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Critique de film
Le film
Affiche du film

Life is a circus

L'histoire

Joe Winter et le Monster Circus ne seraient rien sans The Crazy Gang. Mais le cirque traverse une période difficile. Le matériel est hypothéqué et Joe voit ses numéros partir les uns après les autres. Pour sauver la situation, The Crazy Gang imagine une solution peu ordinaire grâce à une lampe magique...

Analyse et critique

Un petit groupe d’individus modestes qui s’unissent pour gêner une entité plus grande cherchant à les écraser, voilà un postulat emblématique de la comédie anglaise des années 40/50, et plus particulièrement au sein du studio Ealing. Des films comme Champagne Charlie (1942) d’Alberto Cavalcanti, Whisky à gogo (1949) d’Alexander Mackendrick, De l’or en barres (1951) et Tortillard pour Titfield (1953) de Charles Crichton ou encore Passeport pour Pimplico (1949) de Henry Cornelius reposent sur cette plaisante et insoumise logique du pot de terre contre le pot de fer. Au premier abord, Life Is a Circus semble s’inscrire dans cette lignée avec cette troupe de cirque déclinante menacée de cesser son activité et d’être rachetée par un plus gros poisson. Si ce type de récit faisait sens dans le contexte social anglais d’après-guerre, il a moins sa raison d’être en 1960 où, à l’air des angry young men du Free Cinema, la révolte est avant tout individuelle.

Si Life Is a Circus s’inscrit dans un certain environnement social partagé par une conscience collective, c’est plutôt dans une démarche de divertissement. Le film est interprété par le groupe comique The Crazy Gang composé de Bud Flanagan, Chesney Allen, Jimmy Nervo, Teddy Knox, Charlie Naughton, Jimmy Gold et ponctuellement d'Eddie Gray. Formé au début des années 30, le Crazy Gang remporte tout d’abord un succès scénique sur les planches du London Palladium, puis du Victoria Palace. Leur humour irrévérencieux pour l’époque et leur talent de chansonnier les rendent immensément populaires, au point d’être les comiques favoris de la famille royale et plus particulièrement de George VI. Ils attirent bientôt l’attention du cinéma en signant un contrat avec le studio Gainsborough et, tout en continuant à se produire sur scène, vont tourner dans cinq films : O-Kay for Sound (1937), Alf's Button Afloat (1938), The Frozen Limits (1939), Gasbags (1941) et donc Life Is a Circus. Parallèlement le Crazy Gang baigne dans la culture populaire anglaise en ayant à partir de 1956 leur propre programme télévisé, The Gang Show. Ce parcours laisse entrevoir le problème principal de Life Is a Circus : le Crazy Gang transpose dans le film une logique de film à sketches dont l’argument initial du récit n’est qu’un prétexte. De plus, le film fonctionne très clairement sur une logique de connivence avec le public anglais connaissant l’emploi comique de chaque membre du Crazy Gang et la nature de leur humour. Non pas que ce type d’humour anglais ne soit pas exportable, mais encore aurait-il fallu le repenser pour le cinéma. Ici, la construction du film fonctionne selon la logique de binôme formé par les membres du Crazy Gang (qui furent des paires se produisant souvent ensemble en dehors de la troupe) avec chacun leur spécialité : Flanagan et Allen, Naughton et Gold, Nervo et Knox (chez lesquels venait s’immiscer Eddie Gray).

L’histoire n’a donc que peu d’importance et le monde du cirque n’est qu’un vaste terrain de jeu où le groupe, sous prétexte d’aider le patron en difficulté du cirque, va s’essayer plutôt mal que bien à diverses performances allant du trapèze à la magie. Si la transition de la scène à la télévision semblait plutôt logique, c’est nettement plus poussif au cinéma. L’accumulation continue de gags, blagues et situations équivoques (cette danseuse orientale au costume transparent laissant voir sa poitrine, surprenant pour la tatillonne censure anglaise) font que certaines arracheront forcément quelques sourires mais pour l’essentiel c’est assez laborieux et vieillot. Une fois admis que la logique interne est absente avec l’irruption d’un génie de la lampe, une inventivité, une énergie, une originalité et une folie dans l’humour auraient pu faire fonctionner l’ensemble. C’est malheureusement très intermittent, les facéties du génie lassent vite, l’ultime numéro de cirque a quelques maigres fulgurances, notamment une course poursuite finale énergique. On a le sentiment de voir un spectacle « à la papa » dont les seules injections de jeunesse sont avant tout commerciales : Michael Holliday jouant le fils du méchant patron de cirque est une sorte de Bing Crosby anglais triomphant dans les charts et venu pousser la chansonnette et justifier les échappées de comédie musicale avec le Love Interest joué par Shirley Eaton. Val Guest, peu inspiré, fait donc légèrement figure de passe-plat pour un spectacle calibré, pas désagréable mais passant difficilement l’épreuve du temps.

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La fiche IMDb du film

Par Justin Kwedi - le 23 septembre 2022