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Test dvd
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La Chevauchée fantastique

DVD - Région 2
Editions Montparnasse
Parution : 4 novembre 2003

Image

L’éditeur présente une version restaurée, ce qui n’était pas le cas du DVD précédent. Nous sommes ici en présence d’un master moyennement propre. On doit certes toujours déplorer la présence de quelques rayures, taches et points blancs, mais la différence avec l’ancienne édition se fait légèrement sentir. La pellicule manque toutefois de contraste, les blancs sont parfois saturés (les visages sont "brûlés" sur certains plans) et on remarque des différences de chroma sur certains raccords (mais cela reste rare). Les séquences de nuit ont tout de même un rendu admirable. L’image a été un peu lissée, mais elle conserve une touche argentique de bon aloi. On relève aussi la présence de quelques tremblements, mais ceux-ci ne sont vraiment perceptibles qu’au début du film. La définition est irrégulière : certains plans sont bien nets, d’autres légèrement floutés. La compression est honnête dans l’ensemble, mais ses effets se font voir dans les arrières plans qui sont souvent bruités. En conclusion (et comparativement à l’édition précédente), la restauration ne semble pas évidente du tout mais ce film a si souvent été vu et revu dans des conditions déplorables que nous ne bouderons pas notre plaisir.

Son

L’éditeur propose quatre pistes sonores : la vo et la vf en mono et un remastering 5.1 pour les mêmes deux langues. Le 5.1 est plutôt symbolique, l’information sonore étant concentrée sur l’enceinte centrale. Quelques rares effets sont déportés sur les enceintes avants, mais ces dernières ne font que souligner paresseusement la voie centrale. Les arrières restent quasiment muets. La version originale l’emporte sur la version française qui reste étouffée et plus pauvre en ambiances. Même chose pour les pistes mono : la version française reste complètement sourde. Quant au doublage, il est insupportable et nul, il n’y a pas d’autres mots ; la voix de John Wayne ne lui correspond absolument pas et le comédien qui le double est incapable de jouer. On pourrait se demander quelle est la pertinence de ces deux remixages multicanaux. Cependant le son des pistes originales est clair et net, même si les ambiances sont un peu en retrait, et le souffle est peu présent. C’est bien tout ce qui nous importe pour un film de cet âge. Les sous-titres français sont d’un jaune discret et restent parfaitement définis et peu encombrants.

Suppléments

Le DVD se lance avec une courte introduction présentant un montage de diverses affiches du film. On nous propose deux chemins distincts vers deux menus : l’un concernant le film et l’autre les bonus. Ces deux menus sont fixes et musicaux. Le chapitrage est fixe et muet, présenté sous la forme de 20 vignettes fixes réparties sur 5 pages.

Les suppléments comportent : Un Entretien avec John Ford (23’05’’) : cet interview sonore a été réalisée en 1973 par le petit-fils de John Ford accompagnée de la fille du réalisateur. Il est visible dans son intégralité ou par l’intermédiaire de huit chapitres. Le son de ce dialogue est monté sur le film. On sent le cinéaste de 78 ans vieux et fatigué et particulièrement désenchanté au début de l’entretien. Son petit-fils cherche à lui tirer les vers du nez et l’on peut dire que cela fonctionne car John Ford devient de plus en plus loquace. Les anecdotes commencent à fuser de part et d’autre. Le maître parle des conditions de tournage, des Mormons, des Indiens qu’il a fait tourner de film en film, de sa première collaboration avec le grand cascadeur Yakima Canutt, responsable des cascades du film. Une chose importante à retenir : La Chevauchée Fantastique a relancé le western (enfermé dans la série B tout le long de cette décennie) grâce à la psychologie des personnages, à l’utilisation des extérieurs et à l’effet produit par Monument Valley. Bien entendu, John Ford aborde plus longuement sa rencontre avec John Wayne. Il nous dévoile même l’origine du pseudo de l’acteur. Il évoque sa personnalité, ses débuts et ses talents de comédien, ainsi que l’étroite complicité qui les lie. Ce document n’est finalement pas une grande source d’informations, mais il demeure agréable à écouter et surtout entendre la voix de John Ford reste un plaisir de tous les instants.

Je n’ai jamais vu la Chevauchée Fantastique (4’33’) : il s’agit d’un extrait de la célèbre émission Cinéastes de notre temps. John Ford est interviewé par un journaliste parlant assez mal l’anglais, et répond avec son détachement et son humour coutumiers à quelques questions un peu banales. Ce petit document est bien trop court et le peu de chose qu’on entend de Ford est sa défense des gens d’Hollywood et sa façon prosaïque d’aborder sa profession sans aucune grande ambition artistique (refrain bien connu de sa part). Le plaisir d’apercevoir John Ford, dirons-nous…

Quintessence du western, entretien avec Jean Douchet (17’17’’) : Le metteur en scène et théoricien du cinéma nous entretient du cinéma de John Ford et particulièrement de La Chevauchée Fantastique comme archétype du western. Il aborde la mise en scène, la notion d’espace, le rapport entre la communauté et l’individu chez le cinéaste, l’importance de Monument Valley au niveau personnel et professionnel (on est heureux d’entendre à nouveau que Ford était un ami des Indiens). Chaque élément traité est intéressant, on regrettera par moments d’avoir à faire à un simple survol. Mais la passion simple et communicative de Douchet pour Ford est sans cesse présente. L’entretien, illustré par quelques extraits du film, a été dirigé par Clélia Cohen (que l’on n’entend pas), journaliste aux Cahiers du Cinéma.

Dreaming of Jeannie, analyse de Ted Gallagher (27’04’’) : Ted Gallagher est un journaliste et écrivain de cinéma, fin connaisseur de l’œuvre de John Ford. Il analyse ici la mise en scène de La Chevauchée Fantastique. Ce document se présente sous la forme d’un montage didactique d’extraits du film et de schémas commentés par Gallagher. Le journaliste étudie la présentation des personnages, la narration en sketches propre au réalisateur, les liens entre les décors et la psychologie, l’importance du cadre. Il analyse la séquence du repas qui montre l’exclusion du personnage de Dallas par la communauté à l’exception de Ringo Kid joué par John Wayne. Cette partie constitue le moment le plus intéressant de ce document qui, malgré quelques blancs sonores et un montage parfois abrupt, sort du tout venant qu’on nous propose habituellement. Gallagher en profite aussi pour montrer son désaccord avec deux autres analystes, dont André Bazin et sa théorie du "montage invisible" qu’il remet en question concernant John Ford (ce qui, personnellement, me remplit de joie).

La bande annonce du film (3’28’’) : l’image est bruitée, peu définie, surexposée et faiblement contrastée. Sa présence dans ce DVD est néanmoins bienvenue.

Dans la même collection : l’éditeur propose 3 extraits des 3 autres film sortant sous la forme de coffret collector : La Charge héroïque (53’’), Top Hat (58’’) et La Féline (1’14’’) tirée du coffret Tourneur. Une autre page affiche les 7 autres titres sortis auparavant sous cette même forme.

Un livret "prestige" : une grande brochure carrée de 15 pages écrit par Clélia Cohen, et illustrée par des photos du film. On y trouve un survol biographique de Ford, une courte présentation de La Chevauchée Fantastique et une filmographie sélective du cinéaste.

Ce DVD agrémenté de suppléments plutôt attrayants rejoint donc ainsi la collection des coffrets collector des Editions Montparnasse, ces fameuses grandes boites carrées qui divisent les collectionneurs, et ne manquera pas d’intéresser les plus fervents amateurs de western (et de John Ford en particulier).

Test technique du zone 2 de Ronny Chester.

Par Ronny Chester - le 20 novembre 2003