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Test dvd
Image de la jaquette

L'Assassin

DVD - Région 2
Carlotta
Parution : 6 mars 2013

Image

Lors du lancement du film, un texte introductif nous précise les conditions de la restauration de ce nouveau master : 

"La restauration numérique de L'Assassin a été réalisée à partir du négatif caméra original, auquel manquaient deux bobines, et d'un interpositif d'époque.
Ces deux éléments ont été scannés à une résolution de 2K et restaurés numériquement. L'étalonnage a été effectué d'après une copie appartenant à Titanus et conservée à la Cineteca de Bologne.
Le son original a été restauré à partir du négatif optique 35 mm, dont a été tiré un positif son de conservation, numérisé et restauré numériquement.
Les travaux de restauration ont été réalisés en 2011 au laboratoire de l'Immagine Ritrovata"

Ces quelques lignes ne participent pas seulement d'un effort de transparence ou de précision techniques, elles fixent le niveau d'exigence d'une restauration tout à fait exemplaire : le nettoyage a été intégral (pas de tâche, pas de griffure, pas de points noirs à signaler) mais le grain a été préservé, évitant tout lissage numérique. De beaux contrastes, un piqué convenable, une stabilité indéfectible : c'est un quasi sans-faute.

Son

Constat similaire sur la piste audio, résolument impeccable : aucun défaut manifeste de relief ou de clarté ne nous sera apparu, l'équilibre entre les dialogues et la partition musicale de Piero Piccioni étant bien maintenu.

Suppléments

Outre deux bandes-annonces (l'une d'époque, l'autre à l'occasion de la ressortie du film dans les salles françaises en Juin 2012), le disque propose deux suppléments faisant intervenir l'éminent Jean A. Gili, spécialiste es-cinéma italien.

Le premier est un dialogue d'une quinzaine de minutes avec Paola Pegoraro Petri, la veuve du cinéaste, dans lequel on est tout de suite frappé - notamment dans le choix de ne pas se faire face mais de partager, côte à côté, le même canapé - par la complicité qui les unit, à tel point qu'elle finit par lui dire, au détour de la conversation : "tu le connaissais mieux que moi sur ce point". Ils évoquent ainsi l'époque pendant laquelle Petri aura achevé sa première réalisation, ses liens avec Tonino Guerra, Salvo Randone, le regard (ou plutôt l'absence de regard) que le cinéaste portait sur ses propres films, etc... dans un échange aussi pédagogique qu'intime. Dommage, toutefois, que la conversation s'achève de façon aussi abrupte.

Dans le deuxième supplément, intitulé Coupable Innocence, Jean A. Gili se prête à un exercice dans lequel il excelle, celui de l'analyse historique et critique. Dans un module finement réalisé, qui illustre notamment de façon sobre et pertinente les propos de l'historien avec de brèves images du film, et en faisant oeuvre constante de pédagogie, il inscrit le film dans son contexte du début des années 60, époque qui marque l'achèvement du néo-réalisme et l'émergence de toute une génération de cinéastes forts en caractère (Petri, Rosi, Pasolini...). Il s'attarde également de façon tout à fait convaincante sur la figure du policier incarné par Salvo Randone, notamment pour sa rigueur morale, héritée des années de fascisme. Enfin, il démontre comment le personnage principal de L'Assassin (première réalisation d'Elio Petri) annonce la suite de la carrière du cinéaste, et notamment le célèbre Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon. Le tout en un petit quart d'heure, avec une fluidité et une efficacité réelles. De la belle ouvrage.

Par Antoine Royer - le 3 avril 2013