
Un intriguant usurpateur assassine un dignataire d'un clan adverse en se déguisant en un chef d'un autre clan puissant. Il espère ainsi que ces 2 rivaux s'entretuent pour mieux lui laisser le champ libre.
Si ce jidai-geki manque un peu de corps dans son synopsis et la caractérisation de ses personnages (surtout le méchant dont les motivations sont pour ainsi dire inexistantes - à part simplement être perfide), c'est un honnête divertissant sans temps mort avec un casting trois étoiles pour les connaisseurs : Utaemon Ichikawa, Ryutaro Otomo, Ryunosuke Tsukigata ou Tomisaburo Wakayama.
Au début, on est un peu perdu dans les différents clans, les noms historiques évoqués et une dizaine de personnages (où, autres les différents bretteurs, on peut rajouter une soupirante ainsi qu'un voleur et sa compagne) puis la ligne principale se met en place et les enjeux restent finalement assez limpide, notamment grâce à la fluidité de la mise en scène qui passe souvent d'un protagoniste à l'autre même si ceux-ci ne font que se croiser sans interagir entre eux dans un premier temps.
Comme souvent avec le cinéaste, le film vise le plaisir immédiat en cherchant à s'attirer la complicité du spectateurs : ici, dès les premières secondes, le voleur prend à parti la caméra pour se présenter et mettre le public dans la confidence. Autres composantes habituelles de Matsuda, les touches d'humour adroitement semées ne nuisent pas aux séquences plus dramatiques, une narration soutenue et un style classique parfois inspirée malgré des tournages menés au pas de courses (6 films sortis en 1959). Les travellings ou les mouvements de grues mettent en valeur l'action ou les paysages sans jamais tomber dans l’esbroufe ou la prétention. Tout juste regrette-t-on quelques transparence un peu inutiles lors de la course contre la montre.
Enfin, ce film de Matsuda est pour le coup plutôt généreux en action même si les combats appartiennent bien aux années 50 et n'ont pas la virtuosité et la nervosité de la décennie à venir. Toujours est-il que le final, découpé en plusieurs actes, s'étalent sur pas loin de 20 minutes avec un bodycount conséquent et un Tomisaburo Wakayama en début de carrière qui ne manque pas de fougue.
Ca s'oubliera sans doute rapidement mais j'ai passé un bon moment.

Tomorrow There Will Be No Release from the Law of Hell aka The glorious fight (Yasuo Furuhata - 1966)

A Nagasaki, un procureur essaie de calmer une guerre entre deux gangs en leur proposant de fonder une association politique pour légaliser leur affaires. L'un des bras droit d'un des chef est un survivant de la bombe atomique.
Second long-métrage pour Furuhata (dont je ne connais que 2 films des 80's) et c'est un excellente surprise. Le premier quart ne sort pas franchement du tout venant du genre entre réalisation académique et rivalité sans grande originalité conduisant à plusieurs exactions vengeresses... Puis, doucement, le film distille un parfum de mélancolie de plus en plus prononcé avec Ken Takakura qui se sait condamner à terme par les radiations et qui refusent de consulter des médecins. Son histoire d'amour avec une femme rejetant l'univers des yakuza (malgré une grosse ficelle scénaristique autour du frère de celle-ci) apporte une réelle profondeur psychologique et dramatique en accentuant les dilemmes moraux de Takakura sur les ordres qu'on lui impose. La seconde moitié gagne ainsi une belle ampleur tragique, presque lyrique, où la mise en scène de Furuhata gagne un beau classicisme lors des espoirs de nouveaux départs, de la gifle, de l'assassinat sous la pluie ou du final sous fort influence de Pépé le Moko, modèle de montage en faisant silencieusement communiquer les deux amoureux malgré la distance.
Je ne sais pas à quel point le reste de sa filmographie est cohérente ou personnelle mais j'ai retrouvé l'ambiance crépusculaire et le spleen du Démon (1985) et de la Gare (1981). Et ça me donne vraiment en découvrir plus.