Anthony Mann (1906-1967)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Répondre
Jack Uzi
Doublure lumière
Messages : 367
Inscription : 14 janv. 04, 09:29
Localisation : dans mon bain

Re: Oui + commentaire comparatif

Message par Jack Uzi »

francis moury a écrit :
La thématique de Ridley Scott semble donc relever, du moins dans ses meilleurs films, fondamentalement du cinéma fantastique - depuis son premier film DUELLISTES (1977) qui était déjà la stricte relation, glacée et objectivement impressionnante, de la perversité meurtrière d'un psychopathe terrifiant, d'après une nouvelle de Conrad dont l'un des thèmes favoris est le mal et l'angoisse voire l'épouvante qu'il provoque - et persister formellement quelque soit le genre qu’il illustre ponctuellement.
Si on se borne à mettre en évidence ce seul morceau de la phrase de Francis (celui qui est directement lié à Conrad et non au film de Scott), je ne vois guère de raison de se formaliser...
Mais bon, je n'ai pas lu tout Conrad. :wink:
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99608
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Oui + commentaire comparatif

Message par Jeremy Fox »

Jack Uzi a écrit :
francis moury a écrit :
La thématique de Ridley Scott semble donc relever, du moins dans ses meilleurs films, fondamentalement du cinéma fantastique - depuis son premier film DUELLISTES (1977) qui était déjà la stricte relation, glacée et objectivement impressionnante, de la perversité meurtrière d'un psychopathe terrifiant, d'après une nouvelle de Conrad dont l'un des thèmes favoris est le mal et l'angoisse voire l'épouvante qu'il provoque - et persister formellement quelque soit le genre qu’il illustre ponctuellement.
Si on se borne à mettre en évidence ce seul morceau de la phrase de Francis (celui qui est directement lié à Conrad et non au film de Scott), je ne vois guère de raison de se formaliser...
Mais bon, je n'ai pas lu tout Conrad. :wink:
Mais justement c'était par rapport à la nouvelle et l'oeuvre de Conrad que je réagissais (mais comme le film est très fidèle, c'est valable aussi pour lui).

Je ne me formalise cependant pas :wink:
francis moury
Lanternarius Asensioniste
Messages : 1146
Inscription : 6 mars 04, 18:19

Pschopathologie et littérature du mal

Message par francis moury »

En guise de réponses à Jérémy sur le thème du mal chez Conrad :

Le personnage interprété par Harvey Keitel dans DUELLISTES est un psychopathe qui utilise l'usage social du duel pour assouvir son désir de tuer et c'est une incarnation réaliste du mal autant que de la folie, tout comme le Kurtz d'AU COEUR DES TENEBRES qui a inspiré Coppola.

Et ce sont tous deux des psychopathes d'autant plus dangereux et angoissant qu'il sont intégrés au coeur de la société, fonctionnellement. Le personnage de Keitel ne transgresse ses usages qu'aux yeux du seul homme qui découvre la vérité sur lui : sa victime. Il sait la mettre de son côté pour satisfaire son goût du meurtre... Quant à Kurtz il la transgresse nettement plus et devient un marginal absolu, un démiurge, en marge même du bien et du mal, quoique reconnu définitivement mauvais par les autres à mesure qu'on approche de lui.

De tels personnages relèvent de la littérature du mal (pour reprendre le titre d'un volume d'articles de Georges Bataille) et on sait que les thèmes du mal et de la folie sont des thèmes-clés du cinéma fantastique le plus pur.

Pas besoin d'évoquer le médiocre SILENCE DES AGNEAUX, cette grosse machine laborieuse, cher Jeremy... qui n'a aucun rapport avec les deux personnages ci-dessus ni avec leur traitement esthétique ou thématique.
"Felix qui potuit rerum causas cognoscere "
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99608
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Message par Jeremy Fox »

Pour Kurtz OK mais tu en fait l'une des thématiques principales de l'oeuvre de Conrad et là je ne pense pas (je suis certain même) que ça le soit.

Harvey Keitel en psychopate, il faudrait que je revoie le film mais je ne l'ai jamais compris de la sorte. En tout cas il est clair que dans la nouvelle, il n'en est rien.
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99608
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Pschopathologie et littérature du mal

Message par Jeremy Fox »

francis moury a écrit :
Pas besoin d'évoquer le médiocre SILENCE DES AGNEAUX, cette grosse machine laborieuse, cher Jeremy... qui n'a aucun rapport avec les deux personnages ci-dessus ni avec leur traitement esthétique ou thématique.
Mais en te lisant, on aurait pu croire que Duellistes était un thriller, c'est pour ça que j'ai sorti lourdement cette artillerie :wink:
francis moury
Lanternarius Asensioniste
Messages : 1146
Inscription : 6 mars 04, 18:19

Et même TYPHON

Message par francis moury »

Même le typhon - un phénomène objectif, nullement surnaturel mais bien épouvantable et source d'angoisse de mort - qui donne son titre au court roman de Conrad TYPHON, ce chef-d'oeuvre, relève d'une esthétique semblable. Il y a dans les meilleurs oeuvres de Conrad une esthétique et une thématique profondément fantastiques. C'est pour moi l'aspect le plus séduisant de son oeuvre.
"Felix qui potuit rerum causas cognoscere "
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99608
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Message par Jeremy Fox »

Oui mais Francis, tu vois du fantastique de partout et j'ai souvent du mal à te suivre dans cette voie :lol:

:wink:
francis moury
Lanternarius Asensioniste
Messages : 1146
Inscription : 6 mars 04, 18:19

Re: Pschopathologie et littérature du mal

Message par francis moury »

Jeremy Fox a écrit :
francis moury a écrit :
Pas besoin d'évoquer le médiocre SILENCE DES AGNEAUX, cette grosse machine laborieuse, cher Jeremy... qui n'a aucun rapport avec les deux personnages ci-dessus ni avec leur traitement esthétique ou thématique.
Mais en te lisant, on aurait pu croire que Duellistes était un thriller, c'est pour ça que j'ai sorti lourdement cette artillerie :wink:
DUELLISTE progresse comme une révélation progressive de la nature de Keitel, d'abord occulte puis de plus en plus évidente. Dans la mesure où Douchet disait que la meilleure grille de lecture de Hitchcock était l'occultisme au sens de pure révélation d'un secret, on peut dire que DUELLISTE est un film hitchcokien et policier : on nous révèle progressivement que Keitel est un psychopathe criminel, un fou dangereux alors qu'au départ il semblait un soldat ordinaire imbu du code de l'honneur, attaché à une pratique en voie d'extinction... cette révélation fonde l'angoisse de plus en plus forte provoquée chez le spectateur. De toutes manières, Coppola pour APOCALYPSE NOW comme Scott ici ont conçu clairement les deux films en question en suivant cette structure de voyage initiatique progressant dans le temps jusqu'à la révélation finale. À noter qu'une fois le secret des deux personnages atteint, révélé, ils meurent... un peu comme le vampire exposé à la lumière se dissout. Structure éminemment freudienne...
Mais enfin revenons peut-être à GLADIATOR ou à Scott ou à Mann puisque "Conrad au cinéma" est un peu annexe à ce débat et pourrait être le thème d'un nouveau et beau débat.
"Felix qui potuit rerum causas cognoscere "
francis moury
Lanternarius Asensioniste
Messages : 1146
Inscription : 6 mars 04, 18:19

Message par francis moury »

Jeremy Fox a écrit :Oui mais Francis, tu vois du fantastique de partout et j'ai souvent du mal à te suivre dans cette voie :lol:

:wink:
Oui c'est exact :) mais mon message écrit pendant que tu postais le tien éclairera peut-être un peu plus mon point de vue sur la nature de ce qui peut être envisagé comme "fantastique" au cinéma. Autre vaste débat sur lequel je te renvois à "Pour une approche du cinéma fantastique" - l'essai en forme de dialogue préliminaire à "Pour un musée du cinéma fantastique" que Sabatier à si bien écrit. On y trouve cette belle formule que je cite de mémoire : "Il est parfois bien difficile de trancher ce qui relève du fantastique dans l'oeuvre d'un Welles, d'un Fuller, d'un Mizoguchi, etc."... mais Sabatier a intégré certains films "policiers" de Hitchcock ou Bava dans sa sélection, et ses arguments m'ont toujours paru fondés... 8)
C'est en m'inspirant de sa pensée que j'ai recherché ce qui me séduisait dans certains films de Scott et que j'ai écrit cette petite "note de synthèse".
"Felix qui potuit rerum causas cognoscere "
daniel gregg
Producteur Exécutif
Messages : 7030
Inscription : 23 févr. 04, 23:31

Message par daniel gregg »

Alex Blackwell a écrit :Le meilleur réal de westerns avec Ford à mon avis: difficile de faire un top five qui consiste souvent à classer les cinq films avec Stewart.

1. les affameurs
2. l'homme de la plaine
3. the far country (meilleur western tout court pour Lourcelles, critique souvent discuté ces derniers temps)
4. l'appat
5. winchester 73 mais c'est loin d'être sur: il faudrait que je revoie l'homme de l'ouest ou les tuniques bleues pour en être sûr.


revu recemment pour la enieme fois dans la super copie universal "BEND OF THE RIVER" devient a chaque nouvelle vision pour moi l'un des plus beaux representants de ce genre roi qu'est le western, James Stewart est au sommet de son art(et des montagnes, sublime paysages de l'Oregon !),suivEnt de tres pres "THE FAR COUNTRY" et "L'HOMME DE L'OUEST" pour leur qualites sommes et parce que la richesse et la complexite narrative est certainement ce qu'on afait de mieux dans les westerns avec les HAWKS, DAVES, TOURNEUR et FORD.
"THE NAKED SPUR" , "WINCHESTER 73" et "THE MAN FROM LARAMIE" figurent "juste" parmi les 30 meilleurs westerns de tous les temps , c'est dire en effet l'apport essentiel de ce realisateur au western...
Quand au fait de discute Lourcelles ce serait quand meme assez gonfle parce qu'il ne faudrait pas oublier qu'il a ( avec les autres grand cinephiles de l'apres guerre, ceux de Positif ,des Cahiers du cinema, du Nickel Odeon, du Mac-Mahon) grandement participe a nous faire decouvrir l'essentiel des films dont nous parlons regulierement en les ayant defendu et diffuses des les annees 50, il faut bien admettre que la cinephilie n'en serait certainement pas la sans eux !( et donc Lourcelles)
james
Assistant opérateur
Messages : 2092
Inscription : 8 nov. 03, 18:14

Message par james »

daniel gregg a écrit :
Alex Blackwell a écrit :Le meilleur réal de westerns avec Ford à mon avis: difficile de faire un top five qui consiste souvent à classer les cinq films avec Stewart.

1. les affameurs
2. l'homme de la plaine
3. the far country (meilleur western tout court pour Lourcelles, critique souvent discuté ces derniers temps)
4. l'appat
5. winchester 73 mais c'est loin d'être sur: il faudrait que je revoie l'homme de l'ouest ou les tuniques bleues pour en être sûr.


revu recemment pour la enieme fois dans la super copie universal "BEND OF THE RIVER" devient a chaque nouvelle vision pour moi l'un des plus beaux representants de ce genre roi qu'est le western, James Stewart est au sommet de son art(et des montagnes, sublime paysages de l'Oregon !),suivEnt de tres pres "THE FAR COUNTRY" et "L'HOMME DE L'OUEST" pour leur qualites sommes et parce que la richesse et la complexite narrative est certainement ce qu'on afait de mieux dans les westerns avec les HAWKS, DAVES, TOURNEUR et FORD.
"THE NAKED SPUR" , "WINCHESTER 73" et "THE MAN FROM LARAMIE" figurent "juste" parmi les 30 meilleurs westerns de tous les temps , c'est dire en effet l'apport essentiel de ce realisateur au western...
Quand au fait de discute Lourcelles ce serait quand meme assez gonfle parce qu'il ne faudrait pas oublier qu'il a ( avec les autres grand cinephiles de l'apres guerre, ceux de Positif ,des Cahiers du cinema, du Nickel Odeon, du Mac-Mahon) grandement participe a nous faire decouvrir l'essentiel des films dont nous parlons regulierement en les ayant defendu et diffuses des les annees 50, il faut bien admettre que la cinephilie n'en serait certainement pas la sans eux !( et donc Lourcelles)
Content de t'entendre parlez ainsi du genre western je suis très content et ne m'oublie pas non plus(mdr)james :wink:
je suis fana de ce genre ciné,je recherche et propose.merci
francis moury
Lanternarius Asensioniste
Messages : 1146
Inscription : 6 mars 04, 18:19

correction à DUELLISTE

Message par francis moury »

j'ai écrit plus haut : "ils meurent". On m'objectera que le psychopathe de DUELLISTE ne meurt pas à la fin du film de Scott.
Simplement il renonce - ce qui revient dramatiquement au même. Et renonçant, il quitte la scène - équivalence de la mort. Partir c'est mourir un peu... ne plus être là ni exercer une action quelconque dont serait passible le héros, enfin délivré.
À noter, pour filer la paraphrase de la thématique scottienne que le héros en question n'a pu se délivrer que par un apprentissage du rituel, du code permettant à l'autre d'exercer sa manie homicide et qu'il l'a retourné contre lui... un peu - mais métaphoriquement - comme un Van Helsing devant connaître les rites et codes du vampirisme pour le combattre à ses risques et périls.
Et que ce rituel était favorisé par les guerres napoléoniennes elles-mêmes et qu'il s'épuise avec elle. Ces guerres sont le milieu malsain où une telle aberration a pu se produire, s'étendre, exercer ses ravages une dernière fois dans l'histoire. La sortie du calvaire est pour le héros de DUELLISTES concomittante avec la fin des guerres napoléoniennes : Scott a procédé à une sorte d'identification du pervers soldat et des guerres dont il est l'instrument, identification aboutissant à un univers - unité spatio-temporel(le) monstrueux(se), élaborant déjà la figure centrale de l'engloutissement et de la résistance contre, de l'individu confronté au danger d'être avalé par une altérité terrifiante. Le héros de DUELLISTE - il faut enfin le noter - est à l'aise dans la guerre comme dans la paix de la Restauration : il devient administrateur local. Le pervers joué par Keitel, une fois la guerre achevée, devient un clochard marginal inapte à toute activité sociale ne fréquentant plus que quelques semblables dans la même situation, preuve par 2 de son déséquilibre absolu initial. Il faisait corps avec la guerre, n'existait que pour la guerre - et le duel qui est une guerre en microcosme - était la guerre incarnée au point qu'elle remplaçait toute autre idée ou but. La finalité de la guerre est la paix, mais celle de ce pervers-ci étant d'abord de tuer, il disparaît de la scène humaine avec la fin de la guerre, renvoyé au cauchemar dont il fut une grande figure.
"Felix qui potuit rerum causas cognoscere "
Alex Blackwell
Charles Foster Kane
Messages : 22026
Inscription : 13 avr. 03, 10:10
Localisation : into the sky, into the moon

Message par Alex Blackwell »

Si je devais refaire mon top, je pense que je remplacerai winchester 73 par the tin star. Quant à l'homme de l'ouest, j'espère le revoir bientôt mais sans payer le dvd car faut pas déconner non plus
Image

Night of the hunter forever


Caramba, encore raté.
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99608
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Message par Jeremy Fox »

Alex Blackwell a écrit :Si je devais refaire mon top, je pense que je remplacerai winchester 73 par the tin star.
:twisted: Ca suffit :wink:
Alex Blackwell
Charles Foster Kane
Messages : 22026
Inscription : 13 avr. 03, 10:10
Localisation : into the sky, into the moon

Message par Alex Blackwell »

Jeremy Fox a écrit :
Alex Blackwell a écrit :Si je devais refaire mon top, je pense que je remplacerai winchester 73 par the tin star.
:twisted: Ca suffit :wink:
De toute manière le dvdzone 2 sera sans doute aussi mauvais que celui de la poursuite infernale. Tordant, n'est-ce pas?

j'espère que le master du zone 2 de la poursuite est vraiment plus mauvais car sinon je vais perdre toute crédibilité à moins que cela ne soit déjà le cas
Image

Night of the hunter forever


Caramba, encore raté.
Répondre