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Test dvd
Image de la jaquette

Schizophrenia

DVD - Région 2
Carlotta
Parution : 4 juillet 2012

Image

Ainsi qu’un carton l’indique en ouverture de Schizophrenia, le film est présenté en 1.77 : 1 - alors que la fiche IMDB fait état d’un ratio en 1.66 : 1 - et dans un master dont la restauration a été supervisée et approuvée par Gerald Kargl. Le résultat est passablement impressionnant. La copie, d’une très grande propreté, ne souffre de presque aucun défaut de compression. Tout au plus aura-t-on noté une pixellisation disgracieuse lors d’un travelling filmant les portes de la prison où est enfermé (trop brièvement…) le tueur de Schizophrenia. Pour le reste, le DVD restitue de manière tout à fait convaincante les mouvements - très nombreux et très complexes - de caméra comme les fines nuances d’une photographie oscillant entre le crépusculaire et le nocturne.

Son

Là aussi, Carlotta fournit un travail de très grande qualité. La voix-off, essentielle à la puissance d’évocation de Schizophrenia, est très clairement retranscrite, de même que l’entêtante musique électronique de Klaus Schulze, autre élément essentiel du toxique cocktail qu’est Schizophrenia.

Suppléments

Si les suppléments s’avèrent nombreux - on en dénombre pas moins de cinq sans compter les bandes-annonces - et chronologiquement conséquents - ils représentent un total de plus de deux heures - ceux-ci n’envisagent finalement Schizophrenia que sous un angle partiel. Si les interventions de Gaspar Noé, de Gerald Kargl et de Zbigniew Rybczynski font toutes la part belle à la réalisation du film, leurs propos s’attachent en revanche bien peu à la violence extrême qui y est montrée. Comme si, plus de trente ans après sa sortie, Schizophrenia continuait à distiller un malaise suffisamment puissant pour paralyser la réflexion sur la barbarie qu’il donne à voir.

Dans un module de 25 minutes, intitulé Influences, le réalisateur d’Irréversible insiste en effet essentiellement sur la facture visuelle de Schizophrenia, soulignant à quelle point celle-ci a irrigué son œuvre. Gaspar Noé salut aussi la manière dont la voix-off est utilisée dans Schizophrenia, celle-ci l’ayant fortement influencé lors de la réalisation de Seul contre tous (1999). Mais le cinéaste demeure finalement peu loquace quant à la violence exhibée par cette œuvre qu’il qualifie, in fine, de « séminale ».

Gerald Kargl, dans un entretien de 27 minutes avec le réalisateur allemand Jörg Buttergeit (1) datant de 2003, se montre pareillement laconique quant à ce que montre effectivement son film. Si l’Autrichien revient de manière factuelle sur la réalisation - rendue difficile par le manque de moyens (comme sur la réception - houleuse - de Schizophrenia), il botte en touche lorsque Jörg Buttergeit tente d’aborder le malaise soulevé par ce long-métrage. Le pape du gore germanique qu’est pourtant Jörg Buttergeit confesse ainsi avoir éprouvé un sentiment de libération au terme de la projection de Schizophrenia, une œuvre l’ayant contraint à épouser le point de vue d’un psychopathe pendant plus d’une heure... Apparemment surpris par l’effet provoqué par son film, Gerald Kargl répond alors que Schizophrenia ne lui semble pas aussi choquant que cela, estimant au contraire que la mise en scène ménage une distanciation atténuant la portée de l’horreur qui y est déployée !

Quant à Zbigniew Rybczynski, s’il apporte dans un témoignage enregistré en 2004 de doctes éclairages sur les innovations techniques mises au service de Schizophrenia, il se contente d’y regretter que le film n’ait pas montré plus de violence… sans expliquer plus avant pourquoi. Et l’échange de 26 minutes entre le comédien Erwin Leder et un psychiatre viennois, spécialisé dans le domaine médico-légal, du nom de Harald David n’apporte guère plus d’éléments sur la question de la violence pourtant au cœur de Schizophrenia. Le dialogue ne traite qu’incidemment du film, abordant pour l’essentiel la question du traitement médical et judiciaire de la folie homicide. On quitte alors le domaine de la fiction cinématographique pour aborder une tonalité oscillant entre le documentaire et le journalistique.

Un ton qui caractérise, enfin, le dernier des bonus : un prologue à Schizophrenia de sept minutes réalisé par Gerald Kargl « à la demande du distributeur international ». Adoptant la forme lourdement démonstrative d’un faux reportage télévisé, on se permettra d’en déconseiller le visionnage avant celui du film : l’ensemble dévoile d’emblée les motivations psychologiques du tueur, là où le film entretient à leur propos une forme de suspense, ne les dévoilant qu’au fur et à mesure de son terrifiant déroulement.

(3) Les amateurs de gore connaissent certainement le metteur en scène, entre autres bandes sanglantes, du très culte Nekromantik.

Par Pierre Charrel - le 3 juillet 2012