Cosmo Vitelli a écrit :Dans ce cas je te conseille fortement Tant qu'on a la Santé un film à sketches proche dans l'esprit d'Heureux Anniversaire (notamment le troisième sketch qui donne son titre au film)
Eh bien justement...
TANT QU'ON A LA SANTE (1971)
Il s'agit, pour être précis, d'une version remaniée par Etaix en 71 avec l'ajout du premier segment qui ne faisait pas partie du métrage original de 1966.
Insomnie: Début en douceur avec cette petite histoire amusante qui souffre d'un rythme trop pendu soutenu mais qui, pour fonctionner correctement, se devait de jouer sur ces longueurs. En racontant la lecture de ce personnage, Etaix propose comme un film dans le film à la manière des Dracula de la Hammer (et un clin d'oeil à Murnau). S'il joue à reproduire le même type d'ambiance, l'intérêt reste malheureusement limité car l'humour se fait trop attendre. Il est cependant justifié (et garde son efficacité) par les interactions entre l'imaginaire du lecteur et la réalité, notamment, ses réactions, ce qui donne quelques gags amusants. Dommage, donc, que la reconstitution vampirise (
) l'histoire, en comprenant toutefois cette "utilité" technique.
Le cinématographe: L'intérêt va croissant avec ce segment qui rappelle par son ton le court-métrage HEUREUX ANNIVERSAIRE. Etaix brode une trame minimaliste de nouveau autour de ses observations. Cette fois-ci, après le conducteur citadin, il se penche sur le spectateur dans une salle de cinéma bondée où (encore une fois) le manque de place se fait sentir et où les ouvreuses en prennent gentiment pour leur grade. Surtout, on pourra trouver ici l'ancêtre des fausses publicité, genre repris plus tard avec succès par le Splendid, les Nuls ou les Inconnus. Très inspiré, Etaix s'amuse également à parodier la mode des produits de consommation, en particulier les multifonctions (une huile qui sert autant à décoincer la mécanique qu'à guérir le foie ou à compléter une salade). Cette publicité, projetée dans la salle, deviendra de nouveau un film dans le film.
Tant qu'on a la santé est le premier morceau de choix où Etaix développe une fois de plus son sens de l'observation pour montrer, avec humour, certains travers de notre société moderne. Sa filiation formelle avec Tati prend un vrai sens ici puisqu'Etaix rejoint son maître jusque dans ses thématiques. La ville, encore une fois, est dépeinte avec un cynisme aigre-doux, Etaix se jouant malicieusement de ses défauts pour les transformer en qualités humoristiques. C'est une société urbaine où l'on ne prend plus le temps de vivre, où le mal de crâne n'est jamais loin, où l'on court sans cesse - avec le stress qui va avec.
La partie au restaurant est très réussie: le réalisateur use d'un humour inspiré de Chaplin, Tati (etc.) avec un regard précis et une bonne utilisation du son.
Nous n'irons plus au bois: Dernier segment et autre réussite où Etaix prend le contrepied du court-métrage précédent en nous amenant cette fois-ci dans la campagne tranquille, loin de l'effervescence et du bruit de la ville. Ici point de critique mais un jeu permanent autour de quatre personnages dont un couple de citadins en plein pique-nique que le réalisateur s'amuse à rendre impossible avec un humour crescendo.
Malgré la structure handicapante du film à sketch (moins marquant qu'une fiction d'1h30) le résultat est très amusant.