La Comédie italienne

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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manuma
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Re: La Comédie à l'italienne

Message par manuma »

locktal a écrit :
manuma a écrit : On pourrait également ajouter à la liste Agostina Belli et Eleonora Giorgi dans Conviene far bene l'amore, délirante comédie d'anticipation dans laquelle des scientifiques découvrent que l'énergie déployée au cours de l'acte amoureux peut être canalisée et employée pour combler une pénurie planétaire en besoins énergétiques et pétrolifères.
Très curieux de voir ce film : son pitch a l'air tout à fait délirant ! Si en plus il y a les très belles Agostina Belli et Eleonora Giorgi... Comment l'as-tu vu ?
Vu en divx et italien seulement, il y a quelques années. Ce serait chouette que SNC le sorte un jour ...
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Profondo Rosso
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Re: La Comédie à l'italienne

Message par Profondo Rosso »

Malheureusement pas beaucoup de Pasquale Festa Campanile de dispo en zone 2 je viens de survoler amazon à part La Fille de Trieste (qui s'envole à du 50 euros) et les classiques Ma femme est un violon/ L'Amour à cheval pas grand chose à se mettre sous la dent :(
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Kevin95
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Re: La Comédie à l'italienne

Message par Kevin95 »

J'aimerai quand à moi qu'un éditeur sorte Autostop rosso sangue dont je ne connais que l'excellente BO de Morricone. Apparemment, c'est une pièce isolée (car non comédie) dans la filmographie de Pasquale Festa Campanile.
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Re: La Comédie à l'italienne

Message par locktal »

manuma a écrit :
locktal a écrit :
Très curieux de voir ce film : son pitch a l'air tout à fait délirant ! Si en plus il y a les très belles Agostina Belli et Eleonora Giorgi... Comment l'as-tu vu ?
Vu en divx et italien seulement, il y a quelques années. Ce serait chouette que SNC le sorte un jour ...
OK, merci !
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Re: La Comédie à l'italienne

Message par locktal »

Kevin95 a écrit :J'aimerai quand à moi qu'un éditeur sorte Autostop rosso sangue dont je ne connais que l'excellente BO de Morricone. Apparemment, c'est une pièce isolée (car non comédie) dans la filmographie de Pasquale Festa Campanile.
Des 4 films de Festa Campanile que j'ai vus, La proie de l'auto-stop est effectivement en marge du reste de sa filmographie... C'est une sorte de thriller très noir, avec des personnages aux motivations très opaques, le tout baignant dans un nihilisme hallucinant. Pour ma part, une pièce majeure du cinéma d'exploitation, magistralement interprétée par Franco Nero, Corinne Cléry et David Hess (oui, l'acteur de La dernière maison sur la gauche de Craven), qui mélange plusieurs genres (road movie, rape and revenge, survival) avec brio et qui bénéficie de la très belle bande-son de Morricone. Au final, encore une fois chez Festa Campanile, c'est le personnage féminin jouée par la belle Corinne Cléry qui retient toute l'attention du cinéaste : une femme forte, faussement soumise... Le film a sans doute inspiré le célèbre Hitcher de Robert Harmon...

Je rêve aussi d'une sortie DVD pour cette petite perle assez méconnue...
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manuma
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Message par manuma »

Autostop rosso sangue est effectivement un peu à part dans la filmo de Festa Campanile, même si ce récit axé sur les rapports du couple Nero/Clery rejoint d'une certaine façon les habituelles préoccupations du réalisateur. En tout cas une belle réussite poussant à regretter que le cinéaste n'ait pas persévéré dans le genre thriller. Le DVD Zone 1 d'Anchor Bay est d'excellente tenue, dans mon souvenir ... parce que je l'ai vu il y a longtemps (en fait, pour l'anecdote, c'est le tout premier DVD que j'ai acheté, avant même de posséder un lecteur).
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Profondo Rosso
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Re: La Comédie à l'italienne

Message par Profondo Rosso »

Les Ordres sont les ordres de Franco Giraldi (1972)

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Giorgia, jolie femme-objet, épouse modèle, assiste par hasard à un congrès de femmes en colère. Le soir même pour la première fois, elle entend des voix, une voix plus exactement, à laquelle elle ne peut résister et qui lui ordonne des choses invraisemblables qu'elle regrette aussitôt après les avoir faites : écraser une cigarette dans l'œuf que prenait son pacha de mari au petit déjeuner, érafler sa précieuse voiture, lui avouer une inexplicable liaison avec un peintre de bâtiments des plus frustes, essayer de le noyer..

Gli ordini sono ordini est une adaptation d'un roman d'Alberto Moravia où comme souvent dans l'œuvre de ce dernier il est question de critique envers les travers de la société italienne. Le sujet sera ici la place et l'émancipation de la femme à l'aune de l'évolution des mœurs en ce début des 70's à travers le parcours d'une femme au foyer soumise incarnée par Monica Vitti. Giorgia (Monica Vitti) est une épouse modèle dont l'existence est entièrement soumise à la satisfaction de son mari. Lui préparer son petit déjeuner et œuf sur le plat comme il aime le matin, rendre la maison impeccable et faire les courses du dîner préparé avec amour pour le soir et écouter religieusement son homme raconter son harassante journée de travail dans bien calé dans le fauteuil. Tout est parfaitement agencé dans ce petit programme (le câlin, toujours le samedi inclus) sauf ses désirs et sentiments à elle.

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Giraldi met en place toute sorte de petit gimmick et situations humiliante pour illustrer la soumission de Giorgia tel ce monologue quasi publicitaire sur les meilleurs lessive en ouverture, la goujaterie hilarante du mari joué par Orazio Orlando qui s'endort quand sa femme lui raconte sa journée et feuillète sans scrupule des revues pornos dans le lit conjugal. Giorgia subit la situation en épouse docile respectueuse de la tradition mais la rébellion viendra de son inconscient. Un étrange sifflement annonce alors à plusieurs reprises l'intrusion d'une voix dans son esprit qui l'incite aux actes les plus insensés : allumer puis coucher avec le premier venu, punir le comportement odieux de son époux en le jetant à la mer ou en rayant sa voiture (ce dernier point le fâchant plus que l'adultère !). Elle va tout perdre de sa "confortable" situation mais peut-être gagner enfin une vraie raison de vivre à travers son parcours initiatique et sa quête d'elle-même.

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La première partie est parfaite de drôlerie et d'invention, la suite peine un peu plus à convaincre à cause des situations très quelconques dans lesquels sont placés l'héroïne. Pourtant les bonnes idées sont là mais trop timorées dans l'ensemble. On a ainsi un bref interlude rural où la situation semble plus arriérée encore avec ses femmes choisies et mariées comme du bétail aussi drôle que glaçant mais peu approfondi. L'émancipation doit être d'ordre sexuel aussi avec une Giorgia assumant sa libido mais il n'y a ni folie ni vrai plaisir qui se dégage de ces séquences trop brèves (surtout si on compare avec l'extraordinaire L'Amour à cheval est bien plus profond sur des thèmes voisins sous son aspect coquin). Du côté professionnel non plus pas grand intérêt alors qu'une photographie même comique des femmes désormais bien installées dans le monde du travail auraient pu être explorée mais c'est à peine survolé. La remise en causes des idéologies libertaires est par contre réussie comme lorsque Giorgia en couple avec un artiste se rend compte qu'il la néglige et la traite en domestique tout autant que son époux (plaçant ce machisme dans les gènes du mâle italien d'où qu'il vienne) et un libertinage pas toujours acceptable pour cette vraie amoureuse.

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Le film a un rythme assez poussif faute de moments accrocheurs et fouillés (et la géniale idée de la voix off est finalement trop peu utilisée) mais heureusement l'épatante prestation de Monica Vitti rattrape pas mal les défauts. Elle a effacé toute l'élégance et la sophistication dont elle est capable pour ce personnage un peu gauche et ahuri qui s'impose progressivement dans ses choix. Elle est très attachante dans sa maladresse sollicite toute l'inspiration de Franco Giraldi (ancien assistant de Sergio Leone et réalisateur de western spaghetti reconverti dans la comédie) et du directeur photo Carlo Di Palma (alors compagnon de Monica Vitti) qui la mette diablement en valeur et avec un grand naturel pour accompagner cette prestation fraîche et spontanée. Il est vraiment dommage que le film soit si décousu, notamment une longue poursuite en voiture finale dont on se demande ce qu'elle vient faire là. On préférera se souvenir de la dernière image où une Monica Vitti boiteuse s'éloigne néanmoins seule et libre vers de nouvelles aventures et expérience où elle s'accomplira enfin, hors des passages piétons et des sentiers battus. 3,5/6

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manuma
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Re: La Comédie à l'italienne

Message par manuma »

J’aime beaucoup ce symbolique plan final. Une très belle idée. Pour le reste, j'avais été globalement déçu par cette comédie de mœurs un peu molle et attendue, à l’écriture pas toujours très inspirée. Si tu ne l'a pas vu, je ne peux que te conseiller de découvrir la précédente association Giraldi / Vitti, Super témoin, autrement plus marquante.
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Profondo Rosso
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Re: La Comédie à l'italienne

Message par Profondo Rosso »

Et non pas vu Super Témoin j'avais peur du truc un peu poussif au vu du pitch de comédie policière mais si tu recommandes je vais tenter oui. Pour Les ordres sont les ordres effectivement prévisible et poussif malgré Monica Vitti surtout que ça explore plein de pistes intéressantes sans développer. Un film comme L'Amour à cheval (auquel j'ai pas mal pensé ici)en ne parlant que de sexe explore avec bien plus de profondeur les questionnement sur l'émancipation de la femme italienne à cette époque.
Dernière modification par Profondo Rosso le 23 avr. 13, 19:31, modifié 1 fois.
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Demi-Lune
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Re: La Comédie à l'italienne

Message par Demi-Lune »

Profondo Rosso a écrit :Un film comme L'Amour à cheval (auquel j'ai pas mal pensé ici)en ne parlant que de sexe explore avec bien plus de profondeur les questionnement sur l'émancipation de la femme italienne à cette époque.
En ce qui me concerne, j'avoue avoir eu du mal à trouver cette profondeur thématique dans le film de Campanile... le sujet scabreux m'a semblé n'être qu'un prétexte à des scènes cocasses et opportunistes où l'érotisme gentillet, sous le couvert d'évoquer la libération des mœurs de la société et de la femme en particulier et de ridiculiser les hommes, n'est jamais très loin, en fait, d'une certaine misogynie. Catherine Spaak s'offre à tout le monde, allume, montre son cul ou ses nibards, accepte de se faire violer par Luigi Pistilli (ce gars devait adorer jouer le rôle des salopards dans le bis italien)... Comme dans le giallo (j'ai pas pu m'empêcher de penser à cette daube de Ton vice est une chambre close dont moi seul ait la clé, dans laquelle jouait Pistilli, le mec qui adore humilier les nanas), je trouve que cette comédie sexy reste au fond très ambivalente : ça se veut féministe mais dans le même temps, la femme y est dégradée, c'est toujours un peu une salope. Le fait que Spaak intellectualise tout ça en lisant ses bouquins de sexualité et n'y voie qu'un jeu n'y change rien pour moi.
Je n'ai pas du tout aimé.
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Profondo Rosso
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Re: La Comédie à l'italienne

Message par Profondo Rosso »

Demi-Lune a écrit : En ce qui me concerne, j'avoue avoir eu du mal à trouver cette profondeur thématique dans le film de Campanile... le sujet scabreux m'a semblé n'être qu'un prétexte à des scènes cocasses et opportunistes où l'érotisme gentillet, sous le couvert d'évoquer la libération des mœurs de la société et de la femme en particulier et de ridiculiser les hommes, n'est jamais très loin, en fait, d'une certaine misogynie. Catherine Spaak s'offre à tout le monde, allume, montre son cul ou ses nibards, accepte de se faire violer par Luigi Pistilli (ce gars devait adorer jouer le rôle des salopards dans le bis italien)...
C'est en fait justement dans ces moments là que Campanile pervertit complètement les codes de la comédie sexy italienne qui est de toute façon un genre misogyne. Comme tu le dit sous couvert de libération des moeurs et d'expérimentation ces scènes dénudent un peu trop facilement Catherine Spaak et l'humilie. Mais c'est exactement le thème du film et si tu regardes bien tout ces passages ont lieu dans la première partie (avant la rencontre avec Trintignant) puisque le personnage croit se libérer en expérimentant mais subit encore le désir des hommes et justement les séquences obéissent à des codes misogyne qui la place en position de soumission, c'est volontairement du pur fantasme machiste parce que le personnage est faussement libre. Dès que Trintignant entre en scène avec son comportement lunaire désintéressé c'est enfin Catherine Spaak qui prend les choses en main et s'émancipe pour le séduire, les moments racoleurs étant dénoncés de façon sous-jacente (le passage de la station service où elle se ridiculise). Et finalement le vrai fantasme de Catherine Spaak est plus amusant que vulgaire et comme par hasard symboliquement c'est elle qui y domine l'homme. C'est plutôt bien vu, il y a le quota putassier du genre et une dénonciation intelligente dans le même film.
Dernière modification par Profondo Rosso le 23 avr. 13, 19:32, modifié 1 fois.
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Re: La Comédie à l'italienne

Message par paul_mtl »

@Profondo Rosso
Merci pour ta critique Les Ordres sont les ordres :)

Je vais le publier bientôt sur comedieitalienne avec ton pseudo Le cinephile.
Helena
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Re: La Comédie à l'italienne

Message par Helena »

La Dottoressa del Distretto Militare de Nando Cicero
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Aaaaaawnnnnn Edwige :oops:
C'est un film que je ne me lasse pas de voir tellement il est autre de bout en bout (comme de nombreuses comédies venant de l'Italie, et surtout de cette catégorie. Ici le scénario est simple, des soldats ne veulent pas faire l'armée et doivent donc être réformer, pour cela ils vont user de nombreuses astuces toutes plus improbables et idiotes que les autres dans l'espoir d'en trouver une qui fonctionne auprès de la dottoressa, la sublime dotoressa devrai je dire interprétée par la sublime Edwige Fenech.
Le film est vraiment idiot du début à la fin, mais drôle à de nombreuses reprises. Bien que peu original, le contexte et le casting charme tout de suite quiconque aime ce genre de film trash pour l'époque. Ici il ne faut pas chercher un quelconque message ou critique de la société de l'époque, mais un pure film comique et sexy ou les acteurs font nawaks et ou les actrices aux rôles peu étoffés sont juste la pour montrer leurs anatomies et on peut dire qu'à ce niveau, Edwige Fenech est parfaite. L'actrice a une plastique parfaite et encore aujourd'hui quand on la voit en chair en os, on peut dire qu'elle n'a rien perdue de sa superbe et reste l'une des plus belles femmes venant de la belle Italie (bon avec les sublimes Stefania Rocca, Asia Argento et Francesca Inaudi par exemple.) Ici tout est bon pour déshabiller l'actrice qui se révèle être toujours aussi charmante et même si on peut regretter le fait que son personnage soit peu étoffé, on s'en étonne guère quand on connait les critères du genre et donc une fois les informations en tête, on passe sur le sujet. D'ailleurs, contrairement à d'autres femmes ayant côtoyé le genre, ici l'actrice conserve une grâce qui lui est unique (comme dans le trois quart des oeuvres au quelle elle participe) et arriverait presque à nous convaincre de nous engager, notamment au vu de certaines scènes. Pour autant, en dehors de l'atout de charme, comme je l'ai dis, le film est une comédie et les scènes autres et strange il y en a un paquet, certes ce n'est pas l'humour le plus subtile du monde mais on s'en moque, surtout quand on voit dans quelles galères se trouve à chaque fois Alvaro Vitali.
Cet acteur improbable au physique plus que particulier accumule les bêtises pour notre plus grande joie, l'une d'elle étant (et on peut la retrouver dans de nombreuses critiques d'ailleurs) sa manière d'échapper à l'appel d'une façon assez peu ragoûtante, un peu comme les autres mes direz vous vu que c'est l'une des particularités du genre (et moi qui suis une fétichiste des pieds, il y a de quoi être dégoûté de ce fétichisme à vie... mais je prend sur moi;) Le film au rythme parfait accumule les scènes marrantes jusqu'à un final assez outrancier qui conclue parfaitement l'oeuvre et surtout montre que notre personnage principal (pas Alvaro Vitali mais celui incarné par Alfredo Pea) arrive à ses fins. Le film est un pur représentant du genre et bien que cet humour ne plaise pas forcément à tout le monde, je le recommande à ceux qui sont fans de l'actrice ou tout simplement de comédie de ce type, pour ma part je lui donne la note de 8/10 et je vais me faire d'autres films avec la sublime madame Fenech!
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Profondo Rosso
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Re: La Comédie à l'italienne

Message par Profondo Rosso »

Super Témoin de Franco Giraldi (1971)

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Quand une prostituée dont il est le souteneur est assassinée, c'est tout naturellement que Marino Bottechia dit "Mocassino" est suspecté. Accusé par Isolina Pantò, témoin du crime, il est condamné à 20 ans de prison. Derrière les barreaux, il reçoit régulièrement la visite d'Isolina, qui non contente de l'épouser, va tout mettre en œuvre pour le faire libérer...

Super Témoin constitue pour Franco Giraldi une sorte de diptyque avec Les Ordres sont les ordres réalisé l'année suivante et où dans les deux cas il scrute de manière très différente l'émancipation de personnage féminin incarné par Monica Vitti. Sans être dénué d'intérêt Les Ordres sont les ordres ne s'avéra pas pleinement aboutit dans l'exploration de ces thèmes tandis que ce galop d'essai offre une des comédies italiennes les plus singulière de l'époque. Le film s'ouvre sur une note plutôt sordide avec le repêchage d'une voiture dans un canal où gît le cadavre d'une prostituée. Le premier interrogé sera le compagnon de la victime, le coquet et amateur de chaussure Marino "Mocassino" Bottechia (Ugo Tognazzi) mais alors que l'enquête semble pencher vers le suicide un témoin se manifeste pour accabler le suspect en la personne de Isolina Pantò (Monica Vitti).

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Sans trop s'embarrasser et sur le motif de cette seule accusation Marino se retrouve condamné à 20 ans de prison, d'autant qu'on découvrira qu'il était en fait le proxénète de la victime. La trogne sympathique et les manières chaleureuses de Tognazzi le rendent immédiatement attachant, faisant douter de sa culpabilité tandis que la fiabilité du témoin laisse plutôt dubitatif. Isolina est une vieille fille frustrée dont la peur des hommes amène à interpréter chaque gestes et regard comme une velléité d'outrages à sa vertu signifiée par sa peur panique lorsqu'elle se trouvera seule dans un ascenseur avec un membre du sexe opposé. Le doute se vérifiera bientôt puisque Isolina semble avoir accusé à tort Marino mais Giraldi avec un beau sens de la satire croque bien l'incompétence de la justice tout d'abord dans une scène onirique montrant la condamnation quelque peu expéditive et injuste puis plus tard le déni lorsque l'entité judiciaire se dédouane en maintenant la peine désormais réduite à 4 ans pour ses activités de souteneur.

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Cette introduction aura servi à montrer les univers très différents de Marino et Isolina et ainsi introduire l'étonnante relation qui va se nouer entre eux. Isolina se sentant coupable va rendre régulièrement visite à Marino, lui amenant de nombreux cadeaux afin d'améliorer son quotidien. Ainsi lestée de tout contact physique, le lien va se faire plus intime et sincère durant les courts moments partagés au parloir. On devine un sentiment plus vaste que la simple culpabilité dans les attentions d'Isolina (qui a suivi Marino dans la région de la prison où il a été déplacé) et Marino perd progressivement de ses manières rustres face à celle à laquelle il a pourtant toutes les raisons d'en vouloir. Le scénario explore même plus en avant cet amour et désir chaste lorsque le couple improbable va se marier en prison sans avoir pu consommer son union. Giraldi capture à merveille la frustration sous ses différentes formes : la détresse des prisonniers amenés à se soulager leurs désir de manières inavouables et assez sordides montrées de manière plutôt crue. De l'autre on a Isolina tiraillée également entre sa libido naissante et sa peur de l'acte physique.

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Le récit procède ainsi par inversion où Marino après s'être ouvert à une romance chaste devra dompter ses pulsions masculines par la patience et le gout du fantasme (cette imagination pouvant aussi nourrir le romantisme quand ils s'imaginent ensemble Place Saint Marc en fermant les yeux) tandis qu'au contraire Isolina devra nourrir les attentes de son époux en se libérant de ses inhibitions à travers divers jeux amoureux sans contact comme des photos ou de l'exhibitionnisme. Les deux acteurs sont formidables pour véhiculer cette tension érotique. Tognazzi délivre un grand numéro tout en regard fiévreux et parole suave, l'isolation ôtant tout machisme potentiel à son personnage très attachant. Monica Vitti est tout aussi convaincante en vieille fille découvrant son pouvoir de séduction. Cela passera grandement par le physique et la tenue vestimentaire notamment, un simple déboutonnage de chemisier ou l'apparition/disparition d'une moustache signifiant un changement majeur dans l'attitude des personnages.

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Le constat s'avèrera cependant plus sombre au final, cette relation subtilement nouée ne pouvant survivre à l'assouvissement de l'acte et aux tentations et facilités du monde extérieur. Alors que les contraintes du cadre de la prison avait permis d'exprimer une étonnante chaleur et humanité, la "liberté" refait naître l'hypocrisie dans une conclusion d'une noirceur surprenante qui remet tout en question. 5/6
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Re: La Comédie à l'italienne

Message par paul_mtl »

Merci Le cinéphile pour ta signalisation et ta critique.
Suffisamment bien rédigé pour avoir le grand privilège et honneur d’être publié le 1er Dec sur comedieitalienne.com.

Ne lisez pas n'importe quel forum ou blog pour vos critiques de cinéma: n'importe qui peut publier n'importe quoi sur un blog ou un forum
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