Passons sur l'éternel conflit intérieur qui se joue lors de la découverte d'un film que l'on souhaite découvrir depuis longtemps, fait de frustrations ou d'intenable jubilation, il y a de façon évidente dans ce film de nombreuses qualités qui le rendent immédiatement attachant (la longue et pénible remontée du fleuve entre le Honduras et le Guatemala, prétexte à de merveilleux plans sur la faune et la flore, renvoyant à d'autres productions "rousseauistes" de Benedict Bogeaus, notamment avec Allan Dwan, la tension qui va crescendo entre les différents acteurs de cette aventure donnant l'occasion à Tourneur d'observer le délitement moral de ces personnages confrontés à la cupidité, au mensonge ainsi qu'à une nature hostile), pourtant là où certains voient dans l'interprétation de Glenn Ford une intériorité nécessaire à l'accomplissement de son aventure, je suis plutôt resté sur ma faim, regrettant une distance presque coupable du réalisateur avec ses personnages qui semble avoir du mal à les faire exister avec conviction.
Mention spéciale néanmoins à Rodolfo Acosta dans le rôle du chef des prisonniers, peut être aussi parce que son personnage, avec celui de Glenn Ford est le plus insaisissable et présente un caractère complexe.
On l'avait déjà vu chez Boetticher (Le traître du texas) dans le rôle du général Escobar et on le retrouvera dans Tornade d'Allan Dwan, interprétant Salvator Sandro.
Enfin, comme souvent chez Tourneur, le travail sur le son est remarquable, notamment ce grouillement de la faune et le bruit du vent qui serpente dans la jungle nous fait totalement oublier que le film a, en grande partie, été tourné dans le Los Angeles county arboretum.
Les inconditionnels de Tourneur y trouveront sans difficulté leur compte et quoiqu'il en soit Les révoltés de la Claire Louise mérite mieux que l'oubli dans lequel il est condamné depuis trop longtemps.
