Rainer Werner Fassbinder (1945-1982)

[cinephage]

Avec la possibilité de voir le temps de l'innocence sur grand écran...

On n'est pas sur le bon topic, mais c'est quand même une belle façon de commencer un hommage à ce grand chef opérateur.

[Tancrède]

Et tu seras ravi (??) d'apprendre que, par ailleurs, la Cinémathèque française organise à partir d'aujourd'hui un hommage à Michael Ballhaus, chef-op' de Fassbinder (et Scorsese, Redford, Coppola, Nichols, Newman...)
Avec en prime, une leçon de cinéma samedi 20 février (en présence d'Olivier Assayas, d'Eric Gautier et de Serge Toubiana).

c'est quand même dommage que le Sirk ait été annulé.

[Eusebio Cafarelli]

Le Secret de Veronika Voss

Visuellement c'est absolument superbe, un noir et blanc somptueux et somptueusement utilisé. On pense bien sûr à Garbo ou Dietrich, même si leur passé n'a rien à voir avec celui de cette ex-star de la UFA pendant la guerre. On pense aussi forcément à Sunset Boulevard, que j'ai préféré. Bon, le trafic de morphine pour toxico ne m'a pas emballé, mais il fallait expliquer la domination de la femme médecin (comme celle du régime nazi sur cette actrice). Un film intéressant donc, au titre français mal traduit : secret pour Sehnsucht (mot difficile à traduire, qui évoque plutôt à la fois la nostalgie, la langueur et le désir ardent, bien plus adaptés au cas de Veronika Voss)...

[Joe Wilson]

Les larmes amères de Petra Von Kant

Un film passionnant et bouleversant, même si parfois difficile à appréhender...car toujours imprégné d'une souffrance sourde, reflet d'une tristesse insondable.
Fassbinder parvient, par le huit-clos, à saisir une sensation d'épuisement et d'étouffement. Et dans cet espace mortifère, les rapports de domination et de possession prennent une ampleur fascinante. A travers notamment un magnifique sens du cadre (ces plans où la servante Marlene, dans sa souffrance immobile, contemple comme devant un miroir les échanges semblant se dérouler dans autre monde).
Petra Von Kant, dont l'idéal se brise face à la lassitude, se décompose dans le regret et le rejet de soi, Margit Carstensen exprimant avec beaucoup de grâce l'ambiguité douloureuse de son personnage. L'amour foudroyant qu'elle éprouve pour Karin ne peut que la miner, car cette dernière (Hanna Schygulla, superbe dans l'obstination d'une jeunesse) refusera, par fierté et indépendance, de se laisser emprisonner.

[ApOk]

Carlotta Films a décidé de voir les choses en grand pour Welt am Draht en misant sur une sortie Blu-Ray après la restauration opérée par la fondation.

http://www.carlottavod.com/film-593-mon ... il-le.html

[ApOk]

Enfin sorti !

Et bonne nouvelle dans le livret, on apprend la parution d'un livre d'entretien pour novembre : Fassbinder par lui-même.

[wontolla]

Reçu le BR ce midi (via Amazon).
Terminé la vision de la première partie à l'instant.

[Rick Blaine]

Reçu le BR ce midi (via Amazon).
Terminé la vision de la première partie à l'instant.

Je ne connais pas du tout Fassbinder, et ce film m'intrigue pas mal, je serais curieux de lire ton avis.

[Geoffrey Firmin]

J'ai trouvé la première partie du Monde sur le fil assez austère.La deuxième partie est construite comme un thriller avec des hommages appuyés au Troisième homme et M le Maudit.Une découverte intéressante...

[wontolla]

J'ai trouvé la première partie du Monde sur le fil assez austère.La deuxième partie est construite comme un thriller avec des hommages appuyés au Troisième homme et M le Maudit.Une découverte intéressante...

Au début, je me suis demandé où Fassbinder voulait en venir.
Les premières images semblaient floues et je me suis dit que la restauration avait foiré et qu'il n'était pas besoin d'un BR pour cela. Mais les bonus m'ont éclairé.

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Fassbinder a utilisé une longue focale (250 mm) et l'on a chauffé l'air au bec Bunsen devant l'objectif pour donner cet effet.

De fait, la première partie est assez austère mais se termine sur une question/révélation qui s'avèrera capitale pour comprendre la trame narrative et son objet.
Est-ce que les Wachowski (frère et soeur ) s'en sont inspirés, je ne sais mais, quoiqu'il en soit, on ne trouvera pas d'effets spéciaux à la Matrix, même si la thématique présente des analogies.

Le thème en lui-même est abordé en science-fiction (je donne un exemple en spoiler, à ne pas lire si vous voulez voir le téléfilm de Fassbinder !)

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J'ai pensé notamment à une nouvelle (j'ai malheureusement un trou de mémoire pour l'auteur et le titre et j'ai trop de livres de SF pour remettre la main dessus facilement) ou une "société miniature" est créée. Quelqu'un se rend compte - comme Fred Stiller - qu'il se passe quelque chose de bizarre. Ici, il se réveille dans la même journée qu'hier! En fait, lui et tous les habitants du village sont des robots miniaturisés. Toutes les nuits leur mémoire est effacée et il recommencent toujours la même journée. Un des buts étant de tester des slogans publicitaires. Un des robots a échappé à l'effacement de mémoire et se souvient (il remarque donc les bizarrerie). A la fin, il dialogue avec quelqu'un du monde "réel" et découvre que son espace se trouve réduit à une maquette, dans une sorte de garage, éclairé par d'immenses projecteurs... et que son interlocuteur - en principe de notre monde, enfin celui du lecteur, est un "géant" penché sur cette maquette (cité de mémoire après plus de vingt ans !).

Ce qui est remarquable dans le film:
- l'usage des miroirs et de prises de vue qui interrogent l'espace "réel".
- le tournage de pas mal de scènes dans le Paris du début des années 70.
- le look 60'-70' et l'idée que l'on se faisait de l'informatique alors.

Des thèmes de Fassbinder sont présents, notamment des questions politiques/éthiques: la collusion entre politique et industrie.
Le téléfilm n'est peut-être pas le premier Fassbinder à voir mais pour qui entre dans l'univers de ce réalisateur et y nage, il est à recommander.
A noter la présence (brève) d'Eddie Constantine et de El Hedi ben Salem comme garde du corps (l'acteur principal de Angst essen Seele auf (Tous les autres s'appellent Ali) qui sortira un an plus tard).

Enfin, une question n'a pas été abordée (de nouveau ne pas lire le spoiler si vous voulez voir le film).

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Fred Stiller supervise un niveau de réalité que j'appellerais R moins 2. Il découvre qu'il y a un monde réel au-dessus de lui R et qu'il appartient donc à un niveau R moins 1.
Il y a un happy end, certes puisque le film se termine avec le passage de Stiller au niveau R (et la possibilité de cela avait été évoquée dans la première partie pour le passage de R-2 à R-1).... mais il aurait été intéressant d'ouvrir la question: est-ce que le réel R n'est pas lui-même un simulacre

Pour terminer:
- il n'est pas nécessaire d'avoir connaissance du mythe de la Caverne de Platon ni le paradoxe de Zénon... mais c'est un plus.
- Pour ce qui est de la restauration. J'ai commencé à regarder sur un plasma 127 cm... mais le rendu en vidéo-projection a mieux rendu justice à cette restauration... à partir d'un positif en 16 mm, dégradé !

[AtCloseRange]

Je ne sais pas si quelqu'un en a déjà parlé ici mais "Simulacron 3", le livre dont est tiré le Fassbinder a été à nouveau adapté il y a quelques années dans une sympathique série B "Passé Virtuel" (une production Emmerich) que je regarde régulièrement avec plaisir grâce à son très bon scénario.
Le héros est une vraie tête à claques mais il y a Vincent d'Onofrio, Gretchen Mol et Armin Mueller-Stahl.

J'imagine que le Fassbinder est quand même très différent...

[Geoffrey Firmin]

Est-ce que les Wachowski (frère et soeur ) s'en s'ont inspirés, je ne sais mais, quoiqu'il en soit, on ne trouvera pas d'effets spéciaux à la Matrix, même si la thématique présente des analogies.

C'est vrai que la scène de la cabine téléphonique surprend, mais je doute que les Wachowski aient pu voire le Fassbinder puisque le film n'a pas été revu depuis son unique diffusion à la TV allemande.Peut être qu'ils ont eu accès au scénario?
Pour ce qui est du Blu ray, pour du 16 mm c'est pas mal du tout.

[wontolla]

dans une sympathique série B "Passé Virtuel"

Plutôt un film qu'une série: http://www.imdb.fr/title/tt0139809/combined
Je n'ai pas vu mais l'approche du téléfilm de Fassbinder est différente et n'aborde pas ce thème temporel.

[AtCloseRange]

dans une sympathique série B "Passé Virtuel"

Plutôt un film qu'une série: http://www.imdb.fr/title/tt0139809/combined
Je n'ai pas vu mais l'approche du téléfilm de Fassbinder est différente et n'aborde pas ce thème temporel.

Euh, j'ai dit "série B".

[wontolla]

Plutôt un film qu'une série: http://www.imdb.fr/title/tt0139809/combined
Je n'ai pas vu mais l'approche du téléfilm de Fassbinder est différente et n'aborde pas ce thème temporel.

Euh, j'ai dit "série B".

Désolé. C'est l'emploi du féminin qui m'avait induit en erreur en mettant l'accent sur série (c'est ma formation de prof de français - et oui cela aussi - qui remonte à la surface; cela ne m'empêche pas de faire des fautes, par exemple, ci-avant s'en s'ont au lieu de s'en sont ).