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Test dvd
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Collection R.W. Fassbinder Volume 4

DVD - Région 2
Carlotta
Parution : 6 avril 2005

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Des copies superbes [en 1 : 66] avec très peu de défauts. Si ce n'est pas frappant pour un film volontairement terne et un peu granuleux comme Maria Braun, les arcs-en-ciel technicolor de Lola et la dépression noire et blanche de Veronika Voss achèvent de convaincre.

Son

Mono allemand d'origine clair et propre où musiques et dialogues se détachent tout à fait. On se répète encore mais cette clarté permet d'être attentif aux petits détails sonores dispersés par Fassbinder, notamment la manière dont, dans Veronika Voss, la radio renforce la présence américaine. Sous-titrages français et néerlandais.

Suppléments

La Trilogie allemande : un documentaire de 30 minutes où Allerton prouve encore qu'ils savent trouver les bons intervenants. Ceux-ci ont toujours quelque chose à dire et sont complémentaires: N. Brenez [maître de conférences à Paris I et programmatrice à la Cinémathèque] replace les 3 films dans leur contexte historique, comme allégories où Maria Braun et Veronika Voss se partagent pulsions de vie et de mort. Elle explicite les allusions, les continuités que Fassbinder établit entre années 50 et nazisme, pointant notamment que tous les petits fonctionnaires aperçus dans Lola sont les mêmes que sous le Troisième Reich, l'appareil administratif ayant été préservé. Dans une deuxième partie, M. Silhouette [maître de conférence en allemand à Paris 10] se concentre sur l'allemand dans le texte, la symbolique des noms des héroïnes et les références littéraires jetées par Fassbinder [le début de Lola cite le poème de Rilke "Une journée d'automne", évoquant immédiatement le sketch rageur de Fassbinder pour le film collectif L'Allemagne en automne]. Enfin, Cédric Anger [scénariste de Selon Matthieu et de Deux de Werner Schroeter, vieil ami de RWF] aborde la forme cinématographique, les hommages à Sirk et Von Sternberg, et la parenté possible des personnages de Fassbinder avec ceux de Wilder, qui essaient de faire le moins de compromis possibles avec le Système. Strictement rien à jeter dans ce documentaire, pédagogique et passionnant.

La Maison Fassbinder (25 mn) : le journaliste allemand Patrick Straumann part de la métaphore de Fassbinder sur son œuvre comme étant une maison pour l'appliquer à Maria Braun. Idée a priori un peu artificielle, un brin desservie par le ton monocorde de Straumann mais ce dernier se livre à une analyse universitaire souvent éclairante sur la composition ironique du cadre chez RWF et plus largement sur la manière dont il empile dimensions historique et intime. Un peu austère dans le ton, mais avec toujours l'image à l'appui. Très instructif.

Hanna, une femme allemande (15 mn) : si les interviews des autres actrices sont issues des récentes éditions Criterion [2003], Allerton glisse ici un supplément réalisé pour l'occasion, profitant du fait que madame Schygulla parle très bien français. L'actrice revient sur sa collaboration avec RWF sur ce film et la manière dont le final retenu résulte d'un compromis entre Fassbinder et elle, qui trouvait que suicider explicitement Maria Braun donnait un côté pathétique gênant. Elle explique son personnage - et le fait que RWF se refusait à expliquer lui-même ses personnages à ses acteurs -, avouant qu'elle trouve étrange que certains spectateurs puissent autant aimer un personnage si opaque. Au final, on regrette que l'interview n'ait pas été l'occasion de revenir plus largement sur les longues années de collaboration au théâtre et à l'écran avec RWF. A moins qu'Allerton nous garde sous le coude quelque chose pour un prochain coffret ?

Entretien avec Barbara Sukowa (20 mn) : une interview vidéo de l'actrice de Lola en anglais sous-titré, où elle évoque sa rencontre avec Fassbinder [elle issue du théâtre classique, lui dans un registre avant-gardiste], un tournage sans difficultés [rapidité, préparation minutieuse de RWF en amont, une seule prise] et sa perception du personnage : une femme d'affaires calculatrice mais brisée.

Lola, les feux d'artifice (20 mn) : la chef opératrice Caroline Champetier [Garrel, Fontaine, Doillon, Jacquot] parle de la lumière dans Lola et en pro, trouve tout à fait les bons termes pour évoquer son importance, la manière dont elle noie et déréalise le film. On la suit un peu moins quand elle applique l'artificialité du film à une anticipation par Fassbinder de l'état légèrement chaotique de l'Allemagne réunifiée.

Entretien avec Julianne Lorenz et Rosel Zech (30 mn) : La présidente de la Fondation Fassbinder, dernière monteuse de RWF, interviewe la star de Veronika Voss à New York. Les deux femmes brassent souvenirs de tournage, l'Ours d'or à Berlin qu'à reçu le film. Le portrait d'un Fassbinder anti-psychologique quand à ses personnages, pointilleux et rapide, est peut-être un peu redondant par rapport aux autres interviews. On est parfois aux limites d'une conversation entre copines, mais toujours remise sur les rails.

La montée du mensonge (24 mn) : Jean Douchet analyse les thèmes de Veronika Voss - cinéma, souvenir -, la mise en scène et l'utilisation du noir et blanc. Petite leçon de cinéma avec la précision habituelle du critique.

Bandes-annonces des films.

Par Leo Soesanto - le 28 avril 2005