Je pense au contraire que le zoom est souvent utilisé pour créer optiquement l'illusion d'un mouvement (d'approche dans le cas du zoom avant). Dans le cas d'un travelling, comme son nom l'indique, le mouvement est effectif.Roy Neary a écrit :Le zoom est bien plus rarement utilisé que le travelling. C'est normal, cette technique est à manier avec précaution.
Le travelling avant, contrairement au zoom, a pour effet de déplacer les perspectives. Avec le zoom, on isole une partie de l'image sans créer optiquement un mouvement dans le mouvement.
Voila pourquoi dans Mort à Venise, il permet de donner une impression de saisie dans le temps, arrachant un moment d'éternité dans les plans, quasiment une pause dans l'écoulement du temps. Ce qui sert parfaitement l'ambiance mortofère du film de Visconti.
Le génie de Visconti dans Mort à Venise est justement de faire sentir à quel point les mouvements de son héros sont intérieurs (élévation vers la beauté de la ville, vers celle du jeune garçon, vers l'idéal artistique/musical...), mais que celui-ci reste incapable de s'approcher physiquement des choses qui l'attirent, de "changer de perspective", de faire entrer quoi que ce soit de nouveau dans sa vie.
Comme la plupart des héros viscontiens (le Prince Salina, Ludwig, etc.), Von Aschenbach est incapable de se désengluer d'une vision mélancolique/névrosée du monde qui l'entoure. Il recherche sans cesse, interminablement et jusqu'à sa mort, la trace du monde idéal dans lequel il aurait aimé vivre : celui de son enfance...