Avec The Last Sunset, il n'en était pourtant pas loin : un beau mélodrame westernien.Federico a écrit : qu'un Aldrich se lançant dans le mélodrame flamboyant (quoi que ça aurait pu être rigolo).
Douglas Sirk (1897-1987)
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Re: Douglas Sirk (1900-1987)
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Re: Douglas Sirk (1900-1987)
Ah oui, bien vu, je l'avais oublié celui-là ! En plus, il y a Rock Hudson, Dorothy Malone et... Douglas Kirk.Jeremy Fox a écrit :Avec The Last Sunset, il n'en était pourtant pas loin : un beau mélodrame westernien.Federico a écrit : qu'un Aldrich se lançant dans le mélodrame flamboyant (quoi que ça aurait pu être rigolo).
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Re: Douglas Sirk (1900-1987)
Peut-être en attendais-je un peu trop, en tout cas ce n'est pas (à mon avis) le chef-d’œuvre escompté. C'est quand même une réussite, hein. Mais le film me semble souffrir de vraies longueurs (les deux heures paraissent en durer une de plus) et d'un défaut vraiment frustrant : celui d'être trop riche et ambitieux, en définitive. En effet l'histoire brasse différentes intrigues et thématiques toutes intéressantes et prometteuses sur le papier (racisme, conformisme, opportunisme, égoïsme, etc), mais leur entrelacement scénaristique bute sur un développement trop inégal : si la relation entre Sarah Jane et sa mère noire bénéficie des meilleurs moments du film, on ne peut pas forcément en dire autant des éléments relatifs à l'absence de la carriériste Lora aux yeux de sa fille, qui pourtant est le pendant asymétrique du conflit racial. Le film se construit principalement sur ce miroir à deux faces, chacune se miroitant dans l'autre, or je ne trouve pas forcément le film très équilibré, très fluide dans ce jeu permanent de reflets. Mon sentiment à l'issue de la découverte était que le film était composé de certaines scènes et idées remarquables, mais que leur agencement global était d'une réussite inconstante : la première demi-heure (la rencontre sur la plage, la manière subtile de poser le désamour de Sarah Jane pour la couleur de sa mère, avec les poupées ou l'école, les difficultés de Lora à trouver du travail, son refus de se prostituer pour percer...) est ainsi nettement plus intéressante et habile que la seconde qui lui succède, ronronnant un peu dans son saut dans le temps factice, ses amourettes indécises et son luxueux American way of life dûment acquis que Sirk a souvent égratigné, mais dont la représentation m'a cette fois-ci semblé moins féroce que dans un Écrit sur du vent. Le fait est que John Gavin joue très bien les bûches et que le personnage coquet de Susie m'a semblé très peu fouillé (et péniblement interprété), comme condamné à subir l'étroitesse d'une place finalement superficielle dans le cours du récit là où sa meilleure amie métisse capte systématiquement l'intérêt et les feux de la caméra. C'est d'ailleurs lorsqu'elle se prend une dérouillée par son petit ami que l'intrigue redémarre. Avec toujours ce constat : c'est la relation complexe entre Sarah Jane et Annie qui tire sans cesse le film vers le haut. C'est une relation mère-fille très inhabituelle (cette idée de la fille blanche en apparence et qui cherche à être Blanche est franchement géniale) et que le réalisateur traite avec beaucoup d'habileté, malgré l'agaçant sourire angélique greffé sur le visage de Juanita Moore et une fin assez lourde dans le pathos (après on y adhère ou pas, mais je trouve que là, ça n'y va pas avec le dos de la cuillère). Dans les scènes entre la mère noire et sa fille, on retrouve la méchanceté et la dureté psychologique du Sirk des grands jours. Le regard est sévère également pour le personnage de Lana Turner, mais c'est surtout dans son évocation du racisme intime que Mirage de la vie frappe où ça fait mal. Mention spéciale à l'incandescente Susan Kohner (qui m'a fait penser à Miss Nobody... enfin, à Natalie Wood... enfin, vous comprenez quoi ). Elle a un beau personnage. Lana Turner se montre également plutôt très convaincante dans un rôle difficile, d'abord empathique puis ensuite agaçant d'égocentrisme.
Question mise en scène, c'est toujours un régal. S'il n'a pas son génie visuel (cette faculté de trouver des images fortes pour raconter une histoire), Sirk partage en revanche du Hitchcock de la même époque un même brio plastique. La photo de Russell Metty est à nouveau à tomber et magnifie un style vestimentaire et décoratif qui semble rétrospectivement assez irréel. J'étais en territoire connu mais ce qui m'a interpellé cette fois-ci, c'est la manière dont Sirk orchestre souvent son plan de telle sorte que les couleurs dominantes dans les décors trouvent un écho dans les couleurs des vêtements portés par les personnages. Ça m'a rappelé le travail esthétique de Demy et je me demandais s'il avait déjà cité Sirk comme influence, tant ça me paraît manifeste.
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Re: Douglas Sirk (1900-1987)
Je te rejoins dans la "petite" déception.
C'est quasiment le "classique" que j'aime le moins de sa grande période. Même pas sûr qu'il fasse mon top 10 Sirk... ou de justesse.
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Re: Douglas Sirk (1900-1987)
Quelles sublimes captures! Tout cela me rappelle que j'ai une critique inachevée de ce film qui dort dans mon ordi depuis un moment.
Pas mon favori de Sirk non plus mais un adieu tout de même éclatant à Hollywood.
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Re: Douglas Sirk (1900-1987)
Sirk a notoirement inspiré des cinéastes tels que Fassbinder et Almodovar (je pense qu'on pourrait facilement allonger la liste de ses tributaires en commençant par Ozon*). J'ignore si ce fut le cas de Demy mais c'est hautement probable.Demi-Lune a écrit :Mirage de la vie (1959)
Ça m'a rappelé le travail esthétique de Demy et je me demandais s'il avait déjà cité Sirk comme influence, tant ça me paraît manifeste.
(*) Si je n'avais pas peur d'écrire une khônerie, j'ajouterai aussi Minnelli et même Lynch...
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Re: Douglas Sirk (1897-1987)
Je l'avais vu à l'occasion d'une reprise en salle de certains titres de Sirk, et je ne peux pas dire que je sois sorti de la séance particulièrement emballé.
Cela dit, je ne suis pas certain d'être emballé en général par la production de Sirk dans le genre.
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Re: Douglas Sirk (1900-1987)
Il s'y est quand même essayé:Federico a écrit :Aldrich se lançant dans le mélodrame flamboyant (quoi que ça aurait pu être rigolo)
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Re: Douglas Sirk (1897-1987)
Eh bien, je suis étonné de voir que ce film a autant de détracteur, personnellement je l'ai trouvé bouleversant, renversant de beauté et Sirk aborde avec finesse des thèmes essentiels. En gros j'avais été complétement emballé, même si ça n'est pas mon Sirk préféré (je lui préfère un poil Tout ce que le ciel permet).
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Re: Douglas Sirk (1897-1987)
Je plussoie, une oeuvre majeure de Sirk pour ma part.Bcar a écrit :Eh bien, je suis étonné de voir que ce film a autant de détracteur, personnellement je l'ai trouvé bouleversant, renversant de beauté et Sirk aborde avec finesse des thèmes essentiels. En gros j'avais été complétement emballé, même si ça n'est pas mon Sirk préféré (je lui préfère un poil Tout ce que le ciel permet).
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Cela dit, est-ce que ça t'arrive d'être emballé par le genre, tout simplement ?Lord Henry a écrit :Je l'avais vu à l'occasion d'une reprise en salle de certains titres de Sirk, et je ne peux pas dire que je sois sorti de la séance particulièrement emballé.
Cela dit, je ne suis pas certain d'être emballé en général par la production de Sirk dans le genre.
Sinon Feuilles d'Automne c'est un rudement bon Aldrich en fait et un excellent mélo' "psychanalitique". Beau souvenir de la cinémathèque où on se rendait bien compte de la force de quelques gros plans et d'une superbe et dramatique photo noire et blanc dans un film.
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Re: Douglas Sirk (1897-1987)
C'est un peu curieux comme question. Comme si le mélodrame se réduisait à la filmographie de Sirk.francesco a écrit :Cela dit, est-ce que ça t'arrive d'être emballé par le genre, tout simplement ?Lord Henry a écrit :Je l'avais vu à l'occasion d'une reprise en salle de certains titres de Sirk, et je ne peux pas dire que je sois sorti de la séance particulièrement emballé.
Cela dit, je ne suis pas certain d'être emballé en général par la production de Sirk dans le genre.
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Re: Douglas Sirk (1897-1987)
Non, non, mais j'avais cru remarquer qu'en général c'était un genre qui te ne goutais pas particulièrement, donc ça me semblait normal de ne pas non plus aimer ceux de Sirk (c'était plutôt dans ce sens là).Lord Henry a écrit :C'est un peu curieux comme question. Comme si le mélodrame se réduisait à la filmographie de Sirk.francesco a écrit : Cela dit, est-ce que ça t'arrive d'être emballé par le genre, tout simplement ?
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Re: Douglas Sirk (1897-1987)
Pour répondre plus précisément, je porte très haut le mélodrame lorsqu'il est illustré comme ceci:
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Re: Douglas Sirk (1897-1987)
C'est à dire quand il est traité comme un film noir, finalement, ce qui rend effectivement les choses intéressantes, remarque, surtout quand ça tourne autour de Crawford (la Possédée ou L'Esclave du Gang, miam, miam ...) mais ça biaise un peu la pureté générique quand même, à mon sens. On ne pleure pas vraiment devant Mildred Pierce ... ou si (mort de la petite fille ? pour moi c'est le moins bon moment d'ailleurs du film et surtout de la performance de Crawford chérie) ?Lord Henry a écrit :Pour répondre plus précisément, je porte très haut le mélodrame lorsqu'il est illustré comme ceci:
Enfin c'est quand même du superbe Women's picture !
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