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Test dvd
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Il medico della mutua

DVD - Région 2
Tamasa
Parution : 16 juin 2020

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Cette édition est dans les standards supérieurs des films italiens, déjà nombreux, proposés par Tamasa : la définition n'est pas faramineuse, mais la copie est bien propre, le grain et le rendu chromatique semblent fidèles à la photographie des films italiens des années soixante, et aucune scorie digne d'être mentionnée ne vient perturber le visionnage.

Son

Une seule piste, italienne, avec des sous-titres (les sous-titres Tamasa, un peu jaunes) amovibles. Là encore, le rendu est clair, ce qui est assez typique de ces productions largement postsynchronisées : seules deux séquences (à 12'50'' avec Pupella Maggio et à 1h09'30'' lorsque la patiente "gonflée d'air" se relève) pâtissent d'un son plus étouffé, qui contraste avec le reste, mais il y a fort à parier (c'est en tout cas certain pour la première) que cela est dû au fait que la prise de son y était directe.

Suppléments

Sur le disque, un unique supplément, Le Regard de Jean-Baptiste Thoret (27 minutes). Quand il s'agit de cinéma italien (entre autres domaines d'expertises), le journaliste-historien est in-Thoret-ssable et il faut bien avoir conscience que, compte tenu de l'efficacité de sa pensée ou de son débit de parole, il donne en moins de 30 minutes plus d'informations que n'importe quel autre intervenant en une heure. On ne voit donc pas passer le temps dans cette intervention qui recontextualise la "comédie à l'italienne", évoque le parcours de Luigi Zampa (avec de nombreux titres recommandés, comme Les Années rugissantes, L'Art de l'arrangement ou La Belle Romaine, film avec lequel Il medico della mutua entretient quelques liens rapidement développés ici), cible quelques unes de ses particularités (Zampa serait, parmi les grands cinéastes de comédie, le plus "pessimiste" - en tout cas, il s'agit d'un cinéaste qui "ne s'attaque pas aux choses de façon détournée") puis - en toute fin - analyse plus spécifiquement le film proposé ici.

On boit ses paroles avec une forme d'admiration, ce qui n'empêche pas de remarquer que le cerveau va parfois plus vite que la bouche (Zampa y est décrit comme ayant "dix ans de moins que Risi ou Monicelli, et vingt ans de moins que Fellini ou Scola", c'est évidemment le contraire) ou que l'orateur cède parfois à la tentation de l'enrobage dans des formulations trop définitives ou imprécises : passons sur le fait que, décidément, beaucoup de choses sont "absolument géniales", mais on peut contester sa vision de Zampa comme un cas exceptionnel de cinéaste issu du sillage du néoréalisme, qui serait passé par le "néoréalisme rose" avant de se tourner plus massivement vers la comédie : après tout, c'est également le cas de Comencini (qui tourne Défense de voler en 1947 avec des comédiens issus de la rue), de Germi (Le Témoin, de la même manière, date de 1946), voire de Dino Risi ou de Mario Monicelli, c'est à dire de la plupart des fers de lance du mouvement. Nous sommes un peu pointilleux, mais qui aime bien châtie bien.

Enfin, le supplément pâtit de son indécision de nature : parce qu'il contient une grande part de contextualisation "généraliste", dégagée d'Il medico della mutua, on pourrait envisager de le regarder avant de découvrir le film, comme préambule. Prévenons dans ce cas que la toute fin du film est, sans préalable, révélée et commentée par Thoret. 

Dans le boîtier du DVD, on trouve un livret de 16 pages, illustré de photos du film, et faisant figurer deux textes : un portrait de Luigi Zampa (L'art de se débrouiller) rédigé par Jean-François Rauger à l'occasion de la rétrospective consacré au cinéaste à la Cinémathèque Française, dans lequel le cinéaste est décrit comme "un homme en colère" ayant le "souci du divertissement populaire" - puis un portrait d'Alberto Sordi écrit par Anne Dessuant, qui entreprend de décrire l'importance de l'acteur dans la culture populaire italienne, souvent sous-estimée de ce côté-ci des Alpes. 

Par Antoine Royer - le 23 juin 2020