Henri Verneuil (1920-2002)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Watkinssien
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Re: Henri Verneuil

Message par Watkinssien »

Oui j'avoue que c'est un peu beaucoup exagéré.

La Vache et le Prisonnier est un joli film, tendre et porté par un magnifique Fernandel.

Mais ce n'est en aucun cas pour moi LE film de prisonniers de guerre.

Bien sûr il y a La Grande Illusion de Renoir qui est plus ambitieux, profond et subtil.

Il y a également La grande évasion de Sturges.

Puis la séquence de la fusillade où Ventura "ne veut pas courir" dans L'Armée des Ombres est plus puissante que tout le film de Verneuil, qui reste extrêmement émouvant et attachant.
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Kevin95
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Re: Henri Verneuil

Message par Kevin95 »

Major Dundee a écrit :Pour moi c'est comme si tu comparais "Mélodie en sous-sol" et "Le clan des siciliens" (qui sont c'est vrai d'excellents divertissements) avec "Classe tous risques" et "Le deuxième souffle".
Je ne trouve pas ça si improbable, on peut parfaitement comparer la vision des metteurs en scènes vis à vis du genre "policier" (épique pour Verneuil, mélodramatique pour Sautet et iconique pour Melville).
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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Major Dundee
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Re: Henri Verneuil

Message par Major Dundee »

Kevin95 a écrit :
Major Dundee a écrit :Pour moi c'est comme si tu comparais "Mélodie en sous-sol" et "Le clan des siciliens" (qui sont c'est vrai d'excellents divertissements) avec "Classe tous risques" et "Le deuxième souffle".
Je ne trouve pas ça si improbable, on peut parfaitement comparer la vision des metteurs en scènes vis à vis du genre "policier" (épique pour Verneuil, mélodramatique pour Sautet et iconique pour Melville).
Cà m'ennuie un peu car je ne suis pas très doué pour l'analyse de films. Mais je pense que les deux Verneuil sont d'excellentes mises en image et je prends toujours du plaisir à les voir et revoir (plus "Mélodie" que "Le clan" d'ailleurs).
Par contre à mon avis il manque une dimension que je trouve chez les deux autres.
Quand même, les rapports Ventura/Belmondo dans dans le Sautet et Ventura/Constantin dans le Melville, c'est autre chose que Gabin/Delon dans "Mélodie". On se rend bien compte que Verneuil n'a cherché qu'à divertir et il y arrive fort bien d'ailleurs.
Les seuls films où l'émotion fait partie intégrante du plaisir pris à les visionner sont les deux derniers (et pour cause), plus "Des gens sans importance" et un peu, je trouve, "Le fruit défendu".
Mais bon il s'agit de mon sentiment personnel et je peux me tromper. Il n'est pas du tout dans mon intention de rabaisser Verneuil qui a fait un cinéma populaire (ce n'est pas péjoratif) tout à son honneur. J'ai d'ailleurs jeté un oeil sur sa filmo avant de poster et je m'aperçois que j'ai vu l'intégralité de ses films (je pense que ceux qui sont avant "La table aux crevés" doivent être des courts-métrages).
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Re: Henri Verneuil

Message par Eusebio Cafarelli »

Watkinssien a écrit :Oui j'avoue que c'est un peu beaucoup exagéré.

La Vache et le Prisonnier est un joli film, tendre et porté par un magnifique Fernandel.

Mais ce n'est en aucun cas pour moi LE film de prisonniers de guerre.

Bien sûr il y a La Grande Illusion de Renoir qui est plus ambitieux, profond et subtil.

Il y a également La grande évasion de Sturges.

Puis la séquence de la fusillade où Ventura "ne veut pas courir" dans L'Armée des Ombres est plus puissante que tout le film de Verneuil, qui reste extrêmement émouvant et attachant.
Ben historiquement si, pour les films français et la 2e guerre mondiale, si j'en crois une de mes proches, qui a consacré une thèse à l'image des PG de la 2e guerre mondiale depuis 1945. Au passage, L'Armée des Ombres est un film sur la Résistance, pas sur les PG. La Grande Illusion (1937), c'est la 1e guerre mondiale, même si souvent la confusion est faite (forteresse à la Colditz), parce que le film a construit en France l'image du PG avant guerre (vu par 75% des Français avant guerre, il ressort en 1946 à Paris : grand succès. Il est repris en 1958). La Grande évasion, c'est un film américain. Personne ne cite d'autres films français consacrés aux PG : Retour à la Vie (septembre1949, film à sketches de Cayatte, Clouzot, Lampin et Dréville sur le retour et la réintégration d'une déportée et de 4 PG : succès aussi), Les Évadés (Le Chanois, 1955 : succès), Le Passage du Rhin (Cayatte, 1960), Le Caporal épinglé (Renoir, 1961), Les Culottes rouges (Joffé, 1962 : succès), Mais où est donc passée la 7e Compagnie ? (Lamoureux, 1973), On a retrouvé la 7e Compagnie (1975), Palace (Molinaro, 1985). Sans parler de films anglo-saxons : Stalag 17 (Wilder, 1953), The Colditz Story (Hamilton, 1955), Le Pont de la rivière Kwaï (Lean, 1960). Et sans oublier le feuilleton Colditz (diffusé en France en 1975, gros succès, malgré la polémique sur l'oubli des évasions françaises) et la série Stalag 13 (1965-71)
Pour les films français, les deux grands succès sont le 1er Renoir et le Verneuil. Après, on peut discuter de la qualité respective de chaque film, mais c'est un autre débat, il me semble.
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Kevin95
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Re: Henri Verneuil

Message par Kevin95 »

Major Dundee a écrit :Les seuls films où l'émotion fait partie intégrante du plaisir pris à les visionner sont les deux derniers (et pour cause), plus "Des gens sans importance" et un peu, je trouve, "Le fruit défendu".
Ne pas oublier Un singe en hiver ! :wink:

Pour revenir au débat, je trouve dommage (je ne sais pas si c'est ton cas Major) que l'on "rabaisse", "sous-estime" voir "sous-traite" Mélodie en sous-sol sous prétexte que le ton (Audiardesque) est plus léger que dans les autres polars de l'époque (de Sautet et Melville par exemple). C'est d'autant plus énervant que ce film, excellent caper-movie, fait justement partie (à mon avis) des meilleures productions policières françaises.
Mais Mélodie en sous-sol n'est qu'un exemple, Le Casse est perçu avec condescendance et Le Clan des Siciliens est (au mieux) vu comme un succès populaire et non comme un policier qui lorgne vers le western avec des figures cinématographiques indéniablement iconiques (ce n'est pas donné à tout le monde).
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Re: Henri Verneuil

Message par Major Dundee »

Kevin95 a écrit :
Major Dundee a écrit :Les seuls films où l'émotion fait partie intégrante du plaisir pris à les visionner sont les deux derniers (et pour cause), plus "Des gens sans importance" et un peu, je trouve, "Le fruit défendu".
Ne pas oublier Un singe en hiver ! :wink:

Pour revenir au débat, je trouve dommage (je ne sais pas si c'est ton cas Major) que l'on "rabaisse", "sous-estime" voir "sous-traite" Mélodie en sous-sol sous prétexte que le ton (Audiardesque) est plus léger que dans les autres polars de l'époque (de Sautet et Melville par exemple). C'est d'autant plus énervant que ce film, excellent caper-movie, fait justement partie (à mon avis) des meilleures productions policières françaises.
Mais Mélodie en sous-sol n'est qu'un exemple, Le Casse est perçu avec condescendance et Le Clan des Siciliens est (au mieux) vu comme un succès populaire et non comme un policier qui lorgne vers le western avec des figures cinématographiques indéniablement iconiques (ce n'est pas donné à tout le monde).
Tu vas voir que c'est drôle parce que j'ai failli citer "Un singe en hiver" avec les quatre que je signalais et c'est précisément ce que tu appelles toi-même le ton "audiardesque" qui m'a arrêté. Alors qu'effectivement Belmondo nous livre une prestation très émouvante, comme souvent à cette période (on est au début des sixties).
Quand aux trois polars que tu cites, moi cela ne m'énerve pas. Je ne les traite pas du tout avec condescendance et je trouve que ce sont trois bons divertissements. Mais à mon avis on est loin des Sautet, Melville.
Désolé :oops:
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Re: Henri Verneuil

Message par Watkinssien »

Eusebio Cafarelli a écrit :
Watkinssien a écrit :Oui j'avoue que c'est un peu beaucoup exagéré.

La Vache et le Prisonnier est un joli film, tendre et porté par un magnifique Fernandel.

Mais ce n'est en aucun cas pour moi LE film de prisonniers de guerre.

Bien sûr il y a La Grande Illusion de Renoir qui est plus ambitieux, profond et subtil.

Il y a également La grande évasion de Sturges.

Puis la séquence de la fusillade où Ventura "ne veut pas courir" dans L'Armée des Ombres est plus puissante que tout le film de Verneuil, qui reste extrêmement émouvant et attachant.
Ben historiquement si, pour les films français et la 2e guerre mondiale, si j'en crois une de mes proches, qui a consacré une thèse à l'image des PG de la 2e guerre mondiale depuis 1945. Au passage, L'Armée des Ombres est un film sur la Résistance, pas sur les PG. La Grande Illusion (1937), c'est la 1e guerre mondiale, même si souvent la confusion est faite (forteresse à la Colditz), parce que le film a construit en France l'image du PG avant guerre (vu par 75% des Français avant guerre, il ressort en 1946 à Paris : grand succès. Il est repris en 1958). La Grande évasion, c'est un film américain. Personne ne cite d'autres films français consacrés aux PG : Retour à la Vie (septembre1949, film à sketches de Cayatte, Clouzot, Lampin et Dréville sur le retour et la réintégration d'une déportée et de 4 PG : succès aussi), Les Évadés (Le Chanois, 1955 : succès), Le Passage du Rhin (Cayatte, 1960), Le Caporal épinglé (Renoir, 1961), Les Culottes rouges (Joffé, 1962 : succès), Mais où est donc passée la 7e Compagnie ? (Lamoureux, 1973), On a retrouvé la 7e Compagnie (1975), Palace (Molinaro, 1985). Sans parler de films anglo-saxons : Stalag 17 (Wilder, 1953), The Colditz Story (Hamilton, 1955), Le Pont de la rivière Kwaï (Lean, 1960). Et sans oublier le feuilleton Colditz (diffusé en France en 1975, gros succès, malgré la polémique sur l'oubli des évasions françaises) et la série Stalag 13 (1965-71)
Pour les films français, les deux grands succès sont le 1er Renoir et le Verneuil. Après, on peut discuter de la qualité respective de chaque film, mais c'est un autre débat, il me semble.
Excuse-moi, mais je ne pouvais pas savoir lors de ton message précédent que tu mentionnais le terme dans un cadre très précis (film de prisonniers français sur la seconde Guerre Mondiale est quand même moins vague que "LE film de prisonniers de guerre"). :)

Sinon, comme tu as pu le remarquer je parlais d'une séquence particulière de L'Armée des Ombres et non du genre du film de Melville.
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Re: Henri Verneuil

Message par Eusebio Cafarelli »

Watkinssien a écrit :Excuse-moi, mais je ne pouvais pas savoir lors de ton message précédent que tu mentionnais le terme dans un cadre très précis (film de prisonniers français sur la seconde Guerre Mondiale est quand même moins vague que "LE film de prisonniers de guerre"). :)

Sinon, comme tu as pu le remarquer je parlais d'une séquence particulière de L'Armée des Ombres et non du genre du film de Melville.
C'est vrai, c'est vrai, toutes mes confuses :lol:
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Re: Henri Verneuil

Message par Kevin95 »

Major Dundee a écrit :Désolé :oops:
Non, mais ça serait plutôt à moi de m'excuser, car je crois être le seul à trouvé du talent dans ces films ! :mrgreen:

Sinon, Belmondo est aussi émouvant dans Week-end à Zuydcoote par exemple (pour rester avec un Verneuil grand cinéaste) que dans Itinéraire d'un enfant gâté, donc pour moi pas de période en or.
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Re: Henri Verneuil

Message par Major Dundee »

Kevin95 a écrit :Non, mais ça serait plutôt à moi de m'excuser, car je crois être le seul à trouvé du talent dans ces films ! :mrgreen:
Ah ben non, je te laisse pas dire cà. C'est pas parce que je place des réalisateurs au-dessus de lui, que je le trouve sans talent.
Non, non, c'était un réalisateur talentueux et on peut même dire un peu plus talentueux que beaucoup de réalisateurs de divertissements qui ont alignés pas mal de nanars.
On ne peut pas dire qu'il ait fait beaucoup de navets (peut-être "L'ennemi public n° 1" et "Le grand chef") mais sur la quantité il n'a pas de quoi rougir. 8)
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Re: Henri Verneuil

Message par chrisport »

Je suis également un amateur des films de Verneuil et je trouve que vous avez raison de lui rendre hommage avec cet article.
Etant fan de Delon je me réfère souvent aux films qu'il a tourné et là j'ai une préférence pour mélodie en sous-sol (ET LES DIALOGUES D'AUDIARD) plutôt que le clan des siciliens(dialogues de José Giovanni).

Les films que Henri Verneuil a réalisé ne sont pas morts ,il suffit de voir le nombre de diffusions qu'il y a encore et ce n'est pas prêt d'être fini...
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Re: Henri Verneuil

Message par chrisport »

je vous félicite pour l'article sur Henri Verneuil ,il le mérite bien.

Moi je suis fan de delon j'ai une préférence pour mélodie en sous-sol (dialogues d'Audiard) plutôt que les dialogues de José Giovanni pour le clan des siciliens.

Les films de Verneuil ne sont pas prêts de mourir car il suffit de voir le nombre de passage télé qu'il y a encore...
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Re: Henri Verneuil

Message par Max Schreck »

La 25e heure, 1967

Superproduction de Carlo Ponti, tournée en partie en Yougoslavie et en langue anglaise (mais vue en VF), La 25e heure est un film que j'ai rarement vu annoncé sur les programmes télé et pratiquement jamais vu commenté. J'ai découvert une oeuvre admirable, puissante et bouleversante. De 1938 à 1949, ce sont les années de guerre de Johan Moritz qui nous sont contées, paysan roumain magistralement campé par Anthony Quinn, baladé d'un camp de prisonnier à l'autre à la suite d'une dénonciation fallacieuse. L'homme sera tour à tour considéré comme un juif (alors qu'il est chrétien orthodoxe), comme un hongrois, allant même jusqu'à être récupéré par un savant nazi qui y verra le fleuron de la race aryenne pour finir dans un camp de prisonniers américain. Le personnage est constamment victime, il n'a aucune cause à défendre, ce n'est pas un héros qui lutte et c'est sans doute ainsi qu'il trouve la force pour traverser ces années de drame. Il y a 24h dans une journée. La 25e heure (très beau titre repris plus tard par Spike Lee), c'est celle qui vient encore après, c'est la dernière.

L'épopée de Moritz est un film à la fois simple — à l'image de son héros sans cesse dépassé par les événements, naïf et malgré tout confiant en l'avenir — et ambitieux par les thèmes traités. Le ton est souvent tragi-comique et la fable kafkaïenne n'est jamais loin avec ces substitutions d'identités qui démontrent la totale absurdité d'un monde qui semble constamment redéfinir ses valeurs. Tout ça donne lieu à des scènes d'une violence et d'une poésie étonnantes. La mise en scène de Verneuil m'a vraiment impressionné par la maîtrise des moyens dont elle dispose et son absolue justesse dans la conduite du récit, avec notamment une gestion du temps qui passe très efficace. Et que dire d'Anthony Quinn, force de la nature qui se fond complétement dans la peau de son personnage sans jamais en faire un imbécile heureux, confronté à d'authentiques drames mais ne pouvant perdre espoir et animé par le désir de retrouver sa femme (sublime Virna Lisi). Les choix de carrière de l'acteur ont décidément été souvent remarquables. Il trouve même sans doute là l'un de ses meilleurs rôles (et j'ai très souvent pensé à Barabbas où il incarnait déjà une sorte de personnage un peu frustre qui subissait lui aussi les événements en refusant de comprendre). Entre autres personnages pittoresques, parfois touchants parfois odieux, on a également le plaisir de croiser Dalio, Reggiani ou encore Jean Dessailly.

La dernière scène vous prend littéralement à la gorge par son mélange presque insupportable d'émotions, porté par la musique de Delerue qui semble soudain basculer dans une folie qui avait jusqu'ici épargné le protagoniste.

Grand film.
« Vouloir le bonheur, c'est déjà un peu le bonheur. » (Roland Cassard)
Mes films du mois...
Mes extrospections...
Mon Top 100...
Nestor Almendros
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Re: Henri Verneuil (1920-2002)

Message par Nestor Almendros »

posté par Julien Léonard le 8 janvier 2009:
Le casse (1971) - réalisé par Henri Verneuil :

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Je remarque que les trois films que j'ai visionné aujourd'hui sont des films de 1970 et 1971 (je n'avais pas du tout fait attention sur le coup). Ne tergiversons pas des heures dessus, Le casse est clairement la grande déception du jour. J'ai vraiment passé un excellent moment devant les deux autres (cf mes posts à ce sujet), et surtout sur le deuxième, mais ici... ça passe ou ça casse, sans mauvais jeu de mots.

J'aime beaucoup Henri Verneuil : je regarde en boucle 100 000 dollars au soleil (un bon gros film populaire comme on n'en fait plus), je trouve Peur sur la ville très fun, Le corps de mon ennemi est pour moi l'un des plus beaux fleurons du cinéma hexagonal de la deuxième moitié des années 70 (de sublimes dialogues écrits par un Audiard dramatiquement inspiré et une mise en scène brillante à tous points de vue), et Mélodie en sous-sol est un sacré moment de cinéma (Gabin et Delon dans un univers classieux et bourré de testostérone)... Je vais m'arrêter là.

Je ne retrouve rien ou presque de tout ça dans Le casse, certes bien réalisé, mais avec un excès de maniérisme prétentieux qui frôle l'indigestion (la scène de casse, justement, au début, est beaucoup trop longue et ennuyeuse). Le film est bien longuet, pas forcément rythmé et, comble de malheur, la poursuite en voitures (moi qui aime tant ce style de séquences à cette époque d'habitude) n'est pas terrible... Et l'on ne voit jamais Belmondo durant cette poursuite qui s'étire péniblement sur 10 bonnes minutes. Le scénario tient sur un timbre poste (désolé pour la ré-utilisation de cette formule ô combien galvaudée aujourd'hui) et les deux heures du film n'existent que par le rallongement successif de chaque scène, tantôt sérieuse, tantôt ridicule. Pastiche non avoué du film d'action de l'époque ? A voir certaines scènes, on pourrait le croire (Omar Sharif aurait-il notamment du mal à s'échapper de Lawrence d'Arabie pour qu'il ait tant besoin de monter sur un cheval sans aucune raison au moment de chercher Bébel ?).

Alors oui, reste tout de même un casting honorable (dont un Robert Hossein un peu transparent, mais bien sympathique), avec un Omar Sharif très bon et un Belmondo bondissant nous offrant une très bonne scène d'action sur des bus (bien meilleure que la scène en voitures, et moins longue, moins gratuite). Reste aussi une bagarre homérique pour récupérer sa future dulcinée. Reste enfin une musique d'Ennio Morricone tout à fait excellente et réjouissante (et qui reste bien en tête). Et comment ne pas tomber sous le charme de la fraîche Nicole Calfan ?

Mais cela ne suffit pas. Et le film de se clôturer sur l'un des plans et l'un des effets sonores les plus maladroits du cinéma français de l'époque (quel mauvais goût !). C'est dommage, avec une affiche et un sujet pareil, Le casse aurait pu (dû ?) être un grand Belmondo. On n'est pas dans le ratage total comme avec Les morfalous, mais il s'en faudrait de peu.

3/10
posté par Kevin95 le 24 septembre 2008
Le Corps de mon ennemi (Henri Verneuil)

J'adore ce film !
La mélancolie de Belmondo qui vient foutre la m.... dans cette bourgeoisie provinciale aussi pourrie qu'arrogante, l'aspect froid de l'ensemble, le cynisme d'Audiard et cette histoire de vengeance se réglant par des coups-bas et non dans la gueule (même si Bebel en donne).
Et puis Marie-France Pisier est sublimissime ! :D
posté par Bruce Randylan le 13 septembre 2007
La table aux crevés ( Henri Verneuil - 1952 )
1er film de Verneuil avec Fernandel dans un rôle un peu serieux que d'habitude. J'ai pas du tout accroché mais bon de tout façon verneuil je le préfère de loin dans ses films de genres ( Week-end à Zuydcock ou Mélodie en sous-sol ) que dans ses comédie dramatiques. Et vu qu'en plus, il s'agit de sa première réalisation, la mise en scène est assez faiblarde pour ne pas dire inexistante.
posté par Bruce Randylan le 27 avril 2007
Un singe en hiver ( Henri Verneuil - 1962 )
Joli film qui doit tout à son duo d'acteur attachant et pétri d'humanité.
Les dialogues de Audiard sont parmis ses plus réussis et Verneuil signe une mise en scène soignée dans un scope noir et blanc d'une facteur plutot classe.
En revanche j'accroche un peu moins à l'histoire au général qui est tout de même d'une grande naivété et dont la psychologie a pris un certain coup de vieux.
posté par Profondo Rosso le 21 juin 2008
Mille Milliards de Dollars de Henri Verneuil (1982)

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Journaliste à "La Tribune", Kerjean apprend que l'homme politique Benoit Lambert a reçu un pot de vin pour faciliter une transaction internationale. Après son article, Benoit Lambert se suicide, en apparence. La rumeur était fausse. Comprenant qu'il a été manipulé, Kerjean se cache en province, d'où il entend faire éclater la vérité.


Une grande réussite dans en tentative de grand thriller politique subversif à la française. Une intrigue complexe, ambitieuse et toujours d'actualité aujourd'hui dans sa dénonciation du capitalisme sauvage à travers les méfaits d'une multinationale américaine au agissements des plus douteux sous couvert de profits. Ce démantèlement du capitalisme est un des aspects les plus intéressant du film avec pas mal de moments fort comme l'interview entre Patrick Dewaere et Mel Ferrer (fabuleux en grand patron cynique) où deux visions du monde s'oppose, la réunion des directeurs de filiale tremblant de trouille devant un Mel Ferrer les humiliant comme des enfants quand les objectifs ne somt pas remplis. Le côté très démonstratif que peuvent avoir les scènes de révélations (avec des gros morceaux de 15 minutes de scènes dialoguées) sont tempérés par les rebondissements constamment surprenant (la petite histoire de pots de vin de départ nous emmène finalement très loin jusqu'à la 2e guerre mondiale) et amené avec une inventivité constante par Verneuil (auteur du scénario également) avec de nombreux flashback, de fausses images d'archives et le récit nouas amène à une vaste machination internationale des plus crédibles. Excellent Patrick Dewaere en journaliste jusqu'au boutiste, qui amène un peu de légèreté et d'humanité (d'ailleurs la conclusion relativement optimiste surprend) dans un univers faisant froid dans le dos, sachant que depuis la sortie du film la mainmise des multinationales se fait d'autant plus tenace. 5/6
posté par Alligator le 21 septembre 2006
Le serpent - Henri Verneuil - 1973 - 6/10

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Superbe casting, une réalisation sobre, efficace, à la Verneuil en somme. J'ose espérer que les histoires de guerre froide peuvent encore faire frémir dans les chaumières, de par un charme désuet, une drôle de nostalgie camarade. Mais est-ce l'heure tardive de diffusion pour le vieillard que je suis devenu, la journée de boulot stressante, je me suis livré à une bataille sans merci pour ne pas m'endormir et pour connaître le fin mot de l'histoire. Sans doute à revoir, l'esprit plus frais.
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Re: Henri Verneuil (1920-2002)

Message par homerwell »

WEEK-END A ZUYDCOOTE - (1964)

Réaliser un film qui soit à la fois un plaidoyer contre la guerre, une fresque décrivant les combats de la bataille de France, dressant les portraits d'hommes tous tellement différents dans la défaite sans les condamner mais sans non plus en faire les icônes d'un patriotisme exacerbé, c'est le défi que relève Henri Verneuil dans son magnifique « Week-end à Zuydcoote ».
Et c'est Jean Paul Belmondo qui s'y colle en incarnant Maillat, un superbe personnage, désabusé, désenchanté, dégouté par les scènes dont il est témoin mais qui continue pendant tout son périple à espérer pouvoir lutter à arme égale contre les « fridolins ». Pour cela il essaye d'embarquer vers l'Angleterre... les anglais à droite, les français à gauche, les files d'attente interminables se font canarder par l'aviation allemande sur les plages près de Dunkerque.

Il est secondé par toute une galerie de bidasses croqués avec empathie, les Alexandre, Pierson le curé, Dhéry et Pinot impeccablement incarnés par François Périer, Jean Pierre Marielle, Pierre Mondy et Georges Géret.

Évidemment nous n'échappons pas aux pitreries de ces 4 la mais c'est pour mieux alterner avec les scènes tragiques et surtout les interrogations du Sergent chef Maillat. Réflexion sur la défaite donc aussi et Verneuil évite tout manichéisme, toutes les cartes de son jeu ont deux faces pour mieux nous embrouiller ou, pour mieux nous faire toucher du doigt cette sensation de chaos ; comment faisait-on pour lutter en gardant un semblant de clairvoyance et d'humanisme dans cette immense foutoir de la défaite de juin 1940 ? voilà la question à laquelle répond le réalisateur de « Week-end à Zuydcoote ».

En passant cette période de la guerre n'est pas très bien représentée, alors que les choix sont infinis sur l'occupation, la collaboration, le Débarquement, la Libération... Je me prend à rêver qu'un autre grand cinéaste s'empare du sujet (Tavernier :D ). Si vous avez des suggestions de titres, films ou livres, je suis preneur !
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