L'Etrangleur de Boston (Richard Fleischer - 1968)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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AtCloseRange
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Re: L'Etrangleur de Boston (Richard Fleischer - 1968)

Message par AtCloseRange »

Père Jules a écrit :
AtCloseRange a écrit :Je tique vraiment sur cette défense enthousiaste du spilt screen comme outil quasiment génial pour dynamiser la narration.
Pas revu depuis un bout le Fleischer mais c'est typiquement le truc qui m'avait empêché de complètement apprécier L'ultimatum des trois mercenaires d'Aldrich. Je trouve au contraire que ça plombe un peu la narration, au-delà du fait qu'esthétiquement, ce soit un choix douteux.
Encore plus quand on a un maître du scope comme Fleischer. A chaque fois, j'attendais qu'on repasse en plein écran pour apprécier ses cadrages.
Je trouve finalement que ça fonctionne mieux dans l'affaire Thomas Crown sans l'alibi d'un "choix" de mise en scène. Au moins le Jewison assume le côté un peu flashy et psychédélique de la chose.
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AtCloseRange
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Re: L'Etrangleur de Boston (Richard Fleischer - 1968)

Message par AtCloseRange »

Sinon, je n'arrêtais pas de me demander qui jouait la femme de Tony Curtis. Je connaissais son visage mais je ne la remettais pas. Etait-ce une célèbre actrice suédoise? Elle ressemble un peu à Liv Ullmann.
Et en fait, c'était elle:

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Re: L'Etrangleur de Boston (Richard Fleischer - 1968)

Message par Federico »

AtCloseRange a écrit :Sinon, je n'arrêtais pas de me demander qui jouait la femme de Tony Curtis. Je connaissais son visage mais je ne la remettais pas. Était-ce une célèbre actrice suédoise? Elle ressemble un peu à Liv Ullmann.
Et en fait, c'était elle:

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Bien vu, c'était bien Carolyn Conwell (disparue il y a peu). C'est vrai qu'elle a quelque chose de Liv Ullmann (et de Lily Palmer) en plus inquiétant. En tout cas, sur la photo du Hitchcock, on peut dire qu'elle fait la paire avec Curtis. :P
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Re: L'Etrangleur de Boston (Richard Fleischer - 1968)

Message par Rick Deckard »

Ah mais oui c'est la fermière dans Le rideau déchiré ! J'avais pas reconnu la capture, j'ai pourtant revu ce film il y a peu...
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Re: L'Etrangleur de Boston (Richard Fleischer - 1968)

Message par Federico »

AtCloseRange a écrit :Sinon, je n'arrêtais pas de me demander qui jouait la femme de Tony Curtis. Je connaissais son visage mais je ne la remettais pas. Etait-ce une célèbre actrice suédoise ? Elle ressemble un peu à Liv Ullmann.
Et en fait, c'était elle:

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Tu vas rire... En cherchant sa très brève filmo, je vois qu'elle aurait joué une domestique suédoise dans... Cheech & Chong's Next Movie (1980) qui, vu la réputation de ce duo de fumeurs de moquette, doit être néanmoins assez éloigné de l'univers bergmanien... :P
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Re: L'Etrangleur de Boston (Richard Fleischer - 1968)

Message par AtCloseRange »

Federico a écrit :
AtCloseRange a écrit :Sinon, je n'arrêtais pas de me demander qui jouait la femme de Tony Curtis. Je connaissais son visage mais je ne la remettais pas. Etait-ce une célèbre actrice suédoise ? Elle ressemble un peu à Liv Ullmann.
Et en fait, c'était elle:

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Tu vas rire... En cherchant sa très brève filmo, je vois qu'elle aurait joué une domestique suédoise dans... Cheech & Chong's Next Movie (1980) qui, vu la réputation de ce duo de fumeurs de moquette, doit être néanmoins assez éloigné de l'univers bergmanien... :P
Et son perso dans le Fleischer s'appelle Irmgard.
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Re: L'Etrangleur de Boston (Richard Fleischer - 1968)

Message par Lord Henry »

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Re: L'Etrangleur de Boston (Richard Fleischer - 1968)

Message par L'étranger... »

Un film qui m'avait pas mal marqué/choqué quand j'étais jeune, pas tant l'histoire vu que je regardais pas mal de film gore à l'époque, non, c'était le fait de voir que Dany Wilde, le sympathique milliardaire justicier d'Amicalement votre puisse être aussi un homme aussi fou et dangereux... Pas de doute pour moi, Tony Curtis est un grand acteur.
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hellrick
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Re: L'Etrangleur de Boston (Richard Fleischer - 1968)

Message par hellrick »

L’ETRANGLEUR DE BOSTON

Classique du thriller « horrifique » des années ’60, L’ETRANGLEUR DE BOSTON se veut la dramatisation fictionnelle d’une affaire criminelle ayant défrayé la chronique entre juin 1962 et janvier 1964. Durant ce laps de temps, treize femmes ont été agressées sexuellement et assassinées à Boston. Elles étaient d’âge variable (entre 19 et 85 ans), appartenaient à des groupes ethniques différents et vivaient dans différentes parties de la ville. La plupart ont laissé entrer sans méfiance leur meurtrier dans leur appartement. L’affaire, qui piétine, trouve son terme fin octobre 1964 lorsqu’un homme agresse une jeune femme mais la laisse en vie. Son témoignage mène à Albert DeSalvo qui, emprisonné pour viol, attire les soupçons de son voisin de cellule, George Nassar, qui le suspecte d’être l’Etrangleur. DeSalvo finit par l’avouer à son avocat mais ne sera jamais jugé pour ses crimes. Il est, par contre, condamné à la perpétuité pour divers viols commis quelques années auparavant sous l’alias du « Measuring Man ». DeSalvo est finalement assassiné à son tour par d’autres détenus (jamais identifiés) en 1973. Depuis, la culpabilité de DeSalvo a été grandement remise en question et d’autres pistes ont été évoquées (plusieurs tueurs sont envisagés, parmi lesquels Nassar lui-même).

Le film de Richard Fleisher, réalisé en 1968, choisit cependant d’illustrer la thèse officielle et d’attribuer à DeSalvo l’entière paternité des crimes. Cette affaire avait déjà inspiré LE TUEUR DE BOSTON de Burt Topper, sorti en 1964, dans lequel Victor Buono personnifiait l’Etrangleur. Néanmoins, si le film de Topper (visible en dvd zone 2 chez Artus Films) possède quelques qualités, il ne peut aucunement rivaliser avec celui de Fleisher, lequel réinvente le « film policier » en optant pour une approche quasiment documentaire et méthodique.

Si L’ETRANGLEUR DE BOSTON accorde une large part à la crédibilité de l’investigation, il n’en oublie pas pour autant de modifier certains faits et en dramatisent d’autres pour rendre l’ensemble plus palpitant. On note, en particulier, cette morsure laissée par une victime de DeSalvo sur sa main qui permettra à la police de le confondre. Une pure invention de scénariste. De même la seconde moitié du film, qui voit l’impeccable Tony Curtis prendre peu à peu conscience de sa nature schizophrène et de son implication dans les meurtres est aussi efficace cinématographiquement qu’inexacte historiquement. Dans la réalité, DeSalvo confessa fièrement être l’assassin et aucune des scènes psychanalytiques (parfois un peu faciles mais indéniablement effectives) n’a la moindre base réelle.

Pourtant, même s’il se permet de nombreuses libertés avec les faits (avérés ou simplement supposés), L’ETRANGLEUR DE BOSTON demeure un modèle du thriller basé sur les investigations d’un policier opiniâtre et héroïque (là aussi un aspect, apparemment, grandement exagéré, le véritable enquêteur étant plutôt un incapable dépassé par les événements) décidé à coincer un tueur en série. L’enquête, bien menée et passionnante, insiste sur les difficultés à coincer un coupable, les seules options étant de s’en remettre à la chance ou au paranormal, comme en témoigne le recours à un médium, Peter Hurkos.

Joué par George Voskovec, ce « détective psychique » renommé s’est attribué la résolution de 27 affaires criminelles, quoique les sceptiques remirent, par la suite, en doute sa réelle contribution dans ces diverses enquêtes. Lors de l’affaire de l’Etrangleur, Hurkos passa effectivement quelques temps à Boston mais s’avéra incapable d’établir l’identité du coupable. Il fut par contre condamné pour avoir s’être mêlé à l’enquête déguisé en policier, une manière sans doute commode d’obtenir des renseignements ensuite attribués aux esprits. Cependant, L’ETRANGLEUR DE BOSTON le présente sous un jour positif et capable de diverses prouesses, parfois humoristiques comme lorsqu’il confond un policier arrivé en retard au travail après avoir pris du bon temps avec sa petite amie. Une autre scène humoristique survient lorsqu’un suspect, amené au commissariat, avoue être non pas le tueur recherché mais bien un véritable « dragueur en série » ayant couché avec plus de cinq cents femmes en quelques mois, à la stupéfaction des détectives pressés d’obtenir son infaillible méthode.

De manière plus sérieuse, le film traite aussi des milieux interlopes et de la façon quasi systématique des forces de l’ordre d’accuser les voyeurs et, surtout, les homosexuels de tous les crimes sexuels perpétrés dans la ville. En dépit des contraintes de la censure, le long-métrage détaille également, de manière suggérée, les divers crimes dont s’est porté coupable d’Etrangleur.

Visuellement, le long-métrage s’avère remarquable par son utilisation du split-screen utilisé avec une rare efficacité, et ses choix radicaux, comme l’absence de véritable bande originale ou l’inclusion, dans le récit, d’images télévisées qui l’ancrent dans une réalité très palpable et un climat particuliers consécutif à l’assassinat de Kennedy. Outre l’excellent Tony Curtis (qui n’apparait qu’à mi-parcours), L’ETRANGLEUR DE BOSTON s’appuie sur les compositions sans reproche de George Kennedy et Henry Fonda.

Grande réussite, L’ETRANGLEUR DE BOSTON conduisit probablement le cinéaste à accepter d’autres biographies de personnages hors normes puisqu’il enchaina avec CHE (consacré à Che Guevara) et L’ETRANGLEUR DE LA PLACE RILLINGTON sur le serial killer anglais John Christie.
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Re: L'Etrangleur de Boston (Richard Fleischer - 1968)

Message par »

hellrick a écrit :DeSalvo finit par l’avouer à son avocat mais ne sera jamais jugé pour ses crimes. Il est, par contre, condamné à la perpétuité pour divers viols commis quelques années auparavant sous l’alias du « Measuring Man ». DeSalvo est finalement assassiné à son tour par d’autres détenus (jamais identifiés) en 1973. Depuis, la culpabilité de DeSalvo a été grandement remise en question et d’autres pistes ont été évoquées (plusieurs tueurs sont envisagés, parmi lesquels Nassar lui-même).
J'ai appris hier, juste après avoir découvert le film, que la culpabilité de DeSalvo ne fait désormais plus de doute depuis juillet dernier.

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hellrick
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Re: L'Etrangleur de Boston (Richard Fleischer - 1968)

Message par hellrick »

Mµ a écrit : J'ai appris hier, juste après avoir découvert le film, que la culpabilité de DeSalvo ne fait désormais plus de doute depuis juillet dernier.

http://www.lapresse.ca/international/et ... ts-adn.php
Merci de l'info :wink:
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Re: L'Etrangleur de Boston (Richard Fleischer - 1968)

Message par StateOfGrace »

Une vertigineuse plongée dans la banalité du Mal et dans la psyché perturbée d'un homme ordinaire. Le procureur général Bottomly, interprété par un Henry Fonda tenace et intègre, met tout en oeuvre pour arrêter l'homme qui terrorise Boston au cours de l'année 1962, étranglant des femmes seules.

Fleischer livre un film froid comme un constat, sec comme un couperet. Dans la première partie, très documentaire, il utilise avec brio le split screen, cette technique qui divise l'écran en plusieurs parties, permettant ainsi de suivre plusieurs actions simultanées. Avec un soin exhaustif, il décrit les errements de l'enquête et la succession des coupables potentiels.

Le cinéaste joue aussi avec l'ellipse, faisant l'impasse sur les meurtres et renforçant ainsi le pouvoir suggestif de ces derniers. Ainsi la caméra subjective adopte à plusieurs reprises le point de vue du tueur, distillant un malaise palpable.

Mais c'est dans la seconde partie du film que Fleischer laisse éclater son génie, à partir de l'arrestation d'Albert DeSalvo (Tony Curtis), un modeste ouvrier sur lequel planent de sérieux soupçons. Homme travailleur et père de famille en apparence tout ce qu'il y a de plus banal, il est en réalité un homme à la psyché scindée en deux, un individu ordinaire gangrené par de profondes pulsions de sexe et de mort. Tout l'art du cinéaste réside dans la façon de montrer comment Bottomly va faire craquer DeSalvo, ou plus précisément pénétrer dans son inconscient et révéler la scission en lui.

Entre les cloisons blanchâtres et immaculées d'une cellule d'hôpital calfeutrée, Fleischer filme alors le duel entre les deux hommes, une guerre d'usure psychologique où Fonda érode peu à peu les défenses de Curtis, en l'amenant avec finesse à reconnaître et mettre des mots sur son trouble psychique.

Ce jeu d'échec mental est porté à bout de bras par l'interprétation saisissante de Tony Curtis, qui donne corps à un monstre attachant, qui donne à voir de façon éblouissante le Mal qui rôde sous l'écorce ordinaire d'un homme comme il en existe des milliers.

Fleischer continuera trois ans plus tard son exploration des dédales d'une psyché dérangée avec l'Etrangleur de Rillington Place.

Un fabuleux diptyque sur la folie dans ce qu'elle a de plus terrifiant, quand elle est dissimulée sous le vernis de la respectabilité et le glacis du quotidien.
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Rick Blaine
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Re: L'Etrangleur de Boston (Richard Fleischer - 1968)

Message par Rick Blaine »

StateOfGrace a écrit : Fleischer continuera trois ans plus tard son exploration des dédales d'une psyché dérangée avec l'Etrangleur de Rillington Place.

Un fabuleux diptyque sur la folie dans ce qu'elle a de plus terrifiant, quand elle est dissimulée sous le vernis de la respectabilité et le glacis du quotidien.
Il faut penser triptyque, car il me semble qu'il ne faut jamais omettre Le génie du mal dans cette étude, film plus méconnu mais également très réussi qui aborde également cette thématique. :wink:
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Re: L'Etrangleur de Boston (Richard Fleischer - 1968)

Message par StateOfGrace »

Rick Blaine a écrit :
StateOfGrace a écrit : Fleischer continuera trois ans plus tard son exploration des dédales d'une psyché dérangée avec l'Etrangleur de Rillington Place.

Un fabuleux diptyque sur la folie dans ce qu'elle a de plus terrifiant, quand elle est dissimulée sous le vernis de la respectabilité et le glacis du quotidien.
Il faut penser triptyque, car il me semble qu'il ne faut jamais omettre Le génie du mal dans cette étude, film plus méconnu mais également très réussi qui aborde également cette thématique. :wink:
Merci Rick Blaine pour cette précision. Je n'ai jamais vu Le génie du mal, mais ce dernier film me tente bien
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Re: L'Etrangleur de Boston (Richard Fleischer - 1968)

Message par The Eye Of Doom »

Pas complètement convaincu par cet Étrangleur de Boston.
Le film a de grandes qualités.
Sa structure et ses partit pris narratifs:
Deux moitiés quasi égales, assez différentes.
La première est singulière: elle est le récit répétitifs de la découvertes du corps des victimes d'un côté, série qui semble sans fin, et présentation de quelques suspects, du pervers de bas étage au malade mental, en passant par les usuels suspects Gay. Le plus surprenant est qu'il n'y a pas d'enquête (à part l'épisode comique du médium, réussi mais qui dénote dans le contexte) il n'y a pas d'indices mais ont peut pas dire qu'il y a des recherches d'indices, de recherche de profils, d'analyse des mouvements,... on a un constat d'impuissance pure et simple ce qui cumulé avec le rythme séc des meurtres amène l'ensemble vers un côté surnaturel.
La seconde partie est le récit âpre et douloureux de la destruction d'un homme malade et innocent. Le meurtrier est entrevu mais reste hors du récit in fine. Sans âme, sans motivation visibles (il agirait selon des pulsions sexuelles mais celles ci sont en fait peut vues à l'écran, de même aucun meurtre ne sera vu), c'est une "absence" qui nous est présentée.
Tout la fin du film vas dans ce sens puisque c'est ce vide que l'on cherche à approcher. Les séances entre Fonda et Curtis sont le meilleur du film. Quête collective pour 1) reconnaître l'existence de cette absence 2) tenter de la combler.
Contrairement à ce qu'évoque StateOfGrace, il n'y a pas duel mais collaboration.

Tout cela dit, pourquoi mes réserves ? Premièrement, le split screen. L'utilisation n'est pas toujours convainquante. Par exemple, plusieurs fois on voit le corps de la victime d'un côté et les personnes qui vont le découvrir de l'autre. Intérêt narratif limité et processus répétitif. Plus convainquant quand il s'agit de rendre compte des réactions multiples, ou restituer plusieurs points de vue sur la scène
Second point, l'interprétation de Tony Curtis ou plutôt la mise en scène. Les plan ou Curtis se regarde dans un miroir ou les plans sur ses yeux vitreux m'ont paru maladroits, encore une fois répétitifs, et pour tout dire ratés. J'ai trouvé cela faible par rapport au niveau du reste de la mise en scène.
Le plus beau plan est le premier présentant le tueur.
Spoiler (cliquez pour afficher)
On le voit recroquevillé dans son fauteuil dans son salon regardant au loin la télé. Aucun doute, c'est le criminel recherché, homme banal mais angoissé, a cent lieux des pervers, malades ou brutes que cherche la police. On se rapproche et par un mouvement tournant on aperçoit la cuisine et une femme plutôt belle, en train d'œuvrer. À peine entrevue, c'est l'éruption d'enfants joueurs dont une fillette qui vient demander à son père pourquoi il es triste.
On ne peut croire un instant que cet homme simple, père de famille aimant soit un fou sanguinaire. En effet la suite nous confirmera qu'il ne l'est pas.
Plan remarquable car tout est dit.
Je n'ai par contre pas compris le sens du texte final sur la lutte contre la violence qui n'a pas commencé. De quoi parle t'on ? Du dépistage des schizophrènes ? Alors pourquoi parler de violence en général? À la fin des années 60, la violence aux USA n'est malheureusement pas que le fait de malades mentaux.
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