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Test dvd
Image de la jaquette

Coffret Tchoukhraï

DVD - Région 2
Potemkine
Parution : 2 novembre 2016

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Après Panfilov ou Kalatazov, et quelques mois avant Chepitko et Klimov, Potemkine consacrait un coffret à un cinéaste soviétique méconnu mais essentiel, Grigori Tchoukhraï, en réunissant ses trois premiers longs métrages, Le Quarante et unième, La Ballade du soldat et Ciel Pur.

Le Quarante et unième

Le film a souffert et l'usure du temps s'est manifestée de plusieurs manières. La première, qui n'est forcément pas la plus dommageable, a contribué à modifier le rendu du Sovcolor (alternative soviétique au Technicolor) : on peut trouver le résultat assez séduisant, avec ses couleurs pastel un peu passées, mais c'est surtout l'homogénéité de l'ensemble qui a été altérée, ce qui fait que durant certaines séquences, selon le plan, on passe d'une impression de jour éclatant à une ambiance de nuit noire. Plus embêtant, la copie proposée ici n'a pas bénéficié de restauration, en tout cas de nettoyage soigneux, et de nombreuses scories demeurent : quand ce sont des points blancs (voir premières captures de la galerie), ce n'est pas trop grave. Mais quelques vilaines griffures surviennent parfois (voir 14ème et 15ème images de la galerie) de manière un peu violente. C'est d'autant plus embêtant que, pour le reste, et dans la mesure de la définition modeste proposée ici, la qualité de l'image et du rendu chromatique avaient de quoi séduire.

LA BALLADE DU SOLDAT

La copie est en bien meilleur état que celle du Quarante et unième, propre et ne souffrant d'aucune imperfections majeures. Toutes les nuances, jeux d'ombres et envolées lyriques de la photo de Vladimir Nikolaev sont magnifiquement mises au valeur tout au long du film.

ciel pur

Une copie qui souffre des mêmes scories que Le Quarante et unième, l’autre film en couleur du coffret. Le Sovcolor (alternative soviétique au Technicolor) donne un rendu singulier aux couleurs, pas dénué de poésie mais pas forcément toujours fidèle aux intentions formelles d’origines. Les scènes de jour bénéficient d’un halo diaphane et de couleurs pastel parfois agréables tandis que les moments plus outrés où la gamme chromatique bascule donne des moments plus baveux (les retrouvailles du couple). Quelques griffures et points blancs ça et là aussi.

Son

Le Quarante et unième

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, l'absence de nettoyage se retrouve dans la bande-son, dans une proportion moins manifeste toutefois : Il y a tout de même quelques scratchs, des distorsions et si on parlait couramment le russe, on pesterait peut-être du rendu étouffé de certains dialogues.

LA BALLADE DU SOLDAT

Un bande son mono propre, efficace et dynamique tant dans les moments intimes. que les séquences plus spectaculaires.

CIEL PUR

Un son mono un peu étouffé mais plutôt efficace dans l’ensemble.

Suppléments

Le Quarante et unième

On a décrit plus haut le coffret en disant qu'il contenait trois films, on a un peu menti : le principal supplément de ce disque se trouve en effet dans la proposition de la version originale, datée de 1927, du Quarante et unième, de Protazanov (environ 52 minutes). La copie est très usée, mais il est assez passionnant de comparer les traitements formels comme idéologiques du même sujet par deux films à ce point différents.

Sinon, en terme de compléments éditoriaux, chaque disque contient une présentation de Joël Chapron, spécialiste du cinéma russe dont on apprécie particulièrement l'érudition autant que la clarté : pour ce premier DVD, il opère même deux fois, la première pour présenter l'oeuvre de Tchoukhrai (12 min), la seconde pour parler plus spécifiquement du Quarante et unième (9 min), notamment pour parler des différences avec l'oeuvre de Protazanov, de l'apport du chef-opérateur Urusevskiy ou des relations conflictuelles entre Tchoukhrai et son coscénariste Grigori Koltounov. Des suppléments tout à fait éclairants.

Enfin, un document d'archive daté de 2001 (soit précisément l'année de disparition du cinéaste) propose un entretien avec Grigori Tchoukhrai, dans lequel le réalisateur lui-même parle de son film, et notamment la manière dont le cinéaste Ivan Pyriev (alors directeur de Mosfilm) le lança en lui demandant quel film il aimerait réaliser "s'il était un tsar". L'oeil de l'octogénaire est malicieux, et il se délecte manifestement des anecdotes qu'il raconte, on aurait toutefois aimé que le module soit parfois un peu plus contextualisé.

LA BALLADE DU SOLDAT

Une présentation (9mn30) à nouveau menée par Joël Chapron expliquant bien la production et la sortie mouvementée du film. Les informations s'enchaînent avec précision et érudition dans un ensemble passionnant.

La suite de l'entretien de Grigouri Tchoukhraï cette fois consacré à La Ballade du soldat. La truculence du réalisateur et quelques savoureuses anecdotes évitent la redondance avec le bonus précédent en plus de donner la parole directement à l'artiste.

CIEL PUR

Comme pour les deux autres films du coffret, une présentation (9mn) de Joël Chapron, spécialiste du ciné russe. Concis, informatif et riche en anecdote sur la conception, le contexte et la portée politique du film, c’est module court mais passionnant.

La suite et fin de l’entretien (13mn) de Grigori Tchoukhraï entrevu dans les deux autres disques. La forme est un peu austère mais le réalisateur se montre suffisamment truculent et pertinent pour compléter le bonus précédent de quelques éléments méconnus.

Par Antoine Royer - le 13 avril 2017