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Test dvd
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Scandale à Paris

DVD - Région All
Kino
Parution : 22 juillet 2003

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Deux solutions s’offrent au cinéphile désireux de s’adonner aux délices de ce délectable et si unique moment de cinéma.
S’il maîtrise correctement l’Anglais, il peut s’orienter sans problème vers l’édition dénuée de tout sous-titre disponible depuis l’été 2003 chez l’éditeur Kino ; gage de sérieux s’il en est. Certes l’internégatif utilisé est loin d’être parfait. Aucune restauration n’a été entreprise depuis le milieu des années soixante-dix, et les défauts sont nombreux, particulièrement en début et fin de chaque bobine, mais c’est le prix à payer pour visionner ce joyau si longtemps malmené. Les contrastes sont dans l’ensemble remarquables, à l’exception notable de la séquence très terne et grisâtre sise aux appartements de la pittoresque famille d’Emile (chapitre 4). Comme toujours chez l’éditeur, l’authoring est remarquable. Définition splendide et compression indécelable caractérisent ce transfert numérique, un modèle du genre.

S’il n’est pas à même de se dispenser de sous-titres, l’amateur n’a plus d’autre solution que... de passer son chemin en espérant qu’un jour un éditeur digne de ce nom lui fera la grâce de lui offrir une édition alternative. Car certes il existe depuis quelques semaines une prétendue édition zone 2, chez l’éditeur DVDY. Mais celle-ci est indigne du support. Même d’une VHS vous seriez en droit d’attendre une définition supérieure, c’est dire ! N’espérez pas ici déceler quelques initiales sur les murs de la geôle de Vidocq ou reconnaître les formes animales constituant les motifs des tapisseries au château de la Marquise : les arrière plan se réduisent dans le cas présent à des peintures abstraites. Les contrastes, quant à eux, sont inexistants. Qu’il s’agisse de séquences nocturnes ou diurnes c’est partout la même bouillie visuelle d’un gris poisseux ou parfois étrangement verdâtre (chapitre 4). Ainsi lorsque Tamiroff ouvre la fenêtre de la chambre de son ‘maître’ au château, la photo se pare-t-elle d’un supplément de luminosité notable dans l’édition Kino ; rien de tel chez DVDY : aucune variation lumineuse ne vient égayer ou révéler les détails du décor, figé dans une grisaille déprimante. S’évertuer à suivre A scandal in Paris à partir de l’édition zone 2 c’est se garantir une conjonctivite aiguë. Et l’oreille n’est pas mieux traitée. Le souffle et les scratches sont parfois tels que les dialogues en deviennent littéralement inaudibles (au hasard, dès le chapitre premier sur les premières élucubrations familiales de Tamiroff, ou encore au chapitre 5 : là bienheureux qui pourra déceler dans le verbiage de George Sanders les références anachroniques aux déductions à la Holmes... Peut-être est-ce pour compenser que l’édition est parée de sous-titres énormes et gras, semblant couvrir le cinquième de l’écran, mais atteints du syndrome de Parkinson ? Pathétique. Un scandale en DVD pour reprendre le bon mot de Jeremy Fox.

Son

Au niveau sonore, l’essentiel est sauf : la dynamique est faible, l’ensemble forcément étriqué mais dialogues et pétillants petits accords musicaux d’Hanns Eisler sont restitués avec clarté, et le souffle, indéniablement présent, reste très aisément supportable. Déplorons toutefois de très désagréables distorsions et une tendance à l’écho au chapitre 10 lors de la confrontation entre Richet et les deux filles du ministre Houdon (pittoresque composition d’Alan Napier à contre emploi), Thérèse et Mimi.

Suppléments

Quel que soit votre choix (mais comment oseriez-vous opter pour l’édition DVDY ?) vous n’aurez rien d’autre à vous mettre sous la dent qu’un menu fixe et musical et un accès au chapitrage. Là, encore la plus grande précision de l’édition Kino lui donne l’avantage : le découpage s’organise autour de 16 séquences contre 10 seulement pour le catastrophique DVD de la collection Ciné-Club.

Regrettons tout de même que Kino, si avisé lorsqu’il s’agit de proposer des suppléments de choix à ses éditions de référence des grands films muets, opte pour un dénuement total lorsqu’il s’éloigne de son périmètre de prédilection.

Par Otis B. Driftwood - le 11 novembre 2003