme qui vit avec la date de son suicide franchement ennuyeux, Le souffle au coeur et l'inceste gros scandale, et là aussi un film que je n'ai absolument pas aimé, j'ai preferé Viva Maria! et plus encore Le voleur, et nouveau scandale Lacombe Lucien un jeune homme qui choisit de rentrer dans la collaboration et s'eprend d'une jeune femme juive, au delà de ce nouveau sujet scabreux, Malle fait un grand film, son heros choisit un camp comme il aurait pu choisir un autre, et sauve celle qu'il aime, une periode americaine que je connais trop mal pour porter de jugement, puis un retour triomphal avec Au revoir les enfants, mais la fin dramatique de ce film qui vient tuer l'innocence me parait bien longue à venir, on reste trop longtemùps dans ces jeux d'enfants, mon Malle preferé est Milou en mai, evocation de mai 68, de bourgeois apeurés, danse autour d'une morte, on se croirait dans une comedie italienne, et Fatale et là encore beaucoup de scenes un peu trop chaudes entre Irons et Binoche, mais le film est sinon une tres brillante reussite, d'un homme remarquablement interpreté par Jeremy Irons qui ne cesse de vivre une relation amoureuse avec celle que son fils a choisi jusqu'à la derniere scene fatale, portrait contrasté pour moi d'un cineaste qui fit carriere à coté de la nouvelle vague.
Vous conviendrez qu'il vaut mieux arroser quelqu'un que de l'assassiner. Fernando Rey : Cet obscur objet du désir.
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Watkinssien
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Re: Louis Malle

Message par Watkinssien »

Sabsena, ce que tu écris est intéressant (même si je ne suis pas d'accord sur les défauts que tu cites sur certains films de Malle) mais, par pitié, fais des espaces entre les lignes, car du coup, tes textes sont des "massues littéraires" !
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Ducdame
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Re: Louis Malle

Message par Ducdame »

Watkinssien a écrit :Sabsena, .....tes textes sont des "massues littéraires" !
Et surtout.... rajoute des points d'exclamation, sinon on est tenté de lire.
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Watkinssien
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Re: Louis Malle

Message par Watkinssien »

Ducdame a écrit :
Watkinssien a écrit :Sabsena, .....tes textes sont des "massues littéraires" !
Et surtout.... rajoute des points d'exclamation, sinon on est tenté de lire.
:mrgreen:
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Re: Louis Malle

Message par LéoL »

Je me suis lancé il y a peu de temps dans une petite rétrospective de ce réalisateur que je connaissais à peine et qui mériterait qu'on en parle plus. Je n'ai pour le moment pas été déçu une seule fois ; mieux, ce que j'ai vu se situe entre excellent et chef d'oeuvre !

Aller, je commence par...

Ascenseur pour l’échafaud (1958)

Autour d’une histoire toute simple mais parfaitement menée, Louis Malle impressionne pour son véritable premier film. Sa mise en scène à la fois classique et inventive annonce le style créatif et émancipé de la nouvelle vague qui émergera l’année suivante. L’introduction est à ce titre particulièrement évocatrice de la volonté du cinéaste de se différencier des canons cinématographiques traditionnels. Une posture qui ne s’arrête d’ailleurs pas seulement à ce prélude mais qui repose sur plusieurs aspects essentiels, à commencer par le traitement de l’intrigue, conférant au film un caractère personnel, presque unique pour un film français (un policier qui plus est) à l’époque.

En effet, Louis Malle semble s’être fortement inspiré des meilleurs films noirs américains pour dépeindre son ambiance nocturne ainsi que d’Alfred Hitchcock de qui il a probablement hérité son traitement exemplaire du suspense. Bref, un film français qui me semble avoir merveilleusement assimilé des inspirations toutes droit venue des Etats-Unis, comme le confirme l’inoubliable et magnifique bande originale du film signée Miles Davis, en les incorporant à un univers plus que jamais « français » (tournage à Paris, contexte historique particulier, personnages...).

À cela s’ajoute une histoire policière des plus captivantes et des plus réussies malgré sa « trivialité » (un amant et une femme mariée décident de tuer l’époux de cette dernière), bénéficiant d’un scénario solide (imprégné d’un fatalisme tragi-comique très appréciable) et d’excellents dialogues manifestement très travaillés, bénéficiant également d’un noir et blanc de toute beauté, de l’inspiration de Louis Malle derrière la caméra (offrant de magnifiques scènes, notamment l’errance nocturne de Jeanne Moreau dans les rues de Paris), sans oublier enfin la très bonne performance des acteurs (en particulier Jeanne Moreau, sublime ou de Lino Ventura en second rôle de luxe).

Ascenseur pour l’échafaud m’a entièrement convaincu malgré ses petits défauts et ses légères incohérences. Louis Malle confirme les éloges que lui ont valu Le monde du silence et remporte même le prix Louis Delluc 1957, lançant l’une des carrières de réalisateur les plus riches et passionnantes que nous ayons connu en France.
julien
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Re: Louis Malle

Message par julien »

LéoL a écrit :Je n'ai pour le moment pas été déçu une seule fois ; mieux, ce que j'ai vu se situe entre excellent et chef d'oeuvre !
De toute façon, si tu n'as pas vu Fatale, tu as évité le pire.
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"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
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