Quand la ville dort (John Huston - 1950)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Rick Blaine
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Re: Quand la ville dort (John Huston, 1950)

Message par Rick Blaine »

Federico a écrit :
Ouss a écrit :John Huston ne dépeint pas systématiquement des losers mais plutot des gens qui vont au bout de leurs expériences.
la fin qu'ils connaissent n'est pas nécessairement tragique.
A l'exception de quelques films plus légers, les personnages hustoniens ont rarement droit à une happy end. C'est même une de leurs marques de fabrique, comme le seront plus tard ceux de Kubrick.
Oui mais chez Huston, ce n'est pas nécessairement parce que la fin n'est pas heureuse que les personnages échouent réellement, je suis assez d'accord avec Ouss, l'échec apparent, c'est l'accomplissement de leur quête - je pense par exemple au destin du personnage de Sean Connery dans l'Homme qui voulut être Roi, sa fin n'est pas joyeuse, mais il a vraiment "été au bout de son chemin" par cela.
Cela me semble valable aussi pour Quand la ville dort d'ailleurs.
L'échec Hustonien me semble être plutôt un moyen pour son auteur de décrire la quête de manière complète plutôt qu'une réelle thématique.
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Watkinssien
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Re: Quand la ville dort (John Huston - 1950)

Message par Watkinssien »

D'ailleurs, on peut dire que la fin du personnage de Sterling Hayden, sans trop dévoiler pour celles et ceux qui ne l'ont pas vue, est à la fois terrible et parfaite d'un point de vue symbolique, moral.

Ca me donne envie de revoir cette oeuvre majeure, voilà c'est malin ! :twisted:
Dernière modification par Watkinssien le 15 mars 11, 11:35, modifié 1 fois.
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Re: Quand la ville dort (John Huston, 1950)

Message par Federico »

Rick Blaine a écrit :
Federico a écrit : A l'exception de quelques films plus légers, les personnages hustoniens ont rarement droit à une happy end. C'est même une de leurs marques de fabrique, comme le seront plus tard ceux de Kubrick.
Oui mais chez Huston, ce n'est pas nécessairement parce que la fin n'est pas heureuse que les personnages échouent réellement, je suis assez d'accord avec Ouss, l'échec apparent, c'est l'accomplissement de leur quête - je pense par exemple au destin du personnage de Sean Connery dans l'Homme qui voulut être Roi, sa fin n'est pas joyeuse, mais il a vraiment "été au bout de son chemin" par cela.
Cela me semble valable aussi pour Quand la ville dort d'ailleurs.
L'échec Hustonien me semble être plutôt un moyen pour son auteur de décrire la quête de manière complète plutôt qu'une réelle thématique.
Je ne vois pas en quoi cette belle analyse contredit ce que j'ai écrit. :wink: Ils vont au bout de leur Graal mais les marches du Capitole ont été savonnées et les font glisser vers une inévitable roche tarpéenne (qui pourra prendre des formes aussi diverses qu'un baiser mordu, un coup de vent ou une herse agricole). Une des fins les plus vachardes est celle de La lettre du Kremlin où le héros croit jusqu'à l'ultime seconde qu'à défaut d'avoir réussi sur toute la ligne, il ne s'en tire pas trop mal...).
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Re: Quand la ville dort (John Huston - 1950)

Message par riqueuniee »

La fin malheureuse ou l'échec est une thématique forte chez Huston (dès son premier film, Le trésor de la Sierra Madre, où les efforts des personnages sont réduits à néant par un coup du sort).A ce point que j'ai vu la fin de Mélodie en sous-sol de Verneuil qualifiée de fin à la Huston.
Pour en revenir à ce film, c'est le film qui m'a fait aimer et le film noir en génral, et les films de casse en particulier.
La fin de The American de Anton Corbijn (film qui est un hommage au film noir) n'est pas sans me faire penser au sort de Sterling Hayden dans le Huston.
Dernière modification par riqueuniee le 6 mai 13, 14:40, modifié 2 fois.
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Re: Quand la ville dort (John Huston - 1950)

Message par Lord Henry »

A noter, ce remake signé par Delmer Daves:

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Re: Quand la ville dort (John Huston - 1950)

Message par Watkinssien »

riqueuniee a écrit :La fin malheureuse ou l'échec est une thématique forte chez Huston (dès son premier film, Le trésor de la Sierra Madre, où les efforts des personnages sont réduits à néant par un coup du sort).
C'est Le faucon maltais, son premier film... :wink:
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Re: Quand la ville dort (John Huston - 1950)

Message par riqueuniee »

Exact. Mais ça ne change pas ce que je disais du Trésor... : la malchance qui frappe les héros à la fin. Un thème qu'on retrouve régulièrement chez Huston : échec, manque de chance, etc...
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Re: Quand la ville dort (John Huston - 1950)

Message par Watkinssien »

riqueuniee a écrit :Exact. Mais ça ne change pas ce que je disais du Trésor... : la malchance qui frappe les héros à la fin. Un thème qu'on retrouve régulièrement chez Huston : échec, manque de chance, etc...

Dans Le faucon maltais, le héros est le détective, mais la galerie de personnages secondaires répond parfaitement à ce que tu mentionnes...
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Re: Quand la ville dort (John Huston, 1950)

Message par Rick Blaine »

Federico a écrit :
Rick Blaine a écrit : Oui mais chez Huston, ce n'est pas nécessairement parce que la fin n'est pas heureuse que les personnages échouent réellement, je suis assez d'accord avec Ouss, l'échec apparent, c'est l'accomplissement de leur quête - je pense par exemple au destin du personnage de Sean Connery dans l'Homme qui voulut être Roi, sa fin n'est pas joyeuse, mais il a vraiment "été au bout de son chemin" par cela.
Cela me semble valable aussi pour Quand la ville dort d'ailleurs.
L'échec Hustonien me semble être plutôt un moyen pour son auteur de décrire la quête de manière complète plutôt qu'une réelle thématique.
Je ne vois pas en quoi cette belle analyse contredit ce que j'ai écrit. :wink: Ils vont au bout de leur Graal mais les marches du Capitole ont été savonnées et les font glisser vers une inévitable roche tarpéenne (qui pourra prendre des formes aussi diverses qu'un baiser mordu, un coup de vent ou une herse agricole). Une des fins les plus vachardes est celle de La lettre du Kremlin où le héros croit jusqu'à l'ultime seconde qu'à défaut d'avoir réussi sur toute la ligne, il ne s'en tire pas trop mal...).
Je ne voulais pas contredire, plutôt rebondir :wink:. J'ai aussi l'impression que parfois, ce sont les héros eux même qui savonne les marches, que l'échec est bien ce qu'ils recherchent, au fond. (je ne fais pas référence à La Lettre du Kremlin, que je n'ai pas vu et que j'aimerais beaucoup voir)
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Re: Quand la ville dort (John Huston - 1950)

Message par riqueuniee »

Pas faux (pour les héros qui savonnent les marches), mais pas forcément pour la "recherche de l'échec".Plutôt la fatalité ...
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Re: Quand la ville dort (John Huston - 1950)

Message par Rick Blaine »

riqueuniee a écrit :Pas faux (pour les héros qui savonnent les marches), mais pas forcément pour la "recherche de l'échec".Plutôt la fatalité ...

D'un film à l'autre, on a parfois affaire à la fatalité, mais il y a vraiment des héros qui vont à leur perte (je pense encore au Sean Connery de l'homme qui voulut être Roi, peu de fatalité pour lui)
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Re: Quand la ville dort (John Huston - 1950)

Message par Federico »

Rick Blaine a écrit :
riqueuniee a écrit :Pas faux (pour les héros qui savonnent les marches), mais pas forcément pour la "recherche de l'échec".Plutôt la fatalité ...
D'un film à l'autre, on a parfois affaire à la fatalité, mais il y a vraiment des héros qui vont à leur perte (je pense encore au Sean Connery de l'homme qui voulut être Roi, peu de fatalité pour lui)
Oui, il est emporté par une folie de toute-puissance qui ne peut que mal tourner pour lui. Il fait penser au Colonel Kurtz d'Apocalypse Now d'après Joseph Conrad qui s'inspira lui-même d'un fâcheux épisode de la Françafrique avant l'heure, la sinistre épopée des officiers Chanoine et Voulet (Serge Moati l'adapta en 2004 avec son téléfilm Capitaine des ténèbres).
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Re: Quand la ville dort (John Huston - 1950)

Message par Rick Blaine »

Federico a écrit :
Rick Blaine a écrit : D'un film à l'autre, on a parfois affaire à la fatalité, mais il y a vraiment des héros qui vont à leur perte (je pense encore au Sean Connery de l'homme qui voulut être Roi, peu de fatalité pour lui)
Oui, il est emporté par une folie de toute-puissance qui ne peut que mal tourner pour lui. Il fait penser au Colonel Kurtz d'Apocalypse Now d'après Joseph Conrad qui s'inspira lui-même d'un fâcheux épisode de la Françafrique avant l'heure, la sinistre épopée des officiers Chanoine et Voulet (Serge Moati l'adapta en 2004 avec son téléfilm Capitaine des ténèbres).
Exactement, je n'avais pas pensé à ce rapprochement, mais tu as totalement raison.
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Re: Quand la ville dort (John Huston - 1950)

Message par riqueuniee »

Pas vu le Coppola :oops: , ni le Moati, mais j'ai vu un téléfilm (GB ?), adaptation de la nouvelle de Conrad, Au coeur des ténèbres. Un rapprochement qui me semble en effet tout à fait judicieux.
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Re: Quand la ville dort (John Huston, 1950)

Message par Tutut »

Rick Blaine a écrit : (je ne fais pas référence à La Lettre du Kremlin, que je n'ai pas vu et que j'aimerais beaucoup voir)
Je suppose qu'il n'est toujours pas sorti en DVD. :(
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