Des plombes que je n'étais pas tombé sur une image des Pagnol, grand souvenir de mes soirées télévisuelles d'enfance. Voilà que je scotche depuis quelques minutes sur Fanny, en ce moment sur F3... Et si je me délecte des performances de Raimu, Fresnay et Charpin, je manque de m'étrangler à chaque apparition de l'épouse du Marcel : Orane Demazis, dont le surjeu repousse certaines limites en la matière.
Des défenseurs de la miss ici ?
D'autres exemples d'actrices "imposées" par leur réalisateur de mari et qui ne font pas forcément bonne figure au milieu du casting (je pense personnelement à Vera Clouzot ou Solveig Donmartin) ?
Tear me apart and boil my bones
I'll not rest till she's lost her throne
My aim is true
My message is clear
It's curtains for you
Elizabeth my dear
On peut le penser... mais en revoyant et revoyant les films, ça finit par le faire. C'est un style.
Moi, elle me fait marrer : on dirait une de mes grands-mères jeune (là, j'ai carrément honte ! )
Quant à surjouer, on peut dire la même chose de Raimu ou de Charpin ! Par ailleurs, le texte de Pagnol n'évite pas, parfois, une certaine grandiloquence (surtout dans les moments d'émotion).
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
Je ne supporte déjà pas sa voir et c'est vrai qu'elle en fait trop. Et pas à la manière de Charpin ou Raimu auxquels Comissaire Juve la compare car il s'agit peut-être de cabotinage mais surtout de jeu d'acteur. Pour moi, Orane Demazis ne sait absolument pas jouer.
"Et puisqu'on me le demande je le crie bien haut :
JE JOUE MAL-EU !!!"
Sérieusement, son jeu outré me paraît difficile à apprécier aujourd'hui, surtout face à des monuments tels que Raimu et Fresnay. "Paaaaarrrrs, Maaaaaarrrius". Et j'avoue avoir aussi un peu de mal avec Véra Clouzot, surtout dans Les Diaboliques, mais là encore, elle n'est entourée que par des bêtes de jeu.
Moi, je persiste à dire que c'est un genre : un genre de "beauté", un genre de jeu... on aime ou on aime pas !
Même dans la vraie vie, on peut trouver des gens comme ça.
Sinon, Raimu qui nous fait : "C'est un bô petit... il est bô... il est bôôô... il est bôôôôô !" Si c'est pas en faire des tonnes ; je m'appelle Monsieur Brun !
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
- Marius
- Fanny
- César
- Manon des Sources
- Ugolin
Et... rayon qualité... heu ! On n'est pas loin des collectors des Editions Montparnasse : joli coffret, suppléments sympa*, mais restauration assez (voire "très") décevante.
*adj invariable selon mon édition du Robert !
EDIT : bien des années plus tard (2012), je pense qu'on a été sévères avec le coffret de la trilogie. Comparé au tout-venant des éditions DVD des films français des années 30, on se situait plutôt dans le haut du panier.
Dernière modification par Commissaire Juve le 29 oct. 12, 16:13, modifié 2 fois.
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
j'ai toujours été un fan d'orane demazis, dans tous ses films des années 30. mais le fait de revoir sur fr3 la trilogie de pagnol (vu à chaque rediff) ne me lasse pas de son personnage. sa performance notamment dans "fanny" est celle d'une très grande tragédienne antique. on la croirait sortie d'un drame de sophocle. elle aurait fait une émouvante antigone ou iphigénie. elle a un don du sacrifice porté à l'absolu.
on ne peut pas dire qu'elle soit très jolie mais son visage est très expressif, et cette coupe !! c'est son coté "jeanne balibar". quand au fait qu'elle joue faux, je ne sais pas. je ne sais pas ce que ça veut dire. moi, en tout cas je suis ému devant cette actrice comme devant dita parlo ou janet gaynor (ce sont les premiers noms qui me viennent à l'esprit).
voilà.
cette trilogie est un monument du cinéma français. du vrai mélo à l'ancienne comme on en fait plus.
Sans être un fan de la Dame, je dois reconnaître que son jeu difficile à qualifier porte irrémédiablement vers un sentiment d'engagement tel que j'ai du mal à imaginer quelqu'un d'autre dans le rôle... et cette déclamation si particulière ne dénote pas au milieu de tous ces grands comédiens qui cabotinent jouissivement.
Finalement, quoi qu'on en dise, elle a marqué cette interprétation de sa personnalité avec ses moyens qui ne sont en rien indignes.
Et comme le dit avec beaucoup de justesse Le Commissaire: "ça finit par le faire!"
Je rejoins vivian pour le côté "Tragédienne antique" de Orane Demazis.
Même si ce côté "surjoué" peut en rebuter certains, j'avoue qu'elle parvient tout de même à m'émouvoir et cela ne me gêne pas plus que cela.
A noter que la copie d'hier était nettement meilleure que le premier volet, Marius, qui lui était limite inaudible.
Commissaire Juve, si tu dis encore du mal de notre Brando français (Raimu, acteur génialissime), je m'en vais te fabriquer un bateau à-la-Monsieur-Brun et te lâcher dans le vieux port.
EXTRAITS DE PRESSE: Les articles de Gérard Bauër et de Pierre Brisson
L’OPINION, du 15 juillet 1922
"Un autre sujet a montré un tempérament vif et saisissant: Melle Orane Demazis qui donnait le rôle de Blanche dans Les Corbeaux. Sa voix n’est pas toujours bonne: elle grimpe soudainement et finit dans les notes aiguès; mais elle a de l’ardeur et de l’emportement: on ne lui a donné qu’un accessit, ce qui a pau mince. Peut-être le jury a-t-il voulu décourager une élève dont le physique n’est pas bon. C’est une fausse optique de juger que toutes les comédiennes doivent être grâcieuses ou belles. Les plus célèbres ne le furent pas toujours. Puis il faut des femmes pour jouer des rôles de composition comme au naturel, sans avoir précisément à les composer. Il serait juste que M. Gémier prît cette élève sous sa coupe, lui donnât les rôles qui lui conviennent et la perfectionnât: son mérite et son talent sont réels." Gérard Bauër
LE TEMPS, du 10 juillet 1922
"Melle Orane Demazis (1er accessit) s’est fait remarquer par ses rares qualités d’émotion et par sa puissance pathétique. A vrai dire, elle est desservie par une physionomie ingrate; elle manque de séduction, mais en elle frémit une sensibilité ardente et impérieuse. Elle s’est présentée dans le rôle de Blanche, des Corbeaux. La scène d’explication du troisième acte entre Blanche et la mère de son fiancé est une des plus cruelles de l’ouvrage. Melle Orane Demazis nous en a fait sentir la tragique beauté. Elle a traduit les affres de la jeune fille abandonnée, sa terreur, son désespoir, son amertume, sa fureur vindicative, et finalement sa faiblesse égarée, avec une force, une sincérité et surtout une simplicité tout à fait émouvantes. Certains de ses cris semblaient vraiment jaillis du fond de l’être." Pierre Brisson
Memento a écrit :Commissaire Juve, si tu dis encore du mal de notre Brando français (Raimu, acteur génialissime), je m'en vais te fabriquer un bateau à-la-Monsieur-Brun et te lâcher dans le vieux port.
Oooh, malheureux ! Comparer Raimu à Brando ! Qu'est-ce que c'est que cette fantasmagorie de jobâââstre ???
Mais je l'adore, moi, Raimu... Mais c'est vrai qu'il en fait des tonnes (pour mon plus grand plaisir).
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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