Manon des sources

La copie est de toute beauté et le travail de restauration est vraiment à saluer. Très peu d’imperfections sont à noter, tâches et griffures ont quasi disparu. Les contrastes sont souvent beaux, prononcés, parfois trop (des blancs cramés dans certains extérieurs). L’impression que nous donne la définition est par contre plus mitigée, surtout sur les plans qui certainement ont demandé le plus de travail de nettoyage. Un effet de fourmillement est sensible sur l’ensemble des deux films. Ces défauts notés, il convient de préciser que cette édition nous propose Manon des sources dans de très bonnes conditions.

La piste sonore en mono est très propre, claire, ne présentant quasi pas de souffle ou de bourdonnements. Une belle réussite.

Un DVD de bonus est entièrement consacré aux suppléments.

- Autour de Manon

Entretien avec Jacques Siclier (2004, 14’20''). Le critique de cinéma replace tout d’abord rapidement Manon des sources dans le contexte de l’industrie cinématographique de l’époque. Le CNC contrôle la production, la liberté individuelle est plus dure à imposer. Pagnol depuis 1945 n’a d’ailleurs pas retrouvé la popularité de ses films d’avant-guerre. Naïs qu’il a supervisé, La Belle meunière et ses problèmes techniques de film en couleur avec des procédés nouveau, une nouvelle version de Topaze… Pagnol cherche, travaille, mais n’essaye pas vraiment de renouer avec ses grandes œuvres d’avant-guerre. Manon des sources marque le grand retour de Pagnol à des œuvres d’envergure. Siclier creuse ensuite la spécificité de Manon des sources : film tout d’abord comique qui sombre dans la tragédie, film noir, film qui décrit le fond paysan avec une crudité peu coutumière pour son auteur. Siclier nous parle de Rellys et de Jacqueline Pagnol.

Entretien avec Karine Hann (2004, 8’13''). Karine Hann a écrit une thèse de doctorat sur Marcel Pagnol. Elle nous explique la spécificité de Manon des sources dans la carrière de Pagnol. Selon elle, le film est réalisé à un moment de sa vie et de sa carrière où l’homme a mûri, où il commence à accepter un certain pessimisme malgré la nature focièrement optimiste de son caractère. Pas vraiment du pessimisme, mais plutôt une volonté d’écrire des personnages réalistes, avec leur part sombre, leurs secrets.

Entretien avec Marcel Jullian (2004, 4’50''). Scénariste, écrivain et ami de Marcel Pagnol, pour lui les films de Pagnol ressemblent plus à leur auteur que ses écrits, moins naturels, plus travaillés selon Jullian.

La Folie du filon… (3’40''). Deux document audio, l’un de Marcel Pagnol, l’autre de Jacqueline Pagnol en 2004, sur l’amour de l’eau de Pagnol et surtout sur la folie de l’or du Rhône qui le prend ! Il veut se transformer alors en orpailleur, ou encore part à la recherche d’uranium dans les eaux.

Reflets de Manon (2’10''). Jacqueline Pagnol nous décrit une série de tableaux peints par Suzanne Ballivet autour de Manon des sources.

- Les Photos : une série de 35 magnifiques clichés du film et une trentaine de photos qui retracent le tournage de Manon et Ugolin.

- Les Critiques : Nice matin, La France de Marseille et du sud est, Le Progrès, L’Intransigeant, Paris Comoedia.

- Les Affiches et publicités : Neuf affiches et épreuves, une petite série de publicités et enfin la bande-annonce d’origine (3’16'').

- Filmographies : Jacqueline Pagnol, Raymond Pellegrin, Rellys, Henri Poupon, Fernand Sardou

- Bibliographie sur Marcel Pagnol

- Biographie de Marcel Pagnol.

- Commentaire audio de Jacqueline Pagnol sur Manon des sources. Jacqueline Pagnol nous explique brièvrement la manière dont Pagnol travaillait : sa façon de diriger les acteurs de manière très peu directive (pas assez pour Jacqueline), les placements de caméra qu’il choisissait (avec l’accord de Willy), son écoute attentive du son. Mais l’actrice s’attarde surtout sur l‘ambiance du tournage, la chaleur, l’amitié qui unissait techniciens et acteurs. Jacqueline Pagnol raconte son histoire, son enfance, la façon dont en les racontant à Pagnol le réalisateur à construit le personnage de Manon. Elle nous parle de l’obsession de l’eau pour Pagnol, qui passe son temps à en chercher, de son amour de la technique, des expériences, des brevets. Les commentaires sont souvent futiles, mais portés par la belle voix et le dynamisme rayonnant de Jacqueline Pagnol. Elle nous parle des acteurs, des amis, des villages, du pays… on est petit à petit en famille et si nous n’apprenons pas beaucoup sur l’art de Pagnol, on partage un petit moment de vie avec le cinéaste et son équipe. Un beau morceau de souvenirs en somme. Pour Ugolin, Jacqueline Pagnol est rejoint par Bernard de Fallois, l’éditeur de Marcel Pagnol. Il publie L’Eau des collines en 64, le roman qui poursuit Manon des sources dans le versant littéraire de l’œuvre de Marcel Pagnol. Bernard de Fallois voit dans Manon l’aboutissement des idées et des thèmes développés par Pagnol tout au long de sa carrière.