Le cinéma japonais

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Joe Wilson
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Message par Joe Wilson »

Il est en effet dommage que la sortie du coffret Carlotta soit finalement restée assez discrète...la réputation du film est encore bien confidentielle alors qu'il mérite à tout point de vue son statut de classique.
La durée est impressionnante, c'est évident, mais même en trois visionnages (correspondant aux trois parties) l'enchaînement se passe bien. La Condition de l'Homme est essentiel ET accessible...d'autant qu'il peut accrocher des passionnés d'histoire, etc...c'est tout un pan de l'histoire du Japon que Kobayashi met à nu. C'est éprouvant émotionnellement mais justement par la force admirable du propos.
C'est en effet son plus grand film, il est à part par son ambition, son ampleur...et il se complète idéalement avec ses grands chambaras que sont Harakiri et Rebellion. Kobayashi a creusé ses thèmes dans sa (courte) filmographie, et La Condition de l'Homme, sans faire de l'ombre au reste, parvient à le transcender.
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-Kaonashi-
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Message par -Kaonashi- »

2501 a écrit :Une Ville d'amour et d'espoir

Contes cruels de la jeunesse

L'Enterrement du soleil
Content de voir que nous sommes au moins deux à être allé voir cette ressortie de la "Trilogie de la jeunesse".
Pour ma part, j'avais déjà vu Contes cruels de la jeunesse il y a quelques années, sans en avoir un souvenir très marquant ; en-dehors de la scène sur les troncs d'arbre flottants (d'une beauté visuelle assez dingue) et du dénouement en montage parallèle, il ne m'en restait rien d'autre que le message profondément pessimiste du film.
C'est par L'Enterrement du soleil que j'ai commencé la rétro. Malgré un petit coup de barre qui m'a fait décroché au milieu, le film m'a beaucoup marqué par sa galerie de personnages tous marginaux au sens social mais aussi psychologiquement. La photo, dans des tons rouge-orange, comme tu le signales, donne tout du long une impression de monde en fin de vie, sur le point de s'embraser... un embrasement inéluctable. La fin est à mes yeux un peu ambiguë : Hanako qui part à nouveau avec le "médecin", à l'horizon, est une note d'espoir, mais finalement elle va juste reproduire encore une fois ce qui vient de se produire, reprendre son commerce douteux.

Ensuite j'ai vu Une Ville d'amour et d'espoir. La projection eut quelques sérieux ratés (le point ne se faisait pas, ou alors ça redevenait flouau bout de 2 secondes... :x), mais le film m'a bouleversé par sa noirceur et la violence de son message. Contrairement à ce que tu écris, 2501, je vois la focalisation sur le délit de Masao comme une dénonciation virulente d'une certaine hypocrisie bourgeoise. Ces personnages bourgeois (la lycéenne et son frère, l'institutrice) et la société japonaise de l'époque en général (incarné par la société du père et l'école), veulent bien aider une famille en difficulté quand c'est "visible", mais se rétractent et s'offusquent avec force bruit en découvrant un stratagème assez anodin et fruit du désespoir trouvé par Masao et sa mère pour survivre, malgré tout.

Ma redécouverte, hier soir, de Contes cruels de la jeunesse se révèle justement un peu cruel pour les deux autres films, puisque c'est à mes yeux le moins intéressant des trois films. Je partage en tout point ton avis, et j'ajoute que certaines scènes, certains dialogues, sont bien trop écrits (le père faisant son sermon quand Makoto rentre après plusieurs mois chez Kiyoshi). Après, j'imagine que ces paroles devaient passer un peu mieux à l'époque, surtout vu le contexte post-Seconde Guerre mondiale du Japon.

Je ne vais pas tarder à aller voir Les Plaisirs de la chair, en attendant Nuit et brouillard du Japon la semaine prochaine.
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2501
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Message par 2501 »

J'ai trouvé très intéressant de les voir dans l'ordre. Cela m'a permis de voir l'évolution d'Oshima à ses débuts et de pouvoir remettre en perspective les 2 premiers films après avoir vu L'Enterrement du soleil.

Le premier témoigne d'une maîtrise technique étonnante pour un premier film. C'est un peu classique mais carré, on sent qu'il a été l'assistant de Kobayashi. A l'inverse il se lâche dans Contes cruels sur une mise en scène moderne, ce qui ne lui réussit pas à tous les coups. Enfin, L'Enterrement du soleil est comme le résultat de ces 2 expériences, tellement supérieur, à la fois rigoureux, riche et audacieux, que je suis étonné que Contes cruels ait une plus grande réputation. Il parvient cependant à me faire réévaluer ses 2 premiers films, tant on sent la recherche, une évolution autant dans la forme que sur la thématique de la délinquance qu'il illustre parfaitement sans se répéter.

Si j'étais un peu déçu au départ de ne pas me prendre les claques immédiates dont j'ai l'habitude avec le cinéma japonais de cette époque, au final, cette "trilogie de la jeunesse", dans son ensemble, est cohérente et vraiment intéressante. Et au moins ce cinéma surprend, il y a de vraies propositions engagées, sans mépriser la mise en scène, au contraire, ce qui est assez stimulant.


J'ai eu des échos moins positifs sur Les Plaisirs de la chair et Nuit et brouillard au Japon. J'essaierai de les voir même si avec la rétro Masumura à la Cinémathèque ça ne va pas être simple...
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-Kaonashi-
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Message par -Kaonashi- »

2501 a écrit : Enfin, L'Enterrement du soleil est comme le résultat de ces 2 expériences, tellement supérieur, à la fois rigoureux, riche et audacieux, que je suis étonné que Contes cruels ait une plus grande réputation.
Je pense que la violence du troisième film a dû jouer : Oshima n'y va pas par quatre chemins contre le système japonais post-guerre et contre l'Empereur et les nostalgique du Grand Empire du Soleil Levant. Et puis c'est tellement sombre...
="2501"]J'ai eu des échos moins positifs sur Les Plaisirs de la chair et Nuit et brouillard au Japon. J'essaierai de les voir même si avec la rétro Masumura à la Cinémathèque ça ne va pas être simple...
Peut-être nous croiseron-nous. Demain je vais essayer de voir au moins Géants et jouets, et peut-être aussi Le Précipice juste avant, si j'arrive à quitter le boulot plus tôt.
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Mama Grande!
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Message par Mama Grande! »

Les Plaisirs de la chair est à mon avis un très bon film, pertcutant et décadent, une violente charge contre la société capitaliste, où le pathétique du héros n'est pas sans rappeler Lang. J'ai pas le temps de développer plus mais je dirai que pour le moment c'est mon Oshima préféré.
Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

Spéciale dédicace à 2501: tu peux poster tes avis conséquents sur LA CONDITION DE L'HOMME là
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... =kobayashi

et tu peux faire pareil avec d'autres films quand c'est possible (c'est dommage de les poster dans ce genre de topic - déjà 90 pages ici - où ils seront plus difficile à retrouver...) :wink:

(au passage cette trilogie me tente vraiment, j'espère pouvoir les découvrir bientôt)
Joe Wilson
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Message par Joe Wilson »

A la limite, comme je le mentionnais dans le lien, il faudrait revenir au long topic de k-chan, c'est logique pour un film aussi important que celui-ci. Mais le topic naphtalinippon a justement été crée pour éviter de surcharger les "classiques naphtalinés" de multiples topics de films ou réalisateurs...il n'est parfois pas évident de s'y retrouver.

Sinon bravo, Nestor, pour ton entreprise de structuration des topics (surtout en classiques d'aujourd'hui) qui a le mérite de réhabiliter la fonction "recherche"! :D
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2501
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Message par 2501 »

Nestor Almendros a écrit :Spéciale dédicace à 2501: tu peux poster tes avis conséquents sur LA CONDITION DE L'HOMME là
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... =kobayashi

et tu peux faire pareil avec d'autres films quand c'est possible (c'est dommage de les poster dans ce genre de topic - déjà 90 pages ici - où ils seront plus difficile à retrouver...) :wink:

(au passage cette trilogie me tente vraiment, j'espère pouvoir les découvrir bientôt)
J'avais eu le réflexe pour les Suzuki mais pas pensé pour celui-là.

C'est fait. :wink:
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Cary Grant
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Message par Cary Grant »

Wild Side sort plusieurs films japonais en septembre :

- L'Eté du Démon de Yoshitaro Nomura
- Le Vase de Sable de Yoshitaro Nomura
- Kamikaze Club de Kinji Fukasaku
- Les Derniers Samourais de Kenji Misumi
- Rivière Noire de Masaki Kobayashi

Je ne les connais pas du tout, mais a priori, ils m'intéressent tous... Y en a-t-il parmi vous qui les ont vu ?
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Mama Grande!
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Message par Mama Grande! »

ZATOICHI LE MASSEUR AVEUGLE

Un peu déçu par ce premier opus de la célèbre saga, et le premier que je découvre aussi.
C'est un film honnête, je ne dis pas le contraire, mais il souffre à mon avis de la comparaison avec le superbe Yojimbo. Contrairement à Kurosawa, et malgré sa maitrise du cadrage et du montage, Misumi a du mal, à mes yeux, à rendre les moments creux captivants. Et comme il y en a beaucoup...peut-être les personnages secondaires manquent-ils de charisme aussi. Restent de bons moments, comme la fin, la séquence de pêche, le combat dans l'obscurité, ou la découverte du cadavre. Mais dans l'ensemble j'ai trouvé le temps long.
Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

Mama Grande! a écrit :ZATOICHI LE MASSEUR AVEUGLE
C'est un film honnête, je ne dis pas le contraire, mais il souffre à mon avis de la comparaison avec le superbe Yojimbo.Mais dans l'ensemble j'ai trouvé le temps long.
Eh bien moi c'est tout l'inverse. Comme quoi, les goûts et les couleurs... :mrgreen: :oops:
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Mama Grande!
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Message par Mama Grande! »

Nestor Almendros a écrit :
Mama Grande! a écrit :ZATOICHI LE MASSEUR AVEUGLE
C'est un film honnête, je ne dis pas le contraire, mais il souffre à mon avis de la comparaison avec le superbe Yojimbo.Mais dans l'ensemble j'ai trouvé le temps long.
Eh bien moi c'est tout l'inverse. Comme quoi, les goûts et les couleurs... :mrgreen: :oops:
C'est clair! :shock: :mrgreen:
Tom Peeping
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Message par Tom Peeping »

Quelqu'un connait çà ? Il vient de sortir en Z1 et je l'ai commandé à l'aveuglette après avoir lu deux ou trois critiques sur le web et à cause du titre délirant : Horrors of Malformed Men (Teruo Ishii, 1969)

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... and Barbara Stanwyck feels the same way !

Pour continuer sur le cinéma de genre, visitez mon blog : http://sniffandpuff.blogspot.com/
noar13
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Message par noar13 »

Tom Peeping a écrit :Quelqu'un connait çà ? Il vient de sortir en Z1 et je l'ai commandé à l'aveuglette après avoir lu deux ou trois critiques sur le web et à cause du titre délirant : Horrors of Malformed Men (Teruo Ishii, 1969)
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... ed#1547161
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Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

TUER de Kenji Misumi

SPOILERS
Je commence logiquement la trilogie du sabre par cet opus assez noir, surtout très pessimiste. Avec un héros en quelque sorte maudit, dès sa naissance. Il a beau avoir de grandes qualités humaines (ouverture sur le monde - via son voyage initiatique; maniement des armes - il invente des poses imparables) sa vie restera parsemée par la mort, avec des rencontres qui ne s'étendront pas sur un grand nombre d'années. Il est condamné à vivre ainsi, alors qu'en même temps il pourrait rester dans la plénitude et la tranquillité (notamment quand il se lie d'une amitié profonde - genre père/fils - avec un seigneur). Seulement le destin ne l'entend pas de la même façon et ses qualités et les aléas de la vie se retournent contre lui (c'est, par exemple, à cause de sa dextérité au sabre que son concurrent jaloux va tuer son père et sa soeur adoptifs). On en revient encore à l'idée de malédiction où tout ce que touche le héros finit par le perdre.

Bonne impression sur la mise en scène visuelle. Notamment dès la séquence d'ouverture, puis par exemple avec les flash backs et le plan d'insert du coucher de soleil, des mouvements de caméra, la musique presque "concrète".
Difficile seulement de rentrer complètement dans l'histoire, d'être immergé, d'avoir de l'empathie pour le héros tellement le film est sobre et probablement un peu distant. Cela n'enlève rien à la bonne impression d'ensemble que j'en ai mais j'ai été plus emballé par d'autres naphtalinippons...

A suivre.
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