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Test dvd
Image de la jaquette

Coffret Teuvo Tullio

DVD - Région All
Tamasa
Parution : 2 avril 2019

Image

Belle idée de proposer ces deux classiques finlandais qui ont beaucoup marqué le public à l'époque. Deux oeuvres rescapées d'un incendie qui détruisit les premières oeuvres de Teuvo Tullio. Ajouté à cela une cinémathèque locale visiblement sans grands moyens et vous obtiendrez deux copies relativement essoufflées, avec des cadres instables, des sautes de photogrammes aux points de montage, des pulsations de contraste et de luminosité, des griffures, des points blancs/noirs. Les contrastes (surtout dans Le Chant de la fleur écarlate) sont souvent équilibrés et la définition généralement correcte, heureusement, mais on note quelques erreurs de mise au point et des plans (dans Le Chant de la fleur écarlate), vraisemblablement mal tirés/développés, qui offrent un énorme flou au centre de l'image. Nous sommes donc loin des conditions de visionnage optimales, l'occasion de rappeler qu'il est aussi bon de ne pas systématiquement s'habituer au luxe du 4K, au risque de se fermer une cinéphilie plus confidentielle, comme ces fables pastorales, deux raretés sans doute présentées pour la première fois en France en vidéo.

Son

C'est la même chose pour les bandes-son, à la restauration fragile. Les spectres sonores sont un peu couverts, avec une amplitude limitée, un léger souffle et une propreté relative (scratches permanents). Les voix souffrent de sifflantes parfois prononcées mais conservent une certaine clarté, le rendu musical est honnête, sans éclat particulier. On relèvera enfin, sur Le Chant de la fleur écarlate particulièrement, un ronronnement de caméra assez insistant sur certaines scènes silencieuses.

Suppléments

Les deux DVD sont présentés dans un beau digipack trois volets où l'on trouve également un livret de 16 pages, plutôt concis mais bien rempli. Un premier texte (issu du catalogue du Festival de la Rochelle) évoque le parcours de Teuvo Tullio, l'un des grands modèles d'Aki Kaurismaki, dont l'"histoire familiale est en soi un mélodrame fait d'exil", et analyse quelques grands thème de son cinéma : magnificence de la femme ou importance de la Nature, paradis idyllique "d'une sensualité audacieuse". Influencé par le cinéma soviétique et une imagerie orthodoxe, Teuvo Tullio est un cinéaste aux trouvailles visuelles omniprésentes. Deux textes proposent ensuite de brèves analyses des deux films du coffret, avec "l'érotisme palpitant" du Rêve dans la hutte bergère, "champ de bataille entre ciel et terre, innocence et dépravation, péché et expiation", et Le Chant de la fleur écarlate, "oeuvre avant tout intensément solaire", à la "sensualité décomplexée" et au "grand style assez composite", du documentaire au quasiment kitsch...


De Théodore à Tulio (39 min)
Rencontre intéressante avec Irmeli Debarle, spécialiste du cinéma finlandais et collaboratrice d'Aki Kaurismaki, qui commence par retracer le parcours de Tulio, arrivé en Finlande à l'âge de 10 ans et initié au cinéma à peine quelques années plus tard, créant déjà des films à succès (notamment comme acteur) quand il n'a même pas 15 ans. Irmeli Debarle évoque ensuite les caractéristiques d'une oeuvre qui a marqué le public finlandais d'avant-guerre, lui procurant "des émotions très fortes" avec son imagerie champêtre, un féminisme précoce, des personnages masculins plutôt faibles et réduits au pulsion sexuelles. Influencés par la guerre qui est passée par là, les films suivants de Teuvo Tulio seront plus sombres et systématiquement urbains. Après des échecs successifs dans les années 50, le réalisateur sera trainé dans la boue et oublié. Il est réhabilité depuis une grosse dizaine d'années.

Bande-annonce pour la sortie en salle des deux films en 2018 (1 min 33 - 4/3)


Par Stéphane Beauchet - le 17 avril 2019