L'Armée des ombres (Jean Pierre Melville - 1969)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
ed
Le Cary de l'hypoténuse
Messages : 24428
Inscription : 19 janv. 06, 15:33
Localisation : Californie, années 50

Message par ed »

merci à vous deux, je m'en doutais... en tout cas, ce que je viens de lire rapidement me confirme que ce film est d'urgence à voir (j'ai honte de ne jamais l'avoir vu :oops: )...
Me, I don't talk much... I just cut the hair
Image
Avatar de l’utilisateur
Truffaut Chocolat
Rene Higuita
Messages : 6099
Inscription : 28 juil. 05, 18:33
Localisation : Deutschland

Message par Truffaut Chocolat »

Comme d'autres Melville et Le Trou de Becker (dans le genre brochette de chef-d'oeuvre, on fait pas mieux), j'ai découvert L'Armée des Ombres lors d'un cycle consacré au réalisateur sur Canal il y a quelques années.

Il avait été programmé tard, sur les coups de 2h du matin, je pensais m'endormir: j'ai eu les yeux écarquillés jusqu'à la fin. Dès la scène d'ouverture, avec ce fourgon sous la pluie, cette musique, cette ambiance mortifère, je me suis dit qu'on tenait là un monument. Si le milieu se ramollit un poil avec notamment le passage à Londres, le reste tutoie la perfection. Et cette fin...
Avatar de l’utilisateur
Boubakar
Mécène hobbit
Messages : 52282
Inscription : 31 juil. 03, 11:50
Contact :

Message par Boubakar »

andrino
Doublure lumière
Messages : 554
Inscription : 21 août 06, 14:06
Localisation : La Rochelle

Message par andrino »

Truffaut Chocolat a écrit :Comme d'autres Melville et Le Trou de Becker (dans le genre brochette de chef-d'oeuvre, on fait pas mieux), j'ai découvert L'Armée des Ombres lors d'un cycle consacré au réalisateur sur Canal il y a quelques années.

Il avait été programmé tard, sur les coups de 2h du matin, je pensais m'endormir: j'ai eu les yeux écarquillés jusqu'à la fin. Dès la scène d'ouverture, avec ce fourgon sous la pluie, cette musique, cette ambiance mortifère, je me suis dit qu'on tenait là un monument. Si le milieu se ramollit un poil avec notamment le passage à Londres, le reste tutoie la perfection. Et cette fin...

Tres beau film en effet, d'une sobriété exemplaire et d'un tragique absolu; contrairement à toi, j'ai bien aimé cette scène à Londres, l'insouciance de ces jeunes gens , dansant et s'amusant comme si de rien n'etait!!!!
Ubik
Ennemi d'état et du grand cinéma
Messages : 2165
Inscription : 31 déc. 05, 02:47

Message par Ubik »

L'Armée des Ombres (1969 - Melville).

Que dire? Le film est impressionnant de bout en bout et enchaîne les morceaux d'anthologie. La bande son est dantesque. Les acteurs monumentaux et quel bonheur de revoir Simone Signoret. Pourquoi ai-je alors du mal à ressentir une passion pour ce Melville comme je l'avais alors ressenti sur le Samourai ou le Cercle Rouge? Ce film est un monument à l'évidence et chaque séquence en atteste méthodiquement, froidement, la Melville way avec en prime un très beau final... On ressort de l'Armée des Ombres avec le sentiment d'avoir vu quelque chose d'énorme, à défaut de pouvoir l'aimer avec son petit coeur. Un film impressionnant que je reverrai mais qui n'est définitivement pas mon Melville favoris. Et malgré pourtant mes connivences proches avec le sujet...

Ce qui me frappe par contre c'est le lien entre ce film ci et Les Patriotes de Rochant... Deux mondes underground étudiés de l'exacte même façon...
Alligator
Réalisateur
Messages : 6629
Inscription : 8 févr. 04, 12:25
Localisation : Hérault qui a rejoint sa gironde
Contact :

Re: Jean-Pierre Melville (1917-1973)

Message par Alligator »

L'armée des ombres (Jean-Pierre Melville, 1969) :

Image
_______________

Une photographie subtile : à la fois en couleurs et en noir & blanc. Pour être au plus juste, disons gris. Vert de gris en l'occurrence. Entre les bleus de la nuit et le vert de la Wermacht, la photo déguise le décors d'un métal froid et humide. D'une humidité de sueur. Celle que la peur fait perler le long de l'échine dorsale.

"Armée de l'ombre" semble parfaitement juste. Les hommes et femmes qui se battent dans la clandestinité prennent des allures de criminels, de tueurs ou de fomenteurs d'attentats et de coups, les rend proches dans leur attitude jusqu'au boutiste des mensonges et jeux noirs de la mafia. L'amour de la vie se laisse deviner, en échancrure, mais les hommes paraissent mûs par plus grand qu'eux. Ils s'efforcent tout le long du film d'effacer leur part d'humanité face à l'opposant. Ils essaient du moins. Ils n'y parviennent pas toujours : comme cette photographie que Signoret garde de sa fille qui la perdra, comme cette littérature qui accompagne Ventura dans sa cabane, comme ces regards et sourires que s'échangent au détour d'une rencontre les compagnons. Mais le spectre de la torture et de l'aveu tourne autour en vautour de la destinée de ces gens. Et la pilule de cyanure au creux de la main devient une bouée de sauvetage plus sûre qu'une corde.

C'est à tous ces détails, ces regards désemparés, apeurés, ces postures héroïques, ahurissantes, où l'on tue pour ne pas être tué, qui nous empêche d'oublier ce qu'est la guerre sans uniforme, celle de l'ombre, c'est à tous ces éléments minutieusement dévoilés que Melville s'attache pour raconter l'Histoire avec un grand H. Malgré les ombres et les héros oubliés, les sacrifices de l'existence ou de la gloire (Cassel).

La mise en scène sèche sans fioriture s'attèle à une tâche délicate a priori. Mais Melville par sa rigueur et sa concision réussit à épurer au maximum son récit. Il nous donne ainsi un film d'une pureté incroyable. Bleue et verte dans le gris de la nuit.

Les comédiens sont alors amenés à jouer à l'économie, tout en justesse et simplicité atteignant parfois au grandiose, portés par leurs rôles. Ce sont les regards qui parlent, hurlent. Ceux de Ventura ou Signoret dans les moments cruciaux sont d'une terrible puissance. Le jeune Alain Libolt à quelques secondes de la mort (le jeune traître exécuté) nous offre là un moment d'émotion et de gravité extrêmes.
Avatar de l’utilisateur
Watkinssien
Etanche
Messages : 17125
Inscription : 6 mai 06, 12:53
Localisation : Xanadu

Re: L'Armée des ombres (Jean Pierre Melville - 1969)

Message par Watkinssien »

Un film magnifique de bout en bout.

Melville a mis des années pour faire cette oeuvre terrible et sans concessions. On avait reproché à l'époque que le film était gaulliste.
On s'en fiche ! Le plus important, c'est la force dramatique du scénario, remarquablement adapté du très beau roman de Joseph Kessel; c'est la puissance de la mise en scène; c'est la photographie glacée de Bernard Lhomme; c'est la musique déchirante de De Marsan; c'est la qualité de l'interprétation.
Melville y filme ses résistants comme de véritables gangsters, car ils combattent pour une cause louable, mais leurs jugements et leurs méthodes y sont parfois inhumains.
Image

Mother, I miss you :(
Avatar de l’utilisateur
Shin Cyberlapinou
Assistant opérateur
Messages : 2213
Inscription : 1 févr. 09, 09:51

Re: L'Armée des ombres (Jean Pierre Melville - 1969)

Message par Shin Cyberlapinou »

Petit copier/coller du post que j'avais laissé sur le topic du Jean-Pierre:

"En fait je voudrais ouvrir une parenthèse sur la vision de la Résistance et l’ancrage supposément gaullien de L’armée des ombres.

Précision : j’aime vraiment beaucoup L’armée des ombres sur le plan cinématographique. Et je ne crois pas que ce soit un abject objet de propagande.

Reste que la scène de remise de médaille par de Gaulle m’a gêné. Pas parce que c’est De Gaulle. N’importe quel autre homme d’état (encore vivant qui plus est) filmé de la sorte m’aurait gêné de la même manière. L’armée des ombres n’est pas un film de propagande, mais il est au moins en partie un film de mythologie. Une mythologie noire, une mythologie froide (« mythologie froide », c’est peut-être le meilleur qualificatif que je puisse trouver pour ses films à partir du Samouraï), mais une mythologie quand même, ce qui peut être hasardeux quand on parle d’Histoire, surtout quand elle est récente (en tout cas à l’époque) et douloureuse.

Dans ses entretiens avec Ruy Norega, Melville sous-entend que les deux tiers du film pourraient être un fantasme de Ventura, qui en fait serait mort lors de la première course contre la mitrailleuse. Ce n’est pas mal vu et dénote quand même du recul par rapport à son sujet (Melville a quand même été juif résistant, donc pour le moins « concerné »), mais je préfère le recul et l’approche justement antimythologique de Paul Verhoeven sur son Soldiers of Orange (qui lui a valu les critiques des anciens résistants hollandais), avec lequel L’armée des ombres forme sans doute le dyptique parfait sur la Résistance dans l’Europe occupée. Quelqu’un a-t-il des avis/éclaircissements sur la question ?"
Avatar de l’utilisateur
Phnom&Penh
Assistant opérateur
Messages : 2077
Inscription : 28 févr. 08, 12:17
Localisation : Tengo un palacio en Granada

Re: L'Armée des ombres (Jean Pierre Melville - 1969)

Message par Phnom&Penh »

Tous les résistants n’étaient pas gaullistes, loin de là, mais Melville était résistant et gaulliste. Sachant que dans la réalité comme dans les livres d’histoire, le chef de la France Libre, c’est Charles de Gaulle, je ne vois pas ce qu’il y a d’anormal à faire une brève allusion à de Gaulle dans un film sur la Résistance.
Que cela ait chatouillé quelques résistants qui n’étaient pas gaullistes lors de la sortie du film en 1968, voire quelques adversaires du de Gaulle Président de la République à l’époque, donc personnage public et politique, c’est normal.
Mais franchement, aujourd’hui, comme le dit Wattkinssien, on s’en fout. Historiquement, de Gaulle a fondé la France Libre, il a donc toute sa place dans un film sur la Résistance. Et on peut faire un peu de propagande sans que cela soit abject pour autant.

Si le film retraçait l’histoire de la Résistance française, le sujet aurait été nettement plus sensible mais il s’agit d’une histoire au quotidien. Ce que je retiendrai toujours de ce film, c’est l’épouvantable atmosphère de terreur qu’il dégage : un film qui rappelle que résister nécessitait un courage surhumain et une volonté de fer.
"pour cet enfant devenu grand, le cinéma et la femme sont restés deux notions absolument inséparables", Chris Marker

Image
Nomorereasons
Dédé du Pacifique
Messages : 5150
Inscription : 29 mai 07, 20:19

Re: L'Armée des ombres (Jean Pierre Melville - 1969)

Message par Nomorereasons »

Shin Cyberlapinou a écrit :Dans ses entretiens avec Ruy Norega, Melville sous-entend que les deux tiers du film pourraient être un fantasme de Ventura, qui en fait serait mort lors de la première course contre la mitrailleuse. Ce n’est pas mal vu et dénote quand même du recul par rapport à son sujet (Melville a quand même été juif résistant, donc pour le moins « concerné »), mais je préfère le recul et l’approche justement antimythologique de Paul Verhoeven sur son Soldiers of Orange (qui lui a valu les critiques des anciens résistants hollandais), avec lequel L’armée des ombres forme sans doute le dyptique parfait sur la Résistance dans l’Europe occupée. Quelqu’un a-t-il des avis/éclaircissements sur la question ?"
Je ne comprends pas. Le réalisateur, dont tu félicites l'acuité quant à son propre film ("ce n'est pas mal vu") aurait du faire ressembler son film à du Cocteau dès la première course poursuite contre la mitrailleuse sous prétexte qu'il s'agirait d'un "fantasme de Ventura" -et de fait excluant la présence de De Gaulle? A ce compte-là Melville aurait mieux fait de situer son film au Carnaval de Rio.
Dans le livre d'entretiens je n'ai pas souvenir de la mention même sous-entendue d'un fantasme de qui que ce soit si ce n'est, dans une moindre mesure, celui de Melville lui-même qui déclare ingénument avoir ôté "tout réalisme" dans son film -avant de faire l'éloge de sa costumière ultra-documentée lors de la question suivante- au motif d'une "rêverie rétrospective, d'un pèlerinage nostalgique à une époque qui a marqué profondément ma génération". Si une certaine dimension mythologique naît de la seule puissance d'évocation de Melville, il est d'abord question de retrouver et de restituer une époque; la notion de "recul" en ressort toute relative. Et peu importe que le film s'égare sur ce que ses souvenirs déformés et sa sensibilité ont dicté de son plein gré au réalisateur: L'Armée des Ombres porte en lui un degré ultime de vérité en ce qu'il est la cicatrice d'une guerre vécue.

Quant à ce qui concerne De Gaulle (le moins anonyme des Résistants, donc) Melville justifie ainsi la scène de la remise des décorations:
"Dans les Mémoires du Colonel Passy, il y a un chapitre sur la remise des insignes de Compagnon de la Libération à Jean Moulin, et Luc Jardie est, entre autres, Jean Moulin. De plus je trouvais intéressant de montrer comment De Gaulle décorait les résistants dans son appartement privé de Londres pour ne pas compromettre leur retour en France."
(et voici là où l'artifice sert la vérité la plus intime: "C'est la reconstitution exacte de la chambre d'hotel que l'on donnait à tout français qui arrivait à Londres pour prendre contact avec la Résistance. Ce qui fait que chaque fois que je rencontre un résistant, il me demande comment j'ai fait pour découvrir sa chambre...")

L'analogie avec Verhoeven, ce maniériste fou -néanmoins talentueux- pour qui le second conflit mondial ne fut au pire qu'un souvenir d'enfance, me laisse rêveur; ne connaissant pas son film je suis curieux de savoir en quoi son approche serait moins "mythologique" que celle de Melville: ici, à tort sans doute je crains la stylisation insidieuse et mal assumée qui caractérise en général tout ce qui se réclame de la démystification (surtout de la part de l'homme qui, après celui de la Résistance, révéla le vrai visage de Sharon Stone en lui enlevant sa culotte :twisted: ) -ce qui est l'inverse de la démarche de Melville, mais je m'égare peut-être.
Avatar de l’utilisateur
Shin Cyberlapinou
Assistant opérateur
Messages : 2213
Inscription : 1 févr. 09, 09:51

Re: L'Armée des ombres (Jean Pierre Melville - 1969)

Message par Shin Cyberlapinou »

Ce qu m'interpelle (on ne peut pas au fond parler de gêne) avec la scène de De Gaulle, ce n'est pas sa présence en soi (ni même la façon dont sa doublure est filmée) mais le regard empreint de fierté de Ventura (en même temps je comprends qu'il allait pas tirer la gueule), et le ton général de la scène, particulièrement bigger than life. Et ce style s'applique de toute manière à tout le film: toute brillante que soit la fin, on est dans l'emphase totale, et je comprends du coup que certains reprochent à Melville d'avoir filmé ses résistants comme ses gangsters sciemment irréalistes. Le romantisme en Histoire, surtout dans un pays qui a longtemps eu du mal à regarder son passé en face, j'ai toujours trouvé ça casse-gueule, mais ça n'empêche pas une seconde L'armée des ombres d'être un classique.

Pour le coup du "fantasme" expliqué dans les interviews, yaplusdesaisons me fait douter: peut-être s'agit-il effectivement de cette notion de rêverie nostalgique. C'est un parti-pris assumé et donc loin d'être honteux, mais c'est ce choix qui me fait préférer Soldiers of Orange avec ses personnages ballottés par les évènements, résistants, collabos, victimes ou héros uniquement à cause des aléas de l'Histoire et non d'un quelconque courage ou d'une volonté personnelle, vision des choses qui correspond plus à ma sensibilité antiromantique. C'est un des tous meilleurs films de Verhoeven, dépourvu de tout maniérisme à la Basic Instinct (film que je déteste) et fonctionnant plus à la remise en question saine que la provoc bêtement rentre-dedans. Très chaudement recommandé et, je maintiens, parfait complément à L'armée des ombres.
Strum
n'est pas Flaubert
Messages : 8464
Inscription : 19 nov. 05, 15:35
Contact :

Re: L'Armée des ombres (Jean Pierre Melville - 1969)

Message par Strum »

Shin Cyberlapinou a écrit :Ce qu m'interpelle (on ne peut pas au fond parler de gêne) avec la scène de De Gaulle, ce n'est pas sa présence en soi (ni même la façon dont sa doublure est filmée) mais le regard empreint de fierté de Ventura.
Ce regard d'un soldat recevant une décoration est pourtant on ne peut plus réaliste et juste psychologiquement. D'ailleurs, quiconque a pu observer dans sa vie une cérémonie de décoration reconnaitra ce regard.

Aussi : Il existe des visions romantiques de l'Histoire qui sont des réécritures de l'Histoire, car elles s'exercent sur le passé. Mais il est aussi des visions romantiques d'un pays qui s'exercent au présent et ont pu donner à certains résistants et à De Gaulle assez de forces pour préserver une partie de l'honneur de la France.
Avatar de l’utilisateur
Phnom&Penh
Assistant opérateur
Messages : 2077
Inscription : 28 févr. 08, 12:17
Localisation : Tengo un palacio en Granada

Re: L'Armée des ombres (Jean Pierre Melville - 1969)

Message par Phnom&Penh »

Shin Cyberlapinou a écrit :c'est ce choix qui me fait préférer Soldiers of Orange avec ses personnages ballottés par les évènements, résistants, collabos, victimes ou héros uniquement à cause des aléas de l'Histoire et non d'un quelconque courage ou d'une volonté personnelle, vision des choses qui correspond plus à ma sensibilité antiromantique
Le courage et la volonté, c’est plus une question de caractère et de capacité à supporter ou non l’oppression, que de romantisme. Je ne critique pas Soldiers of Orange que je n’ai pas vu mais aller dire qu’être résistant ou collabo, héros ou crapule, cela dépend de la façon dont on a été balloté par les évènements, c'est plus que du relativisme.
Quand les évènements, une occupation en l’occurrence, pousse la population à accepter la violence, on peut effectivement considérer que la majorité plie sous le joug et que c’est une question de circonstance.
Mais dire que ceux qui résistaient et ceux qui collaboraient l’ont fait en fonction des imprévus de la vie, c’est nier le choix volontaire que ces personnes ont effectué de profiter du système ou de risquer leur vie. Sans parler bien sûr de ceux qui ont collaboré par idéologie.
Shin Cyberlapinou a écrit :surtout dans un pays qui a longtemps eu du mal à regarder son passé en face,
Ce n’est pas une spécificité française. Il suffit de parler avec des hollandais du fait que 75% des juifs hollandais ont disparu pendant l’occupation pour comprendre qu’il y a des malaises nationaux dans toute l’Europe sur certains sujets.
La spécificité française, en revanche, c’était la zone libre et le régime de Vichy. L’une et l’autre pouvaient donner l’impression que la France avait conservé une certaine liberté. Si cela, surtout dans les premiers temps, peut faire comprendre la position de certains collaborateurs, cela fait aussi ressortir l’attitude particulièrement intransigeante des résistants de 1940.
En ce qui concerne le courage et l’état d’esprit, je trouve que l’Armée des Ombres et un film parfaitement juste, d’autant qu’il est fait par quelqu’un qui, au moins, parle de ce qu’il connaît. On peut aussi le compléter en lisant ceci :
Image
C’est une bonne lecture sur le courage et, accessoirement, cela peut donner une idée des dangers du relativisme, surtout dans les périodes troubles. Et puis quand on tient à regarder son passé en face, on n'est pas obligé d'en rester aux fonds de poubelle et au linge sale, on peut aussi y trouver des exemples.
"pour cet enfant devenu grand, le cinéma et la femme sont restés deux notions absolument inséparables", Chris Marker

Image
Strum
n'est pas Flaubert
Messages : 8464
Inscription : 19 nov. 05, 15:35
Contact :

Re: L'Armée des ombres (Jean Pierre Melville - 1969)

Message par Strum »

Sur cette période, il faut aussi citer Les Mémoires de Guerre de De Gaulle qui demeure un livre incontournable.
Tutut
Machino
Messages : 1105
Inscription : 17 févr. 08, 20:27
Localisation : Toujours jamais là

Re: L'Armée des ombres (Jean Pierre Melville - 1969)

Message par Tutut »

Shin Cyberlapinou a écrit :mais c'est ce choix qui me fait préférer Soldiers of Orange avec ses personnages ballottés par les évènements, résistants, collabos, victimes ou héros uniquement à cause des aléas de l'Histoire et non d'un quelconque courage ou d'une volonté personnelle, vision des choses qui correspond plus à ma sensibilité antiromantique.
Étonnant que tu ne cites pas Lacombe Lucien.
Répondre