Alice (1988)
J'aimerais faire amende honorable auprès de julien et de sa marotte pour Jan Švankmajer qui nous a sûrement tous rendu perplexe au moins une fois.
Alice est un vrai grand film d'animation (tchèque, donc). C'est une splendeur d'inventivité artisanale comme peut l'être dans un tout autre registre
Les aventures du prince Ahmed. Des films qui m'émeuvent parce qu'ils ont une foi totale dans la magie de l'image, du trucage comme Art noble.
Avec sa profusion d'idées visuelles à la minute, Švankmajer nous concocte une véritable orgie de cinéma où tout est permis. Il y a une inventivité folle dans tous les sens du terme puisque avec son imagerie surréaliste et ses bricolages en dur effrayants (cette tronche du lapin blanc !), le film ressemble plus à un cauchemar qu'à un conte pour enfants en bonne et due forme. C'est vraiment une adaptation superbe et très personnelle, où les tours visuels de Švankmajer consacrent la puissance de l'imagination et de l'imaginaire. On sent que le film a un budget dérisoire et pourtant, il contient plus de cinéma que toutes les merdes friquées sorties cette année. Quelle leçon... Entre les apparitions du lapin blanc qui perd sa sciure, le running-gag du tiroir, le rétrécissement en poupée, les larmes qui inondent tout, le rat qui cuit une potée sur la tête d'Alice (
) ou le cérémonial buñuelien du chapelier (re
), il y a matière à jubiler devant son écran.
Je pense néanmoins que le film étire un peu trop certaines de ses séquences (les animaux-os) là où il passe plus vite sur d'autres que l'on aimerait à l'inverse voir plus longues (la fin avec les cartes à jouer, par exemple). On peut trouver aussi la "narration bouche" un peu répétitive à la longue même si justifiée. Mais bon, mémorable quand même.