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Test dvd
Image de la jaquette

La Mouche

DVD - Région 2
20th Century Fox
Parution : 1 février 2006

Image

Après un premier DVD très décevant de La Mouche sorti en 2001, la Fox a remis le couvert cinq ans après pour tenter enfin de faire honneur à ce magnifique film. Si la plus-value de cette nouvelle édition réside principalement dans les très nombreux suppléments proposés, il faut admettre que la qualité de l'image a aussi fait un bond en avant. Ce qui saute d'abord aux yeux est la propreté quasi parfaite du master (si l'on veut être pointilleux, force est d'admettre la présence de scories ici et là, des points blancs principalement). Le plus gros progrès concerne la compression qui, si elle n'est - hélas - pas totalement exemplaire, se caractérise par une meilleure fluidité. La définition est de son côté bien plus prononcée (la copie de 2001 manquait sérieusement de piqué). La photographie sombre aux diverses taches lumineuses de Mark Irwin est plutôt respectée dans ses contrastes et sa luminosité, même si l'on pourrait trouver à y redire sur certains contrastes et la profondeur de champs sur quelques plans douteux. L'étalonnage des couleurs dans l'ensemble est appréciable et surtout semble plutôt fidèle au film tel qu'on l'a connu. Bref, l'image de ce DVD finit tout de même par séduire même si l'on reste toujours en attente d'une édition vraiment définitive sur le plan de la qualité technique. Avis à l'éditeur...

Son

En ce qui concerne le son, cette nouvelle édition se débarrasse du mono étouffé de la version française du DVD de 2001 pour proposer deux pistes sonores multicanales 5.1 en Dolby Digital et DTS. Il ne va pas s'en dire que l'on gagne énormément en termes de définition, de présence des basses et d'élargissement. Quant à la différenciation entre le DD et le DTS, on n'y prêtera pas du tout attention parce qu'il n'y en a simplement pas à cet échantillonnage et à ce débit pour l'oreille humaine (sans oublier le fait qu'il s'agit d'une version doublée d'une oeuvre datant de 1986...) Mais on ne va pas tout de même pas faire la promotion d'une piste française sur DVDClassik, l'essentiel est de disposer d'une bande-son originale de qualité et c'est heureusement le cas. La piste américaine en DD 5.1 remplit en effet son office malgré les limitations du mixage de l'époque : une belle ouverture sonore même si les effets sont surtout concentrés sur l'avant, des dialogues plus précis et bien plus harmonieux avec les ambiances et une spatialisation qui profite essentiellement à la musique de Howard Shore (tant mieux, compte tenu de la dimension opératique voulue par David Cronenberg et son compositeur).

Suppléments

Plus de quatre années après une premier DVD plutôt décevant du chef-d'œuvre de David Cronenberg, la Fox a sorti une édition digne de ce nom. Cette Edition Prestige, outre de se caractériser par une qualité technique bien appréciable, offre également des suppléments d'un intérêt exceptionnel (surtout grâce à la présence d'un making of d'anthologie).

DISQUE 1

Commentaire audio de David Cronenberg (sous-titré en français)
On ne sait jamais à quoi s'attendre quand on se trouve en présence d'un tel supplément. Que le cinéaste soit talentueux ou non, rien ne le prédispose à exceller dans l'exercice du commentaire audio sur son propre film. Les exemples sont légion pour ce qui concerne les commentaires ennuyeux, superficiels, incomplets ou sans intérêt. Sans compter le fait que les cinéphiles sont généralement peu nombreux à s'intéresser à ce type de bonus, s'imaginant mal revoir le film avec une bande-son explicative. Il faut néanmoins reconnaître que s'agissant de La Mouche, le résultat est plus qu'honorable, David Cronenberg prenant l'exercice au sérieux ; et l'on sait que le réalisateur canadien est particulièrement doué pour parler cinéma et notamment de son œuvre. De plus, ici, il avoue revoir son film pour la première fois depuis 1987 et il ne cache pas son émotion devant ses propres images presque vingt ans après. Ainsi c'est un véritable plaisir de l'écouter, et Cronenberg - qui fait heureusement très peu de pauses - nous entretient de tous les domaines de sa création, s'attachant directement à commenter les images ou alors prenant du recul pour s'intéresser plus à l'analyse ou à l'évocation d'anecdotes. Tout y passe : des origines du script et de son remaniement jusqu'à l'analyse des thèmes centraux de La Mouche (le processus de la maladie et du vieillissement, la soif de contrôle sur la nature et les transformations induites par une science sans limites sur la condition humaine), en passant par les décors dans sa ville de Toronto, les effets spéciaux, la direction d'acteurs (dont le travail phénoménal de Jeff Goldblum) et l'importance du triangle amoureux pour un film qui se voulait également une bouleversante histoire d'amour. Ses choix de mise en scène sont évidement abordés et même décortiqués pour une partie d'entre eux. Enfin, le cinéaste ne manque pas de préciser la dimension opératique qu'il tenait à donner à son film, soutenu par l'écriture musicale de son camarade Howard Shore. On retrouve David Cronenberg tel que nous le connaissons et l'apprécions, soit un intellectuel amoureux des bolides qui fait du cinéma d'horreur, un poète de la chair intéressé par la condition de l'homme écartelé entre ses instincts primitifs et ses défis prométhéens qui le métamorphosent jusqu'aux tréfonds de son être. Enfin, ceux qui ne sont pas friands des commentaires audio préféreront certainement se rabattre sur le long documentaire du second disque qui reprend pour beaucoup (et plus en détail) les sujets évoqués ici... mais que ces derniers doivent savoir que Cronenberg est totalement absent de ce making of. Ainsi, ce commentaire audio se révèle plus que recommandable et les deux suppléments se complètent donc parfaitement.

Lien www.foxfrance.com
Cette page renvoie au lien Internet de l'éditeur.

DISQUE 2

DOCUMENTAIRES

"Fear of the Flesh" - le making of de La Mouche (2h 42 min)
Si l'on ne devait retenir qu'un seul supplément, ce serait évidemment celui-là. Cette édition dite Prestige nous propose ainsi un making of plutôt exceptionnel, sans doute pas dans la forme (qui repose classiquement sur des entretiens croisés, montés avec des extraits de films et des images du tournage) mais plutôt sur le plan de sa longueur, de la qualité et du nombre des informations apportées, de l'investissement des participants qui n'ont plus rien à faire de la promotion du film et enfin de l'abondance de plans filmés pendant la conception du film - sur le plateau comme lors de la préparation des effets spéciaux. Etonnamment, le réalisateur et scénariste David Cronenberg ne fait pas partie de la liste des personnes interviewées, mais nous avons eu la chance de l'écouter commenter son film sur le disque 1. Ce making of est visible dans son entier (2h 42 min), dans une version écourtée (2h 16 min) ou par chapitres ; on en ignore l'intérêt étant donné qu'une vision intégrale s'impose... mais pourquoi pas ? Fear of the Flesh traite de la totalité des éléments constitutifs du projet La Mouche et de sa fabrication. Le cinéphile en apprend beaucoup sur les origines du projet (avec un changement radical de direction avec la venue de Cronenberg), sur son rapport avec le film original de Kurt Neumann (avec extraits à la clé), sur l'implication du producteur Stuart Cornfeld, sur le tournage lui-même avec de nombreuses images de tournage.


On voit travailler le cinéaste, les acteurs, l'équipe de tournage, celle des décors et des effets spéciaux (mécanique et de maquillage). Nous avons même la chance de découvrir des extraits de scènes coupées (dont on devine que leur maintien aurait modifié le rythme du film), ainsi que des comparaisons scénario/plans tournés. Tous les intervenants sont conscients d'avoir pris part à l'élaboration d'une très grande œuvre, et leurs propos sont toujours intéressants et témoignent de leur investissement respectif dans le film. Sont donc interviewés entre autres : Charles Pogue (scénariste), Stuart Cornfeld (producteur), Robert Bierman (premier réalisateur engagé), Mark Irwin (directeur de la photographie), Carol Spier (chef décoratrice), Chris Walas (créateur des effets de maquillage) et le casting avec John Getz, Jeff Goldblum et Geena Davis. Goldblum est particulièrement disert sur son travail, il faut dire que sa performance dans La Mouche est probablement la plus accomplie de sa carrière. En conclusion, ce documentaire s'avère tout simplement incontournable pour tous les amateurs du cinéaste et de l'un de ses nombreux chefs-d'œuvre.


Sur la même page que le making of, on trouve 16 séquences annexes qui sont des courts modules contenant une intervention (plus ou moins informative et parfois amusante) de l'un des interviewés du documentaire. La liste est la suivante : Un départ rapide (Stuart Cornfeld, 1 min 14), Le début de la promotion (Stuart Cornfeld, 56 sec), Qui veut mourir ? (Jeff Goldblum, 1 min 39), Il suffit d'être passionné (Geena Davis, 54 sec), La préparation de Cronenberg (Mark Irwin, 40 sec), Les films de Cronenberg (Goldbum, Getz, Cornfeld, 3 min 55), Cronenberg le gynécologue (Davis, Goldblum, 1 min), Cronenberg le réalisateur (Getz, Davis, 2 min 46), Au jury à Cannes (Jeff Goldblum, 2 min 05), Le souci du détail chez Carol Spier (Mark Irwin, 53 sec), Le test du verre brisé (images du tournage, 1 min 51), Du scotch et des lames de rasoir (Cornfeld, Pogue, 3 min 18), L'esquisse de fin de Pogue (Charles Pogue, 1 min 08), Un Oscar (Chris Walas, 54 sec), La dernière collaboration (Mark Irwin, 47 sec) et Hanté par la Mouche (Robert Bierman, 1 min 37).

Le Musée Brundle d'histoire naturelle (11 min 52)
Chris Walas, le célèbre créateur des effets spéciaux de monstres et de maquillage, nous emmène chez l'un de ses amis qui a pu conserver de nombreux éléments (dessins, modèles, moules, sculptures) ayant servi à l'élaboration des SFX de La Mouche. Cette visite lui donne ainsi l'occasion d'expliquer le fonctionnement de chacune des créations présentées, que le réalisateur de ce court documentaire illustre par des extraits du film et de son tournage. Ce module se révèle assez plaisant, et l'on ne se sent jamais saturé d'informations quand ce grand gaillard toujours adolescent dans l'esprit s'amuse à revisiter ce "musée" des horreurs organiques.

SCENES INEDITES

Le long documentaire nous faisait entrevoir l'existence de quelques séquences coupées du montage de La Mouche. On nous en montre ici quelques unes qui bénéficient d'une présentation intelligente puisqu'elles sont encadrées par des bouts de séquences qui les précèdent et les suivent (pour celles qui étaient finalisées et intégrées dans un premier montage). Un commentaire écrit nous présente succinctement de quoi il est question pour chacune de ces scènes et la raison de leur abandon. Enfin, on a pour certaines d'entre elles de découvrir les storyboards et leur trace dans le scénario. Voici la liste de ces 4 séquences inédites : Deuxième interview (1 min 42), Le singe-chat (6 min 58), BrundleFly contre la clocharde (elle n'existe que sous forme scénarisée - en anglais sans traduction) et Bébé papillon (2 min 25).

Cette partie nous propose également de découvrir deux scènes alternatives parce qu'intégrales et leur comparaison avec la longueur retenu pour le montage final du cinéaste : Réconciliation (1 min 55) et La poésie du steak (3 min 32).

DOCUMENTS ECRITS

Cette partie réunit des suppléments écrits. Bien entendu, la consultation sur un écran n'est pas aussi confortable que celle réalisée sur un support papier. Mais pour pousser encore plus loin l'étude de La Mouche, ces documents se révèlent d'importantes sources d'informations : on a ainsi la possibilité de lire la nouvelle originale de Brian Langelaan, le scénario original de Charles Edward Pogue, la réécriture de David Cronenberg et des articles des magazines interactifs Cinefex (article de novembre 1986) et American Cinematographer (2 articles). On imagine aisément que seuls les plus mordus (ou fous ?) passeront du temps à consulter ces textes, mais il faut savoir que la renommée de tels magazines donneront envie à certains de s'y plonger avec délectation. Quant à la présence du script de Cronenberg, elle ne constitue en rien un gadget puisqu'elle nous permet d'accomplir une étude comparative avec l'œuvre filmée et nous aide à comprendre le processus créatif de l'artiste.

ESSAIS

Ce supplément très intéressant présente une série de 5 essais concernant différents travaux sur les effets spéciaux du film et la création des prothèses pour la créature mise au point par l'équipe de Chris Walas : Générique d'ouverture (1 min 46), Eclairage du téléporteur et trucages (2 min), Le maquillage de BrundleFly (2 min 12), Explosion d'insecte spatial (48 sec) et Cronenberg-La mouche (48 sec).


Outils de promotion

Cette section propose :
- deux bandes-annonces cinéma (VO, 1 min 22 et 1 min 58)) et des spots TV (trois fois 30 sec) de La Mouche, deux bandes-annonces de La Mouche 2, (VO, 40 sec et 1 min 07) une bande-annonce de La Mouche noire (1 min 54) et du Retour de la mouche (1 min 33).
- le kit de presse électronique de 1986 avec une featurette (6 min 57) et un "portrait" (4 min 21) de David Cronenberg. Construit sur des interviews et des extraits du films, ces deux courts modules relèvent typiquement du matériel promotionnel classique. S'ils pouvaient représenter un peu d'intérêt lors de la sortie de La Mouche, ils n'en ont aujourd'hui quasiment aucun - à part peut-être celui de donner un aperçu des méthodes utilisées par les grands studios pour vendre au public leurs films.
- galeries d'affiches et photos d'exploitation : 7 affiches et 8 photos, c'est bien peu pour un film d'une telle richesse visuelle.

Galerie de photos

Pour les amateurs de photos, c'est plutôt ici qu'il faudra venir consulter : on trouve 42 photos pour la publicité, près de 120 pour les coulisses du tournage, 115 pour la conception artistique et plus de 140 pour les effets spéciaux. Les captures sont d'assez bonne qualité, il est seulement dommage de ne pas pouvoir en disposer dans des tailles plus importantes.


Par Ronny Chester - le 29 mai 2012