Les Demoiselles de Rochefort (Jacques Demy - 1967)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Miss Nobody
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Re: Les Demoiselles de Rochefort (Jacques Demy - 1966)

Message par Miss Nobody »

lilou1294 a écrit : Ça a énormément de charme, et je n'ai pas trouvé ça ridicule sauf celui qui joue l'étranger et qui a de grands sourires niais surtout dans la scène où il ramasse les affaires de Boubou qui sont tombées sur le trottoir, là j'ai trouvé ça très drôle X)
Et dire que c'est ma scène préferée... :cry: :cry:
Strum
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Re: Les Demoiselles de Rochefort (Jacques Demy - 1966)

Message par Strum »

Tout cela me donne envie de revoir le film, et notamment les scènes avec Gene Kelly. Et puis le thème de la chanson de Solange au piano est magnifique.
Nestor Almendros
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Re: Les Demoiselles de Rochefort (Jacques Demy - 1966)

Message par Nestor Almendros »

Revu pour la première fois depuis près de 15 ans. Ce ne fut pas le choc d'alors, j'avais été très surpris qu'un film musical français m'enchante à ce point, mais je ne regrette pas le voyage.

Demy a donc voulu faire sa comédie musicale "à l'américaine". Il lui rend des hommages plus ou moins appuyés tout en gardant quelques distances, entretenant sa différence culturelle et son style personnel. On retrouve certains codes du genre comme l'effort visuel, le jeu des couleurs (souvent filmées dans des décors blancs ou très clairs qui renforcent l'effet), le rendu impressionnant des chorégraphies (quand 20 personnes font les mêmes mouvements, c'est toujours efficace) et le déluge musical orchestré par Michel Legrand. L'apport de ce dernier est crucial dans le projet puisque sa musique enveloppe tout le film, apporte le lien et l'euphorie indispensables à cet univers. Je sais qu'on peut facilement être allergique à son travail mais si le compositeur ne se laisse heureusement pas trop aller à ses propres gimmicks (les bidibidiboubidoubidou...) il offre ici une composition de très haute volée, un écrin parfait aux textes de Demy. Concernant les chansons, si les textes de Demy sont un subtil mélange de poésie et d'innoncence presque maladroite, j'ai particulièrement apprecié les efforts de construction, de placement des mots, suffisamment originaux pour se détacher de la linéarité habituelle dans ce genre de films. On retrouve ainsi la patte de Legrand avec ses mélodies syncopées dont le résultat est ici particulièrement réjouissant. Petit regret que je comprends techniquement: les acteurs sont tous doublés quand il chantent et les différences de voix sont parfois très remarquées. Dommage pour Gene Kelly qui savait, lui, pousser la chansonnette... mais pas en français.

Demy s'offre donc la participation de deux stars mondiales et réunit deux époques du cinéma musical dans un même film: George Chakiris, auréolé du succès récent de WEST SIDE STORY, représente la comédie musicale "contemporaine", celle qui continue de se faire à l'époque. Mais Demy fait également appel à l'une des figures majeures de l'âge d'or du genre: le mythe Gene Kelly. Et le qualificatif est loin d'être usurpé malgré les années écoulées. Car on remarque très vite l'aisance physique toujours vivace d'un acteur qui fait carrément de l'ombre à la jeune génération. Les rares numéros de Kelly (dont son premier, dans la rue) imposent le respect et un niveau de qualité. Le pari de Demy est largement tenu dans ce but dangereux de faire cohabiter dans un même film des sommités reconnues et de "simples" actrices dansant quelques pas. Si Deneuve et Dorléac n'ont pas l'aisance de Kelly et Chakiris, elles ont pour elle les chansons comme contrepoint à une technique de danse beaucoup plus sommaire.

Demy propose un scénario autour de plusieurs couples désunis, soit par des erreurs passées (Darrieux et Piccoli), soit par un destin pas encore accompli (Dorléac/Kelly et Deneuve/Perrin). L'une des très bonnes idées du film est de faire chanter le même texte et la même mélodie aux deux moitiés du couple, accentuant la parenté inassouvie. Demy se prend alors pour une sorte d'Hitchcock des sentiments, s'amusant à titiller le spectateur avec un suspense amoureux très efficace où il mélange délibérément les personnages annexes, créant ainsi un lien permanent entre les couples sans les réunir tout de suite, et provoquant régulièrement des occasions ratées: les retrouvailles se font attendre, de plus en plus proches et de plus en plus manquées "d'un cheveu". Jusqu'au final, excellente conclusion hors-film.

La plus grande qualité du film est de m'avoir vraiment donné envie de découvrir LES PARAPLUIES DE CHERBOURG que je n'ai encore jamais vu. Bientôt en blu-ray?

Vu en blu-ray, donc, dans un master de bonne (voire très bonne) qualité. Rien à dire sur la propreté de la copie et la qualité de la définition. Le grain est préservé. Par contre je reste dubitatif devant l'étalonnage et la balance des blancs. Comme beaucoup l'ont remarqué dans le topic dédié, il y a comme une teinte jaunâtre pendant au moins une bonne demi-heure de film. Je suis prêt à parier que c'est un problème chimique sur la pellicule, que les couleurs ont un peu passé. Il en résulte donc un blanc plus très blanc, surtout pendant cette demi-heure. Grâce à l'étalonnage numérique, on a pu corriger cela. Sauf qu'en enlevant du jaune dans le blanc, on touche aussi aux autres couleurs. Et c'est là que je reste dubitatif: l'ensemble des couleurs reste étrange pendant cette partie. Les noirs sont un peu verts par exemple. Mais bon, si c'était le seul moyen de retrouver un semblant d'équilibre... Heureusement que la deuxième moitié du film est plus convaincante.
Pas encore vu le bonus de Varda mais les 2 petits modules en HD sont un peu chiches.
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Commissaire Juve
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Re: Les Demoiselles de Rochefort (Jacques Demy - 1966)

Message par Commissaire Juve »

Nestor Almendros a écrit :... La plus grande qualité du film est de m'avoir vraiment donné envie de découvrir LES PARAPLUIES DE CHERBOURG que je n'ai encore jamais vu. Bientôt en blu-ray?
En blu-ray, ça serait cool... mais, a priori, c'est non.

Sinon, à mon avis, ce film est d'un abord plus "difficile" dans la mesure où on y chante "tout le temps" et que c'est, ou bien "flippant" ou bien involontairement "drôle". Dans les demoiselles, il y a des pauses, ça parle un peu.

"Passe-moi le sel" en chantant, c'est très très space. Pourtant, le film fascine. Le côté "début des années 60" et la jeunesse de Catherine Deneuve y sont sans doute pour beaucoup.
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pak
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Re: Les Demoiselles de Rochefort (Jacques Demy - 1966)

Message par pak »

J'ai redécouvert ce film lors de sa diffusion récente sur ARTE, et effectivement les images sont magnifiques.

J'avais par contre des a priori sur lui, l'ayant vu la dernière fois il y a 15 ou 20 ans, m'enfin, sais plus, ça date. Eh bien, je ne sais pas si je me ramollis avec l'âge, mais j'ai été enchanté par le film, et loin de ressentir un quelconque ridicule, j'ai intégré de suite l'univers et l'ambiance du film, et limite, j'avais la larme à l'œil tellement c'était beau ! ( :oops: bouh la honte... Vite que je mate un Peckinpah, suis un velu moi, bordel ! ).

J'en reparle bientôt...
Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."

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Re: Les Demoiselles de Rochefort (Jacques Demy - 1966)

Message par MargaretLockwood »

Alors les couleurs sont flashantes, les paroles sont nulles, l'histoire à l'eau de rose, les acteurs parlent souvent faux, pourtant les Demoiselles de Rochefort est un plaisir de tout instant sans doute grâce à la musique de Michel Legrand qui rappelle d'ailleurs quelque peu Ravel dans la partie purement concertante de la fin. Maintenant quelle idée d'avoir doubler pour le chant, Gene Kelly, la chorégraphie est nulle, les danseurs moyens, mais bon le charme opère encore et toujours, et l'on reste longtemps avec les chansons en tête bien après le film. Par contre je suis totalement hermétique aux Parapluies de Cherbourg et je ne trouve aucunement mélancolique les Demoiselles, même s'il est vrai que nous sommes dans une fin nostalgique avec des happy end qui cloturent toutes les histoires y compris celle de la Mère, ou de Dutrouz
Je crois que justement, ce petit côté "à l'eau de rose", ces dialogues aux jeux de mots "bon-enfant" contribuent au charme des films de Demy. La beauté des couleurs et des décors, les jolies robes et chapeaux des demoiselles également. C'est tout un univers, un peu naïf. Comment s'étonner que Jacques Demy, par la suite, ait réalisé Peau d'âne ?

Sur la "chorégraphie nulle", là, je ne suis pas du tout d'accord. Et les seuls danseurs que je trouve mauvais dans le film, ce sont C. Deneuve et F. Dorléac. Pour l'Opéra, on repassera. :mrgreen:.
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Cathy
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Re: Les Demoiselles de Rochefort (Jacques Demy - 1966)

Message par Cathy »

Ah mais j'aime le film depuis que je suis jeune, mais en revoyant le film lors de sa diffusion, j'ai trouvé les chorégraphies affligeantes de simplicité, et les danseurs absolument quelconques (hormis Chakiris, Kelly ne danse pas et en plus ils auraient pu le faire chanter lui-même surtout qu'ils le font doubler par quelqu'un qui chante avec un accent pour évoquer les origines américaines du personnage), après, il est évident qu'il y a un charme dans le film et j'aime sa musique, son dynamisme, mais c'est vrai que j'ai eu des réserves au niveau purement "danse" lors de ma nouvelle visionsL.

Sinon je n'apprécie pas plus que cela les Parapluies de Cherbourg, si le côté numéro musical passe dans les démoiselles comme dans toutes les comédies musicales, c'est vrai que j'ai beaucoup plus de mal avec le côté parlé-chanté continu des Parapluies
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Re: Les Demoiselles de Rochefort (Jacques Demy - 1966)

Message par MargaretLockwood »

Il faudrait que je revoie le film, mais je me souviens que j'aimais bien les deux danseuses qui laissent tomber les forains pour partir avec des marins. Dans la chorégraphie elle-même, j'aime beaucoup les ensembles, et il n'y a que celle des demoiselles en robe rouge que je trouve presque ridicule. Mais peut-être Deneuve et Dorléac ne pouvaient-elles, techniquement parlant, faire plus ? J'avais pourtant lu qu'elles avaient fait de la danse classique.
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Re: Les Demoiselles de Rochefort (Jacques Demy - 1966)

Message par Lionel »

Nestor Almendros a écrit :. Petit regret que je comprends techniquement: les acteurs sont tous doublés quand il chantent et les différences de voix sont parfois très remarquées.
Pas tout à fait exact : Danielle Darrieux, dont la carrière discographique s'étend de 1931 à son duo avec Patrick Bruel (sur un album de ce dernier), est la seule à chanter elle-même son rôle.

Elle a récidivé, 15 ans après, dans Une chambre en ville, du même Demy, où elle est la seule à ne pas être doublée.
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Re: Les Demoiselles de Rochefort (Jacques Demy - 1966)

Message par Balooo »

Effectivement Danielle Darieux est la seule à chanter elle même son role (avec Gene Kelly) ce qui fait que pour ma part ce film sonne un peu faux. Je n'ai pas du tout accroché, je n'ai pas trouvé le scénario très bon :| Et la scène de danse avec Gene Kelly est un peu nulle pour ma part... La scène des deux actrices qui dansent avec des robes rouges m'a fait pensé à Marilyn Monroe et Jane Rusell dans Les Hommes préfèrent les blondes. Le film m'a beaucoup déçu étant donné qu'il est très connu, il n'y a pas que des mauvais point mais je trouve qu'il manque terriblement de fluidité :mrgreen: Bref, j'ai largement préféré les parapluies mais après c'est mon point de vue :)
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Cathy
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Re: Les Demoiselles de Rochefort (Jacques Demy - 1966)

Message par Cathy »

Gene Kelly ne chante pas, il est doublé aussi curieux que cela puisse paraître.
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Re: Les Demoiselles de Rochefort (Jacques Demy - 1966)

Message par Balooo »

Ah bon :shock: c'est vrai que c'est plutôt curieux :| je ne savais pas, merci pour l'info :mrgreen:
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Re: Les Demoiselles de Rochefort (Jacques Demy - 1966)

Message par hansolo »

Balooo a écrit :Bref, j'ai largement préféré les parapluies mais après c'est mon point de vue :)
Il est clair que Les parapluies est nettement au dessus!
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Re: Les Demoiselles de Rochefort (Jacques Demy - 1966)

Message par pak »

Désolé pour le doublon avec le sujet Le cinéma français des années 1960...

Les demoiselles de Rochefort de Jacques Demy (1966) :

Avec : Catherine Deneuve, Françoise Dorléac, Jacques Perrin, Danièle Darrieux, Michel Piccoli, Gene Kelly, George Chakiris... Scénario et paroles des chansons : Jacques Demy - Musique : Michel Legrand - Genre : comédie musicale - Production française (avec des fonds américains) - Date de sortie : 08/03/1967
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Mon avis :

La recherche de l'âme sœur de deux jumelles, mais aussi des autres protagonistes de l'histoire, dans la ville de Rochefort animée par l'installation d'une foire commerciale.

Auréolé du succès critique des Parapluies de Cherbourg (Prix Louis-Delluc 1963, Palme d'or au festival de Cannes 1964 et Prix Méliès 1965), Jacques Demy a enfin les moyens d'assouvir son rêve de réaliser une comédie musicale à l'américaine et digne des meilleurs spectacles de Broadway, chose qu'il n'avait pu faire en 1960 avec Lola au budget trop restreint.

On a beau dire, la musique de Michel Legrand a parfois mal vieilli, notamment dans les films de Claude Lelouch. Pourtant, dès les premières notes de piano du début, jouant le thème des Demoiselles de Rochefort, on entend en nous une autre petite musique, de celle qui vous murmure dans l'oreille que l'on va assister à un beau spectacle. Et beau, il l'est...

Grâce à la musique, bien-sûr, qui décoche ses thèmes imparables, mixage assez miraculeux de jazz et de blues, avec des nuances de musique classique.

Grâce aussi aux ballets millimétrés qui s'enchainent avec un bel équilibre entre douceur et énergie.

Et évidemment grâce à la réalisation de Demy, qui a une pêche incroyable, une modernité quasi inédite à l'époque, où la caméra, sans cesse en mouvement, caresse ses personnages ou s'envole dans des embardées poétiques et aériennes. Chaque plans sont soigneusement travaillés, relèvent même de la géométrie, une leçon de cadrage de tous les instants avec ses personnages phares constamment centrés sur l'écran (qu'un certain Luc Besson par exemple retiendra plus tard), ses espaces latéraux et arrières-plans savamment occupés, loin du remplissage gratuit.

Ainsi cette scène tournée de l'intérieur de la buvette, avec ce petit garçon au t-shirt rouge marchant derrière Jacques Perrin assis et filmé en plan serré, semblant traverser la tête de l'acteur, n'est pas là par hasard, mais pour rappeler l'âme d'enfant du jeune homme aux idéaux presque enfantins... Puis des femmes aux robes colorées remplacent le gamin tandis que le comédien chante son idéal amoureux.

Le film a été restauré pour le format numérique. Le travail sur l'image est remarquable, et la restauration est miraculeuse. Les couleurs irisent l'écran comme si le film avait été tourné hier, elles sont d'une pureté éclatante. Peut-être trop d'ailleurs, donnant un côté pictural forcé. Mais pourtant cela reste en phase avec les intentions de l'auteur car c'est bien de pureté qu'il parle ici. Pureté des sentiments, de l'amour, de la vie, mais aussi de la mélancolie, de la tristesse, des souvenirs... Il n'y a pas une once de méchanceté dans cette histoire résolument optimiste. Naïve aussi, oui, mais jamais niaise. Si le rythme faiblit un peu dans le dernier tiers, les ultimes minutes proposent des moments d'une grâce folle.

Françoise Dorléac et Catherine Deneuve, les sœurs du titre, espiègles, touchantes, gaies, et lumineuses, se complètent à merveille, ayant le même but, rencontrer l'amour, l'une grâce au coup de foudre, l'autre s'en remettant à la chance, ce qui finalement est la même chose, l'amour idéal étant un jeu de hasard.

La comédie musicale était un genre que les américains maitrisaient et Jacques Demy fut un des rares à se hisser à leur niveau. Lion de les copier, il y imposa son univers tout en rendant hommage à ce genre lié à l'âge d'or d'Hollywood, à travers la présence de Gene Kelly (un monument du genre) et George Shakiris (révélé par le non moins monumental West Side story en 1961) même si pour être tout à fait honnête, la présence de ces deux acteur est liée à la participation financière à la production du film d'une filiale de la Warner.

Voir un film de Jacques Demy, et en particulier celui-ci, c'est entrer dans un autre monde, idéalisé, irréel, mais en même temps proche de nous (certaines chansons sont de véritables dialogues qui alimentent l'intrigue, jouant sur la dualité du quotidien et du féérique). Un mariage réussi entre le divertissement et l'art...

Étoiles : * * * * . Note : 17/20. (ben ouais, j'ai adoré ! )
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Autour du film :

1. Difficile de parler du film sans évoquer Françoise Dorléac, sœur ainée de Catherine Deneuve. Elle était à la moitié des années 1960 plus populaire que sa cadette, mais cette dernière sortait du succès Les parapluies de Cherbourg. C'est la seconde fois que les deux sœurs tournent ensemble, après l'oublié Les portes claquent de Jacques Poitrenaud et Michel Fermaud (1960). On le sait, moins de 4 mois après la sortie du film, le 26/06/1967, Françoise Dorléac se tue au volant de sa voiture. Elle avait 25 ans.
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2. Hormis Danièle Darrieux, tous ceux qui chantent à l'écran sont en fait doublés, Gene Kelly inclus, n'ayant pas le temps d'apprendre les chansons, même phonétiquement. Les voix ont été choisies en fonction de leur ressemblance avec celles doublées.
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3. Le tournage a eu lieu en extérieurs dans la ville de Rochefort du 31 mai au 27 août 1966, mais dès le mois d'avril, des peintres blanchissent des milliers de mètres carrés de façades autour de la place Colbert de la ville ainsi que dans les diverses rues servant aux prises de vue. En 1994, la place devant la gare de la ville a été baptisée Place Françoise Dorléac.

4. Le film, tourné à la fois en français et en anglais (pour le public américain) sortira sur les écrans simultanément à Paris, New-York et... Rochefort, bien-sûr. Il recevra le prix Max Ophüls 1967 et sera nommé à l'OSCAR 1969 de la meilleure musique.

5. Jacques Demy aimait lier ses films aux précédents. Ainsi avait-il prévu que le second forain aux côté d'Étienne joué par George Shakiris soit Guy, le héros malheureux des Parapluie de Cherbourg : il aurait été veuf de Madeleine qu'il avait épousé à la fin du film, et sauvé du désespoir par Étienne qu'il aurait alors suivi. Mais Nino Castelnuovo, l'interprète de Guy, n'est pas libre et l'auteur abandonne son idée. Il reste des allusions à Cherbourg et aussi à Nantes (Lola).

6. Le film fut un succès avec 1 319 432 entrées France, ce qui incita la Columbia à inviter l'auteur à réaliser un film aux USA. Il reprend alors le personnage de Lola (et donc Anouk Aimée) et réalise Model shop en 1968. Le film est un échec. De plus, la comédie musicale ne rapporte plus outre-Atlantique, et même un chef-d'œuvre comme Hello Dolly ! (réalisé par Gene Kelly), trop cher en regard des échecs précédents du genre ne suffit plus à intéresser les producteurs au genre. Demy ne signera donc pas sa comédie musicale américaine et préfère retourner en France, où, avec de nouveau Catherine Deneuve et Jacques Perrin en vedettes, et Michel Legrand à la musique, il signera Peau d'Âne...
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Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)

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Re: Les Demoiselles de Rochefort (Jacques Demy - 1966)

Message par riqueuniee »

Cathy a écrit :Ah mais j'aime le film depuis que je suis jeune, mais en revoyant le film lors de sa diffusion, j'ai trouvé les chorégraphies affligeantes de simplicité, et les danseurs absolument quelconques (hormis Chakiris, Kelly ne danse pas et en plus ils auraient pu le faire chanter lui-même surtout qu'ils le font doubler par quelqu'un qui chante avec un accent pour évoquer les origines américaines du personnage), après, il est évident qu'il y a un charme dans le film et j'aime sa musique, son dynamisme, mais c'est vrai que j'ai eu des réserves au niveau purement "danse" lors de ma nouvelle visionsL.

Sinon je n'apprécie pas plus que cela les Parapluies de Cherbourg, si le côté numéro musical passe dans les démoiselles comme dans toutes les comédies musicales, c'est vrai que j'ai beaucoup plus de mal avec le côté parlé-chanté continu des Parapluies
Il faudrait que je revoie le film,mais je sais que j'ai eu la même impression que toi : côté danse et chorégraphies,le film n'assure pas,du moins à côté des comédies musicales américaines (probablement un modèle...).
De toute façon,je ne suis pas très accro à l'univers de Jacques Demy : je ne trouve pas ça mauvais,mais ça ne me touche pas vraiment.Sauf Une chambre en ville et Le Joueur de flûte (1971),tourné en anglais,adaptation du célèbre conte sur le joueur de flûte de Hamelin,avec le chanteur folk Donovan (très à la mode à l'époque),qui a aussi signé la musique,dans le rôle titre...
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