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Test dvd
Image de la jaquette

Crime à froid

DVD - Région All
Synapse Films
Parution : 28 septembre 2004

Image

L’édition étasunienne de Crime à froid proposée par Synapse Films affiche, du moins à l’échelle de la chronologie numérique, un âge quasi canonique puisque ce DVD fut publié en 2004. C’est-à-dire en une ère où la haute-définition n’était pas encore la règle, loin s’en faut... Rien d’étonnant donc à ce que l’image de ce DVD d’un autre temps offre une image sans doute décevante pour des yeux accoutumés à la précision chirurgicale du Blu-ray. La définition manque en effet, au regard des standards contemporains, certainement de rigueur. Il en va de même dans la restitution de certains mouvements de caméra donnant lieu à des saccades malvenues. La colorimétrie souffre aussi d’un défaut d’intensité, échouant à rendre le dynamisme de couleurs - celles de vêtements et d’intérieurs outrageusement seventies comme d’extérieurs automnaux flamboyants - que l’on suppose initialement vives. Ces défauts de transfert sont cependant et en partie contrebalancés par la qualité globalement fort correcte de la copie de Crime à froid utilisée par Synapse Films. Même si la pellicule présente ponctuellement quelques accrocs, elle offre pour l’essentiel une image d’une propreté indéniable, résultant d’un travail de restauration manifestement soigné. On notera que ce dernier a, par ailleurs, concerné la vingtaine de minutes d’images pornographiques et gore absentes de la version diffusée dans les salles américaines. Car - et c’est là le mérite majeur de cette édition de Crime à froid - c’est bien une version intégrale du chef-d’œuvre hardcore et subversif de Bo Arne Vibenius que propose ici Synapse Films. Aucun autre éditeur n’avait pris l’initiative de diffuser cette version « uncut and uncensored » de Crime à froid jusqu'à Bach Films en mai 2015.

Son

Comme ce qui concerne l’image, les bandes-son du DVD de Synapse Films accusent leur âge sans être pour autant totalement insuffisantes. La restauration dont les pistes suédoise et anglaise ont fait l’objet les a manifestement nettoyées de leurs défauts majeurs. Dialogues et bruits d’ambiance - il n’y a guère de musique dans Crime à froid - sont restitués de manière globalement nette. Mais pour des oreilles accoutumées à l’ampleur du son haute-définition, ces deux bandes-son paraîtront sans doute un peu ternes, portées par un mono certes Dolby Digital mais tout de même peu puissant.

Suppléments


Les suppléments consistent en une poignée de bandes-annonces, photos de plateaux, chutes de montage, matériel de promotion et autres photogrammes (apparemment) rares... Pareil choix éditorial ravira certainement la fraction la plus fétichiste des amateurs et amatrices de cinéma de genre. Quant aux autres - dont, on l’aura sans doute compris, fait partie l’auteur de ces lignes -, en quête d’une analyse de cette manière de chef-d’œuvre qu’est Crime à froid, il leur faudra se contenter d’un (maigre) livret signé par Robert Marcucci, résumant en quelques lignes rapides l’histoire contrariée de Crime à froid, tout en affirmant - ce avec quoi nous sommes pleinement d’accord - que seule la version hard de ce film permet d’en donner la pleine mesure. On regrettera cependant que Robert Marcucci n’argumente pas plus avant ce louable point de vue... On déplorera, encore plus, le fait que ces suppléments strictement archivistiques - parmi lesquels une série de clichés "affriolants" de Christina Lindberg nue... - échouent finalement à départir Crime à froid de l’insuffisante étiquette de bizarrerie cinématographique qui lui est, le plus souvent et malheureusement, attribué.

L’on se prendra donc à rêver qu’un éditeur comme Le Chat qui Fume s’empare un jour (très) prochain de ce révolutionnaire Crime à froid. Et lui consacre une batterie de suppléments d’une portée réflexive aussi passionnante que celle qu’il a élaborée, par exemple, pour Le Venin de la peur à l’occasion de l’édition qu’il en fit en 2015.

Par Pierre Charrel - le 25 février 2016