Stalker a écrit :Watkinssien a écrit :Un des plus singuliers cinéastes que ce monsieur Yasujiro Ozu, un cinéma simple, d'une virtuose limpidité, engageant un propos universel et s'interrogeant avec brio sur les relations avec les autres.
Je suis sûr qu'Ozu restera un des cinéastes les plus énigmatiques de l'histoire du cinéma.
Oui, et de toute évidence un des plus grands. Il y a un passage dans le livre de Donald Richie, en rapport avec Akira Kurosawa, que j'aime bien :
"Le plateau d'Ozu, lui aussi, ressemblait à une de ces réunions. Nobuo Nakamura se souvient que, même au cours des répétitions, les acteurs qui tournaient une scène de repas ou de bar, recevaient du véritable whisky ou des mets raffinés. Ozu animait la réunion par ses plaisanteries et ses monologues. L'atmosphère du plateau de tournage d'un film de Ozu contrastait singulièrement avec le silence qui règne chez bien d'autres metteurs en scène. L'
enryo* était bien moins pratiqué sur le plateau que dans ses films. Akira Kurosawa, qui admirait Ozu, et dont les premiers films ont été défendus par son ainé, déclara à Léonard Schrader combien il regrettait que les film d'Ozu ne se fassent pas plus l'echo de cette facette inconnue d'Ozu, et que l'homme était si charmant et si spirituel que ses mises en scène ne lui rendent pas justice
*.
* Le peuple japonais est effectivement un peuple retenu et porté à la cérémonie. Un mot japonais l'exprime, enryo, que l'on pourrait approximativement traduire par "réserve", "retenue" ou "manque d'assurance". Le japonais , cependant, ne pratique ce culte de l'enryo qu'avec son entourage. Envers le reste du monde, peut-être pour contrebalancer cette modestie involontaire, il se comporte par contre de façon souvent presque brutale.
* Bien que ces remarques soient parfaitement fondées, il convient de révéler que Kurosawa est un ennemi déclaré de toute forme d'enryo, qu'il considère comme une réplique féodale. L'humour du cinéma de Kurosawa, par exemple de Sanjuro, provient justement du spectacle d la subversion et de la destruction de l'enryo (enretien avec Léonard Schrader, 1972.)"
Stalker a écrit :Watkinssien a écrit :Mon préféré, c'est Banshun, tout à fait représentatif de son cinéma.
Printemps tardif... le Ozu qu'il me tarde le plus de découvrir !
Pour l'instant mes deux préférés sont
Eté Précoce (Bakushû) et
Le Goût du Saké.
C'est drôle, ces trois films sont justement mes trois Ozu préférés.
Mais tout se joue à peu, les films d'Ozu étant tous si beaux. Un de mes cinéastes préférés encore. J'ai une sympathie particulière pour le magnifique
Crépuscule à Tokyo, qui est d'un pessimisme étonnant, plus fort encore que chez Naruse. Le seul film d'Ozu qui m'ait un peu ennuyé, c'est
Les soeurs Munakata.
Vivement les coffrets Carlotta.