Pas pour moi. J'ai en effet tendance à penser que si le film doit sa réputation cinéphile et sa place dans les référendums en tout genre aux côtés de Vertigo, The Searchers and co au fait qu'il ait été dans pas mal de pays occidentaux le premier Ozu montré en salles et donc le film avec lequel bien des cinéphiles ont découvert le style du cinéaste, le moment de leur rencontre avec Ozu. Je tiens de mon côté Voyage à Tokyo comme un excellent Ozu. Mais je ne vois pas ce qui en terme de maestria formelle ou narrative le distinguerait d'autres Ozu datant de la même époque, ces films-là étant souvent de sujets voisins -le mariage arrangé- et se distinguant par de petites nuances.Memento a écrit : J'ai donc retenté le coup avec Voyage à Tokyo, pour beaucoup son chef-d'oeuvre, là encore sur grand écran.
Et là encore, nouvelle déception.
Sinon, je ne crois pas qu'il faille attendre des Ozu "familiaux" (Il était un père, ses films des années 50) le genre d'émotion intense qu'on pourrait trouver chez Sirk par exemple. Au contraire, ce cinéma s'écoule à un rythme calme, quotidien, celui d'une vie sans heurts. Le changement historique est visible chez lui mais jamais montré comme quelque chose de brutal et alors que les situations ont un grand potentiel dramatique elle ne donnent que rarement lieu à des explosions de violence ou de sentiments. On perd certes en intensité émotionnelle mais on peut du coup être plus attentif aux détails (d'un regard, d'une attitude, du cadre...). Ceci dit, j'ai quand même un faible pour les Ozu moins "à distance" comme ceux de la période muette (Gosses de Tokyo, Une Auberge à Tokyo...) ou Crépuscule à Tokyo. Et ai plus d'affinités avec le cinéma moins génial mais me touchant plus de Naruse.
Quant à Frodon, le fait que son intervention ne soit que verbiage et recrarche la thèse du bouquin d'Hasumi de façon mal digérée n'enlève rien au fait que le bouquin des Cahiers la développe avec pertinence.
Et belle chronique Jeremy...