Julien Duvivier (1896-1967)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Alexandre Angel
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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par Alexandre Angel »

Duane Jones a écrit : 19 févr. 22, 12:55 Dans cette décennie, j'ai un faible pour La fête à Henriette où Duvivier et Jeanson semblent s'amuser comme des petits fous.
Je trouve que c'est un Duvivier qui a petit côté Becker.
En tout cas, je l'aime beaucoup. Toujours pas vu Pot Bouille .
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Cathy
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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par Cathy »

La fête à Henriette est de mes films cultes. Longtemps invisible, à cause des ayant-droits, il est sorti il y a trois ou quatre ans en DVD-bluray... J'adore l'humour décaler avec les deux scénaristes qui racontent l'histoire le classique Louis Seigner et Henri Crémieux qui veut absolument un film avec un meurtre... J'aime aussi beaucoup la valse qu'on entend dans ce film...
Le remake qu'en a fait Richard Quine avec William Holden et Audrey Hepburn, deux têtes folles est quand même largement au-dessous.
Maintenant j'adore Duvivier, c'est peut-être du cinéma de papa, mais qu'est-ce que c'est bon, finalement.
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Duane Jones
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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par Duane Jones »

Alexandre Angel a écrit : 19 févr. 22, 13:13 Je trouve que c'est un Duvivier qui a petit côté Becker.
Ah oui ? A quel niveau ? Ça m'intéresse ce que tu dis. J'aime beaucoup les comédies d'après-guerre de Becker.
Cathy a écrit : 19 févr. 22, 13:50 Le remake qu'en a fait Richard Quine avec William Holden et Audrey Hepburn, deux têtes folles est quand même largement au-dessous.
Je ne savais que ce film (non vu) était un remake du Duvivier !
Cathy a écrit : 19 févr. 22, 13:50 Maintenant j'adore Duvivier, c'est peut-être du cinéma de papa, mais qu'est-ce que c'est bon, finalement.
C'est un cinéaste que j'adore également mais je vois pas trop en quoi c'est un cinéma de Papa.
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Alexandre Angel
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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par Alexandre Angel »

Duane Jones a écrit : 19 févr. 22, 16:05
Alexandre Angel a écrit : 19 févr. 22, 13:13 Je trouve que c'est un Duvivier qui a petit côté Becker.
Ah oui ? A quel niveau ? Ça m'intéresse ce que tu dis. J'aime beaucoup les comédies d'après-guerre de Becker.
C'est une impression à la volée, comme ça, car je ne l'ai vu qu'une fois.
Le côté comédie justement, l'esprit de fantaisie, les personnages à la fois hauts en couleurs et quotidiens, le cambriolage à la fin et le décor où a lieu ce cambriolage, les connexions et interactions entre les personnages, une forme d'efficacité narrative.. Je pense surtout à Rendez-vous de Juillet, Edouard et Caroline , Antoine et Antoinette en partie et Rue de l'Estrapade d'une certaine manière.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Duane Jones
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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par Duane Jones »

Alexandre Angel a écrit : 19 févr. 22, 16:45 Le côté comédie justement, l'esprit de fantaisie, les personnages à la fois hauts en couleurs et quotidiens, le cambriolage à la fin et le décor où a lieu ce cambriolage, les connexions et interactions entre les personnages, une forme d'efficacité narrative.. Je pense surtout à Rendez-vous de Juillet, Edouard et Caroline , Antoine et Antoinette en partie et Rue de l'Estrapade d'une certaine manière.
Merci pour la réponse. D'accord, je comprends ce que tu veux dire. L'époque est similaire aussi. Faudrait que je revois La fête à Henriette dans cet optique afin de voir si j'ai la même impression.
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Cathy
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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par Cathy »

La nouvelle vague notamment Truffaut avait catalogué Duvivier comme le cinéma de papa, sans aucun intérêt, poussiéreux.

https://www.troiscouleurs.fr/article/lh ... n-duvivier
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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par The Eye Of Doom »

Je crois qu’aujourd’hui plus grand monde ne donne du credit à cette sortie de Truffaut, qui a tout au plus un interet historique maintenant.
D’autant que concernant Duvivier, un simple coup d’oeil à ses films des années 30 ainsi qu’a le quasi totalité des films qui suivront montre assez bien en quoi « l’academisme nunuche a la papa » a rien a voir avec l’homme et son cinema.
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John Holden
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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par John Holden »

Cathy a écrit : 20 févr. 22, 13:24 La nouvelle vague notamment Truffaut avait catalogué Duvivier comme le cinéma de papa, sans aucun intérêt, poussiéreux.

https://www.troiscouleurs.fr/article/lh ... n-duvivier
Je ne sais plus où j'ai vu ou entendu ça récemment, je me demande si ce n'est pas Rissient qui émettait cette théorie selon laquelle Truffaut cherchait obsessionnellement la figure de son père, inconnu, à travers son oeuvre comme à travers celle des autres et par conséquent cette quête impossible pourrait expliquer son adhésion sans réserve à la politique des auteurs chère aux ayatollahs des Cahiers du cinéma. Il fallait une cohérence stylistique, narrative, des atavismes empruntés aux grands théoriciens de la mise en scène. Pour Truffaut, Duvivier, comme d'autres réalisateurs français de cette époque, était sans doute trop asservis aux désidératas de ses scénaristes, dialoguistes, symbolisait le cinéma carton-pâte des studios, une mise en scène impersonnelle qu'on ne pouvait identifier au premier coup d'oeil.
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The Eye Of Doom
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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par The Eye Of Doom »

John Holden a écrit : 20 févr. 22, 14:52 Pour Truffaut, Duvivier, comme d'autres réalisateurs français de cette époque, était sans doute trop asservis aux désidératas de ses scénaristes, dialoguistes, symbolisait le cinéma carton-pâte des studios, une mise en scène impersonnelle qu'on ne pouvait identifier au premier coup d'oeil.
Ouais…
Sauf erreur, Duvivier a ecrit ou co-ecrit les scénarios de ses films…
Quand je regarde la qualité des films scenarisés par Jeanson, j’ai du mal à voir où est l’asservissement…
Le cinema carton pate des studios, c’est pas celui de Minelli, Mankiewicz, Lang, Kurosawa ou Misogushi, et meme Hitchcock à cette epoque (fin 50)?
Quand à la mise en scene impersonnelle, je l’ai pas vu dans Marianne, le temps des assassins, ou Pot bouille….

Bref, que Truffaut, en jeune loup, ait dezingué ses pairs pour se faire une place avec un « autre » cinema, on ne peut forcément lui en vouloir.
Aujourd’hui ces propos, au vu d’ailleurs de la carrière de celui qui mes a prononcé, me semble ne valoir guere qu’un note dans les livres d’histoire et en aucun cas une référence sur l’importance de l’oeuvre de Duvivier
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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par Thesix »

The Eye Of Doom a écrit : 20 févr. 22, 16:58
John Holden a écrit : 20 févr. 22, 14:52 Pour Truffaut, Duvivier, comme d'autres réalisateurs français de cette époque, était sans doute trop asservis aux désidératas de ses scénaristes, dialoguistes, symbolisait le cinéma carton-pâte des studios, une mise en scène impersonnelle qu'on ne pouvait identifier au premier coup d'oeil.
Aujourd’hui ces propos, au vu d’ailleurs de la carrière de celui qui mes a prononcé, me semble ne valoir guere qu’un note dans les livres d’histoire et en aucun cas une référence sur l’importance de l’oeuvre de Duvivier
T'es en forme ce soir ! :mrgreen:
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Et Amazon, c'est toujours le mal (et l'internet haut débit, et Google...)
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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par The Eye Of Doom »

Oullala.
Je precise que ma mention a la carrière de Truffaut porte non pas sur son importance mais sur « l’académisme » pas loin duquel il me s’etre lui même égaré.
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Erich
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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par Erich »

Rappelons quand même que Truffaut n'a pas été systématiquement féroce envers Duvivier. Son article dans Arts à la sortie de Voici le temps des assassins est par exemple assez élogieux (il y voit le meilleur film de Duvivier, "celui dans lequel on peut sentir sur tous les éléments : scénario, mise en scène, jeu, photo, musique, etc. un contrôle qui est celui d'un cinéaste parvenu à une totale sûreté de lui-même et de son métier"). Pour Pot-Bouille, il écrit dans Les Cahiers du Cinémaa que c'est "le contraire d'un film académique, une œuvre de dérision, baroque, échevelée et des plus imprévues" et que "la direction des acteurs est ici presque vertigineuse d'adresse". Même pour L'Homme à l'imperméable, qu'il n'aime guère en raison de Fernandel ("il m'agace, m'insupporte"), il précise dans Arts que "le travail de Duvivier, laborieux mais impeccable, soigné avec un amour qui dépasse la simple conscience professionnelle, justifie toujours le déplacement". Et même si Truffaut l'inclut en 1955 (dans Arts) dans une liste de cinéastes (avec Carné, Christian-Jaque...) dont les films "naissent démodés", les deux hommes semblent avoir un peu sympathisé et, dans une lettre d'août 1956 (publiée par Positif en novembre 1996), Duvivier écrit à Truffaut : "Vous avez en moi un ami qui vous estime et vous apprécie", allant jusqu'à exprimer son souhait de travailler avec lui.
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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par The Eye Of Doom »

Merci pour ces précisions necessaires.
Vu ce que Truffaut ecrit des films suivants, on peut donc penser que son jugement de 1955 porte sur les Don Camillo, voire l’Affaire Maurisius (je me refuse a penser que Truffaut ai pu rester insensible à Mariane.)
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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par Erich »

The Eye Of Doom a écrit : 20 févr. 22, 20:50 (je me refuse a penser que Truffaut ai pu rester insensible à Mariane.)
Je crains pourtant que ce soit le cas. À ma connaissance il n’a pas écrit de critique de Marianne à la sortie du film mais, quelques mois plus tard, dans un article pour Arts sur le « vieillissement des films », il cite Marianne parmi ceux qui « arrivent avec quinze ans de retard », « naissent démodés » et « relèvent de l’esthétique d’avant-guerre ». Du reste, peu de critiques ont, à l’époque, pris la défense du film, éreinté dans beaucoup de journaux, toutes tendances confondues (avec parfois une violence étonnante, comme Jean Dutourd écrivant dans Carrefour que « Duvivier a touché le fond du mauvais goût et de la sottise » dans un film d’une « extraordinaire niaiserie » !), incompréhension rejointe par celle du public. Le film n’a été réévalué que bien plus tard.
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Duane Jones
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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par Duane Jones »

Cathy a écrit : 20 févr. 22, 13:24 La nouvelle vague notamment Truffaut avait catalogué Duvivier comme le cinéma de papa, sans aucun intérêt, poussiéreux.

https://www.troiscouleurs.fr/article/lh ... n-duvivier
Oui bien sûr, Truffaut avait la dent dure avec certains cinéastes vieillissants, et il n'a pas épargné Duvivier. Je pense que l'expression cinéma de Papa serait plus à appliquer au Duvivier des années 60, et encore j'aime bien Boulevard et Le diable et les 10 commandements, où on est très loin évidemment de la modernité des cinéastes de la nouvelle vague entre autres.
Erich a écrit : 20 févr. 22, 20:07 Rappelons quand même que Truffaut n'a pas été systématiquement féroce envers Duvivier. Son article dans Arts à la sortie de Voici le temps des assassins est par exemple assez élogieux (il y voit le meilleur film de Duvivier, "celui dans lequel on peut sentir sur tous les éléments : scénario, mise en scène, jeu, photo, musique, etc. un contrôle qui est celui d'un cinéaste parvenu à une totale sûreté de lui-même et de son métier"). Pour Pot-Bouille, il écrit dans Les Cahiers du Cinémaa que c'est "le contraire d'un film académique, une œuvre de dérision, baroque, échevelée et des plus imprévues" et que "la direction des acteurs est ici presque vertigineuse d'adresse". Même pour L'Homme à l'imperméable, qu'il n'aime guère en raison de Fernandel ("il m'agace, m'insupporte"), il précise dans Arts que "le travail de Duvivier, laborieux mais impeccable, soigné avec un amour qui dépasse la simple conscience professionnelle, justifie toujours le déplacement". Et même si Truffaut l'inclut en 1955 (dans Arts) dans une liste de cinéastes (avec Carné, Christian-Jaque...) dont les films "naissent démodés", les deux hommes semblent avoir un peu sympathisé et, dans une lettre d'août 1956 (publiée par Positif en novembre 1996), Duvivier écrit à Truffaut : "Vous avez en moi un ami qui vous estime et vous apprécie", allant jusqu'à exprimer son souhait de travailler avec lui.
Merci c'est très intéressant particulièrement pour Pot-Bouille, je ne savais pas que Truffaut avait apprécié ce film ce point.
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