Le cinéma japonais

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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bruce randylan
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Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

Ouais mais comme d'hab, ça va tomber pendant le festival Paris-Cinéma consacré à HK (80 films de prévus avec pas mal de rareté, le tout en 10 jours je crois ! :shock: ), le festival de Cannes ( première année pour moi :D ) et les rétro à la cinémathèque (fantastique français, Ulmer, Alain Cavalier, film noir italien).

Mais en effet, ça sera pas un marathon comme lors de l'été dernier avec l'ATG dont je viens de retrouver ça

La courtisane (Akio Jissoji - 1973)

Après avoir adoré à la tombée de la nuit, j'avais quelques appréhensions à découvrir d'autres films du cinéaste puisque des connaissances ayant assistées aux précédentes projections en parlaient comme des films terriblement abstraits et difficilement abordables pour qui n'a pas les clés de compréhensions (notamment Une vie éphémère).

Je me suis tout de même déplacé pour la courtisane (ne l'ayant pas trouvé en bootleg :mrgreen: ).
En effet, je n'ai pas compris grand chose à l'histoire si ce n'est les grandes lignes du synopsis : une courtisane abandonne le monde superficielle du pouvoir pour rentrer dans la religion.
En revanche, j'ai été subjugué du début à la fin par la virtuosité de la réalisation : il n'y a pas un plan qui ne soit terrassant de beauté.
Ca m'a un peu rappelé sur le principe Kiju Yoshida, à savoir une réalisation qui ne répète jamais deux fois le même plan avec un découpage et un rythme qui n'a rien de contemplatif. Le film est une succession de plans fixes mais la variété des prises de vues (cadrages, profondeur de champ, source de lumière, perspective, jeu sur le décor...) est d'un renouvellement créatif difficilement imaginable.
Il en sort une puissance sensorielle très intense qui accompagne l'évolution spirituelle de l'héroïne. L'image comme son décorum se fait de plus en plus épuré tandis que les sources de lumières naturelles sont plus présente pour ne pas dire omniprésente voire aveuglante. Ou comment passer visuellement d'un univers vide et creux à un monde de l'éveil, de la conscience et de la sérénité.

Autant dire que le film est hypnotique en "diable" parcouru par quelques chants religieux d'une grâce majestueuse. C'est peut-être aussi pour celà que j'ai pas tout compris à l'aspect narratif de la courtisane : les images sont à ce point sublimes qu'on a pas envie de lire les sous-titres.

Résultat, j'ai finit ce cycle ATG par l'un de ses titres les plus audacieux, stylisée, virtuose, intransigeant, exigent, entêtant, réfléchi... Bref l'un de ses plus cinégénique ! Un véritable chef d'œuvre du 7ème art qui utilise au mieux toutes les possibilités de son langage pour évoquer visuellement des sentiments de l'ordre de l'invisible et de l'inexprimable.

Bref désormais curieux de découvrir le reste de la filmographie de Jissoji (Une vie éphémère donc et son "adaptation" de Sade dont j'ai d'acheté le Mondo Macabro :) )
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Ikebukuro
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Ikebukuro »

Pour ceux que ça intéresse, je continue à traiter les grandes rétrospectives du cinéma japonais en France et voici celle de 1997 du centre Georges Pompidou (premier programme pour le moment)!
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Re: Topic naphtalinippon

Message par beb »

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Ikebukuro
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Ikebukuro »

Plus qu'une fascination pour les rétro passées, c'est une envie de ne pas voir disparaitre de "vieux" évènements du web car certains sont très peu documentés.
Je recherche par exemple des infos sur une expo de mangas qui a eu lieu à la fin de l'année 1970 à Paris, au Publicis St Lazare, et impossible de trouver quoi que ce soit... c'est comme mon post sur les Oiseaux de Meiji Jingu, rien de rien avant la sortie du box dvd! Maintenant c'est dispo pour "l'éternité"!!!!!

Et puis j'y ai vu le premier film de Tora san pour la première fois, ça te marque un cinéphile !
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Vieux parasite
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Vieux parasite »

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Les amateurs de la nouvelle vague japonaise connaissent-ils cet ouvrage ?
Y a-t-il d'autres lectures recommandables sur le sujet ?
beb
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Re: Topic naphtalinippon

Message par beb »

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gnome
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Re: Topic naphtalinippon

Message par gnome »

beb a écrit :il y a cette revue très intéressante mais qui date un peu quand meme :
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Une édition remaniée est sortie un peu plus tard, mais je ne l'ai jamais lue, voir topic ci-dessous :
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... =8&t=33099
J'ai l'édition spécifiée plus haut (couverture rouge) et elle est très très bien. Je m'y replonge très souvent !
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Anorya
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Anorya »

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Une page folle (Kinugasa - 1926).
Kurutta ippêji.

Un homme prend un job dans un asile afin de revoir sa femme emprisonnée qui sombra dans la folie suite à la perte de leur enfant...

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Le film est censé être un classique du muet japonais. Réalisé en 1926 par Teinosuke Kinugasa en collaboration avec le romancier (et donc ici scénariste) Yasunari Kawabata, il fut un succès inattendu à l'époque et ce, malgré la relative difficulté du film et l'approche constamment onirique qu'il privilégie pour montrer la folie de ses personnages. Pendant longtemps on le considéra comme perdu avant qu'il fut miraculeusement retrouvé en 1971 (caché sous un peau de fleur !) puis restauré par un Kinugasa encore bien vivant. Ce que j'ai vu était donc cette version en bon état avec une composition electro-accoustique de Satoru Wono qui m'a donné autant de fil à retordre que le film. J'aurais tendance à penser que comme aux premiers temps du cinéma Japonais, ce genre de film devrait être vu avec un conteur (un Benshi) qui réinterprète les images à sa manière et quelques bruits de fond ou mélodies mixées et rajoutées à l'ensemble. On se rapprocherait sans doute d'un certain idéal du cinéma Japonais d'après la première guerre mondiale.

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Le film n'ayant pas d'intertitres, la musique de Wono prend toute la place et s'avère assez pénible après 20 minutes. Puis hypnotique. Au bout de 30 minutes, je m'effondre d'un coup de barre monstrueux à force de tout le temps entendre la même mélopée ambiant en boucle pour les scènes liées à l'asile (et c'est un fan de musique électronique et ambiant qui dit ça). J'arrête un instant puis je met la 3e symphonie de Gorecki en fond, ça passe mieux. Visuellement et techniquement, Kinugasa fait preuve d'une grande maîtrise, alternant surimpressions, accélérés, scènes tournoyantes, jeux sur l'image. C'est parfois d'une grande beauté. Mais l'histoire ne suit pas. Je ne me suis senti que peu impliqué par ce brave homme cherchant à vouloir récupérer son épouse folle, laquelle parfois frôlait le surjeu quand ce n'était pas les autres patients. Cela m'a aussi rappelé des choses personnelles qui m'empêchaient d'adhérer pleinement à sa quête que je voyais dès le départ assez impossible, voire vaine (j'ai déjà visité un hopital psychiatrique...). Pour autant, il n'y a pas de deus ex machina ou de happy end qui survient brusquement comme à la fin du Dernier des hommes (qui m'avait profondément énervé justement à cause de ça :oops: ). Kinugasa choisit de finir son film sur une scène très humaine qui contient de très belles idées, obtenant une résignation en forme de sagesse inattendue par un jeu de masques japonais (donc une forme d'unité qui amène à la paix) et un geste de profond respect d'un des patients à l'égard de son personnage principal.

Même si je n'ai pas pleinement adhéré, je ne peux que reconnaître ses qualités de mise en scène. Mais pour l'histoire en elle-même, mouais... :|

3/6.
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bruce randylan
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Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

La MCJP a rouvert ses portes pour une finir une année 2011-2012 peu chargée par rapport à celle d'avant (qui avait offert 6 mois quasi non stop !)

Un frère et sa petite soeur (Yasujiro Shimazu - 1939)

L'ayant raté l'an dernier lors du mini cycle dédié au réalisateur (7 films je crois), je me faisais une joie de le découvrir en "séance de rattrapage".

j'ai assez vite désenchanté.
Je n'ai jamais réussi à rentrer dans le film. Bon, je dois admettre que j'étais particulièrement crevé et j'ai lutté pour ne pas m'endormir. Mais je ne pense pas que la fatigue soit l'unique responsable.
La mise en scène est très distante physiquement de ses personnages avec essentiellement des plans larges où les protagonistes sont recadrés dans des espaces réduits voire confinés dans le tiers inférieur de l'image. Même chose avec le grand nombre de scènes qui se déroulent dans les 2-3 même décors qui donne rapidement une impression de tourner en rond.
L'histoire est assez anti-dramatique et non-narratif comme beaucoup de films films intimistes de ces années là et moi qui raffole de ce genre de chronique familiale, je suis vraiment resté sur ma faim. Il manque vraiment un enjeu clair, une évolution psychologique ou un axe pour que je sois pris par les personnages. Pour ainsi dire le film ne commence qu'au bout d'1h10 quand on propose un mariage arrangé à la petite sœur avec le neveu du patron du frère et que celui-ci craint les "qu'en-dira-t-on" de ses collègues. C'est assez frustrant car l'histoire prend alors un nouveau souffle (au sens propre comme figuré avec une très belle scène dans les hautes herbes d'une vallée) et qu'elle s'enrichit de plusieurs thèmes assez justes (l'émancipation de la femme, le monde du travail, les relations humaines, l'indépendance, les préjugés et les rumeurs etc...).
Dommage enfin pour le naturel des acteurs très rafraichissants cela ne suffit pas à rendre attachant leurs rôles.

Mais j'essaierais un jour de lui redonner une chance avec suffisamment d'heure de sommeil.
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Abdul Alhazred »

... J'ai tapé un message pendant une heure. En validant, dvdclassik me demande une reconnexion et m'efface mon message...
Je vais refaire la même chose en moins bien, en moins détaillé et sans les citations.

Sur Un frère et sa petite sœur, je serai un peu moins critique. Le problème vient des personnages peu attachants et peu amusants. Mais le dernier tiers sauve le reste et je suis resté sur une bonne impression finale.


Pour Une page folle, le film n'a pas été franchement un succès (succès d'estime pour Donald Richie, échec commercial pour Tadao Sato, échec commercial et critique pour Noël Burch). La version restaurée de 1971 inclut musique et son, mais la musique commandée a été apparemment rejetée par Kinugasa. Peut-être pour ça qu'ils ont refait faire une musique par Satoru Wono.

Pour les benshi, ils n'ont commencé à décliner qu'au début des années 30, et à vraiment chuter en nombre qu'avec la généralisation du parlant en 1935. Ils disparaitront avec l'interdiction de la production de films muets par le gouvernement japonais fin 1941 (en 1937, encore 1/5 des films japonais produits étaient muets).
En tout cas, à l'exception d'un benshi célèbre spécialisé dans les films étrangers, les benshi n'ont pas du tout aimé Une page folle, qu'ils trouvaient incompréhensibles et quasi-impossible à raconter.

J'avoue que je me suis ennuyé dur pendant Une page folle. C'était histoire de pinailler. :mrgreen:

Ah et, pour finir, sur Le dernier des hommes : tout ce qui suit le premier et unique carton du film est une happy end imposée par la UFA et tournée en ridicule par Murnau, qui a volontairement fait dans le grotesque et l'excès pour décrédibiliser une fin qu'il rejetait.
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Ikebukuro »

Bonjour,

Je recherche une image de la jaquette du film de Ozu "Voyage à Tôkyô" sorti en VHS en France en 1990, est-ce que quelqu'un parmi vous aurait-ça?
Sur mon blog j'ai listé tous les films de Ozu édités en France, dans les différents formats, et j'ai peur de m'être trompé sur cette jaquette (et aussi accessoirement d'en avoir oublié mais c'est une autre histoire :-)) .

L'image que j'ai est celle-ci mais je doute de sa pertinence
Image

et mon article est ici
http://japon.canalblog.com/archives/201 ... 16459.html
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Eigagogo »

c'est la bonne (cf priceminister)
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Ikebukuro »

Merci Eigagogo mais comme j'ai trouvé cette photo sur Priceminister... aurais-tu une autre source pour confirmer? Ce qui m'embête c'est qu'il n'y a aps de mention d'éditeur, de collection dessus, à la différence des autres cassettes des années 90.
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Eigagogo »

Ikebukuro a écrit :Merci Eigagogo mais comme j'ai trouvé cette photo sur Priceminister... aurais-tu une autre source pour confirmer? Ce qui m'embête c'est qu'il n'y a aps de mention d'éditeur, de collection dessus, à la différence des autres cassettes des années 90.
http://pmcdn.priceminister.com/photo/907031325.jpg
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Ikebukuro »

Maximum respect! Tu es un chef!!!!!
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