Eigagogo a écrit :
j'ai adoré celui là (pourtant les trucs académiques me gonflent très rapidement), j'ai une review très entousiaste à venir
Ah ben, je lirai ça parce que je comprends absolument pas ce qui peut plaire dedans
L'emploi du temps d'une matinée (Susumi Hani - 1972)
J'avais quitté Hani fâché avec
l'enfer du premier amour et je me réconcilie avec lui pour ce film assez proche de
il est mort après la guerre d'Oshima. On retrouve le principe d'un groupe d'amis qui essaye de comprendre le suicide d'un de leur proche en regardant le film amateur qu'il (elle) a tourné juste avant.
Visuellement et thématiquement parlant les deux films ne sont pourtant pas comparables pour autant. Ca reste toujours avant-gardiste mais à un niveau différent. Là où le film d'Oshima est plus symbolique, intellectuel et engagé, Hani livre un film sensoriel et sensitif à la beauté hypnotique. Il n'y a, au final, pas d'histoire, peu d'explication sur la psychologie ni même de narration (dans le sens traditionnelle) mais
l'emploie du temps d'une matinée déploie une certaine grâce dans sa manière de capter, sans la décrire, l'humeur, le malêtre, la liberté, les troubles et les envies d'une adolescence prisonnière à la fois de sa naïveté idéaliste et d'un pessimisme fataliste. D'où une étrange et fascinante atmosphère entre la mélancolie et la nostalgie d'un paradis perdu. Il y a des moments emplis de poésie, de cruauté et de candeur pour des rapports entre les protagonistes très denses (tout le monde aime quelqu'un qui aime une autre personne).
J'aurai plus de mal d'en parler davantage justement pour ce sentiment sensoriel difficilement descriptible d'autant que pour des raisons tristement personnels, je me suis en partie reconnu dans le portrait de cette jeunesse (une amie en école de cinéma s'est suicidée dans des circonstances très étranges et son projet inachevé a été projeté après son enterrement )
Un film pas facile à appréhender mais profondément précieux ; le genre d'œuvre qui parvient à mettre en image de profondes douleurs muettes.
La ballade de Tsugaru (Kôichi Saitô - 1973)
Un yakuza fuit son clan et se réfugie dans le village portuaire de sa copine qui l'a suivie. Cet univers calme et pratiquement figé ne tarde pas à l'horripiler.
Si le film a son importance dans le cinéma japonais en lançant une vague de drames ruraux se situant en bord de la mer (de
la gare ou du
le démon tous deux de Yasuo Furuhata jusqu'à
Sonatine de Kitano - qui lui doit beaucoup), il a malheureusement pris un coup de vieux.
Je me faisais pourtant une joie de découvrir ce film après l'avoir raté lors du cycle Toho mais
La ballade de Tsugaru souffre d'un scénario décevant qui n'exploite pas correctement un postulat original avec des orientations discutables qui culminent dans une fin tragique artificielle et idiote. La réalisation manque aussi terriblement de rythme et d'implication passée une première demi-heure formidable où l'océan, comme la nature, étaient filmés avec une attention rare au point d'en faire des personnages à part entière.
A part quelques séquences très belles (les rapports avec un vieux pêcheur et une aveugle) Saito délaisse la chaleur, la tendresse et une rédemption spirituelle (dans le dénuement et l'épure) pour une froideur et un détachement dommageable.