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Test dvd
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The Savage Eye

DVD - Région All
Image Entertainment
Parution :

Image

Le master présente de nombreux défauts, petites rayures et multiples points blancs, sans que ce soit vraiment dérangeant à la vision. Au-delà du grain de l'image, normal, un fourmillement numérique est omniprésent. Toutefois, cette édition est tout à fait correcte, les contrastes sont plutôt satisfaisants et le travail sur le noir et blanc bien rendu.

Son

La bande-son est, elle, très propre, sans défauts, claire et dynamique. Quelques petits grésillements se font entendre par ci par là, mais en général le confort d'écoute est total.

Suppléments


 

Interviews with My Lai Veterans (1971, réalisation Joseph Strick, 22 mn)
« Ce qui est arrivé à My Lai n’est pas remarquable parce que ce sont des êtres humains qui l’ont fait (qui pourrait dépasser en brutalité les nazis ou l’armée du Pakistan Oriental ?), ni même parce que de jeunes Américains l’ont fait (après tout, nous avons dans ce pays une tradition de violence, de sadisme et de cruauté). Mais c’est que des garçons qui avaient l’air si gentils, si familiers, comme les fils du voisin, comme le mari de votre sœur, comme le type avec qui vous avez regardé le match dimanche dernier, comme le garçon qui a passé le bac avec vous, c’est que ce soient ces garçons-là qui l’aient fait. » C’est ainsi qu’Elia Kazan parlait en 1972 à la revue Positif de cet évènement majeur de la Guerre du Vietnam. Quatre ans plus tôt, le 16 mars 1968, le lieutenant William Calley mène son unité au village de My Lai où s'étaient, selon l'état-major, repliées les troupes Vietcongs ayant mené l'offensive du Têt. Calley, sur les ordres de sa hiérarchie (selon son témoignage au procès) fait incendier le village et abattre la population. Entre 400 et 500 civils sont ainsi abattus, des enfants aux vieillards, mais aussi torturés, mutilés, violés par les soldats américains. Les journaux américains font état de ce massacre, et My Lai devient l’un des évènements traumatiques qui fait que l’opinion publique américaine commence à remettre violemment en cause l’intervention au Vietnam. Le journaliste Seymour Hersch est le premier à faire part de ce massacre dans une enquête imposante qui lui vaut le prix Pulitzer en 1970. Joseph Strick, qui a déjà signé deux courts films contre l'intervention américaine au Vietnam, lui emboîte le pas. Sa fille part rencontrer des soldats ayant participé au massacre, avec cette question brûlante sur les lèvres : comment un jeune homme peut-il devenir une machine à tuer ? Strick construit son film sur les témoignages de sept de ces soldats. Face caméra, ils répondent frontalement aux questions. Si parmi eux, deux affirment ne pas avoir participé au massacre, les cinq autres offrent une description précise des faits, ne cachent rien de leurs actes. Un geste qui va au-delà du seul témoignage car il est aussi pour eux le seul moyen de se libérer, tant que faire se peut, du cauchemar dans lequel ils ont sombré depuis. L’armée américaine a interdit aux vétérans de parler de cette histoire, mais risquer la prison n'est rien alors qu'ils peuvent essayer de soulager un peu cet insupportable fardeau qu'ils porteront à jamais. Ce documentaire saisissant a un important retentissement en Amérique. Le film est censuré à la télévision mais les salles indépendantes le soutiennent, et le film est finalement très largement diffusé, jusqu'à obtenir l’Oscar du meilleur documentaire en 1971. A noter que le film est censuré en France (par solidarité, Indochine oblige !) et ne sera jamais montré.

Par Olivier Bitoun - le 15 mars 2010