L'Armée des ombres (Jean Pierre Melville - 1969)
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L'ARMEE DES OMBRES de Jean-Pierre Melville
Je continue cette année de redécouvrir Melville, après LE DOULOS et l'excellent DEUXIEME SOUFFLE. J'ai bien fait de le revoir seulement aujourd'hui (le précédent visionnage datant d'un dimanche soir sur France 2 en 1992-1993...) car la restauration du dvd StudioCanal mérite vraiment son nom. L'image est de très très bonne qualité, et fait admirablement ressortir toutes les nuances des images de Pierre Lhomme. Moi qui ne suit pas très très fan de la photographie du cinéma français de cette époque, je dois avouer que cette monochromie constante sur ce film (et sur quelques autres Melville d'ailleurs) est un effort assez efficace pour rentrer dans une atmosphère bien pesante. Un beau travail sur les décors est également à noter. Enfin la musique est aussi très intéressante, elle m'a fait penser quelquefois (de loin je précise) à du Ennio Morricone... mais je ne suis pas spécialiste, ce qui explique peut-être cela. Donc grosse impression formelle.
Niveau scénario, je ne sais pas si on peut rentrer complètement dans le film tellement l'ambiance est austère. Les personnages, bien que travaillant en groupe, sont finalement solitaires. La mort et la trahison guettent. Belle brochette de comédiens.
Je me demandais, en voyant les textes de fin, si ces personnages avaient existé, ou si c'était pour rehausser le réalisme. Du réalisme il y en a, par la mise en place de Melville de ne pas éllipser l'action, de laisser souvent de longs plans (courses, déplacements), pour augmenter la tension, retarder le dénoument.
Bref une belle surprise.
Je continue cette année de redécouvrir Melville, après LE DOULOS et l'excellent DEUXIEME SOUFFLE. J'ai bien fait de le revoir seulement aujourd'hui (le précédent visionnage datant d'un dimanche soir sur France 2 en 1992-1993...) car la restauration du dvd StudioCanal mérite vraiment son nom. L'image est de très très bonne qualité, et fait admirablement ressortir toutes les nuances des images de Pierre Lhomme. Moi qui ne suit pas très très fan de la photographie du cinéma français de cette époque, je dois avouer que cette monochromie constante sur ce film (et sur quelques autres Melville d'ailleurs) est un effort assez efficace pour rentrer dans une atmosphère bien pesante. Un beau travail sur les décors est également à noter. Enfin la musique est aussi très intéressante, elle m'a fait penser quelquefois (de loin je précise) à du Ennio Morricone... mais je ne suis pas spécialiste, ce qui explique peut-être cela. Donc grosse impression formelle.
Niveau scénario, je ne sais pas si on peut rentrer complètement dans le film tellement l'ambiance est austère. Les personnages, bien que travaillant en groupe, sont finalement solitaires. La mort et la trahison guettent. Belle brochette de comédiens.
Je me demandais, en voyant les textes de fin, si ces personnages avaient existé, ou si c'était pour rehausser le réalisme. Du réalisme il y en a, par la mise en place de Melville de ne pas éllipser l'action, de laisser souvent de longs plans (courses, déplacements), pour augmenter la tension, retarder le dénoument.
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Il y a deux sources pour l'armée des ombres:Nestor Almendros a écrit :L'ARMEE DES OMBRES de Jean-Pierre Melville
Je continue cette année de redécouvrir Melville, après LE DOULOS et l'excellent DEUXIEME SOUFFLE. J'ai bien fait de le revoir seulement aujourd'hui (le précédent visionnage datant d'un dimanche soir sur France 2 en 1992-1993...) car la restauration du dvd StudioCanal mérite vraiment son nom. L'image est de très très bonne qualité, et fait admirablement ressortir toutes les nuances des images de Pierre Lhomme. Moi qui ne suit pas très très fan de la photographie du cinéma français de cette époque, je dois avouer que cette monochromie constante sur ce film (et sur quelques autres Melville d'ailleurs) est un effort assez efficace pour rentrer dans une atmosphère bien pesante. Un beau travail sur les décors est également à noter. Enfin la musique est aussi très intéressante, elle m'a fait penser quelquefois (de loin je précise) à du Ennio Morricone... mais je ne suis pas spécialiste, ce qui explique peut-être cela. Donc grosse impression formelle.
Niveau scénario, je ne sais pas si on peut rentrer complètement dans le film tellement l'ambiance est austère. Les personnages, bien que travaillant en groupe, sont finalement solitaires. La mort et la trahison guettent. Belle brochette de comédiens.
Je me demandais, en voyant les textes de fin, si ces personnages avaient existé, ou si c'était pour rehausser le réalisme. Du réalisme il y en a, par la mise en place de Melville de ne pas éllipser l'action, de laisser souvent de longs plans (courses, déplacements), pour augmenter la tension, retarder le dénoument.
Bref une belle surprise.
-Le beau roman de Joseph Kessel (Presse Pocket)
-la réalité historique.
Pour le film,Melville et Kessel se sont inspirés de personnages réels: Mathilde (Signoret) est inspirée de Lucie Aubrac, Luc Jardie (le formidable et trop peu célébré Paul Meurisse) s'inspire lui de Jean Cavaillès (qui lui est mort tragiquement par contre je crois).
"spoiler"
Dans le roman, tout se finit par la mort de Mathilde et les personnages reprennent le cours de leurs activité. Dans le film, tout s'achève tragiquement. Jean-pierre Melville qui est attaché à l'expression de la tragédie dans son cinéma ne pouvait finir le film que sur une fin résolument tragique. Dans un livre d'entretiens avec Rui Noguera paru il y a peu aux éditions des Cahiers du cinéma, Melville expliquait qu'il avait vécu un moment inoubliable lorsqu'il a vu Joseph Kessel sangloter durant la projection du film en découvrant les textes de fin qu'il n'avait osé faire figurer en fin de son livre.
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L’Armée des Ombres, de Jean-Pierre Melville (1969).
Un film majeur dans l’histoire du cinéma. Un film auquel certaines personnes reprochent, parfois, certaines longueurs. Personnellement, je m’oppose à ce reproche car ces longueurs m’ont permis de « rentrer » totalement dans le film et de ressentir, comme ce fut rarement le cas, l’émotion intense que dégageaient les personnages, des individus de l’ombre, des gens en apparence ordinaires, qui sont en fait totalement dévoués à leur patrie. Ces personnages, interprétés par des acteurs absolument talentueux, en tête desquels on retrouve Lino Ventura, Paul Meurisse et Simone Signoret, ont su insuffler un réalisme ahurissant, aidé en cela par Jean-Pierre Melville, qui semble être, pour le coup, totalement maître de son art.
Si la perfection n’est pas de ce monde, avec ce film, on s’en approche. C’est un très grand classique qui me donne envie de découvrir la filmographie de Jean-Pierre Melville dont c’est, malheureusement, le seul film que j’ai pu voir jusqu’à aujourd’hui…
Un film majeur dans l’histoire du cinéma. Un film auquel certaines personnes reprochent, parfois, certaines longueurs. Personnellement, je m’oppose à ce reproche car ces longueurs m’ont permis de « rentrer » totalement dans le film et de ressentir, comme ce fut rarement le cas, l’émotion intense que dégageaient les personnages, des individus de l’ombre, des gens en apparence ordinaires, qui sont en fait totalement dévoués à leur patrie. Ces personnages, interprétés par des acteurs absolument talentueux, en tête desquels on retrouve Lino Ventura, Paul Meurisse et Simone Signoret, ont su insuffler un réalisme ahurissant, aidé en cela par Jean-Pierre Melville, qui semble être, pour le coup, totalement maître de son art.
Si la perfection n’est pas de ce monde, avec ce film, on s’en approche. C’est un très grand classique qui me donne envie de découvrir la filmographie de Jean-Pierre Melville dont c’est, malheureusement, le seul film que j’ai pu voir jusqu’à aujourd’hui…
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Private Joker a écrit :L’Armée des Ombres, de Jean-Pierre Melville (1969).
Un film majeur dans l’histoire du cinéma. Un film auquel certaines personnes reprochent, parfois, certaines longueurs. Personnellement, je m’oppose à ce reproche car ces longueurs m’ont permis de « rentrer » totalement dans le film et de ressentir, comme ce fut rarement le cas, l’émotion intense que dégageaient les personnages, des individus de l’ombre, des gens en apparence ordinaires, qui sont en fait totalement dévoués à leur patrie. Ces personnages, interprétés par des acteurs absolument talentueux, en tête desquels on retrouve Lino Ventura, Paul Meurisse et Simone Signoret, ont su insuffler un réalisme ahurissant, aidé en cela par Jean-Pierre Melville, qui semble être, pour le coup, totalement maître de son art.
Si la perfection n’est pas de ce monde, avec ce film, on s’en approche. C’est un très grand classique qui me donne envie de découvrir la filmographie de Jean-Pierre Melville dont c’est, malheureusement, le seul film que j’ai pu voir jusqu’à aujourd’hui…
Jai regardé hier ce monument du cinéma français et j'ai trouvé qu'il était plus rapide que dans mon souvenir: est-ce un effet de la nouvelle restauration (magnifique travail d'ailleurs)ou de bien connaître ce film ?
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Private Joker a écrit :L’Armée des Ombres, de Jean-Pierre Melville (1969).
Un film majeur dans l’histoire du cinéma. Un film auquel certaines personnes reprochent, parfois, certaines longueurs. Personnellement, je m’oppose à ce reproche car ces longueurs m’ont permis de « rentrer » totalement dans le film et de ressentir, comme ce fut rarement le cas, l’émotion intense que dégageaient les personnages, des individus de l’ombre, des gens en apparence ordinaires, qui sont en fait totalement dévoués à leur patrie. Ces personnages, interprétés par des acteurs absolument talentueux, en tête desquels on retrouve Lino Ventura, Paul Meurisse et Simone Signoret, ont su insuffler un réalisme ahurissant, aidé en cela par Jean-Pierre Melville, qui semble être, pour le coup, totalement maître de son art.
Si la perfection n’est pas de ce monde, avec ce film, on s’en approche. C’est un très grand classique qui me donne envie de découvrir la filmographie de Jean-Pierre Melville dont c’est, malheureusement, le seul film que j’ai pu voir jusqu’à aujourd’hui…
Alors tu ne sera pas deçu par le reste même si "l'armée des ombres" est un film à part de par son type dans la filmographie de Melville. Cependant , les longueurs que certains peuvent repprocher se retrouveront dans presque tous ses films, notamment la scene du vol dans " le cercle rouge ".
Son tout premier film je crois " le silence la mer " attend un sommet dans ce type d'ambiance ... Ce bruit d'horloge me hante encore
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Je vais essayer de découvrir d'autres de ses films, à commencer par Le Samouraï (et son édition Criterion). Est-ce que ce Melville vaut la peine d'être vu ?christ92 a écrit :Alors tu ne sera pas deçu par le reste même si "l'armée des ombres" est un film à part de par son type dans la filmographie de Melville. Cependant , les longueurs que certains peuvent repprocher se retrouveront dans presque tous ses films, notamment la scene du vol dans " le cercle rouge ".Private Joker a écrit :
Son tout premier film je crois " le silence la mer " attend un sommet dans ce type d'ambiance ... Ce bruit d'horloge me hante encore
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Tout simplement extraordinaire.Private Joker a écrit :Je vais essayer de découvrir d'autres de ses films, à commencer par Le Samouraï (et son édition Criterion). Est-ce que ce Melville vaut la peine d'être vu ?christ92 a écrit :
Alors tu ne sera pas deçu par le reste même si "l'armée des ombres" est un film à part de par son type dans la filmographie de Melville. Cependant , les longueurs que certains peuvent repprocher se retrouveront dans presque tous ses films, notamment la scene du vol dans " le cercle rouge ".
Son tout premier film je crois " le silence la mer " attend un sommet dans ce type d'ambiance ... Ce bruit d'horloge me hante encore
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je crois bien que je tiens mon film du mois, mon prix de la mise en scène et mon ( mes ) prix d'interpretation(s) avec cette nouvelle claque du père Melville.Alcatel a écrit :Tout simplement extraordinaire.Private Joker a écrit :
Je vais essayer de découvrir d'autres de ses films, à commencer par Le Samouraï (et son édition Criterion). Est-ce que ce Melville vaut la peine d'être vu ?
Tout en économie de parole mais avec un maestria confondante qui rend justement tout commentaire superflu, la caméra de Melville scrute et accable les personnages dont le destin ( et sa fatalité ) sont brisés et écrasés autant les bourreaux que les victimes ( incroyable scène où Ventura attend le moment de "sacrifier" un jeune pour son évasion ).
Sans la moindre concession et contrebalancé par une noirceur et une ambiguité humanitaire, la richesse du scénario et son developement mérite d'être affiché dans toutes écoles de cinéma.
Plus qu'une symphonie, la vie de ces existences qui se croisent forment un véritable requiem où les sentiments les plus violents sont criés, hurlés avec une retenue sourde qui les rendent d'autant plus douloureux ( le doute, l'abnégation, la colère, la frustration, l'impuissance, le sacrifice, le desespoir, la pitié... ).
Melville avait ( en générale ) l'habitude de m'envoyer un upercut dans l'estomac mais là il me laisse agonisant sur le tapis de mon salon.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
- cinephage
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Vu hier l'armée des ombres, de Melville.
Depuis le temps que je voulais le voir, je cherchais un créneau où je ne serais pas dérangé.
Je n'ai pas, mais pas du tout, été déçu. Ce film est glacé, mais véhicule une prodigieuse émotion. Le casting est incroyable (S.Signoret, L.Ventura, P.Meurisse...), les dialogues sont simples, touchants, d'une remarquable efficacité, tout en restant sobres.
La mise en scène est elle aussi discrète, privilégiant le récit, n'instaurant un suspense qu'en de rares occasions, mais toujours cruciales. La musique, utilisée avec parcimonie, n'en est que plus efficace.
J'ai fini ce film avec une grosse boule dans la gorge. Du grand, du très grand cinéma.
Depuis le temps que je voulais le voir, je cherchais un créneau où je ne serais pas dérangé.
Je n'ai pas, mais pas du tout, été déçu. Ce film est glacé, mais véhicule une prodigieuse émotion. Le casting est incroyable (S.Signoret, L.Ventura, P.Meurisse...), les dialogues sont simples, touchants, d'une remarquable efficacité, tout en restant sobres.
La mise en scène est elle aussi discrète, privilégiant le récit, n'instaurant un suspense qu'en de rares occasions, mais toujours cruciales. La musique, utilisée avec parcimonie, n'en est que plus efficace.
J'ai fini ce film avec une grosse boule dans la gorge. Du grand, du très grand cinéma.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
L'Armée des ombres (Jean-Pierre Melville, 1969)
Voici un comparatif des deux éditions Z1 et Z2 du fabuleux film de Jean-Pierre Melville.
L'ami Swan nous a décortiqué la nouvelle édition Criterion.
L'Armée des ombres
L'ami Swan nous a décortiqué la nouvelle édition Criterion.
L'Armée des ombres
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