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Test dvd
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Muriel ou Le temps d'un retour

DVD - Région 2
Eureka !
Parution : 30 mars 2009

Image

Muriel ou le temps d’un retour fit l’objet en 2004 d’une première édition en DVD chez Arte Vidéo... parfaitement désastreuse ! L’image du film souffrait en effet d’une déformation très prononcée, étirant notamment les corps et les visages des comédiens au point de rendre leur apparence aussi étrange que grotesque... Pour une raison qui nous demeure incompréhensible, ce très grave défaut n’a jamais été corrigé et les exemplaires actuellement en vente continuent à souffrir de cet insupportable problème.

Mais en 2009, l’éditeur britannique Eureka ! a produit une nouvelle version numérique du film, utilisant un télécinéma supervisé par Alain Resnais lui-même. Ainsi qu’en témoigne la mise en regard, ci-dessous, d’une image du DVD d’Arte Vidéo et d’une seconde extraite du disque venu d’outre-Manche, la version 2009 de Muriel est enfin satisfaisante. Plus de distorsion disgracieuse et ce, même si le disque d’Eureka ! présente une image en 1.78 et non pas en 1.66, format de diffusion du film en salle.


Arte Vidéo


Eureka !

La seule édition numérique acceptable de Muriel ou le temps d’un retour - en attendant une version en Blu-ray... - est donc celle proposée par Eureka ! Même si elle n’est pas exempte de défauts. La définition n’est pas toujours des plus précises, notamment lors des plans les plus larges, même si elle s’avère globalement passable. On relève, en outre, quelques rares défauts affectant la pellicule. L’image est aussi parfois un peu tremblotante. Rien de trop grave cependant : le plus important étant que l’image soit enfin restituée dans toute sa rectitude ! Couleurs et lumières - qu’Alain Resnais a veillé à maintenir dans leur état originel ainsi que l’atteste un courrier du cinéaste en date de 2004 et reproduit dans le livret joint au DVD - sont quant à elles fort satisfaisantes. Et le visionnage se révèle généralement très agréable.

Son

Concernant le son, le DVD d’Arte Vidéo présentait une piste mono qui, selon les vœux d’Alain Resnais lui-même comme le révèle encore le courrier cité plus haut, n’avait pas fait l’objet d’une restauration. D’où la présence d’un souffle de fond prononcé, et de scories sonores ponctuelles qui choqueront sans doute les oreilles des natifs et natives du numérique... Respectueux des exigences du réalisateur, Eureka ! a conservé la bande-son dans son jus. Même si l’on est à des coudées de la "pureté" auditive caractéristique de la haute-définition, on constatera que dialogues, bruits d’ambiance et musique demeurent parfaitement audibles, ne nuisant aucunement au confort d’écoute du complexe univers sonore de Muriel ou le temps d’un retour.

Suppléments

Mise à part la bande-annonce originale, proposée en version française et dans une copie relativement correcte, le disque d’Eureka ! n’offre aucun autre supplément audiovisuel. Les anglophones pourront cependant lire avec profit le livret d’une quarantaine de pages accompagnant le DVD réunissant des points de vue passés - ceux d’Henri Langlois, de François Truffaut ou bien encore de Jacques Rivette - et contemporains - ceux des critiques britanniques B.Kite et Anna Thorngate. Tous offrent de stimulantes pistes de lecture sur cette retranscription cinématographique d’un « Mind in motion » qu’est Muriel ou le temps d’un retour car, encore une fois, c’est dans la langue de Shakespeare que sont écrites ces intéressantes considérations...

Et l’on constatera donc que si le DVD édité par Eureka ! "enterre" techniquement la galette numérique hexagonale d’Arte Vidéo, la version britannique de Muriel ou le temps d’un retour s’avère en revanche très insuffisante en matière de bonus. L’édition proposée par l’éditeur français en 2004 incluait en effet pas moins de six suppléments : la bande-annonce, presque 15 minutes d’exégèse du film par le critique (et spécialiste d’Alain Resnais) François Thomas, un peu moins de cinq minutes d’entretien radiophonique entre le cinéaste et Michel Polac datant de 1966 portant essentiellement sur l’usage de la couleur dans Muriel et, last but not least, trois courts métrages documentaires réalisés par Alain Resnais. Il s’agit de Van Gogh (1948), Paul Gauguin (1950) et Le Chant du styrène (1958). Si ce dernier, filmé en Cinémascope, est présenté dans un 4/3 fort frustrant, cette œuvre dévolue aux mystères des origines de la matière plastique et splendidement mise en mots par Raymond Queneau bénéficie d’une copie propre, à la belle définition et aux couleurs des plus satisfaisantes. Les courts métrages dévolus aux peintres sont en revanche techniquement un peu moins convaincants. Tous deux en noir et blanc, ils souffrent d’une définition parfois imprécise, notamment lors des mouvements de caméra les plus rapides, ainsi que de défauts de pellicule - on note des rayures ponctuelles sur l’image de Van Gogh - révélant que l’un et l’autre n’ont pas (ou peu) été restauré. Ces défauts n’entravent cependant pas de manière rédhibitoire leur visionnage. On s’accommodera d’autant plus de ces quelques imperfections que cette édition de Muriel par Arte Vidéo constitue actuellement la seule possibilité de visionner en DVD ces courts métrages d’Alain Resnais.

Les plus complétistes des resnaisiens et resnaisiennes se résoudront donc, malgré tout, à l’achat de l’édition française de Muriel ou le temps d’un retour. Non pas pour le film en lui-même mais pour ses suppléments... En attendant qu’un éditeur (à bon entendeur;;;) se décide enfin à réunir en un seul disque l’intégralité des œuvres courtes d’Alain Resnais. (1)


(1) Rappelons que trois autres d’entre elles - Guernica, Toute la mémoire du monde et Les Statues meurent aussi - avaient été incluses par Arte Vidéo en accompagnement de son édition de Hiroshima, mon amour. Si ce disque d’Arte Vidéo est devenu techniquement obsolète depuis la sortie du film en Blu-ray chez Tamasa, il demeure le seul moyen de visionner numériquement ce trio de courts métrages. Là encore, les resnaisiens et les resnaisiennes les plus passionné-e-s devront effectuer une double dépense pour un même film. Mais quand on aime, on ne compte pas...

Par Pierre Charrel - le 27 août 2014