Le Virginien (1962-1971) Universal

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Morgan
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Re: Le Virginien (1962-1971) Universal

Message par Morgan »

Je viens de découvrir avec tristesse le décès de James Drury qui allait fêter ses 86 ans le 18 avril.
Il aura accompagné mon enfance dans les années 60 où je ne ratais aucun épisode du "Virginien", je l'avais redécouvert il y a quelques années grâce au DVd avec "Coups de feu dans la sierra", puis avec l'intégrale du Virginien, bien que (pour l'instant) j'en suis arrivé au début de la saisons 5.
A la télévision française dans les années soixante seule une centaine d'épisodes (en VF) ont été diffusés, c'est pourquoi c'est pour moi un régal de découvrir tous les épisodes de chaque saison en V.O, dont une partie n'avaient jamais été diffusés.

Dans la nécro découverte dans la presse en ligne, il y avait quelques infos supplémentaires sur les principaux acteurs décédés ou encore en vie.
Extraits du "Matin.ch :

"Parmi les autres acteurs principaux du «Virginien», Doug McClure est décédé en 1995 à 59 ans et le grand Lee J. Cobb en 1976 à 64 ans. Gary Clarke (Steve Hill) a aujourd'hui 86 ans, Clu Gulager (Emmet Ryker) a 91 ans et Sara Lane (Elizabeth Grainger) a 71 ans."

Encore merci Jeremy pour l'immense travail d'analyse accordé à cette série !
:wink:
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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien (1962-1971) Universal

Message par Jeremy Fox »

Morgan a écrit :
Encore merci Jeremy pour l'immense travail d'analyse accordé à cette série !
:wink:

C'est un plaisir :wink: Et le tien va être encore décuplé avec la saison 6 que je considère pour l'instant comme la meilleure.
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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien (1962-1971) Universal

Message par Jeremy Fox »

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Kevin Coughlin & Ellen Moss



6.22- The Crooked Path (Le Chemin tortueux)

Réalisation : Abner Biberman
Scénario : Robert Presnell Jr. & Jerrold L. Ludwig
Guest stars : Kevin Coughlin & Tom Skerritt
Première diffusion 21/02/1968 aux USA
DVD : VOSTF - VF
Note : 4/10

Le Pitch : Cheever, shérif à la retraite, n’en peut plus du comportement dangereusement infantile de son fils Kiley (Kevin Coughlin) qui passe son temps à provoquer ceux qu’il rencontre. Après que son père l’ait humilié en public, Kiley décide de quitter sa petite ville du Texas et de se rendre à Shiloh où il sait que travaille Trampas, vieil ami de la famille. Il est embauché par le Virginien mais, peu fiable et surtout gros affabulateur, il va s’attirer des animosités et notamment celle de Moran (Tom Skerritt), qui le prend en grippe. Melissa, la nièce de Clay Grainger en visite au ranch, va au contraire tomber sous son charme…

Mon avis : La saison 6 a beau être d'une formidable richesse, la série a pourtant vraiment du mal avec les histoires mettant sur le devant de la scène des personnages au sang chaud et aux caractères un peu exubérants/agaçants, que ce soient des repris de justice à qui l’on offre une seconde chance ou alors - comme c’est le cas ici - de jeunes vaniteux qui n’ont pour se faire remarquer et s’épanouir que le choix de la provocation. Kiley, en plus d’être totalement immature de ce point de vue, s’avère être un indécrottable affabulateur. Lassé de ce comportement infantile et dangereux, son père l’humilie en public au cours d’un prologue nocturne vraiment tendu et qui promettait un grand cru. Après qu’il ait failli tuer son père – le suspense est vraiment très réussi à ce moment là – Kiley décide de quitter le Texas sans jamais y revenir et d’aller se faire embaucher à Shiloh, Trampas ayant été un grand ami de la famille alors que le jeune homme n’avait alors qu’une dizaine d’années et que le cowboy "le faisait sauter sur ses genoux". Après ce démarrage très encourageant, voilà que les auteurs, sans plus tarder, nous font tomber des nues avec une séquence totalement grotesque au sein d’un camp indien, les Natives décrits durant ce court moment pouvant aisément rivaliser de ridicule avec ceux des pires productions A.C. Lyles au cinéma. Durant cette scène heureusement très courte, Kiley se fait voler sa monture par les indiens – dont des femmes et des enfants - qui estiment en avoir le droit, puis repart à pied jusqu’à Medicine Bow. En à peine cinq minutes, Abner Biberman a fait souffler le chaud et le froid sur le téléspectateur ; malheureusement, la température restera bien faible tout du long faute en incombant principalement à la direction d’acteurs et à des comédiens guère convaincants.

Car que ce soient Kevin Coughlin dans la peau du blanc-bec à la forte tête, Ellen Moss dans le rôle de la nièce des Grainger, ou encore John Marley dans celui du Old Timer qui va accepter de se faire licencier pour protéger le jeune homme qu’il a pris en affection, aucun des trois n’arrive à nous faire éprouver de l’empathie pour leurs personnages, soit par le fait que leur jeu soit trop terne (Ellen Moss & John Marley) soit au contraire insupportable de cabotinage concernant le protagoniste principal de l’histoire qui finit très vite par nous lasser. Dans ces cas-là, sans aucun moyen de pouvoir se rattacher à qui que ce soit, il est difficile de ne pas s’ennuyer même devant une histoire qui tiendrait la route. Heureusement une autre Guest Star parvient à nous faire sortir de notre torpeur, le jeune Tom Skerritt (l’un des membres de l’équipage du Nostromo dans le Alien de Ridley Scott) qui interprète le cowboy de Shiloh qui prend Kiley pour tête de turc à force de ne plus supporter son incompétence et ses mensonges de mythomanes. Doug McClure n’est évidemment pas mauvais lui non plus et à eux deux ils permettent à The Crooked Path de ne pas être aussi pénible qu’il semblait devoir le devenir. Sans oublier également celui qui nous aura fait forte impression au cours du prologue, Karl Swenson dans le rôle du père du jeune sauvageon ; un comédien que tous les amateurs de western connaissent parfaitement, ayant aussi bien tourné sous la direction de Delmer Daves que de Jack Arnold, Don Siegel, Henry Hathaway, John Sturges, Sam Peckinpah ou Robert Aldrich. Excusez du peu et autant dire qu’il est difficile pour les aficionados d’être passé à côté ! Dommage que son personnage dans cet épisode ne soit présent que durant la première séquence.

Il ne va pas se passer grand-chose au cours de cette fiction que l’on semble avoir déjà vu et revu, le laborieux apprentissage du métier de cow-boy du jeune Kiley n’ayant guère plus d’intérêt que la romance assez niaise qui va l’unir à la nièce des Grainger venue en visite à Shiloh le temps d’un seul épisode. Le récit va donc sans cesse passer des vantardises de Kiley qui ne pense qu’à ce que l’on soit témoin de son habileté dans le maniement des armes à ses visites romantiques à Melissa, l’histoire d’amour faisant malheureusement partie des plus mièvres depuis le début de la série, elle qui nous a pourtant offert tant de beaux portraits de femmes depuis ses débuts. L’amitié entre le vieil alcoolique et le jeune fanfaron aurait pu faire ressortir une bonne dose d’émotion mais se révèle elle aussi plus nigaude que touchante faute une fois encore à des personnages pas spécialement bien écrits et à des comédiens ici au moins sans grand talents. Les amateurs d’action assisteront à quelques combats à poings nus pas spécialement excitants ainsi qu’à une séquence d’incendie guère plus palpitante. Le final sombrera quant à lui dans le plus mauvais mélodrame avec la longue lettre du père lue en voix off et qui nous semble interminable.

Abner Biberman fait ce qu’il peut et utilise lui aussi ces mêmes vilaines transparences des séquences ‘à carriole’ que l’on peut déjà voir depuis plusieurs épisodes. Et, puisque nous n’avons pas grand-chose à nous mettre sous la dent pour pouvoir en parler plus longuement, notons que Ellen Moss ne fera pas une longue carrière en tant qu’actrice et qu’elle préfèrera se tourner vers le médical, alors que le jeune Kevin Coughlin trouvera un rôle récurrent dans la série Bonanza mais qu’il mourra bêtement heurté par une voiture à l’âge de 31 ans. Un mythomane voulant être pris au sérieux mais qui se retrouve la risée de tous ses compagnons de travail, voilà qui aurait pu fournir une bonne histoire assez touchante ; sauf que ce boulet pour le Virginien - qui est en même temps obligé de prendre soin de la nièce de son patron - devient vite également un boulet pour les téléspectateurs que nous sommes. Espérons un prochain épisode d’une toute autre trempe !


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Jeremy Fox
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Doug McClure & Don Quine




6.23- Stacey (La Fracture)

Réalisation : Leo Penn
Scénario : Douglas Morrow
Guest stars : Robert H. Harris & Lee Kroeger
Première diffusion 28/02/1968 aux USA
DVD : VOSTF - VF
Note : 2.5/10


Le Pitch : Stacey se casse le bras alors que la calèche dans laquelle il était avec sa petite amie Janie (Lee Kroeger) se renverse. Si la fracture est vite réparée, le bras reste toujours inerte ; inquiet, le docteur de Medicine Bow envoie Stacey voir un spécialiste. Il se trouve qu’un nerf coincé pourrait le laisser paralysé à vie sans une opération. Celle-ci a lieu mais Stacey ne retrouve toujours pas l’usage de son bras. Il a un autre motif de soucis ; depuis que l’on a appris qu’il pourrait rester amoindri de manière permanente, Janie vient de moins en moins souvent lui rendre visite ; son éducation pourrait être à l’origine de cette ‘peur’ de la faiblesse…

Mon avis : Pour son dernier épisode lui étant consacré – Don Quine ne sera plus au générique que d’un seul et semble-t-il pour une participation minimale - le personnage de Stacey n’est pas vraiment gâté par les auteurs qui nous octroient à cette occasion l’un des épisodes les plus mièvrement mélodramatiques - car le mélodrame en soi n'est pas une tare - en même temps qu'un des moins palpitants de la série. Les premiers plans assez bucoliques laissaient pourtant présager bien mieux que ce qui allait suivre ; mais dès que l’on fait la connaissance de Janie, la nouvelle petite amie de Stacey, on devine que le manque de talent de la comédienne Lee Kroeger va ne pas tirer cette histoire vers le haut ; et c’est effectivement ce qui se passe, le choix des acteurs n’étant pas seuls en cause, le scénario de Douglas Morrow s’avérant très vite sans grand intérêt. Il fut pourtant en début de carrière l’un des spécialistes des Biopics sportifs hollywoodiens, son travail nous ayant donné trois films tout à fait agréables se déroulant dans les milieux du football américain ou du base ball : The Stratton Story de Sam Wood avec James Stewart et June Allyson ainsi que deux autres signés Michael Curtiz, Le Chevalier du stade (Jim Thorpe All-Americans) avec Burt Lancaster et Phyllis Thaxter ainsi que le savoureux Un homme pas comme les autres (Trouble along the Way) avec John Wayne et Donna Reed. On ne pourra malheureusement pas en dire autant de son script pour cet insipide Stacey.

Par une belle après-midi ensoleillée la calèche dans laquelle se trouvait Stacey et Janie se renverse en passant sur une branche et le neveu des Grainger est blessé, son bras cassé. Malgré le jeu d’emblée très limité de la jeune Lee Kroeger mais aussi de son personnage pas spécialement attachant, le début reste assez sympathique par sa légèreté, basé principalement sur les blagues et moqueries que s’envoient les cowboys et Stacey, les premiers lui disant de ne surtout pas trop se fatiguer, le second ayant de la répartie et rentrant dans le jeu en les rendant jaloux d’aller devoir trimer pendant que lui pourra se prélasser à sa guise. Tout ceci est assez amusant sauf que l’on en a vite fait le tour, le running gag devenant finalement assez vite lassant. Mais finalement nous aurions préféré que le récit se poursuive de la sorte car à la fin du premier tiers le récit bascule vers le mélodrame jamais ni crédible ni captivant. En effet, alors que la fracture de Stacey se répare, son bras reste étrangement toujours inerte. On fait alors venir un spécialiste qui constate qu’un nerf de l’épaule à été touché durant la chute et que si on ne l’opère pas pour le décoincer Stacey risque de perdre le bras. L’opération empêcherait la mutilation mais rien ne dit qu’il ne perdrait quand même pas l’usage de son bras. C’est l’un des ‘suspenses’ qui va devoir nous tenir en haleine jusqu’à la fin de l’épisode : c’est quand même bien peu d’autant que l’autre est de savoir pourquoi Janie ne vient plus rendre visite à son amoureux depuis qu’elle a apprit qu’il pourrait rester paralysé à vie.

Les comédiens auraient été convaincants que l’ensemble aurait pu être touchant. Ce qui n’est pas le cas, même Don Quine - probablement dans sa tête déjà sur le départ - semblant se fiche un peu de ce qui arrive à son personnage. Avant de le quitter définitivement, on se souviendra donc surtout de lui dans cet épisode assez surprenant en fin de saison 5, le paranoïaque, kafkaïen et cauchemardesque Nightmare at Fort Killman réalisé par Abner Biberman et qui en plus de son insoutenable suspense s’avérait être un virulent pamphlet contre la discipline dans l'armée et les règlements militaires. Dans Stacey, il passe son temps à déprimer, nous agaçant assez vite par la même occasion d’autant que l’on a du mal à comprendre qu’il puisse être tombé amoureux d’une godiche comme Janie qui n’ose même pas le masser afin de lui faire retrouver des sensations dans les bras. On comprendra à la fin les raisons de cette méfiance par l'intermédiaire d'explications psychologico-fumeuses assez ridicules – même si dans la réalité tout à fait possibles - faisant reposer cette crainte sur l'éducation que lui a donné sa mère et des mensonges qu'elle lui a toujours proféré quant au véritable caractère de son père ; tout autant grotesque se révèle la stratégie mise au point par Clay Grainger pour faire sortir Stacey de sa torpeur selon lui à l’origine de cette paralysie, à savoir le bousculer jusqu’à ce qu’il s’énerve, qu’il craque et que dans le feu de l’action il se serve de son bras sans s’en rendre compte. Le Virginien devra donc le pousser à bout en le ridiculisant et en le faisant sortir de ses gonds jusqu’à provoquer un teigneux pugilat qui n’est pas ce que les auteurs nous auront proposé de mieux, la réalisation de Leo Penn ayant également du mal à suivre, faisant de cette séquence un moment plutôt gênant, tout autant lorsque notre héros ayant réussi sa ‘mission’ se met à rire plusieurs secondes durant à gorge déployée.

Une dernière déception, les relations mère-fille qui auraient pu donner des séquences psychologiquement assez intéressantes mais qui faute encore à deux actrices moyennes ainsi qu’à un scénario souvent mièvre et ridicule tombent au contraire à l’eau. Bref, au sein d’une saison quasi parfaite, nous aurons quand même eu droit à deux mauvais épisodes successifs, ce qui n’était pas arrivé depuis le début de la série. Et du coup, on se prend à attendre avec anxiété le prochain en espérant ne pas à avoir utiliser l’expression ‘jamais deux sans trois’ ! Nous n’aurons néanmoins pas tout perdu en bénéficiant de quelques répliques assez amusantes, de quelques séquences réunissant Jeanette Nolan et John McIntire toujours aussi justes ainsi que d’un final assez léger et plutôt sympathique contrairement à l'heure qui aura précédé.


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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien (1962-1971) Universal

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Mel Tormé




6.24- The Handy Man (Un Homme à tout faire)

Réalisation : Abner Biberman
Scénario : Mel Tormé
Guest stars : Mel Tormé
Première diffusion 06/03/1968 aux USA
DVD : VOSTF - VF
Note : 8.5/10

Le Pitch : Ward Borden fait pression sur son père afin qu’il s’approprie le chemin qui traverse leurs terres ; il souhaite ainsi priver Shiloh de pouvoir les traverser en espérant qu’ainsi leur propre ranch pourra prospérer autant que celui des voisins. Trampas fait en premier les frais de ce début de 'War Range' lorsque Ward lui tombe dessus avec violence. Mais un certain Jim (Mel Tormé) qui passait par là lui vient en aide. L’un des deux agresseurs reconnait en lui un redoutable tireur et chasseur de primes ; la nouvelle comme quoi Grainger aurait embauché un tueur à gages pour contrer Borden se propage comme une trainée de poudre…

Mon avis : A la fin de mon texte sur Stacey de Leo Penn qui mettait pour la dernière fois en scène ce neveu des Grainger, j’écrivais qu’au sein d’une saison quasi parfaite, nous avions quand même eu droit à deux mauvais épisodes consécutifs, ce qui ne s'était encore pas produit depuis le début de la série. Et du coup, on se prenait à attendre avec anxiété le prochain en espérant ne pas avoir à utiliser l’expression ‘jamais deux sans trois’ ! Nous pouvons donc principalement remercier Mel Tormé d’avoir exaucé nos prières dans les grandes largeurs : non seulement il est scénariste de cette formidable réussite mais c’est également lui l’invité vedette tout à fait convaincant de ce The Handy Man qui fait d’ors et déjà partie des sommets de la série. Et comme nous l’avions déjà détecté à plusieurs reprises et qui se confirme à nouveau ici, ce sont principalement les histoires basées sur les conflits entre éleveurs qui sont à l’origine de quelques-uns des récits les plus rigoureusement écrits du Virginien. Mais avant d’aller plus avant, rendons brièvement hommage à Mel Tormé qui le mérite, ne serait-ce que pour avoir composé parmi des milliers peut-être la plus belle chanson de Noël, la fameuse ‘Christmas Song’ immortalisée par la voix chaleureuse de Nat King Cole et son orchestration qui ne l'est pas moins avec ses guitares hawaïennes ensoleillées. Né à Chicago, Tormé fût un enfant prodige puisqu’il commença à chanter dans un Band à l’âge de quatre ans et écrivit sa première chanson à treize. Trois ans plus tard, il eut déjà un succès à son actif (pour Harry Williams) et de 1942 à 1943 il fit partie d’un groupe dirigé par Chico Marx. Puis il fit ses débuts au cinéma en même temps que Frank Sinatra dans Higher and Higher de Tim Whelan, comédie entraînante et bon enfant. On retrouvera ce superbe crooner bien trop méconnu dans le sympathique Good News de Charles Walters aux côtés de June Allyson ou encore dans The Duchess of Idaho de Robert Z. Leonard avec Esther Williams.

Dans cet épisode du Virginien, il incarne avec justesse et une grande subtilité, Jim, petit bonhomme assez frêle que l’on croise pour la première fois alors qu’il tire Trampas d’une fâcheuse posture. En effet, alors qu’il emprunte un chemin de tout temps utilisé par Shiloh, Trampas est pris à partie par Ward qui lui rappelle que l’on va statuer dans la semaine quant à savoir qui sera propriétaire de la parcelle de terre qu’il traverse, son père ayant demandé – sous la pression de son fils - à ce qu’elle devienne privée sans que plus personne ne puisse s'y aventurer. Notre jeune cowboy au sang chaud s’énerve et se fait sauvagement assommer par Ward lorsque Jim apparait qui fait mettre fin à un possible combat encore plus violent. Le bras droit de Ward a reconnu en ce sauveteur providentiel un célèbre tueur à gages basé à Virginia City ; les Borden vont vite propager cette nouvelle comme quoi Grainger aurait embauché un Gunman pour les intimider ; ceci est évidemment très mal accueilli par les habitants de Medicine Bow qui ont toujours eu en horreur ce genre d’individus. Il n’en est cependant rien, mais en apprenant cette rumeur, le Virginien et Trampas vont avoir dans l’idée de ne pas la démentir afin que les Borden n’osent pas entrer en conflit jusqu’au délibéré de la justice quant au droit de passage. Pour le remercier d’être venu au secours de Trampas et vu qu’il recherche un emploi, le régisseur propose donc à Jim de le faire travailler non comme cowboy car pas du tout doué pour ça mais comme homme à tout faire. Le shérif – Ross Elliott de retour puisque Clu Gulager a définitivement quitté la série – qui déteste lui aussi les Bounty Hunters va vouloir se rendre compte lui-même en allant faire une visite à Shiloh : au vu de l’aspect chétif de Jim il ne croit pas une seule seconde qu’il puisse être cet homme de très mauvaise réputation.

La qualité première du scénario de Mel Tormé est qu’il réussit tout du long à faire également douter le téléspectateur qui à la dernière image pourra encore continuer à se poser la question de savoir si oui ou non Jim est bien un chasseur de primes. Outre se révéler superbe quant à la description de ce personnage très original - d’une rare douceur mais expert en armes à feu, réputé être une bête sauvage mais pourtant très frêle… - le scénario de Mel Tormé est d’une efficacité totale à tout autres points de vue : il met en scène multiples autres protagonistes tous aussi bien croqués – Ward Borden, son père, son homme de main… - ; nous propose des réflexions jamais ennuyeuses quant à la propriété, au pouvoir de l’argent, à la solidarité, aux interactions entre amour et affaires ; une intéressante romance réunissant Elizabeth qui est amoureuse de Ward, soit désormais 'l’ennemi numéro 1' de son père puisque allant empêcher dorénavant ce dernier de pouvoir traverser ses terres, lui faisant perdre au passage beaucoup de temps et d’argent ; de captivantes relations père-fils, le premier n’osant pas trop contredire son fils même s’il sent que son ‘sens de l’éthique’ n’est pas vraiment le même que le sien ; de passionnantes questions juridiques concernant ce litige à propos d’un dossier d’attribution d’une parcelle de terrain qui pourrait changer la donne dans la région si un des éleveurs devait en devenir seul propriétaire ; de très efficaces scènes d’action dont d’incroyables fusillades - surtout celle finale dans le saloon - ou des bagarres à poings nus très teigneuses entre Doug McClure et Tom Simcox, acteur déjà invité à deux reprises au cours de la série ; de superbes et émouvantes séquences au cours desquelles Trampas et Jim se confient de manière assez intimes ; ou encore d’étonnantes surprises scénaristiques que je ne m’abaisserais pas à vous décrire, bien évidemment concernant surtout ce superbe protagoniste qui restera plus ou moins énigmatique jusqu'au bout.

Un épisode remarquable, solidement bien écrit, très correctement réalisé par Abner Biberman qui est désormais bien rodé aux rouages de la série, bénéficiant d’un magnifique scénario et d’une direction d’acteurs irréprochable. Le final est peut-être l’un des plus beaux et mystérieux qu’il nous aura été donné de voir, le personnage de Mel Tormé nous ayant tout du long un peu fait penser à celui de Shane dans le superbe L’homme des vallées perdues de George Stevens. A signaler qu’en l’absence de John McIntire/Clay, son épouse Jeannette Nolan/Holly prend les rênes du ranch et ne se démonte pas lorsqu’il faut aller parler aux cowboys et leur faire part de ses décisions et conseils ; elle se révèle une fois encore remarquablement à l’aise dans ce très beau rôle. Grande réussite dans laquelle tous les ingrédients du western sont réunis ainsi que de très nombreux protagonistes récurrents ! Les amateurs de la série devraient facilement en faire l'un de leurs épisodes préférés.


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Re: Le Virginien (1962-1971) Universal

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MEL TORME était aussi très bien en tueur tout de noir vêtu dans le méconnu " Walk like a dragon " (1960), western intéressant réalisé et écrit (avec Daniel Mainwaring) par James Clavell. On attend toujours le dvd de ce beau film Paramount. :wink: à Sidonis- Calysta. Quant au chanteur, certains voient en lui un émule de Sinatra.
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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien (1962-1971) Universal

Message par Jeremy Fox »

Chip a écrit :MEL TORME était aussi très bien en tueur tout de noir vêtu dans le méconnu " Walk like a dragon " (1960), western intéressant réalisé et écrit (avec Daniel Mainwaring) par James Clavell.
Je note :)
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Re: Le Virginien (1962-1971) Universal

Message par Chip »

Tormé en gunfighter nommé the Deacon et Michael en prêtre, plus James Shigeta en chinois aspirant à devenir un roi de la gâchette et Jack Lord amoureux d'une asiatique qu'il sauve de l'esclave, cela donne un film assez curieux, comme dirait Brion. Voir aussi le Phil Hardy :wink:
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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien (1962-1971) Universal

Message par Jeremy Fox »

Ah oui ça sent très bon. Avec Jack 'McGarrett' Lord en plus 8)
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Re: Le Virginien (1962-1971) Universal

Message par Jeremy Fox »

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Kenneth Tobey




6.25- The Decision (La Décision)

Réalisation : E. Darrell Hallenbeck
Scénario : Richard Carr
Guest stars : Monica Lewis & Kenneth Tobey
Première diffusion 13/03/1968 aux USA
DVD : VOSTF - VF
Note : 7.5/10

Le Pitch : Son épouse ayant décidé de le quitter par peur constante qu'il se fasse tuer, Dan Porter (Kenneth Tobey) abandonne son poste de shérif de la petite ville de Mason City et vient se faire embaucher à Shiloh car il a appris qu'Emily s’était installée chez sa sœur à Medicine Bow. Il espère ainsi apprendre le métier d’éleveur et, une fois un certain pécule accumulé, recommencer une nouvelle vie en s’achetant sa propre ferme et en partant à la reconquête de sa femme. En attendant il doit gérer un conflit avec Trampas ; ce dernier lui voue une rancune tenace pour l'avoir emprisonné et molesté alors qu'il était accusé de tricher aux cartes…

Mon avis : E. Darrell Hallenbeck, le réalisateur de cet épisode - qui fut aussi assistant de Nicholas Ray et Vincente Minnelli -, avait déjà signé l’un des plus intrigants de la série quelques mois auparavant, The Death Wagon, dont le thème principal était la peur de la contagion rapide d’une maladie ; il comptait parmi ses Guest Stars, Tim McIntire, Albert Salmi & Michael Constantine, tous trois mémorables dans leurs rôles respectifs. Même s’il s’avère plus classique, The Decision représente une autre grande réussite de la saison et de la série. Il aborde entre autres ce sujet assez classique dans le genre westernien, celui de l’homme de loi dont la dangerosité de son travail quotidien fait passer des nuits blanches à son épouse qui ne cesse de s’inquiéter de savoir s’il passera ou pas la journée. En l’occurrence, après qu’il ait failli perdre la vie en se mesurant à deux jeunes hommes imbibés par l’alcool, Dan Porter reçoit un télégramme qui le décide à rendre son étoile : l’on ne connait pas immédiatement la teneur de ce câble – lecteurs que vous êtes le devinez surement en ‘connaissance de pitch’ - mais on le retrouve quelques temps plus tard à Shiloh où le Virginien le présente ainsi qu’un autre jeune homme comme les deux nouveaux embauchés au ranch. Porter a donc abandonné non seulement son métier mais également la ville où il exerçait depuis 8 ans pour se retrouver du jour au lendemain cow-boy sans expérience. On est donc également étonné que le régisseur ait accepté de le prendre à son service mais il est dit quelques minutes après, tout à l’honneur de notre héros, qu’il a pour habitude de laisser sa chance au plus grand nombre, qu'il soit ou non chevronné ; il faut bien que chacun débute un jour et ce à n’importe quel âge, suite à n’importe quelle situation ("he is a great man to work for ; he gives every man an even break") : belle ouverture d’esprit de notre Virginien qui en l'occurrence connait quand même le secret de Porter, ce qui l'a encore moins fait hésiter à le faire travailler.

Il se verra dans l’obligation de le dévoiler à Trampas pour faire cesser une rivalité qui se transformait rapidement en haine, l’ami du Virginien s’étant rarement révélé aussi sadique, ayant reconnu en Dan l’homme de loi qui l’avait cogné et arrêté pour tricherie voici plusieurs années, et en concevant toujours une tenace rancune. Chargé par son boss de le former au métier de cow-boy, Trampas ne perdait alors pas une occasion pour le faire suer et s’en moquer, ayant eu l’interdiction de se battre avec lui. Néanmoins, lorsqu’un violent combat à mains nus est sur le point de violemment dégénérer, l’intendant va trouver Trampas lui expliquant que Dan est venu ici apprendre le métier afin de pouvoir plus tard s’acheter son propre ranch pour renouer avec son épouse qui l’a quitté et est venue habiter auprès de sa sœur à Medicine Bow, ne supportant plus l’ancien métier de son mari. Evacuons d'emblée un aspect assez déplaisant du superbe scénario de Richard Carr – auteur dans le domaine du western du curieux Le Tueur et la belle (Man from Del Rio) avec Anthony Quinn et Katy Jurado et réalisé par Harry Horner en 1956, ou encore de L’enfer est pour les héros de Don Siegel avec Steve McQueen –, la leçon de morale assénée en fin d’épisode à propos de l’épouse du shérif qui aurait été trop égoïste pour se mettre à la place de son mari et qui l'aurait ainsi injustement laissé tomber ; à moins qu’il ne faille en faire porter la responsabilité à Trampas qui décidément ne se sera pas montré toujours sous son meilleur jour au cours de cet épisode, son personnage étant celui qui agresse verbalement et moralement Emily en lui tenant ce discours un peu rétrograde sur la place de la femme. Nous aurions aimé pouvoir dire qu'il s'agissait ici du second cas de figure car l’on sait que les auteurs n’approuvent pas toujours leurs protagonistes, aussi héroïques soient-ils ; et c’est tant mieux, faisant éviter ainsi trop de manichéisme à leurs récits. Sauf qu’en l’occurrence, l’épilogue paraissant le confirmer, la femme semble ne pas avoir les faveurs des auteurs qui la remettent vite 'à sa place' puisqu’elle décide in fine de retourner vivre auprès de son mari même s’il a décidé de remettre son insigne ; elle va donc probablement encore souffrir d’angoisse durant toute la carrière de son homme.

Un épisode à la morale pas très progressiste mais qui se sera néanmoins révélé remarquable sur quasiment toute sa durée, tout du moins durant ses trois premiers quarts, la dernière partie de retour à Mason City où l’ex-shérif s’y retrouve en tant que simple cowboy s’avérant un peu en deçà et surtout moins crédible. Mais finissons une fois pour toute de chipoter et revenons-en aux éléments qui font de cet épisode une très belle réussite, et parmi eux, l'interprétation : Kenneth Tobey - L'Attaque de la malle-poste ; La Chose d'un autre monde ; L'Aigle vole au soleil… - est très convaincant, bien meilleur que dans Reckoning en tout début de saison ; tout comme Richard Carlson dans le rôle de son adjoint pas vraiment fait pour le métier car trop 'gentil' ainsi que Monica Lewis et ses faux airs de Ida Lupino, déjà très attachante en institutrice dans Lost yesterday de Don McDougall durant la troisième saison. Richard Carr mettra dans la bouche de Kenneth Tobey un superbe et touchant discours quant à la profession de shérif lors d’une attachante séquence au coin du feu avec Trampas après que les deux hommes soient devenus grands amis à partir du moment où Trampas aura appris la vérité sur Dan puis qu’il décide de prendre en charge sa formation : "Le métier d'homme de loi n’est pas fait pour tout le monde. Ça doit être fait mais personne ne veut s’en charger. On est encensé lorsque l’on sauve une vie mais vilipendée à la moindre erreur. Alors on applique la loi en restant insensible aux louanges et aux injures. On ne vous enseigne rien du tout ; chacun doit développer son instinct et son expérience. Un bon shérif sent quand il peut bluffer ou quand il doit dégainer. Il sent quand la foule devient dangereuse ou quand les gars ont juste bu un coup..."

Un épisode dense et captivant, très bien mis en scène par E. Darrell Hallenbeck qui n’hésite pas à utiliser des cadrages alambiqués lors des séquences d’action - et notamment les bagarres - pour en renforcer l’impact. Les auteurs en profitent également pour mettre en avant quelques notifications presque documentaires sur la vente et l’achat de bétail, la manière de se servir d'un lasso ou encore de convoyer un troupeau. A noter aussi un deuxième personnage de relative importance en terme de minutes de présence même s'il n'aura aucun effet dramatique sur le récit, celui du jeune cowboy arrivé à Shiloh en même temps que Dan et interprété par Ben Murphy dont tous les cinquantenaires se souviennent pour avoir tenu le rôle de Gemini Man, le nouvel homme invisible, série ayant marqué certains esprits comme le mien à la fin des années 70. Il apporte ici un peu de fraîcheur et de naïveté pas désagréable, bien plus que Don Quine / Stacey encore malheureusement sous employé pour sa dernière apparition dans la série. Plus qu'un seul épisode que l'on espère au moins de cette trempe pour terminer de la meilleure manière qui soit cette formidable sixième saison !


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Jeremy Fox
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Michael Burns



6.26- Seth (La Chasse au cougar)

Réalisation : Joel Rogosin
Scénario : Reuben Bercovitch
Guest stars : Michael Burns
Première diffusion 20/03/1968 aux USA
DVD : VOSTF - VF
Note : 7.5/10

Le Pitch : Un cougar commençant à faire des ravages parmi le bétail de Shiloh, le Virginien demande à Trampas de partir le chasser. Une nuit, alors qu’il dort à la belle étoile, il surprend un jeune adolescent en train de lui voler ses victuailles. Seth (Michael Burns) s’excuse mais ne donne aucune explication quant à sa présence en ces lieux même s’il semble tendu et sur le qui-vive. Un peu à contrecœur et toujours aussi taciturne le jeune homme accepte d’aider Trampas à chercher la bête sauvage. Après la mission menée à bien, Trampas demande au régisseur d’embaucher le jeune garçon jusqu’à ce que l’on retrouve une trace de sa famille…

Mon avis : Cette sixième saison qui avait débuté sur un épisode très décevant s’est finalement révélée être au fur et à mesure de son avancée la plus satisfaisante sur la durée, les épisodes mauvais voire moyens pouvant se compter sur les doigts d’une main, les amateurs trouvant au contraire à foison de grands épisodes dont pourrait faire partie celui qui la clôture ici en beauté. Joel Rogosin qui est un des très bons producteurs de la série (51 épisodes à son actif à partir de celui qui nous aura fait découvert Clu Gulager dans le rôle du shérif Ryker) a décidé à l’occasion de passer également derrière la caméra ; et autant dire qu’il semble avoir été bien conseillé car son travail s’avère on ne peut plus professionnel à défaut d’être mémorable. Il avait pourtant à filmer de nombreuses chevauchées au travers de multiples paysages et il s’en sort remarquablement bien, les scènes d’extérieurs nuit en studio ne faisant pas non plus trop cheap, l’excellent scénario de Reuben Bercovitch – qui écrivit entre autres l’histoire de Duel dans le Pacifique réalisé par John Boorman en 1971 - aidant le spectateur à ne pas trop s’appesantir sur ces paramètres budgétaires. Une réalisation carrée et un scénario intrigant aux personnages bien dessinés ; ne manquait plus que des comédiens parvenant à incarner avec conviction leurs protagonistes : que ce soient les acteurs récurrents ou les invités, ils sont tous au rendez-vous, excellemment bien dirigés. D’où un formidable épisode même s’il ne pourra cependant pas prétendre intégrer le top 20 de cette remarquable série.

Pour ceux qui auraient pu être attirés par le titre français, sachez qu’il est un peu trompeur contrairement au titre original car la chasse au cougar ne dépassera pas la demi-heure, le félin étant mis hors d’état de nuire finalement assez vite après malgré tout de belles séquences de poursuites prenant tout leur temps à travers forêts, plaines et montagnes. Même si l’on reconnaitra l’insertion de stock-shots, le montage est fait avec assez de discrétion pour que l’ensemble passe plutôt bien et que les apparitions du puma – autre appellation du cougar – se révèlent plutôt efficaces. Ensuite on rentre à Shiloh et Medicine Bow jusqu’à la fin de l’épisode. Mais cette chasse n’est qu’un prétexte pour le scénariste afin de faire partir Trampas en solitaire au milieu de la nature sauvage et désertique. Une nuit, alors qu’il est endormi, il surprend un jeune adolescent en train de lui voler une partie de ses victuailles. Il a beau l’interroger sur les raisons de sa présence en cet endroit, sur sa famille et son lieu d’habitation, il ne parvient pas à lui faire décrocher de réponses et finit par s’en accommoder, celui se faisant prénommer Seth lui rappelant beaucoup lui-même au même âge de 15 ans, un vagabond rebelle et fugueur. Refusant dans un premier temps de le suivre, Seth finit par accepter d’aider Trampas à pourchasser le puma. En le laissant relativement tranquille sans trop le questionner, Trampas aura réussi à gagner sa confiance ; le jeune homme lui fera néanmoins faux bond à quelques reprises, s’enfuyant la nuit pour revenir penaud le matin sans plus d’explications qu’auparavant. Le spectateur aura cependant été témoin qu’il se rendait dans une cabane cachée dans la forêt, à la recherche de quelqu’un qu'il ne trouve pas et retournant ensuite au campement du cow-boy de Shiloh. Nous aurons également assisté à des séquences mettant en scène deux personnages assez énigmatiques que l’on devine être des bandits et qui semblent être à la recherche de Seth, l’un des deux disant vouloir lui faire payer sa ‘désertion’.

La grande force du scénario provient du mystère bien entretenu autour de tous ces personnages, du flou concernant leurs liens et interactions, faisant de cette histoire un récit constamment intrigant presque jusqu’à son final. Une fois la chasse au cougar ayant pris fin, Seth suit Trampas jusqu’à Shiloh où on l’embauche le temps qu’une enquête soit faite pour retrouver sa famille. Rarement le Virginien se sera montré sous un meilleur jour, confirmant non seulement son ouverture d’esprit mais également sa capacité empathique et sa compréhension malgré ses dehors toujours un peu bourrus. Comprenant que Seth compte désormais beaucoup pour Trampas, tout en faisant comprendre à ce dernier que Shiloh n’est pas un orphelinat ou un refuge pour enfants abandonnés ("Shiloh is a ranch, not a foundling home as you well know. You're a top hand, he's not your burden"), il accepte de donner sa chance au jeune garçon le temps que le mystère soit levé sur ses origines familiales, ne voulant pas qu’un quelconque membre de sa famille puisse s’inquiéter. Trampas et le Virginien terminent donc la saison en beauté faisant ici preuve de beaucoup d’humanité sans que jamais le scénario n’effleure la naïveté voire la mièvrerie ; le travail de Reuben Bercovitch est parfaitement dosé pour demeure sobre et posé jusqu’à son épilogue qui aurait cependant pu nous faire espérer le remplacement de Don Quine par le jeune Michael Burns qui s’est révélé ici excellent comédien sans jamais trop en faire. Il poursuivra presque l’ensemble de sa carrière à la télévision ; dommage que ce n'ait pas été pour Le Virginien ! Très bon également, l'inquiétant Kevin Hagen (Les Prairies de l'honneur ; Le Pistolero de la Rivière Rouge… plus connu des téléspectateurs français pour avoir tenu le rôle du docteur Baker dans La Petite maison dans la prairie) qui va vite nous être présenté comme l’oncle du jeune homme lorsqu'il comprend en lisant la gazette de Medecine Bow que le dernier embauché à Shiloh pourrait être son neveu ; il se rend donc dans cette ville du Wyoming pour réclamer son retour. Mais nous n’en dirons pas plus afin de ne pas dévoiler les quelques mystères qui finissent de faire de cette histoire un modèle de scénario intrigant, le final un efficace suspense avec pour Seth un choix crucial concernant la voie qu’il devra suivre et qui définira son avenir.

Au vu de la très grande qualité de cette saison, je me sens obligé de la conseiller en premier à ceux qui voudraient découvrir la série sans nécessairement vouloir visionner son intégralité. Elle contient assez d’excellentes histoires pour avoir le temps de l’apprécier et d’apprendre à connaitre les personnages même s’il faut bien être conscient que l’on passera à côté de ceux inoubliables interprétés au préalable par Lee J. Cobb (le premier propriétaire de Shiloh) ou John Dehner (celui qui prendra sa succession pour malheureusement très peu de temps). Quoiqu’il en soit, outre la première également assez égale en qualité, cette sixième saison me parait être la meilleure porte d’entrée à la série. Quant à Seth, il aura été un superbe épisode final pour cette formidable sixième saison avec pour point d’orgue une belle marque d’amitié du Virginien à l'égard de Trampas lorsqu'il lui trouve une excuse pour se rendre en ville afin de pouvoir faire ses adieux au jeune homme pour qui il s’est pris d’affection. Attendons maintenant la septième saison avec impatience d’autant que de nouveaux arrivants vont se révéler à nous dont le sympathique David Hartman.


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Jeremy Fox
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David Hartman



7.01- The Saddle Warmer

Réalisation : Charles S. Dubin
Scénario : Robert Van Scoyk
Guest stars : Tom Skerritt, Ralph Bellamy, Quentin Dean & David Hartman
Première diffusion 18/09/1968 aux USA
DVD : VOSTF
Note : 6/10

Le Pitch : David Sutton (David Hartman) vagabonde de ville en ville à la recherche de petits boulots. Faisant une halte dans une ferme pour étancher sa soif, il tombe sur une femme au comportement assez étrange et qui lui demande de l’emmener avec lui. Mais David est chassé par le propriétaire des lieux, un vieil homme peu commode. Il se retrouve à Medicine Bow où, embauché au saloon, il est la cause involontaire d’un accident au cours duquel Trampas est privé quelques semaines de l’usage de ses jambes. En compensation, David vient demander à Shiloh de remplacer bénévolement Trampas le temps qu’il se rétablisse…

Mon avis : Nouveau générique et nouvel arrivant pour cette septième saison en la personne du comédien David Hartman dont la carrière fut assez courte puisqu’il ne tourna que dans 4 films (dont Le Ranch de l’injustice – The Ballad of Josie de Andrew V. McLaglen aux côtés de Doris Day) puis quelques séries avec notamment parmi elles de 1969 à 1973 The Bold Ones: The New Doctors au sein de laquelle il tenait le rôle principal. Il se tourna ensuite vers le journalisme et présenta Good Morning America de 1975 à 1987. Il ne sera à l’affiche du Virginien que durant cette seule saison, remplaçant en quelque sorte le départ de Don Quine. L’épisode tient avant tout sur ses épaules et il faut avouer qu’il s’avère aussi convaincant que sympathique dans la peau de David Sutton, vagabond orphelin de tempérament doux et optimiste allant de ville en ville pour effectuer de petits boulots et qui finit par atterrir à Shiloh après quelques déboires. Mais avant d’en revenir à cet épisode, rappelons – car son visage ne nous semblait pas inconnu - que nous avions découvert David Hartman dans le sixième épisode de la saison précédente et qu’il nous avait déjà tapé dans l’œil. Il s’agissait du formidable The Masquerade réalisé par Don McDougall dans lequel il interprétait avec un immense talent un modeste employé de banque devant se faire passer quelques jours pour le shérif d’une petite ville le temps que son père, qui vient rapidement lui rendre visite, puisse continuer à en être fier.

Quelques mots rapides sur ce tout nouveau générique toujours bercé par le même thème musical de Percy Faith mais réorchestré avec plus de rythmique et de basse ; non seulement David Hartman s’y invite mais également - hormis John McIntire statique -, toujours caracolant à cheval et venant vers le spectateur, nos personnages récurrents traversent un paysage un peu différent, plus arboré et ombragé, un beau sourire de James Drury venant y mettre fin. On se rend alors également compte du temps qui est passé car par rapport au premier générique seuls Trampas et Le Virginien ont pour l'instant résisté aux sept saisons de la série. The Saddle Warmer qui ouvre cette nouvelle saison de 26 épisodes ne fait pas d’étincelles malgré un départ prometteur mais reste cependant tout à fait honorable malgré une seconde partie assez décevante, le fautif en étant principalement le scénariste Robert Van Scoyk qui ne renouvelle pas le superbe travail d’écriture qu’il nous avait démontré peu de temps avant sur l’excellent The Good-Hearted Badman avec un inoubliable Pete Duel. Ici l’auteur mise sur deux tableaux qui ont parfois du mal à bien se coupler et s’harmoniser. Le premier c’est celui de l’arrivée d’un nouveau personnage récurrent au sein de la série, David Sutton interprété par David Hartman ; le second c’est l’histoire de Saranora, une jeune femme qui semble perturbée par un passé oppressant et qui fait tout pour fuir la maison familiale dont les autres occupants sont un vieil homme peu aimable dont on en sait pas immédiatement s’il s’agit de son tuteur ou de son père (Ralph Bellamy), ainsi que son homme de main libidineux qui la harcèle sans cesse (excellent Tom Skerritt, petit habitué de la série) et qui ne perd pas une occasion pour tenter de lui voler un baiser.

Il faut dire qu’au premier abord le comportement de Saranora parait être tout à la fois celui d'une personne très naïve mais également celui d’une nymphomane, notamment lors de la première séquence qui voit David Sutton atterrir dans la ferme où elle est seule à cette heure. Alors qu’il demande juste à étancher sa soif, Saranora se fait aguichante et pressante mais finit par lui faire comprendre qu’elle aimerait qu’il l’emmène loin d’ici. Cette ambiguïté énigmatique du personnage féminin renforcée par le jeu tout à fait digne de l’actrice Quentin Dean (on la verra dans le très bon Will Penny de Tom Gries) fait une partie de la qualité de la première partie de cet épisode alors extrêmement encourageant d’autant que le personnage de David Sutton s’avère tout autant intrigant/attachant, espèce de vagabond dégingandé toujours de bonne humeur et débordant d’humanité qui, après avoir provoqué un accident ayant couté une jambe cassée à Trampas, vient à Shiloh se proposer de le remplacer bénévolement le temps qu’il se rétablisse et malgré son inexpérience pour le métier. Indépendamment les unes des autres, les deux intrigues se tiennent plutôt bien et s’avèrent toutes deux aussi intéressantes, mais le bât blesse dès qu’elles reviennent à se côtoyer à partir du moment où Saranora s’échappe de chez elle et vient se réfugier auprès de David à Shiloh ; et voilà son 'père' parti à sa recherche, se jurant cette fois ci d'abattre l'homme avec qui elle s'est enfui afin de lui faire comprendre qu'il y en a maintenant assez de ses multiples fugues. L’ambigüité de départ se transforme alors parfois en mièvrerie – à l’image de la musique de Pat Williams, tour à tour joliment romantique puis sirupeuse -, l'espèce de folie de Saranora sombrant souvent dans la psychanalyse de bazar avec ces séquences bavardes et un peu pesantes rassemblant nos deux protagonistes dans une cabane abandonnée où apparaissent poupées en bois et fantômes du passé de manière lourdement symboliques ; jusqu’à une séquence sur la fin péniblement moralisatrice, David faisant la leçon au père de la jeune fille comme s’il s’agissait d’un petit enfant.

Sinon, tout ce qui tourne autour de David comme nouvel employé au ranch de Shiloh est plutôt bien vu et notamment sa formation de cow-boy ainsi que la rivalité qui l’oppose avec l’un d’entre eux qu’interprète Chris Robinson qui nous avait néanmoins habitué à des performances bien plus mémorables au sein même de la série. Belle relation qui se tisse aussi entre David et Elisabeth - l’actrice Sara Lane n’ayant jamais semblé aussi jolie que dans cet épisode -, cette dernière ayant insisté pour faire embaucher ce vagabond qu’elle a immédiatement trouvé très amical ; également entre David et Trampas qui vont semble-t-il devenir les meilleurs amis du monde tout au long de la saison. Sinon la réalisation de Charles S. Dubin se révèle tout à fait correcte – à l’exception de quelques idées bien maladroites comme ces flash-back floutés – et nous propose quelques belles séquences en extérieur comme la poursuite des mustangs sauvages même s’il est évident que de nombreux plans proviennent de stock-shots d’anciens westerns Universal. Pour un épisode d’exposition à la saison servant surtout de présentation du nouveau venu dans l’équipe du Virginien, The Saddle Warmer est plutôt sympathique à l’image de son dernier invité récurrent ; dramatiquement parlant avec notamment cette histoire de famille aux relations plutôt difficiles, c’est un peu moins convaincant mais l'ensemble reste néanmoins tout à fait regardable. Pour les amateurs de folk irlandais, notons la présence du groupe The Irish Rovers qui nous interprète pas moins de deux chansons très dynamiques Come In et Don't Mind if I Do. Espérons quand même que la saison saura par la suite nous captiver un peu plus !


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Re: Le Virginien (1962-1971) Universal

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William Smith & Geraldine Brooks




7.02- Silver Images

Réalisation : Don McDougall
Scénario : Don Tait d'après une histoire de Joel Rogosin
Guest stars : Geraldine Brooks, William Smith & James Daly
Première diffusion 25/09/1968 aux USA
DVD : VOSTF
Note : 5/10

Le Pitch : Le photographe Dan Sheppard (James Daly) arrive à Medicine Bow à bord de son 'wagon-studio' privé pour prendre des clichés de ‘l’Ouest véritable’. Il a été invité à Shiloh pour suivre les cowboys dans leur vie quotidienne et leur travail journalier. Pendant ce temps son fils reste à bord du wagon pour faire des portraits studio des habitants qui le souhaitent. Il reçoit la visite de Della (Geraldine Brooks), voisine des Grainger, les deux ranchs étant actuellement en conflit car la jeune femme voudrait bien vendre ses terrains à un prospecteur de pétrole, ce qui dans un proche avenir pourrait polluer les points d’eau pour le bétail…

Mon avis : A quelques très rares exceptions, le personnage du photographe a rarement été mis en avant au sein du western ; sous les traits de James Daly il trouve cependant dans cet épisode une place de choix (malheureusement assez mal exploitée par les auteurs). Dans son wagon-studio, il sillonne les États-Unis afin de prendre des clichés et lorsqu’il arrive à Medicine Bow il est invité quelques jours par Grainger à Shiloh pour y capter sans embellissement le travail journalier des cow-boys : "I want to show the men working. When people look at my photographs, I want them to be able to smell the smoke of a branding fire, taste the grit of the dust in their teeth. I want to photograph the feel of things like those 40-below mornings you get out here!" Tout au long de cette histoire nous verrons à travers des images fixes en noir et blanc les photographies prises par Dan Sheppard de tous nos héros dans leurs différentes situations quotidiennes, au travail comme dans leurs vies privées. Dan voyage avec son fils d’une vingtaine d’années qui, pendant lui photographie les ‘scènes’ extérieures, est chargé de faire des portraits des habitants de Medicine Bow qui en font la demande, à l’intérieur du wagon où plusieurs fonds de décors sont proposés. Il fait ainsi la connaissance d’une certaine Dellia devenue récemment veuve et qui voulant désormais vivre autre chose et ailleurs a décidé de vendre sa propriété et ses terres. Seulement le potentiel acheteur qui lui fait la meilleure proposition n’est autre qu’un prospecteur pétrolier qui a déjà une installation pas très loin d'ici et qui pollue déjà l’eau alentour.

C’est d’ailleurs ainsi que débute l’épisode avec Le Virginien chevauchant pas très loin des puits en marche et découvrant l’eau de la rivière noircie par cet or noir. Avec les autres ranchers du coin, il voudrait décider Dellia par une offre intéressante à leur vendre ses terres plutôt qu’au spéculateur pétrolier. Une phrase du Virginien nous fait comprendre qu’il n’est pas nécessairement réactionnaire et opposé au progrès – il l’avait déjà prouvé à nombreuses reprises – et qu’il faut apprendre à vivre avec s’il est ‘légitime’ mais à condition donc que ce dernier n’ait pas de retombées négatives sur le travail des autres : "there's room for cattle and oil if it's developed right". En revanche je doute que certains trouvent l’intendant de Shiloh si progressiste lorsqu’il aura cette réplique qui de nos jours en fera bondir beaucoup : "being a woman is one thing. Doing business like a man is another." Mais passons et ne nous offusquons pas pour si peu ! Autre temps, autres mœurs : ça représentait probablement tout à fait ce qui se pensait majoritairement à la fin du 19ème siècle aux USA et d’ailleurs aussi encore bien plus récemment. Mais revenons-en à notre récit ! Comment raccrocher cette histoire de photographe et cette autre de veuve devant se séparer de ses propriétés au profit d’un homme qui risque de polluer cette région de bétail ? Trouvaille aussi facile qu'improbable : lorsque Dan regarde les portraits que son fils a fait alors qu’il était en train de photographier les cow-boys il reconnait en Dellia son amour d'enfance ainsi que la femme avec qui il avait failli se marier plusieurs années auparavant.

Voilà les deux intrigues reliées ; seulement, comme c’était déjà le cas concernant le précédent épisode, là où le bât blesse principalement c’est dans l’écriture un peu laborieuse pour lier avec harmonie les deux, l’histoire de Joel Rogosin ayant beau être intéressante, ce qu’en retire le scénariste Don Tait n’est franchement pas très fluide et du coup assez moyennement captivant. Même si Don McDougall emballe le tout avec son talent habituel, il ne parvient pas à rehausser le travail médiocre du scénariste Don Tait - qui travaillera dans les années 70 principalement pour les studios Disney et ses films non animés – dont l’écriture manque en effet sacrément de conviction et de mordant comme c’était déjà le cas concernant ses quatre précédentes participations au Virginien, Two Men Named Laredo, Ride to Delphi, Star Crossed et récemment The Gentle Tamers, quatre épisodes pourtant eux aussi grandement appréciés par les amateurs de la série. Pour ma part, il s’agit là une fois encore d’un épisode fort décevant voire très moyen par son incapacité à nous captiver pour un récit qui avait pourtant au départ toute les chances d’être passionnant. Un autre paramètre vient renforcer ce manque de passion qui anime le tout, le choix pas très heureux de comédiens vraiment peu convaincants, que ce soit James Daly – bien meilleur en inquiétant en sergent de l'US Army dans l’excellent Nightmare at Fort Killman - mais plus encore Geraldine Brooks – déjà présente dans la saison 1 dans Duel at Shiloh, l’épisode-remake de Man without a Star de King Vidor - que la direction d’acteurs habituellement implacable de McDougall ne parvient pourtant pas à nous rendre satisfaisante. Étant les deux interprètes principaux de cette histoire, il est évident que leur jeu participe à la déception d’ensemble, la romance qui va voir le jour entre les deux personnages allant s’avérer plus mièvre qu’émouvante, celle allant naitre entre Elizabeth et le fils de Dan se révélant elle totalement transparente.

Difficile harmonisation de plusieurs pistes dramatiques, comédiens pas très concluants… reste une mise en scène tout à fait correcte avec quelques nouveaux lieux de tournage et quelques effets très efficaces comme celui de l’incendie du puits, toute une partie de l’histoire vraiment sympathique et notamment tout ce qui tourne autour de la photographie et des conditions de travail des cow-boys. On appréciera également la prestation de William Smith dans le rôle de l’homme cruel et vicieux qui travaille en sous-main pour le prospecteur pétrolier mais qui est en fait le régisseur de Dellia qu’il tente de courtiser afin de lui faire vendre sa propriété ‘objet de toutes les convoitises’ à ‘la bonne personne’. Ce n'est pas encore avec ce Silver Images que la saison 7 se met réellement à décoller mais il ne fait aucun doute que ça ne saurait tarder !


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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien (1962-1971) Universal

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William Windom & Ben Murphy



7.03- The Orchard

Réalisation : James Sheldon
Scénario : Andy Lewis
Guest stars : Burgess Meredith, Ben Murphy & Brandon DeWilde
Première diffusion 02/10/1968 aux USA
DVD : VOSTF
Note : 7.5/10


Le Pitch : Tim (Burgess Meredith), gros rancher texan, a été ruiné et il est revenu tenter sa chance près de Medicine Bow. Cet ancien associé de Clay, même s’il a déjà de fortes dettes à lui rembourser, lui demande encore de l’aide financière pour pouvoir redémarrer un élevage. Le propriétaire de Shiloh qui estime lui être redevable de sa réussite et qui a déjà embauché l’ainé de ses deux fils n’hésite pas même s’il est actuellement perturbé par des voleurs de bétail. Le cadet dont la femme est enceinte pense qu’ils feraient mieux de se lancer dans l’agriculture plutôt que de s’occuper de troupeaux et se heurte à ce propos avec son frère et son père…

Mon avis : L’expression ‘jamais deux sans trois’ ne fonctionne décidément et heureusement pas concernant le nombre d’épisodes consécutifs du Virginien moyennement convaincants. Et du coup après un démarrage un peu mou, la saison 7 nous propose enfin pour son troisième essai un excellent millésime sauf que David Hartman n’est toujours pas revenu en scène depuis que l’on a fait connaissance avec cette nouvelle recrue au tout premier épisode. A propos de The Good-hearted Badman au cours de la saison précédente, j’écrivais à peu de choses près que savoir James Sheldon derrière la caméra pour encore six épisodes assez rapprochés dans le temps me réjouissait par avance. Il confirme à nouveau cette confiance que l'on peut avoir en lui, remplaçant en quelque sorte Don McDougall qui fut durant six saisons le réalisateur le plus satisfaisant de la série. On pourrait ainsi brièvement résumer les plus grandes qualités de cet homme qui aura fait sa carrière entière à la télévision : une astucieuse utilisation des ellipses, une belle gestion du suspense, une mise en scène de qualité et une grande rigueur de l'ensemble. Aidé par le duo de scénaristes qui avait déjà signé Bitter Autumn, l’épisode qui nous présentait le couple Clay et Holly Grainger, James Sheldon réalise une fiction non seulement très bien ficelée mais également très mature et intelligente, témoin avant tout la longue séquence qui réunit le couple joué par John McIntire et Jeanette Nolan : la femme pragmatique, psychologue et remarquablement lucide nous démontre par ces qualités avoir un ascendant sur son époux qui ne lui en veut absolument pas, l’amour que se portent les deux personnages – rappelons qu’il s’agissait également d’un couple à la ville – faisant partie des éléments qui font des épisodes les réunissant souvent de bons crus.

Avant de revenir sur cette scène en particulier, retournonss au début de l’histoire en affirmant néanmoins d’emblée que le casting a été superbement choisi et que la direction d’acteurs ne saurait souffrir ici d’aucun reproches, chacune des nombreuses Guest Star nous livrant de remarquables performances. L’épisode démarre sur les chapeaux de roue par une séquence de fusillade, un jeune homme se faisant tirer dessus par des voleurs de bétail. Il s’agit de Walt, le cadet de Tim Bradbury, ex-associé de Clay Granger alors qu’ils possédaient tous deux un ranch au Texas. Alors que Clay avait quitté son mentor pour créer son propre élevage dans le Wyoming, Tim avait été ruiné par la sécheresse et avait tout perdu. 20 ans plus tard, Tim est venu s’installer avec ses deux fils et sa bru sur des terres adjacentes à celles de Shiloh avec comme rêve totalement irréaliste de retrouver sa splendeur d’antan : "the Bradburys are cattlemen, not farmers peddling vegetables." Persuadé de lui être redevable de presque tout, Clay lui fait crédit de sommes considérables pour donner à Tim la chance de se relever. Seulement Tim est non seulement trop âgé et trop faible pour repartir de zéro mais son fils ainé Mike, cowboy à Shiloh, dilapide sa maigre paye au jeu et doit de l’argent à de nombreux cow-boys alors que Walt, son cadet, sur le point d’être père, n'imagine pas une seule seconde qu’ils pourraient réussir à faire fortune dans l’élevage ; il croit au contraire dur comme fer à l’avenir de l’agriculture d’autant que le verger qu’ils possèdent pourrait aisément se transformer en terre de culture. Seulement, le verger - titre de l’épisode assez bien trouvé et au sein duquel se déroulera la très belle conclusion du récit - est un peu le symbole pour Tim de sa grandeur passée puisqu’il se souvient des pommiers en fleurs qui paraient le devant de son ranch. Il refuse ainsi que Walt se débarrasse des arbres même s’ils sont pour la plupart mourants. Walt a tellement les pieds sur terre qu’alors que son père est sur le point d’aller trouver Clay pour prolonger sa dette afin de s’acheter un taureau, il demande à ce dernier de ne pas lui accorder cette faveur, sachant pertinemment qu’ils ne seraient jamais solvables et que ‘ce serait reculer pour mieux sauter’. Clay, tout à son amitié pour son ancien partenaire, trouve Walt peu respectueux pour son père, estime même que par cette requête il le trahit en quelque sorte.

Nous allons donc assister à quelques rivalités familiales, Walt voyant d’un mauvais œil les projets chimériques de son père et ne supportant plus les incartades de son frère qui va même se voir entrainé malgré lui dans le vol de bétail. Encore plus captivant, l’avis qu’à Holly sur le fait que son époux continue à céder à tous les caprices de son ancien associé de qui il se sent redevable en lui prêtant de l’argent à chaque fois qu’il lui en demande. D’un côté elle le vénère d’être un homme aussi charitable, respectueux et reconnaissant mais lui fait comprendre que ce n’est finalement peut-être pas ce qui pourra le mieux aider son ami. Elle lui offre par la même occasion une petite séquence de psychanalyse en lui faisant comprendre que ses gestes altruistes et son aide désintéressée pourraient inconsciemment cacher une certaine vanité de se sentir à son tour ‘The Big Man’, un certain sentiment de supériorité après qu’il ait tout appris de Tim. Une scène brillamment dialoguée et interprétée qui fait comprendre à quel point la série initiée par Charles Marquis Warren pouvait être adulte et mature contrairement à des séries 'westerniennes' plus légères telles Bonanza par exemple, pour ne citer que l’autre plus célèbre de l’époque. Filmé au sein de superbes décors naturels encore jamais côtoyés - comme l’endroit où se situe la ferme des Bradbury au centre d’une plaine très étendue où le regard peut s’étendre à perte de vue -, The Orchard ne manque pas d'efficaces séquences d’actions ainsi que de bagarres parmi les plus sèches et teigneuses de la série, notamment celle très courte mais chorégraphiée par des cascadeurs sacrément chevronnés qui dans l’histoire oppose Walt et Chick, le chef de bande des voleurs de bétail, l’homme qui a réussi à entrainer son frère ainé sur la mauvaise pente, cause du pugilat musclé qui se déroule sous nos yeux, impressionnés que nous sommes par une telle violence au sein d’une série dite familiale. Nous n’oublierons pas non plus la fusillade finale superbement mise en scène.

Mais qui sont ces excellents comédiens invités par la production le temps de cet épisode et qui auront permis de nous rendre très crédibles tous ces personnages pour la plupart attachants et d'une grande richesse d'écriture ? Le père c’est Burgess Meredith, surtout connu pour avoir été Mickey, le vieil entraineur de Stallone dans la série des Rocky ; son fils ainé est interprété par un formidable Ben Murphy qui fût déjà très récemment Guest Star d’un des épisodes précédents, comédien surtout apprécié des cinquantenaires pour avoir été Gemini man, le nouvel homme invisible durant les années 70 à la télévision ; le cadet n’est autre qu’un petit habitué de la série, Brandon De Wilde, surtout connu pour avoir été le jeune ‘groupie’ de Shane dans L’Homme des vallées perdues de George Stevens et que j’ai toujours trouvé très juste et notamment dans cet épisode où il se révèle remarquable de sobriété. N'oublions pas non plus la douce Tyne Daly dans le rôle de la jeune épouse de Walt ainsi que William Windom dans celui du vicieux chef des ‘rustlers’, ce dernier ayant une scène d’une formidable tension et d'une puissante montée dramatique avec Ben Murphy lorsqu’il essaie d’attirer ce dernier dans ses filets. Un superbe épisode tournant autour de tout un tas de thèmes passionnants et questionnant la fierté, l’ambition, la culpabilité, le prix de l’amitié et de la reconnaissance, les ‘conflits’ entre rêve et réalité... Riche, profond, émouvant et captivant !


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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien (1962-1971) Universal

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John Saxon



7.04- A Vision of Blindness

Réalisation : Abner Biberman
Scénario : Gerald Sanford & James Menzies
Guest stars : John Saxon & Ben Johnson
Première diffusion 09/10/1968 aux USA
DVD : VOSTF
Note : 4/10

Le Pitch : Trampas s’est rendu à Hanna avec Elizabeth ; alors qu’il doit récupérer du matériel pour Shiloh, la jeune fille fait des emplettes. Trampas étant retardé, Elizabeth décide de rentrer seule par la diligence. Mais l’une de ses roues casse et la voiture tombe dans un ravin. Tous les passagers et le conducteur sont tués sauf Elizabeth que le choc a rendue aveugle. Elle est recueillie par Ben (John Saxon) qui suivait la diligence, espérant lors de son prochain arrêt tuer par vengeance Trampas qu’il pensait à bord ; en effet ce dernier avait autrefois accidentellement tué son frère en plein cambriolage d’une banque…


Mon avis : Après le formidable The Orchard, la série rétropédale et nous déçoit à nouveau beaucoup en nous proposant un mélodrame assez ennuyeux et souvent bien trop mièvre comme c'est malheureusement souvent le cas en ce qui concerne la majorité des histoires avec handicaps, ici la cécité. Les premières séquences laissaient pourtant présager un bon millésime avec notamment la présentation de deux bandits assez inquiétants interprétés par John Saxon et surtout Ben Johnson, tous deux déjà invités à quelques reprises au sein de la série. Ben Johnson que l’on ne présente plus, aussi inoubliable chez Ford que Peckinpah, jouait dans Johnny Moon de Abner Biberman un chef de ce groupe charismatique tandis que son partenaire s'était avéré mémorable dans The Modoc Kid, lui aussi signé Biberman, en interprétant l’un des bad guys les plus inquiétants depuis les débuts de la série, un bandit sans absolument aucune conscience. Mais avant ça, au cinéma il fut l’intrigant Johnny Portugal dans Le Vent de la plaine (The Unforgiven) de John Huston ; puis, dans L’Homme de la sierra (The Appalossa) de Sidney J. Furie, pour faire face à Marlon Brando et contraster avec l’interprétation toute en intériorité de ce dernier, les auteurs auront eu la bonne idée de faire appel à lui qui nous offrait à cette occasion une prestation bien plus extravertie et presque tout aussi mémorable dans la peau du rancher cruel et sadique. Dans Les Cavaliers de l’enfer (Posse From Hell) de Herbert Coleman, il vola même la vedette à Audie Murphy. Disons-le d’emblée, même s’il se révèle loin d'être mauvais dans l’épisode qui nous concerne, rien ne nous fera néanmoins nous souvenir de son interprétation d'un outlaw voulant venger la mort de son frère.

Le début de l’épisode se déroule dans la petite ville de Hanna où se sont rendus Trampas et Elizabeth, le premier pour acheter du matériel destiné à Shiloh, la seconde en profitant pour faire du 'shopping'. Alors qu’il entre au saloon pour se désaltérer, Trampas est remarqué par deux hommes attablés, Ben (John Saxon) et Jed (Ben Johnson). Immédiatement on apprend de quoi il en retourne : il y a cinq ans en arrière, ces deux bandits plus le frère Ben ont échoué dans le cambriolage d’une banque à cause de l’arrivée de Trampas qui s’est retrouvé en ces lieux par hasard et qui dans la débandade a tué l’un des trois voleurs. Les deux autres ont fait cinq ans de cellule et Ben, ardemment poussé par son compère, n’a eu de cesse durant son emprisonnement de penser à la vendetta qu’il déclencherait à sa sortie. Ben attend donc le moment propice pour venger son cadet et voilà qu’il se présente : il attend que Trampas s'installe à bord de la diligence pour Medicine Bow pour pouvoir le descendre sans difficultés. Jed s'attardera tranquillement sur place en attendant le retour de son acolyte après qu'il ait réussi son coup pour dévaliser avec lui la banque de la petite ville où ils ont atterri. Voyant Elizabeth monter dans la diligence, Ben décide donc de suivre la voiture et d’attendre un de ses nombreux arrêts pour mettre à éxécution ses représailles. Ce qu’il n’a cependant pas remarqué c'est que Trampas n’est pas du voyage, ayant décidé de rester quelques jours de plus à Hanna car les pièces qu’il attendait ne sont pas encore arrivées. Ben assiste à l’accident de la voiture qui a cassé une de ses roues et qui est tombée dans un ravin. Seule survivante de cette tragédie, Elizabeth que le choc a par contre rendu aveugle.

Sachant qu’elle se rend à Medicine Bow et ayant appris l’absence parmi les victimes de l’homme qu’il voulait tuer, Ben décide de raccompagner la jeune fille en espérant ainsi retrouver Trampas. Sauf qu’ils se perdent dans la montagne et sont sur le point de succomber au froid et à la faim lorsque le Virginien et David les retrouvent au tout dernier moment. Il s’agit donc là de la deuxième participation de David Hartman à la série ; certes toujours sympathique mais guère inoubliable ici, la faute en incombant principalement aux auteurs qui ne lui ont pas vraiment donné l'occasion de s'exprimer et de montrer l'étendue de ses talents, les deux scénaristes n'ayant malheureusement pas accordé beaucoup d’importance à son personnage. Et nous voilà revenus à Shiloh après quelques séquences joliment photographiées, tournées en grandioses décors naturels à Los Padres National Forest ; séquences néanmoins un peu trop bavardes et en partie gâchées par l’interprétation de Sara Lane qui ne sait pas quoi faire de sa cécité ainsi que par des plans en studios totalement ratés et peu raccords avec le reste comme ceux de la chute de Elizabeth qui se raccroche in extremis à une branche. Au ranch, alors que Trampas n’est pas encore de retour, on va assister à une romance qui va se mettre en place entre Ben et Elizabeth ; histoire d’amour sans grande passion et assez mièvre qui permettra néanmoins aux plus fleurs bleues d’entre nous d’être témoins du premier baiser de la nièce des Grainger. Rien de spécialement marquant durant toute cette longue partie centrale, un regain d'intérêt se faisant sentir dès que Ben Johnson refait son apparition pour tenter de contraindre son associé d’escamoter l’argent qui pourrait se trouver à Shiloh, et se poursuivant jusqu’au règlement de comptes final attendu mais assez efficace.

A signaler pour les amateurs de folk que le groupe Irish Rovers leur aura gratifié d’une chanson (Fare Thee Well, My Darlin') que l'on peut entendre durant la fête donnée en l’honneur de Elizabeth que tout le monde prend en pitié à cause de son nouvel handicap ; mais dans l’ensemble le duo Gerald Sanford & James Menzies (ce cernier pourtant auteur du superbe The Death Wagon) ne nous aura guère captivé, le fait que Elizabeth retrouve miraculeusement et instantanément la vue ne nous ayant pas non plus semblé très crédible. Quelques apparitions du Virginien qui comme David n’aura pas eu grand-chose à faire, quelques beaux paysages bien photographiés, une bonne interprétation des deux Guest Stars que sont John Saxon et Ben Johnson, une touchante image finale… pas spécialement honteux mais quand même bien pauvre dans l’ensemble !


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