William A. Wellman (1896-1975)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Atticus Finch
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Message par Atticus Finch »

Roy Neary a écrit :
Atticus Finch a écrit :Beule, tu me rassures ! Moi qui étais déçue de ne pas avoir pu me libérer pour ces 2 Wellman (surtout tentée par le 1er, j'avoue) à la Cinémathèque, je ne regrette rien, du coup.
Ah et bien si l'avis de M.Beule compte plus que le mien...
Je m'en vais comme un Prince et je ne ferme même pas la porte derrière moi... :?

:mrgreen:
Sorry Roy !
J'avais pas eu le temps de tout lire :oops:
Tu peux te "dédraper" de ta dignité et repasser la porte vers nous :lol:
Atticus
bogart
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William A. Wellman (1896-1975)

Message par bogart »

Cinéaste américain.

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Moins cité que ses pairs (Ford, Mann ou Aldrich), William A Wellman commenca sa carrière comme acteur, gravît rapidement les emplois hierarchiques (accessoiriste, monteur...) avant de devenir metteur en scène à la fin du muet.
Son premier film important est consacré à l'aviation militaire Wings ( Les ailes, 1927, avec Gary Cooper).
Par la suite, il aborda le film de gangster avec The Public Ennemy (1931, avec James Cagney, Jean Harlow), l'aventure avec Beau geste (1939, avec Gary Cooper, Ray Milland), la guerre avec Battlecround (Bastogne, 1949, avec Van Johnson), le drame avec A Star is Born ( Une étoile est née, 1937, avec Fredrich March, Janet Gaynor) et surtout le western avec The Ox-Bow Incident (L'étrange incident, 1944, avec Henry Fonda, Dana Andrews, Anthony Quinn), Yellow Sky (La ville abandonnée, 1948, avec Grégory Peck, Richard Widmark, Ann Baxter), Westward The Women (Convoi de Femmes, 1951, avec Robert Taylor, Denise Darcel) et enfin le très beau Across The Wide Missouri* (Au-delà du Missouri, 1951, avec Clark Gable, Ricardo Montalban.
Enfin pour conclure, j'ai souvenir d'un film aux couleurs magiques,vu au cinéma de minuit avec Robert Mitchum (barbu et chasseur) dont le titre est Track of The Cat (1954).

* Un film que j'attends avec impatience en dvd.
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Grand cinéaste un peu méconnu aujourd'hui et qui a donné de très très grands films de guerre et westerns dont les sommets sont les sublimes Convoi de femmes , Yellow Sky et Au delà du Missourri

J'aime beaucoup ce film hiératique, étrange et outré qu'est Track of the cat

Sa version de A star is born n'a pas trop à rougir à côté de celle de Cukor, c'est tout dire
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

C'est en effet un grand réalisateur dont on ne parle pas assez. Wings est d'ailleurs le premier film à avoir reçu un Oscar.
Quand William Wellman filmait la guerre, il savait de quoi il parlait puisqu'il l'a faite comme ambulancier puis surtout comme pilote d'escadrille (d'où un grand nombre de films traitant de l'aviation militaire).
Tout ça nous amène à Bastogne, l'un des plus grands films de guerre américain (vivement le test du DVD d'ailleurs... :oops: :lol: )
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Lord Henry
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Message par Lord Henry »

Une filmographie portée par un sens visuel exceptionnel - sans doute forgé à l'épreuve du muet - qui a trouvé à s'exprimer jusque dans des oeuvres mineures telles que Lafayette Escadrille ou Darby Rangers (la bataille d'Anzio noyée dans le brouillard).

The Public Enemy est, à l'égal de White Heat, le plus grand film jamais tourné par James Cagney.
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Geoffrey Firmin
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Message par Geoffrey Firmin »

Un de mes cinéastes préférés, parmi ses grandes réussites il y a aussi the story of GI joe,l'appel de la foret, the happy years et le rideau de fer.Ses comédies débridées que sont Roxie hart et la joyeuse suicidée sont aujourd'hui des produits étranges mais qui restent personnelles.Je ne connais pas ses films tournés avec John Wayne et produits par Batjac, island in the sky, the high and the mighty et Blood alley.J'aimerais voir Wild boys of the road dont on dit le plus grand bien.
Lord Henry
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Message par Lord Henry »

Pour ceux qui veulent enrichir leur connaissance du cinéaste, TCM diffuse Night Nurse (1931, avec Barbara Stanwyck) demain jeudi 17 juin à 22h45.
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Geoffrey Firmin
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Message par Geoffrey Firmin »

Lord Henry a écrit :Pour ceux qui veulent enrichir leur connaissance du cinéaste, TCM diffuse Night Nurse (1931, avec Barbara Stanwyck) demain jeudi 17 juin à 22h45.
Merci, je regarderai.Ses films du début des années 30 sont difficiles a voir.
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

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L’Etrange Incident (The Ox-Bow Incident, 1943)


1885. Au matin, Gil Carter (Henry Fonda) et Art Croft (Henry Morgan) arrivent dans une petite ville du Nevada dont la population est méfiante et inquiète à cause de la multiplication des vols de bétail qui se produisent dans la région. Au même moment, on annonce que le fermier Kincaid vient d’être assassiné. Un ‘posse’ se constitue dans le but d’aller punir les coupables. Les deux étrangers se joignent à contrecœur au groupe de peur d’attirer les soupçons par le fait d’être ‘étrangers’ à la ville. En pleine montagne, le groupe conduit par le major Tentley (Frank Conroy) découvre endormis, trois hommes, traînant avec eux des bêtes appartenant à Kincaid. Le collectif les capture et les condamne sans plus attendre. Malgré l'apparente sincérité des accusés clamant leur innocence avec force larmes, peur et découragement, malgré la tentative par certains de réclamer un jugement équitable, l’inéluctable se produit et ce sont trois innocents qui seront pendus !!!


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Sept ans après Fury de Fritz Lang, six ans après La Ville Gronde de Mervyn LeRoy, William Wellman revient sur le thème de l’hystérie collective et du lynchage, mais cette fois par l’intermédiaire du western. Le film de Wellman le fait véritablement entrer dans son âge adulte puisque pour la première fois, il aborde un sujet brûlant à connotation sociale : un véritable réquisitoire contre ‘la peine de mort’. Pour Zanuck, il s’agit de la continuation d’une série de films de sa ‘veine libérale’ comme Les Raisins de la Colère et Qu’elle était Verte ma Vallée de John Ford. Le matériau servant de base de départ au roman et au scénario s’inspire d’un fait divers authentique survenu dans le Nevada en 1885. "J’ai été passionné par le roman. Je suis rentré à la maison avec ma femme, l’ai fait asseoir et lui ai lu tout ce sacré livre. D’un trait. Du début à la fin. J’étais tellement excité que j’ai dit : ce sera le meilleur de mes films." Zanuck rétorque à Wellman : "Vous pouvez le tourner mais il ne rapportera pas un cent. C’est quelque chose que je voudrais que mon studio fasse. J’aimerais avoir mon nom au générique d’un tel film." Ce fut donc un film produit, monté et tourné plus par souci de respectabilité et de prestige que pour la rentabilité. En effet, il était inconcevable qu’en pleine seconde guerre mondiale, au moment où la nation était mobilisée contre le fascisme, ce film d’une extrême noirceur puisse trouver un quelconque écho : il aurait pu déranger un peuple en plein effort de guerre, au moment où l’on faisait le maximum pour exalter le patriotisme et la fibre nationaliste. Et d’ailleurs, cette œuvre n’aura absolument aucun succès si ce n’est critique et n’en aura jamais plus par la suite. En France, il est carrément ignoré après une brève exclusivité parisienne. Et depuis, il a malheureusement acquis, pour une grande majorité, une réputation de faux classique fastidieux et prétentieux ; en fait de ‘fastidieux’, il s’agit plutôt de sobriété et d’austérité et il serait plus juste de parler de courage que de prétention.

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L’étrange incident est donc le récit minutieux, se déroulant dans un laps de temps très resserré, d’une expédition punitive emmenée par une bande de cow-boys exaltés. Certains tentent vainement de faire entendre raison à une majorité qui ne veut rien entendre, alléchée dès le départ par la violence et le sang. Ce réquisitoire stigmatisant le lynchage se distingue, malgré son sujet puissant, par son extrême sobriété : une économie de moyens assez étonnante y compris dans l’utilisation des décors (excepté la rue de la ville au début et à la fin et à des images du Posse dans les montagnes, le film est presque entièrement tourné en studio, ce qui renforce le sentiment de claustrophobie et de malaise que l'on ressent à sa vision). Point non plus de chevauchées, peu d’action, pas de grandiloquence et encore moins d’acte héroïque de dernière minute : tout est d’une grande sécheresse qui nous empêche d’y prendre autant de plaisir que voulu mais qui donne aussi tout le prix à ce film d’un accès somme toute peu évident de prime abord ; un film qui mérite vraiment de se laisser ‘apprivoiser’ et qui ne devrait pas se visionner avec l’idée de regarder une œuvre divertissante. Loin du patriotisme alors de rigueur, nous nous trouvons devant un western sans héros et d'une profonde noirceur qui illustre intelligemment certains aspects de la psychologie de groupe, la naissance d’une rumeur et ce qui s’ensuit, à savoir la montée inexorable de la violence collective. Une œuvre qui ne verse jamais dans le manichéisme puisque personne n’est épargné, le personnage positif et humain joué par Henry Fonda étant même passif : au moment crucial de la pendaison, il ne lèvera pas le petit doigt pour aller à l’encontre de la décision démocratique de la majorité même s’il s’est auparavant montré virulent dans ses paroles. L’un des trois condamnés, un vieillard un peu gâteux, ira même aussi jusqu’à dénoncer son collègue de peur de se faire tuer.

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Olivier-René Veillon dans son intéressant essai sur le cinéma américain (Edition Point virgule) résume succinctement mais brillamment ce western : "Wellman nous entraîne jusqu’à l’effroi dans la logique d’un lynchage. Rien ne peut arrêter la sourde montée de l’injustice. L’iniquité triomphe dans sa bêtise brutalement humaine. Trois hommes sont pendus qui sont innocents, mais rien ne peut empêcher leur mort atroce, car le collectif se nourrit de sa propre colère et réclame ses victimes. Le puritanisme de Wellman ne laisse à l’homme que l’espoir du salut." Salut amené par une scène finale qui n’était pas dans le roman mais qu’il fallait absolument rajouter pour que les salles ne soient pas désertées à cause d'un tableau aussi noir. Et cette scène, qui aurait pu faire se finir le film par une concession un peu pénible à la bonne conscience, prouve au contraire, par son traitement, ‘l’avant-gardisme’ de ce western. Ce message d’espoir est la lettre donnée par l’un des pendus avant sa mort ; le personnage de Henry Fonda la lit devant tous les participants déprimés par la vérité et le problème de conscience qu’ils ont d’avoir accomplis un meurtre. Cependant, Wellman évite toute facilité émotionnelle en choisissant un cadrage qui nous empêche de voir les yeux clairs et émouvants de l’acteur pendant sa lecture."Je voulais que Henry Morgan apparaisse en premier plan. Il masque ainsi les yeux de Henry Fonda dont on ne voit que la bouche. Rien de plus. Un acteur ordinaire se serait opposé à cette idée mais j’ai pu la réaliser comme j’ai voulu et le résultat est remarquable. Chacun suit ainsi la lecture de cette lettre tragique de la manière la plus simple et la plus naturelle".


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Par cette fidèle adaptation du roman de Walter Van Tilburg Clark, William Wellman et le scénariste Lamar Trotti (encore lui, décidément l'un des plus talentueux de son époque) tordent ici le cou au mythe du héros de l’Ouest pur et dur. Il nous font participer à un tragique malentendu, nous mettent devant les yeux l’intolérance qui a du caractériser la brutale justice de l’Ouest de l’époque. Malgré la sécheresse de la mise en scène et la peinture assez crue d’une dure réalité, nous ne sommes pas en manque de fulgurances ici et là : étonnant et rapide travelling montrant la course de l’homme venant annoncer la mort du fermier, images expressionnistes de ‘l’après pendaison’, beauté esthétique et expressive des gros plans sur les visages, étonnant travelling ‘vue du ciel’ découvrant les trois ‘morts en sursis’ endormis… Peu de digressions au cours de ce bref récit mais nous ne pouvons passer sous silence cette scène assez anodine mais très émouvante qui tient entièrement par la force des regards, celle de la rencontre du personnage joué avec beaucoup de charisme par Henry Fonda et de son ancienne petite amie, désormais mariée.

La générosité du discours, la pénétrante observation qui est faite de ce fait divers, la mise en scène dense et tranchante de Wellman, la rigueur dramatique du scénario de Lamar Trotti, la remarquable photographie aux éclairages nocturnes quasi-expressionistes, font de ce western un film tout à fait recommandable. Enfin, il ne faudrait pas oublier l’excellence d’un casting comprenant, outre Henry Fonda, les excellents Dana Andrews, Anthony Quinn, Henry Morgan, Harry Davenport ou Jane Darwell ; cette dernière nous ayant habituée à des rôles de matrones foncièrement humaines dans les films de John Ford, interprète ici avec talent un monstre de cruauté et de bêtise. Sans non plus passer sous silence l'inquiétante et dramatique musique de Cyril J. Mockridge, qui tranche pas mal avec ce que nous avions pu entendre dans le western jusqu'à présent. Peut-être pas le chef-d'oeuvre annoncé mais un film on ne peut plus estimable !
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Message par fée clochette »

Hello à vous !


Je ne connaissais pas ce cinéaste sauf vaguement de nom... mais quel hasard de tomber sur ce topic !

En effet, la semaine prochaine sera diffusé Wings à l'Opera d'Avignon, avec un accompagnement en direct par un trio de piano, violon et violoncelle sur une composition originale de Mlle Gordon....

J'espère vraiment pouvoir etre à la projection, avec mon cher et tendre Cinetudes bien sur, car ce film dont je n'avais jamais entendu parler m'intrigue bien évidemment, d'autant plus après avoir lu vos posts sur Wellman !

Donc pour ceux qui sont dans la région avignonnaise et motivés par cette soirée qui aura lieu en présence de William Wellman Jr (son fils), sachez qu'elle aura lieu Mercredi 23 juin à 20h30 en ouverture du Festival Franco-Americain de Cinéma.

Si vous avez besoin de plus d'infos, n'hésitez pas, je peux vous répondre côté pratique !


Votre Fée bienveillante
daniel gregg
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Message par daniel gregg »

Lord Henry a écrit :
The Public Enemy est, à l'égal de White Heat, le plus grand film jamais tourné par James Cagney.

+1! et je rajoute volontiers "ONE TWO THREE" mais la n'est pas le sujet.
james
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Message par james »

Au-dela du missouri qui reste un très grand western manant les hommes des bois a de nouvelles decouverte terrestre(western que wellman renia toujour) mais pour ceux qui ont vu si je puis dire la version plus longue elle y est magnifique,et puis la distribution de ce western laisse a revez tant ses artisans y sont très a l'aise(james whitmore,ricardo montalban,adolphe menjou,et clark gable)vala,james :wink:
je suis fana de ce genre ciné,je recherche et propose.merci
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Geoffrey Firmin
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Message par Geoffrey Firmin »

james a écrit :Au-dela du missouri qui reste un très grand western manant les hommes des bois a de nouvelles decouverte terrestre(western que wellman renia toujour) mais pour ceux qui ont vu si je puis dire la version plus longue elle y est magnifique,et puis la distribution de ce western laisse a revez tant ses artisans y sont très a l'aise(james whitmore,ricardo montalban,adolphe menjou,et clark gable)vala,james :wink:
:shock:
Je savais que le film était mutilé, mais je ne savais pas qu'une autre version était visible.Quelle durée fait-elle james?Tu l'as vu ou?
bogart
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Message par bogart »

Geoffrey Firmin a écrit :
james a écrit :Au-dela du missouri qui reste un très grand western manant les hommes des bois a de nouvelles decouverte terrestre(western que wellman renia toujour) mais pour ceux qui ont vu si je puis dire la version plus longue elle y est magnifique,et puis la distribution de ce western laisse a revez tant ses artisans y sont très a l'aise(james whitmore,ricardo montalban,adolphe menjou,et clark gable)vala,james :wink:
:shock:
Je savais que le film était mutilé, mais je ne savais pas qu'une autre version était visible.Quelle durée fait-elle james?Tu l'as vu ou?


Oui, ça m'intéresse aussi James. :cry:
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

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Convoi de femmes (Westward the Women, 1951) de William Wellman
MGM


Avec Robert Taylor, Denise Darcel, Hope Emerson, John McIntire, Julie Bishop
Scénario : Charles Schnee d’après une histoire de Frank Capra
Musique : Jeff Alexander
Photographie : William C. Mellor
Une production Dore Schary pour la MGM


Sortie USA : 31 décembre 1951


Belle année 'westernienne' que celle qui voit sortir pour la clore en apothéose le soir de la Saint-Sylvestre l’un des plus beaux fleurons du genre ! Excellente cuvée 1951 qui, après Au-delà du Missouri (Across the Wide Missouri), sacrait avec Convoi de femmes, William Wellman comme réalisateur le plus marquant de l’année tout comme la précédente, toujours concernant le western, avait été dominée par John Ford et surtout Anthony Mann. Après la vie quotidienne des 'Mountain Men' au-delà du Missouri, le franc-tireur William Wellman se penche sur le long et harassant voyage (plus de 3000 kilomètres), à travers montagnes et déserts, d’une caravane de 150 femmes-pionnières qui, au prix d’efforts surhumains, parties de Chicago pour fuir un passé encombrant ou douloureux, sont arrivées en Californie où elles ont épousé des cow-boys dont elles n'avaient vu que les photos et qui avaient besoin de compagnes pour adoucir leur quotidien et fonder un foyer.


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Une histoire véridique pour laquelle Frank Capra s’était passionnée et qui, s’il l’avait réalisé comme il l’aurait souhaité, aurait donné l’occasion de voir un western signé par l’immense réalisateur de New York-Miami (It Happened One Night) ou La Vie est belle (It’s a Wonderful Life) avec même Gary Cooper prévu en tête d’affiche. Mais la Columbia refusa prétextant qu’elle ne faisait pas de western, qu’elle n’avait pas la logistique pour et encore moins de chevaux. Des excuses totalement bidons qui dégoûtèrent Capra et qui le poussèrent à aller raconter cette incroyable odyssée à son ami William Wellman qui put faire financer le projet par la MGM à condition qu’il le réalise. Capra donne son accord. Deux cent femmes furent engagées pour un tournage en décors naturels de onze semaines qui fut aussi éprouvant que les aventures réelles de ces héroïnes de la conquête de l’Ouest ; le résultat sur l’écran étant ainsi criant de réalisme, très fière, la MGM fit un court métrage, ‘Challenge the Wilderness’, consacré au tournage du film ; actrices obligés à apprendre à manier le fouet, conduire un chariot, à tirer, réparer attelage et roues... Avant de parler plus longuement du film, voici la trame de l'intrigue concoctée par le cinéaste de Monsieur Smith au Sénat.


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1851. Roy Whitman (John McIntire) est le grand propriétaire d’un ranch dans une vallée californienne isolée. Ses hommes sont d’honnêtes et efficaces travailleurs ; la seule chose qu’il leur manque est un foyer avec une épouse aimante. Il conçoit alors l’idée d’aller chercher des femmes à Chicago destinées à se marier avec sa centaine de cow-boys. Il demande à son contremaitre, Buck Wyatt (Robert Taylor), de l’accompagner pour cette longue mission, lui qui connaît parfaitement le parcours pour y avoir déjà convoyé des pionniers à de nombreuses reprises. Sauf que jusqu’à présent, les pionniers étaient des hommes et qu’il pense que les femmes ne pourront pas supporter cette odyssée dangereuse et harassante. Les inscriptions sont néanmoins très nombreuses pour ce périlleux voyage ; certaines femmes pour échapper à la misère de leurs situations actuelles, d’autres pour commencer une vie nouvelle... Parmi ce convoi de 150 femmes (car on compte sur pas moins de 1/3 de pertes), Patience Hawley (Hope Emerson), la veuve d’un capitaine de marine, Fifi Danon (Denise Darcel), ancienne prostituée d’origine française, Rose Meyers, enceinte d’un enfant illégitime, Mrs Maroni, veuve italienne accompagnée de son fils âgé de 9 ans… Ils devront faire face à de nombreux dangers, obstacles aussi bien humains (cow-boys émoustillés, indiens sur le sentier de la guerre, dureté du convoyeur) que naturels (déserts, tempêtes, descentes de canyons…). Malgré les morts qui émaillent la piste, malgré la dureté du voyage, les femmes, prenant leur courage à deux mains, refusent de faire demi-tour comme le leur conseille Roy Whitman. Après avoir affronté tous ces périples, l’accueil que l’on fera aux survivantes fera chaud au cœur et sera amplement mérité…


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…Car le happy-end de ce film se révèle vraiment miraculeux et n’aurait pas dépareillé au sein des finals poignants de beaucoup de films de Frank Capra dont les personnages, après avoir subis différentes et difficiles épreuves, se voient récompensés de la plus belle des manières. Sans jamais forcer la note, Wellman termine son film sur une séquence inoubliable, tout en retenue, sobriété et émotion. Mais nous y reviendrons ! Tout de suite après un générique traditionnel, le film débute, sans grandiloquent prologue écrit ou parlé, par une séquence qui donne d’emblée le ton et le style du film : simplicité, noir et blanc peu glamour et refus du spectaculaire au profit d' une plus grande et âpre véracité. Plus de musique (comme pour tous ses westerns en noir et blanc, il n'y en aura plus aucune) et une attention de documentariste pour filmer des cow-boys faire entrer les chevaux à l’intérieur des enclos. Pas de chichi, aucun folklore mais une volonté de réalisme. S’ensuit une conversation entre John McIntire et Robert Taylor, tous deux agenouillés auprès d'une barrière, triturant en parlant des épis de blé. Une scène qui ressemble énormément à une des premières d’un autre convoi, celui des braves de John Ford. Mais contrairement à ce dernier (et superbe film), quasiment aucun pittoresque chez Wellman ; tout dans la retenue. Puis on assiste au discours du rancher à ses cow-boys, les avisant qu’il allait partir leur chercher des femmes mais que la condition serait de se comporter envers elles avec attention, tendresse et douceur ; ce seront les ferments de cette nouvelle terre. Très belle et simple oraison qui amène à la séquence suivante, à Chicago, l’embauche de ces femmes prêtes à traverser l’Amérique pour changer de vie. Quelques traits d’humour qui ne débordent jamais (il n’y aura aucune séquence du style de celle de la bagarre généralisée dans Across the Wide Missouri), quelques situations cocasses mais surtout une fois encore, une attention extrême portée sur des personnages pour lesquels le cinéaste semble s’être pris d’affection. Une succession de séquences ayant chacune leur propre rythme, comme différents chapitres, la liaison entre chacune étant d'une grande fluidité grâce à une écriture scénaristique rigoureuse et sereine. Avec toujours autant d'harmonie dans l'enchainement des scènes, le périple commence mais Wellman ne cherche pas plus ici le spectaculaire ni le plan fulgurant. On le regrette parfois pensant qu’il n’est pas de taille à rivaliser avec Ford sur ce point mais c’est sa volonté de ne pas avoir cherché la facilité, d’avoir filmé à hauteur d’homme sans jamais chercher à nous en mettre plein la vue.


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En effet, comme s’il avait pensé que les spectateurs se feraient la réflexion, à mi-parcours, il semble avoir voulu prouver que s’il le voulait, il était capable de rivaliser avec les plus grands et du coup nous scotche à notre fauteuil par l’intermédiaire d’une séquence plastiquement et rythmiquement splendide, époustouflante de virtuosité, celle de la poursuite à cheval de Denise Darcel par Robert Taylor dans le fond d’un canyon. Succession de plans tous plus étonnants les uns que les autres (notamment cet immense plan d’ensemble filmé sans doute du haut du canyon), montage d’une totale efficacité et final de la séquence d’un lyrisme échevelé qui fait penser à du King Vidor (la gifle puis le baiser passionné). Puis, une fois qu’il a fait retourner ses deux personnages réconciliés (voire plus si affinités) au campement, Wellman reprend son convoi là où il l’avait laissé, filmant la fin du voyage aussi sobrement qu’avant cette scène qui semblait là pour démontrer la parfaite maîtrise cinématographique d’un réalisateur qui sinon, dans ses meilleurs films comme ici, préfère ne jamais céder à la facilité. La preuve, cette séquence virtuose a fait louper au spectateur ce qui s’est passé pendant ce temps là au sein du convoi, tout simplement, le plus gros drame qu’il ait eu à subir depuis son départ, ses plus grosses pertes : les indiens ont attaqués et ont laissés pour mort une dizaine de personnes. Comme si Wellman nous disait : « vous voyez ce que c’est que de faire l’intéressant et de s’extasier devant la pure virtuosité ; pour la peine, je vous priverais de la grande scène de bataille du film pour le fait d’avoir cautionné mon péché d’orgueil. » Qu’à cela ne tienne ; Wellman est un roublard et nous offre néanmoins à cet instant l’un des moments les plus intensément poignant du film, cette litanie des morts, sa caméra glissant à chaque nom, du visage de celle qui le prononce vers le cadavre. Sobre mais très belle idée de mise en scène, comme pour se faire pardonner d’avoir dévoilé trop généreusement son brio.


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Bien entendu, j'affabule en imaginant les états d’âme du réalisateur ! C’était juste pour appuyer un peu lourdement sur le fait que ce western est expressément assez rêche esthétiquement parlant (car William C. Mellor avait prouvé à maintes reprises son génie plastique au travers par exemple de son maniement du Technicolor lors du précédent western de Wellman, Across the Wide Missouri) et que le cinéaste ne cherche jamais la joliesse dans sa mise en scène pour trouver un ton plus juste, plus vrai, plus réaliste, sa caméra semblant silencieuse, son regard simplement admiratif. Rien de grandiose ni de majestueux lors de la descente des chariots le long de la montagne comme pouvait l’être la séquence similaire dans La Piste des géants (The Big Trail) de Raoul Walsh. Juste un filmage sec à hauteur d’homme (même carrément à l’intérieur du chariot) qui nous fait mieux appréhender l’effort et la tension qui régnèrent durant cette épreuve surhumaine. A ce moment là, on se dit comme d’ailleurs tout au long du film, comme Jean-Louis Rieupeyrout dans sa grande histoire du western qu’il s’agit probablement du « plus beau monument cinématographique élevé à la gloire de la femme-pionnier ». Un film qui exalte les vertus de ces femmes, leur courage, leur héroïsme, leur endurance et leur envie de liberté ; elles n’en restent pas moins humaines et femmes avec ce qui les caractérisent le plus, leur coquetterie, leur jalousie, leur détermination et leur amour filial. Sans oublier leur force de caractère et leur persévérance : alors que Buck, après le massacre d’une partie du convoi par les indiens, leur propose de rebrousser chemin, elles se lèvent toutes ensemble pour refuser, préférant finir ce qu’elles ont commencé, aller jusqu’au bout de leur rude et dangereux périple, pleine d’espoir dans l’avenir qui les attend. Les préjugés machistes de Buck fondront d’ailleurs au fur et à mesure qu'il les côtoiera et apprendra à mieux les connaître, lui qui les jugeait au départ avec beaucoup de dédain et de condescendance.


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Buck, c’est Robert Taylor qui, après son inoubliable interprétation de l'indien Lance Poole dans La Porte du diable (Deevil’s Doorway) d’Anthony Mann, prouvait à ses détracteurs qu’il allait désormais falloir vite oublier sa réputation frelatée de terne bellâtre, de beau gosse romantique. Dans cet autre personnage à contre-emploi, il s'avère une nouvelle fois fabuleux ; il est le convoyeur rustre, intransigeant, hirsute et mal rasé qui n’accepte cette mission que pour l’argent, dur et impitoyable avec les membres du convoi, que ce soient les hommes chargés de l’aider (il en tuera deux ou trois de sang froid pour avoir désobéi à ses ordres ; à ce moment là, on se dit que la folie n'est pas très loin) ou les femmes avec qui il se croit devoir imposer une discipline de fer afin qu’elles s’endurcissent et qu’elles puissent ainsi ne pas succomber à la fatigue et aux divers dangers qu’elles rencontreront. Sa volonté à vouloir coûte que coûte vaincre les obstacles le pousse à être aussi dur qu’eux. Les femmes ne lui en voudront pas et, par juste retour des choses, ce sont elles qui pousseront plus tard ‘leur tortionnaire’ à ne pas flancher ; le sourire de Buck lorsqu’il se rend compte de l’extraordinaire force morale de ce groupe de femmes, de ce qu’il est arrivé à faire d’elles, est inoubliable, mélange de fierté, de bonheur mais aussi d'immense respect. L’autre homme à l’origine de ce convoi, plus altruiste, c’est John McIntire dans le rôle du rancher magnanime qui pense avant tout au bien-être de ses travailleurs ; moins présent à l’écran, il n’en est pas moins excellent. Quant au cuisinier japonais, on aurait pu craindre que Wellman s’en serve comme faire valoir comique ; s’il est à l’origine de quelques saillies ou situations amusantes, il n’en est cependant rien. Le personnage, très sympathiquement interprété par le petit Henry Nakamura, est au contraire porteur de sagesse et de patience, de franchise et de réflexion ; une sorte de Jiminy Cricket temporisateur pour le rude contremaitre qui d’ailleurs écoute avec attention ce qu’il a à lui dire. Outre les scènes de dialogue qu'il aura avec Robert Taylor, le cinéaste lui offre des séquences rien qu'à lui comme celle, très attendrissante mais aucunement mièvre, où il vient récupérer le chien retourné sur la tombe de son jeune maître tombé tragiquement alors qu'il apprenait à manier le fusil à sa mère.


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Reste le premier rôle pour une fois attribué à cette galerie de femmes demandant avec insistance leur liberté de choix (de vie, d'époux...) avec à leur tête l’actrice d’origine française Denise Darcel que William Wellman avait déjà fait tourner dans un autre de ses chefs-d’œuvre, Bastogne (Battleground), mais qui ne fera malheureusement pas une grande carrière, son rôle le plus connu allant lui être donné deux ans plus tard par Robert Aldrich dans Vera Cruz. Dans Convoi de femmes, elle interprète une ancienne fille aux mœurs légères et se révèle splendide dans tous les sens du terme. Filmée souvent en contre plongée, comme vue subjectivement par les yeux du convoyeur qui voit en elle une des fortes têtes du convoi, elle possède un charme fou et surtout un formidable charisme qui éclate dans la séquence déjà citée de la course-poursuite dans le canyon. Son ultime scène, celle qui clôt aussi le film, est inoubliable. A ses côtés, comment ne pas dire un mot sur Hope Emerson dans le rôle de la veuve d’un officier naval, maîtresse-femme au physique ingrat mais qui ne s’en laisse pas compter et qui a gardé de son mari de rudes expressions maritimes ; elle représentera aussi la sagesse, dénonçant la stupidité du crêpage de chignon qui donne lieu à une bagarre à poings nus d’une violence et d’une sécheresse digne de celle qui oppose des hommes dans de multiples autres westerns. Au sein du groupe, d’autres portraits très attachants comme celui de cette jeune femme enceinte qui trouve parmi les cow-boys un homme qui accepte de l’épouser et dont l’accouchement en plein désert va être l’occasion d’un des moments les plus émouvants de cette épopée humaine. On trouve aussi cette maman italienne qui après une traversée qui lui sera tragique trouvera sans doute le bonheur auprès d'un compatriote exilé lui aussi.


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Convoi de femmes, c'est aussi un peu un retour aux sources du western, quand celui-ci, à ses débuts, nous proposait des fresques à la gloire des pionniers et de la conquête de l'Ouest. Des histoires sur la conquête de ses immensités âpres et rudes par des hommes et des femmes rapidement façonnés et endurcis à leur contact et obligés d'être impitoyables pour pouvoir ensuite survivre ; une marche vers le Far-West au cours de laquelle le danger ne provenait pas seulement de l'agressivité des Indiens (qu'on peut d'ailleurs comprendre) mais de l'hostilité de la terre elle-même, du climat, du soleil ardent et donc de la soif. Des films donnant un rôle prépondérant aux décors naturels comme l'avait déjà fait Across the Wide Missouri, encore et toujours lui. Des films prônant l'Amérique comme la terre de tous les possibles, de tous les rêves, celle de nouveaux départs, de la seconde chance et bien évidemment aussi, du melting-pot ; ici se côtoient japonais, italiens, français et américains. Une fois traversées toutes ces épreuves, les femmes arrivent donc à bon port en Californie (où Hope Emerson dit "Il sent bon l’homme, ce coquin de vent qui vient de là-haut") et l'avenir leur appartient. Mais avant de rencontrer leurs futurs époux, dans un élan de coquetterie qui leur fait honneur, elles souhaitent leur apparaître dignes, donc propres et bien vêtues. Elles obligent donc Buck à leur ramener tous les tissus qu'il pourra afin qu'elles se fabriquent de nouveaux vêtements neufs. Ellipse et les voilà toutes bien mises, rassemblées à l'intérieur des chariots qui entrent en ville. S'ensuit la séquence d'une douceur et d'une sensibilité toute 'capraesque' du choix des hommes par ces femmes courageuses. Et c'est un déluge d'émotion qui nous submerge jusqu'à la dernière seconde. Après de telles épreuves, une telle intensité dramatique, ces femmes admirables sont peut-être en train de retrouver la sérénité et le bonheur et ce happy end ne nous semble absolument pas galvaudé mais nous réjouit au contraire ; il récompense les efforts consentis par ces femmes que nous avons appris à connaître et à aimer et il s'avère être pour elles totalement mérité. La profonde humanité que leur voue le cinéaste trouve son point d'orgue lors de ce mémorable final au cours duquel les hommes les accueillent avec respect, tendresse et gentillesse.


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Attention cependant, contrairement à ce que j'aurais pu vous laisser croire lors de ma description du ton et du style du film, l'économie narrative et la pudeur de la réalisation n'empêchent pas des cadrages constamment maîtrisés, une mise en scène jamais répétitive et de nombreuses séquences d'une grande force dramatique, captivantes et tendues (l'orage dévastateur, la descente des chariots dans une pente très raide, l'affolement des mules, l'accouchement en plein désert, le viol d'une ex-prostituée et le 'meurtre' du violeur par Buck...) Presque deux heures durant, Wellman va tour à tour nous émouvoir, nous émerveiller, nous fait rire, sourire et nous scotcher à notre fauteuil. Quant au magnifique final, il devrait vous faire vous lever de votre fauteuil, les larmes aux yeux, exultant de bonheur ! Un western atypique, vibrant hommage à ces pionnières, mélange de réalisme sec, de tendresse, de vigueur et de l’humanisme typique de l'auteur de l'histoire. Le mélange des styles et des univers aussi opposés que ceux de Wellman et Capra pouvait sembler incohérent sur le papier mais l'âpreté de l'un accolée à la douceur de l'autre se révèle finalement une mixture totalement harmonieuse, et le résultat en est ce formidable et puissant chef-d’œuvre !


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