Le cinéma japonais

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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gnome
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Re: Topic naphtalinippon

Message par gnome »

Watkinssien a écrit :Grosse et récente claque avec le magnifique La harpe de Birmanie (1956) d'Ichikawa.

Une oeuvre bouleversante, à la mise en scène ciselée, puissante.
Bientôt...
Je le sens, je vais bientôt me l'offrir... :D
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Anorya
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Anorya »

bruce randylan a écrit :Contes cruels du Bushida ( Tadashi Imai - 1963 )

Wahoua c'te claque ( oui, encore :mrgreen: ) !

J'avoue que je partais pas très confiant du souvenir du Riz et je voyais mal le réalisateur dans le film de sabre. Alors quand je vois les premières images où une ambulance conduit à l'hôpital une adolescente qui vient de se suicider, je me dis qu'on va repartir dans un long ( 125 minutes ) mélodrames contemporain. Les quelques minutes qui suivent ne sont pas plus engageantes : le fiancée de la suicidée rentre chez lui pour feuilleter le journal de ses ancêtres afin d'y trouver la raisons du suicide de sa copine.
On est à 5 minutes du films et on comprend pas grand chose pour le moment.

On part donc en 16** et des poussières pour un flash-back d'une petite dizaine de minutes où l'on apprend que son alleux s'est fait hara-kiri pour laver l'honneur de son maître après une semi-défaite lors d'une bataille importante. On comprend pas plus où le réalisateur veut en venir mais par contre on savoure chaque plan du film qui est un merveille d'éclairage, de cadrage et d'espace ( un film japonais des années 60 quoi :P ).
Le héros passe donc au journal de son ancêtre suivant qui lui s'est suicidé pour accompagner dans la mort son maître mort de vieillesse même si celui-là l'a condamné à vivre reclus chez lui pour s'être montrer trop attentionné. Le flash-back dure cette fois 15-20 minutes et la séquence tout en étant toujours aussi chiadé visuellement déploie déjà une intensité dramatique plus forte et prenante.
On comprend que le jeune homme va remonter comme ça toute sa famille pour arriver jusqu'à lui sans toujours cerner le propos du cinéaste.

On attend donc le 3ème flash-back cette fois confiant et curieux. Et c'est là que la baffe arrive.
Cette fois-ci pas de Hara-kiri mais une critique très très violente de ce fameux code d'honneur, de ce Bushido et donc de cette dévotion indéfectible des samouraïs. Ici ce qui cause la perte du héros, c'est qu'il tombe amoureux de la concubine de son chef au lieu de son chef lui-même ! :o
Car oui, le film aborde bien l'homosexualité chez les samouraïs en 1960, sujet qui semblait pourtant être l'ultime tabou japonais !
Et le réalisateur n'y va pas avec des pincettes, car s'il ne montre rien explicitement, le contenue est plus qu'équivoque avec le système de favori du seigneur qui doive sont obligé d'effectuer ce "service de nuit". La cruauté du récit commence vraiment à se faire de plus en plus dur et n'en finira pas de devenir toujours plus absurde, injuste et surréaliste.

Le réalisateur pointe dudoigt autant la passivité d'un gouvernement coupé des préoccupations de son pays, la dévotion et à l'abnégation aveugle et irresponsable des samouraï que le sadisme pervers et sans limite des chef de clans qui abusent de leur positions pour tout exiger...
Ca va vraiment loin et quelques moments prennent vraiment aux tripes et va très loin dans sa charge contre ce système ( je précise que je n'ai pas encore vu Hara-Kiri de Kobayashi qui tourné un an avant avant déjà du déblayer un peu le terrain ).

Je ne dirai rien sur la suite des flash-backs mais on suit ainsi sur 7 générations ( depuis le début ) les aberrations auxquelles conduisent ce code d'honneur pour arriver à la société contemporaine où l'on comprend finalement le lien qui lie toutes les époques : les temps ont changés mais pas les mentalités ni les rapports de force et la soumissions envers les autorités. Les clans sont devenus des entreprises mais la pression de la réussite et le chantage professionnel mènent aux mêmes conséquences.
Le propos comme la démonstrations est vraiment violente, osée et toujours aussi d'actualité. Le réalisateur n'hésitent pas non plus à ridiculiser l'esprit des kamikazes dans une courte scène hallucinante où le responsable demande à ses pilotes s'ils ont bien pu effectuer leurs dernière taches avant d'aller à la mort.

A ce constat, il faut rajouter l'interprétation extraordinaire de Kinnosuke Nakamura qui joue les 7 rôles avec un force, une conviction et une transformation qui force d'admiration et le respect. Et donc bien-sûr la réalisation admirable de Imai qui s'impose. Je me demande du coup quelle était sa place et sa réputation à l'époque parce que j'imagine qu'il ne devait pas être évident d'imposer un tel sujet.
Il réussit un sacré défit, détournant sans problèmes les dangers du film à sketch pour un drame admirablement bien construit et rythmé dont la progression dramatique est un modèle du genre.



La aussi, ne ratez pas la rediffusion. :)

Un peu plus modéré que Bruce pour ce film vu avec lui à la MCJP. :o
Du fait que j'étais fatigué, la première demi-heure du film m'a laissé complètement sur le carreau jusqu' à la fin du troisième flashback qui m'a méchamment secoué. Par la suite, la critique de la société japonaise, malgré le fatalisme de la situation (il ne fait décidément pas bon être japonais en ces temps anciens mais là pour le coup c'est la malédiction sur 7 générations c'est fou. Pas une vie qui ne soit heureuse. Bref, si vous êtes déprimés je ne sais pas si ce film est fait pour vous. :shock: :mrgreen: ), s'est faite complètement passionnante, le tout dans un noir et blanc somptueux et ce malgré une coupure en plein milieu du film. Les trois derniers flashbacks évoquant respectivement l'ère meiji et la seconde guerre mondiale sont des plus pertinents et le réalisateur dresse un portrait sans concession de la main-mise féodale du seigneur jusque dans ses retranchements : même vieux, gâteux, sénile, pervers et appartenant à une époque révolue, il n'en reste pas moins que le "héros" lui obéit aveuglément et égoïstement, lui sacrifiant sa future épouse, celle-là même par qui l'on sent le changement. D'ailleurs les rares personnages féminins apportent évolution et grâce, ce sont eux les rares qui osent critiquer le système ou le faire changer par petites touches. Il n'est donc pas étonnant de voir la femme du protagoniste actuel tenter de se suicider, comme si celà pouvait être le dernier geste de révolte, le geste ultime afin d'enfin faire changer la mentalité de son futur mari. Triste constat mais qui laisse émerger une ultime note d'espoir, celle d'un Japon qui peut changer son avenir pour peu qu'il pense différemment (les futurs époux choisissent de se marier en cachette loin de leurs patron comme future résolution :D ).
Bruce l'a souligné mais l'interprétation des 7 rôles par la même personne est absolument renversante, elle force tout de suite le respect. Et cette idée de faire figurer de nombreuses époques (même l'ère Meiji qu'on voit trop peu au cinéma japonais) entres elles est complètement remarquable et témoigne d'un rare soin tant dans la reconstitution que la psychologie des personnages de chaque époque avec leurs raisonnements et leurs actes.
Très bon film même si le fatalisme, le pessimisme et la cruauté de certains moments pourront en laisser sur le carreau. 5/6.
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Vic Vega »

bruce randylan a écrit :L’épouse du château des Ôtori ( Sadatsugu Matsuda - 1957 )

Qu'attendre un Jidaigeki réalisé dans les années 50 par un illustre inconnu dont on ne trouve même pas une filmographie sous imdb ?
Si. Sadatsugu Matsuda et Sadaji Matsuda sont la même personne.
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Jack Burns »

Un coffret de 7 films Japonais , edition carlotta , en offre spéciale réservée aux abonnés de Télérama ou leurs amis..(39,9 E fdp inclus )
Voyage à Tokyo, printemps tardif , la harpe de Birmanie,Hara kiri, les plaisirs de la chair, la source thermale d akitsu , les soeurs de Gion....J ai la chance de n avoir aucune de ses titres donc je prend....
Je ne connais pas les 3 derniers cités , des avis ?
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Message par beb »

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Anorya
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Anorya »

Lady Yakuza : Le retour d'Oryu (Tai Kâto - 1970)

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Contrairement à Baby Cart ou Sasori, La femme scorpion, je ne connaissais pas cette saga de la Toei en plusieurs volets (8 films) où Lady Yakuza, alias Oryu la pivoine rouge (Junko Fuji), fille de Yakuza et joueuse itinérante (un peu comme Zatoichi) démêle des intrigues entre plusieurs clans au fil des routes tout en recherchant une jeune fille auparavant aveugle dont elle fut la tante. Comme la grande Meiko Kaji, égérie de ces grands films d'action serré et volontiers riches en hémoglobine, Junko Fuji est non seulement l'actrice principale comme la chanteuse des génériques et chansons. De par sa beauté et finesse, son personnage loyal et plein d'honneur elle semble instaurer un code moral de dignité dont, représentante, elle semble livrer au gré de ses aventures, comme un symbole du japon féodal. Il n'est donc pas étonnant de trouver de gentils yakuzas face à d'autres, plus débauchés et jusqu'au bout irrécupérables. Le film montre des actions qui vont crescendo (avec la phalange coupée indispensable à tout mauvais Yakuza qui a commis une faute 8) :mrgreen: ) jusqu'au duel final, sanguignolant et chaotique. Le personnage agit tout en finesse et est plus prompte à essayer de négocier et arranger les choses plutôt que tout découper d'un coup un peu comme un Tomizaburo Wakayama le ferait dans Baby Cart (il intervient ici d'ailleurs comme personnage secondaire éperdument amoureux d' Oryu qui vient lui prêter main forte dans une bastonnade rigolote). Un film agréable qui donne envie de voir d'autres volet (il semble que ce soit le 5e film, je rattrape donc les wagons dans le désordre).

4,5/6.
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Tutut
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Tutut »

bruce randylan a écrit :Contes cruels du Bushida ( Tadashi Imai - 1963 )
Contes cruels du Bushido :wink: , que j'aurais bientôt l'occasion de visionner ainsi que Warrior of the Wind de Tai Kato.
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Tutut »

Anorya a écrit :Lady Yakuza : Le retour d'Oryu (Tai Kâto - 1970)Un film agréable qui donne envie de voir d'autres volet (il semble que ce soit le 5e film, je rattrape donc les wagons dans le désordre).[/justify]
Je n'ai vu que les six premiers épisodes, ce que j'en disait ailleurs:
C'est du ninkyo, donc on respecte le code d'honneur et les traditions, contrairement aux méchants qui ne les respectent pas. Les histoires n'ont pas une grande originalité et ont souvent le même cheminement, les mêmes acteurs jouent les méchants (j'aime bien Bin Amatsu), Tomisaburo Wakayama a un rôle comique récurrent. Ça a beau être répétitif et pas toujours bien filmé, j'aime bien cette série, pas vu les 7 et 8, mes épisodes préférés sont le 2 et le 3 si je ne me trompe pas.

À noter que Junko Fuji est la nièce de Norifumi Suzuki, que son père, Koji Shundo, était un gros producteur de la Toei, et qu'elle est aussi la mère de Shinobu Terajima (Vibrator, Quill, Riding Alone for Thousands of Miles). Son nom de scène n'est plus Junko mais Sumiko Fuji, on a pu la voir il y a quelques années dans Hula Girls de Sang-il Lee.

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Helward
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Helward »

Police contre syndicat du crime de Kinji Fukasaku

Pour l'instant la meilleure surprise de cette rétro quelque peu plan-plan me concernant.
C'est drôle, bordélique (une mêlée générale toute les 5 minutes), les acteurs surjouent comme des cochons, mais c'est çà qu'est bon. Fukasaku détruit tous les repères moraux (les yakuzas sont d'anciens flics et les flics sont d'anciens yakuzas), s'amuse à tourner en ridicule le monde yakuza (le parrain qui pleurniche, le petit voyou qui se pisse dessus) avec son habituelle singularité formelle (caméra oblique, arrêts sur image, flash-back N&B,...). C'est la première partie qui obéit le plus à ces règles, la seconde appuie davantage les questions d'honneur et de collusion entre les deux groupes avec l'arrivée du chef de police bien déterminé à éliminer la corruption.
Au final, c'est juste complètement réjouissant et me pousse à découvrir d'autres films de Fukasaku, réalisateur que je connais très mal en fait.

Tiens, y'a un dvd, mmh... :P


Dans l'ombre du loup d'Hideo Gosha

Bon, Y'a Gosha à la réalisation, çà se voit. C'est souvent bien foutu. Maintenant, j'ai encore l'impression d'un film beaucoup trop scripté, qui n'arrive que rarement à s'extirper de sa logique narrative et à créer des émotions. Film trop long (2h20) et plutôt déséquilibré, aussi. Et puis, on aime ou pas, certes, mais Nakadai en fait quand même des tonnes.
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k-chan
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Re: Topic naphtalinippon

Message par k-chan »

Helward a écrit :Dans l'ombre du loup d'Hideo Gosha
...

Et puis, on aime ou pas, certes, mais Nakadai en fait quand même des tonnes.
J'avoue avoir bien aimé ce film de Gosha. J'avoue même l'avoir préféré à Portrait d'un criminel, qui jouit d'une certaine réputation.
Concernant Tatsuya Nakadai, c'est clair qu'il en fait des tonnes :mrgreen: , mais je trouve qu'on s'y fait au fur et à mesure que le film avance.
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Helward »

k-chan a écrit :Concernant Tatsuya Nakadai, c'est clair qu'il en fait des tonnes :mrgreen: , mais je trouve qu'on s'y fait au fur et à mesure que le film avance.
Je trouve qu'il est à la limite du jeu faux par moment à force de froncage de sourcil et de noeils exhorbités. Mais c'est vrai qu'on si fait, même s'il a tendance à vampiriser les scènes dans lesquelles il apparait.
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Helward »

l'Epouse du château des Ôtori de Sadatsugu Matsuda

Donc vu à l'instant. Boah, oui, c'était pas mal dans le genre farce féodale. Y'a quelques bonnes répliques, des mimiques rigolotes, et le running gag du poulpe. Mais je trouve que çà va pas chercher loin non plus. Je regrette surtout une mise en scène beaucoup trop "classique". Elle manque de créativité et ne parvient qu'à de trop rare moment à appuyer les effets comiques.
Stephen Chow, je sais pas. Personnellement, je rapprocherais plus çà d'un De Funès, même si la comparaison me parait osée.
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Message par beb »

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Re: Topic naphtalinippon

Message par beb »

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Dernière modification par beb le 31 mars 23, 13:20, modifié 1 fois.
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Re: Topic naphtalinippon

Message par gnome »

beb a écrit :Cela faisait très longtemps que je n'avais pas vu de Kobayashi, mais je conserve en mémoire 2 films qui sont à la fois superbes et subtiles : la jeunesse du Japon et les fossiles.
Et Hara-Kiri (Seppuku) :shock: :shock: :shock: :?:
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