Un après midi de chien (Sidney Lumet - 1975)
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Un après-midi de chien (Dog Day Afternoon, 1975), de Sidney Lumet.
Est-ce seulement un film ? Non, je dirais qu'il s'agit d'un film et d'un opéra-rock, avec en vedette à la Mick Jagger un Al Pacino déchaîné, chien fou romantique, marginal et marginalisé. Rien que la scène où il hurle "Attica ! Attica ! Attica !" pour chauffer la foule, véritable choeur antique, est hallucinante. Sa prestation tout au long du film est époustouflante et une des meilleures qu'il m'ait été donnée de voir dans un film. Il est magnifiquement secondé par le regretté John Cazale, composant un personnage à la présence menaçante, sombre, tourmenté, presque muet, à l'opposé de celui de Sonny (Pacino). Sa réponse "Wyoming" est inoubliable. Charles Durning en policier un peu dépassé est hilarant. Chris Sarandon, en mari de Sonny, donne la note émouvante de ce film dans un dialogue poignant. Les acteurs incarnant les employés de la banque sont épatants, à commencer par Penelope Allen en grande gueule pleine de cran.
La réalisation et le scénario sont d'une grande minutie et ne laissent rien au hasard. La dénonciation d'une certaine forme de spectacle et de l'hypocrisie des médias (thématique qui sera développée par Lumet l'année suivante dans Network) où chacun peut espérer avoir son quart d'heure de gloire (voir le personnage du livreur de pizzas) est pleine d'humour, notamment lorsque Sonny, interviewé en direct par la télé, se met à jurer et est immédiatement coupé. On entend alors le générique de "That's All Folks" ! Tout aussi hilarant le moment où le présentateur commente en direct le "mariage" de Sonny, en fonction de ce qu'on lui glisse à l'oreillette, sans aucune distanciation ni vérification. Une mobilisation médiatique impressionnante pour en définitive un fait divers de peu d'importance...
La dimension sociale, vis-à-vis de l'homosexualité et de sa perception à l'époque, est très bien montrée, sans hostilité de la part du réalisateur. Le plus surprenant presque est de voir que l'homophobie se trouve davantage parmi la foule, qui commence alors à se diviser en deux camps, que parmi les policiers, qui accueillent par un sourire l'annonce de l'homosexualité de Sonny ou par des rires, comme pour le flic qui écoute en riant la conversation entre Sonny et Leon.
Un humanisme certain règne également et l'on ressent la sympathie de Lumet pour presque tous les personnages.
Bref un film qui accède directement au rang de chef-d'oeuvre pour moi.
Est-ce seulement un film ? Non, je dirais qu'il s'agit d'un film et d'un opéra-rock, avec en vedette à la Mick Jagger un Al Pacino déchaîné, chien fou romantique, marginal et marginalisé. Rien que la scène où il hurle "Attica ! Attica ! Attica !" pour chauffer la foule, véritable choeur antique, est hallucinante. Sa prestation tout au long du film est époustouflante et une des meilleures qu'il m'ait été donnée de voir dans un film. Il est magnifiquement secondé par le regretté John Cazale, composant un personnage à la présence menaçante, sombre, tourmenté, presque muet, à l'opposé de celui de Sonny (Pacino). Sa réponse "Wyoming" est inoubliable. Charles Durning en policier un peu dépassé est hilarant. Chris Sarandon, en mari de Sonny, donne la note émouvante de ce film dans un dialogue poignant. Les acteurs incarnant les employés de la banque sont épatants, à commencer par Penelope Allen en grande gueule pleine de cran.
La réalisation et le scénario sont d'une grande minutie et ne laissent rien au hasard. La dénonciation d'une certaine forme de spectacle et de l'hypocrisie des médias (thématique qui sera développée par Lumet l'année suivante dans Network) où chacun peut espérer avoir son quart d'heure de gloire (voir le personnage du livreur de pizzas) est pleine d'humour, notamment lorsque Sonny, interviewé en direct par la télé, se met à jurer et est immédiatement coupé. On entend alors le générique de "That's All Folks" ! Tout aussi hilarant le moment où le présentateur commente en direct le "mariage" de Sonny, en fonction de ce qu'on lui glisse à l'oreillette, sans aucune distanciation ni vérification. Une mobilisation médiatique impressionnante pour en définitive un fait divers de peu d'importance...
La dimension sociale, vis-à-vis de l'homosexualité et de sa perception à l'époque, est très bien montrée, sans hostilité de la part du réalisateur. Le plus surprenant presque est de voir que l'homophobie se trouve davantage parmi la foule, qui commence alors à se diviser en deux camps, que parmi les policiers, qui accueillent par un sourire l'annonce de l'homosexualité de Sonny ou par des rires, comme pour le flic qui écoute en riant la conversation entre Sonny et Leon.
Un humanisme certain règne également et l'on ressent la sympathie de Lumet pour presque tous les personnages.
Bref un film qui accède directement au rang de chef-d'oeuvre pour moi.
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
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Pour moi également, sans hésiter. Tout au plus puis-je ajouter que j'ai pris encore plus de plaisir à la seconde vision qu'à la première, chose rare en matière de cinéma.joe-ernst a écrit :Un après-midi de chien (Dog Day Afternoon, 1975), de Sidney Lumet.
Bref un film qui accède directement au rang de chef-d'oeuvre pour moi.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Je suis en pleine découverte de Sidney Lumet, cinéaste vraiment remarquable. J'avais vu certains de ses films dans ma jeunesse, que j'avais trouvés excellents, d'ailleurs, mais je les redécouvre sous un regard qui interroge la mise en scène, et cette redécouverte est plus qu'éclatante. Avec le Prince de New York, le verdict, Network et 12 hommes en colère (sans parler de Dog Day Afternoon), Lumet est en train de rattraper le peloton de mes réalisateurs préférés.Strum a écrit :Cela donne envie. Je n'ai jamais vu Dog Day Afternoon.
Comme cela a été dit ailleurs, la mise en scène de Lumet, extrêmement précise, d'une ingéniosité impressionnante, est d'une discrétion exemplaire, et s'efface toujours derrière son sujet, tout en le mettant en valeur de la façon la plus pertinente qui soit. De même, son fabuleux talent de directeur d'acteur (souvent ils donnent le meilleur d'eux-même sous sa direction) peut être "masqué" par la flamboyance de ces comédiens (étonnant combien sont nominés à l'Oscar du meilleur comédien).
Ce sont des choses que je perçois plus lors d'un second visionnage, parce qu'il faut bien admettre qu'au premier, je suis pris par le récit.
Pour autant que je connaisse tes gouts, Strum, je pense effectivement qu'il y a de bonnes chances pour que tu apprécies ce film très prenant, et l'une des meilleures prestations d'Al Pacino.
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Je crois bien n'avoir pas vu de films de Lumet autres que 12 hommes en colère et le Verdict (et ce-dernier il y a trop longtemps pour que je m'en souvienne). J'ai pourtant à la maison Dog Day afternoon, Serpico et le Prince de NY en DVD.cinephage a écrit :Je suis en pleine découverte de Sidney Lumet, cinéaste vraiment remarquable. J'avais vu certains de ses films dans ma jeunesse, que j'avais trouvés excellents, d'ailleurs, mais je les redécouvre sous un regard qui interroge la mise en scène, et cette redécouverte est plus qu'éclatante. Avec le Prince de New York, le verdict, Network et 12 hommes en colère (sans parler de Dog Day Afternoon), Lumet est en train de rattraper le peloton de mes réalisateurs préférés...
Pour autant que je connaisse tes gouts, Strum, je pense effectivement qu'il y a de bonnes chances pour que tu apprécies ce film très prenant, et l'une des meilleures prestations d'Al Pacino.
Et tu as sûrement raison, je m'attends à aimer le film ; d'ailleurs j'aime beaucoup Pacino.
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Entièrement d'accord avec toi, et c'est assez rare chez un metteur en scène pour être souligné.cinephage a écrit :Comme cela a été dit ailleurs, la mise en scène de Lumet, extrêmement précise, d'une ingéniosité impressionnante, est d'une discrétion exemplaire, et s'efface toujours derrière son sujet, tout en le mettant en valeur de la façon la plus pertinente qui soit.
Je me souviens d'avoir entendu ou vu (mais où ???) que Lumet en avait fait baver à Pacino pour la scène de la conversation téléphonique entre Sonny et Leon. Le résultat est là en tout cas...cinephage a écrit :De même, son fabuleux talent de directeur d'acteur (souvent ils donnent le meilleur d'eux-même sous sa direction) peut être "masqué" par la flamboyance de ces comédiens (étonnant combien sont nominés à l'Oscar du meilleur comédien).
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Pareillement !cinephage a écrit :Pour moi également, sans hésiter. Tout au plus puis-je ajouter que j'ai pris encore plus de plaisir à la seconde vision qu'à la première, chose rare en matière de cinéma.joe-ernst a écrit :Un après-midi de chien (Dog Day Afternoon, 1975), de Sidney Lumet.
Bref un film qui accède directement au rang de chef-d'oeuvre pour moi.
Lors de ma redécouverte du film récemment sur grand écran, j'ai réellement eu la sensation d'être devant un chef d'oeuvre au lieu d'un excellent film.
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Mon Lumet préféré !Ratatouille a écrit :Serpico est énorme également.Strum a écrit :J'ai pourtant à la maison Dog Day afternoon, Serpico et le Prince de NY en DVD.
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Ratatouille a écrit :Serpico est énorme également.Strum a écrit :J'ai pourtant à la maison Dog Day afternoon, Serpico et le Prince de NY en DVD.
Mais comment pourrait-on ne pas aimer Pacino ?Strum a écrit :d'ailleurs j'aime beaucoup Pacino.
http://www.alpacino.in/dog-day-afternoon.html
http://www.alpacino.in/serpico.html
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A noter que l'inédit (au cinéma) The Offence (de Lumet donc) sort en salle le 10 juillet et que Before the Devil Knows You're Dead (son nouveau film) sort le 26 septembre !
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Alors attention : ce film, effectivement méconnu, est excellent ! Je me rappelle que ce fut grâce à Fatalitas que je l'avais enregistré puis regardé...et le moins que je puisse dire, c'est que je ne le regrette pas.Kevin95 a écrit :A noter que l'inédit (au cinéma) The Offence (de Lumet donc) sort en salle le 10 juillet
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Dog day afternoon est vraiment excellent en effet. Serpico aussi d'ailleurs... En fait des 5 films de Lumet que j'ai vu, ils sont tous excellent et ce sont des films qui s'étalent sur 6 décennies en plus. De 12 angry men en 1957 a Find Me Guilty (2006).
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