L'influence de Lang est très claire dans ces films noirs, même si Losey joue moins sur la culpabilité que sur l'ambiguïté. Tu as vu son remake, M?Tancrède a écrit :aussi fort que du bon Fritz Lang.
A défaut d'avoir vu le film en question, j'ai appris pourquoi Losey avait réalisé ce remake assez ambitieux pour quelqu'un qui admirait visiblement le travail de Lang et n'en était qu'à son quatrième film. Outre, sur le plan artistique, l'influence commune de Bertolt Brecht, ils ont eu aussi un producteur en commun
Puisque je profite de ces posts pour dire un mot des professionnels qui ont travaillé avec Joseph Losey, je dirai un mot de Seymour Nebenzhal (aussi orthographié Nebenzal aux USA).
Joseph Losey a commencé à faire des films au début de la guerre froide, tandis que se mettait en marche la mécanique qui allait aboutir à la Liste Noire. De par ses amitiés politiques, il était, dès le départ, suspect pour les uns et porte-drapeau pour les autres. Losey réalisa les projets qu’on lui confiait, sans rien refuser et le remake de M le Maudit était, en fait, une idée du producteur Seymour Nebenzhal (1897-1961) .
Seymour Nebenzahl était le producteur de Pabst et de Lang en Allemagne. Foncièrement libéral, il avait deviné dès avant 1933 le tournant que prenait son pays et M le Maudit était une idée à lui avant d’être une idée de Fritz Lang. Il avait quitté l’Allemagne en 1933 pour la France, puis la France en 1938 pour les Etats-Unis. Parmi les scénarios dont il est à l’origine, on peut noter aussi celui de Hitler’s Madman de Douglas Sirk. C’est Hitler’s Madman qui permit à Douglas Sirk de relancer sa carrière aux USA et Seymour Nebenzhal a aussi produit les premiers films américains d’un autre réfugié allemand, Edgar Ulmer.
Le remake de M le Maudit par Joseph Losey est tout simplement une idée du producteur Seymour Nebenzhal qui souhaitait dénoncer l’état d’esprit de la société américaine à l’aube de la guerre froide et le procès à la fin du film une claire allusion aux auditions de la commission aux activités anti-américaines. C'est l'avant-dernier film de ce producteur qui a produit presque tous les meilleurs Lang (période allemande) et Pabst, et permis à plusieurs réfugiés allemands aux USA de retrouver du travail.
Sinon, M de Losey a très bonne réputation mais je ne l'ai pas vu donc je n'en sais pas plus.
C'est vrai que je ne lui rend pas justice, notamment dans mes captures, où on le voit seulement de dos et de profil. C'est effectivement LE grand acteur de Time of Pity et la sobriété de son jeu, compensée par une grande expressivité, répond très bien au jeu très physique de Leo McKern.Tancrède a écrit :t'as pas parlé de Michael Redgrave ?
grand souvenir de Redgrave dans ce film.