Julien Duvivier (1896-1967)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Erich
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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par Erich »

Pépé le Moko sur Arte lundi 7 février à 20 h 55.
https://www.arte.tv/fr/videos/002359-00 ... e-le-moko/
The Eye Of Doom
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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par The Eye Of Doom »

Merci
A defaut d’un bluray….
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Alexandre Angel
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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par Alexandre Angel »

J'ai enfin vu Panique et j'ai été (légèrement) déçu.
Michel Simon est prodigieux et sa création est extrêmement forte mais il faut accepter ce parti-pris de rassembler un concentré d'humanité peu ragoûtant (et peu nuancé dans le peu ragoûtant) dans un décor presque théâtral (au sens de lieu circonscrit-ici: un quartier où tout le monde se côtoie). Il y a quelque chose qui ne vieillit pas très bien avec ce dispositif-décor irradié par la lumière du jour et les flonflons ironiques de la foire qui s'y est installée.
On se demande également comment Viviane Romance, qui n'a pas l'air d'une femme stupide, peut-elle être amoureuse d'une raclure de chiotte comme Paul Bernard.
Et Michel Simon tombe beaucoup trop vite amoureux d'elle.
Une fois formulées ces quelques réserves qui me font apparaître le film comme plus vieux que sa date de réalisation (1946) et paradoxalement moins moderne que certains chefs d'œuvre des années 30, j'admire bien évidemment l'utilisation de ce décor et le dynamisme formidable des interactions entre les nombreux personnages. De même que la description plutôt angoissante des comportements lyncheurs d'une foule française qui rappelle celle de la Libération.
Mais ce jugement est passible d'évolution car il y aussi que j'ai vu cela sur le Replay d'Arte avec de grossiers sous-titres pour sourds et malentendants que j'ai eu la flemme de désactiver.
Dernière modification par Alexandre Angel le 8 févr. 22, 15:00, modifié 1 fois.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par The Eye Of Doom »

A chaud, un peu la meme remarque hier à la revoyure de Pépé le moko (j’ai du arrêté à la moitié pour contraintes familiales). Au dela d’une forme plastique souvent extraordinaire, a l’equal d’un Sternberg (les bouges de la casba) ou d’un Lang (l’execution de Regis), le film a terriblement vieilli.
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Watkinssien
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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par Watkinssien »

The Eye Of Doom a écrit : 8 févr. 22, 14:59 A chaud, un peu la meme remarque hier à la revoyure de Pépé le moko (j’ai du arrêté à la moitié pour contraintes familiales). Au dela d’une forme plastique souvent extraordinaire, a l’equal d’un Sternberg (les bouges de la casba) ou d’un Lang (l’execution de Regis), le film a terriblement vieilli.

C'est un exemple parfait de la lisière fragile entre une œuvre qui appartient totalement en son temps et celle qui a vieilli.


Le film reste néanmoins une œuvre majeure de Duvivier encore aujourd'hui, à mes yeux.
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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par Flol »

Watkinssien a écrit : 8 févr. 22, 15:13 Le film reste néanmoins une œuvre majeure de Duvivier encore aujourd'hui, à mes yeux.
Pour moi aussi. Même si je trouve son remake encore supérieur.
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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par Jack Carter »

Flol a écrit : 8 févr. 22, 15:27
Watkinssien a écrit : 8 févr. 22, 15:13 Le film reste néanmoins une œuvre majeure de Duvivier encore aujourd'hui, à mes yeux.
Pour moi aussi. Même si je trouve son remake encore supérieur.
Toto le Moko ?
:mrgreen:
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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par AtCloseRange »

On s'y perd dans les quotes mais même constat que Flol.
Panique m'avait déçu par rapport à Monsieur Hire.
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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par Watkinssien »

Flol a écrit : 8 févr. 22, 15:27
Watkinssien a écrit : 8 févr. 22, 15:13 Le film reste néanmoins une œuvre majeure de Duvivier encore aujourd'hui, à mes yeux.
Pour moi aussi. Même si je trouve son remake encore supérieur.
:shock:

Tu parles du remake pas terrible de John Berry ,de la version immédiatement lancée après la sortie du Duvivier de John Cromwell (qui est sympatoc) ou effectivement de sa version variante pastiche inégale italienne?

EDIT: je viens de comprendre que Flol parlait de Monsieur Hire...
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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par Alexandre Angel »

Watkinssien a écrit : 8 févr. 22, 16:34 Tu parles du remake pas terrible de John Berry ,de la version immédiatement lancée après la sortie du Duvivier de John Cromwell (qui est sympatoc) ou effectivement de sa version variante pastiche inégale italienne?
Je t'ai connu plus limpide :lol:
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par Watkinssien »

Alexandre Angel a écrit : 8 févr. 22, 16:54
Watkinssien a écrit : 8 févr. 22, 16:34 Tu parles du remake pas terrible de John Berry ,de la version immédiatement lancée après la sortie du Duvivier de John Cromwell (qui est sympatoc) ou effectivement de sa version variante pastiche inégale italienne?
Je t'ai connu plus limpide :lol:
C'est la faute de Flol!
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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par The Eye Of Doom »

Watkinssien a écrit : 8 févr. 22, 15:13
The Eye Of Doom a écrit : 8 févr. 22, 14:59 A chaud, un peu la meme remarque hier à la revoyure de Pépé le moko (j’ai du arrêté à la moitié pour contraintes familiales). Au dela d’une forme plastique souvent extraordinaire, a l’equal d’un Sternberg (les bouges de la casba) ou d’un Lang (l’execution de Regis), le film a terriblement vieilli.

C'est un exemple parfait de la lisière fragile entre une œuvre qui appartient totalement en son temps et celle qui a vieilli.


Le film reste néanmoins une œuvre majeure de Duvivier encore aujourd'hui, à mes yeux.
Bien dis sur le point de bascule. C’est sur que l’imaginaire du caid au grand coeur coincé dans l’afrique du nord colonial, et qui meurt pour son amour de Paname, on a du mal à rentrer dedans aujourd’hui.
J’ai pas revu La bandera depuis des lustres mais je pense que ca passe mieux.
En parcourant sa filmo des années 30, c’est peut etre le seul film qui pose autant le problème, par son cadre et son intrigue. Les 5 gentlemens maudits c’est pas forcement mieux mais le film ne se prends guère au sérieux…
Pour Pépé, vu que j’en ai vu que la moitié, j’attendrais, probablement vainement, une edition bluray (sans sst espagnol imposés), pour me faire une idée definitive.

Sinon a noter que notre ami AllenJohn revisite depuis quelques semaines la filmo de Duvivier y compris muette (entre deux/trois Alice Guy). A lire ici :
. http://allenjohn.over-blog.com
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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par The Eye Of Doom »

Pot Bouille
Un jeune homme, ambitieux et charmeur, monte à Paris et loge dans une immeuble bourgeois peuplé de belles femmes mariées qui vont tomber sous son charme.

Le film est une forme de comedie noire , jeu de massacre de l’hypocrisie de la société de l’epoque. Pratiquement tous les personnages sont laches, amorals, intrigants, rapaces, jouisseurs minables,…
L’ouverture du film, parfaite, nous fait suivre sous la pluie bâtante une mere ignoble et ses deux filles au retour d’une enieme tentative infructueuse de trouver un mari à la plus jeune. Long travelling surprenant, dialogues excellents de Jeanson (décidément quel dialoguiste !). Le ton est donné.
On pourrait dire que c’est un quasi huis clos. J’ai pensé à Feydeaux pour la dynamique des situations, la construction des intrigues et les dialogues qui fussent.
On sort tres peu de l’immeuble dont le vaste escalier en marbre qui dessert les etages joue un role central.
Sous l’apparent lustre d’une bonne société, Duvivier nous dévoile ce petit peuple aussi minable que malheureux.
L’institution du mariage en prends pour son grade.
La force du film est de renoncer à tenter l’illusion. Il n’y a pas de suspens, tout est dit dès le debut et l’on suit, amusé, ce microcosme se perdre dans ses intrigues ridicules : mariage arrangé par la mere maquerelle, reglement de compte familial autour du patriarche décédé, infidélité des maitresses et des épouses,… tout cela sous le regard acide des bonnes cantonnées elles à l’escalier de service.
Le portait riche et plutot fin que livre Duvivier de cette galerie de personnages féminins, loin de la posture misogyne dans laquelle on le resume un peu vite, est un des plus beaux atouts de ce film. Les femmes apparaissent plus comme des victimes de la condition sociale qu’on leur assigne.
Il faut ici bien sur souligner les actrices toutes excellentes du casting. Au premier rangs desquelles Dany Carel, particulièrement charmante, et Anouk Aimé envoûtante.
Et les hommes ? Ils étalent leur bassesse et leur hypocrisie.
Un passage tres drole chez la maitresse de l’un d’eux qui pose nue pour un artiste peintre.
Je l’ai ecrit plus haut, les dialogues de Jeanson sont vraiment excellents.
Et Gerard Philippe dans tout ca ?
Il est tres bon dans cette figure centrale d’arriviste tombeur de femmes. Il ne cache pas son jeu, contrairement à la plupart des personnages, ce qui le rend particulièrement sympathique, avec un coté joyeusement cynique qui rappelle le personnage de Maurice Chevalier dans « avec le sourire ».
Grace a ce regard extérieur plutôt bienveillant, il fini par incarné une forme d’honnêteté.
Duvivier frappe encore par sa maitrise du cadre, de la composition, dans un n&b de studio qu’il maitrise si bien. Il joue parfaitement des différents espaces. Que les scènes soient à deux, cinq ou trente, la mise en scene saisit les moments de vie.

Venant apres Voici le temps des assassins, que je trouve trop artificiel, Pot Bouille est un film beaucoup plus reussi et équilibré. Leger dans sa noirceur et plutot bon enfant. Tres agreable et souvent drole (la scene où GPhilippe explique qu’il ne fera pas d’excuse au mari pour avoir coucher avec l’epouse, tres bon moment).

Il démontre que le Duvivier de la fin des années 50 n’avait rien perdu de son talent.

Une tres bonne decouverte à réhabiliter.
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Duane Jones
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Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par Duane Jones »

The Eye Of Doom a écrit : 19 févr. 22, 10:15 Venant apres Voici le temps des assassins, que je trouve trop artificiel, Pot Bouille est un film beaucoup plus reussi et équilibré. Leger dans sa noirceur et plutot bon enfant. Tres agreable et souvent drole (la scene où GPhilippe explique qu’il ne fera pas d’excuse au mari pour avoir coucher avec l’epouse, tres bon moment).
Un des tous meilleurs Duvivier des années 50, je l'ai vu plusieurs fois et j'ai toujours passé un excellent moment avec Pot Bouille. Parfaitement rythmé et équilibré, on sent toute la maîtrise de Duvivier. Dans cette décennie, j'ai un faible pour La fête à Henriette où Duvivier et Jeanson semblent s'amuser comme des petits fous.
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