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Test dvd
Image de la jaquette

coffret Jean-Claude Brisseau

DVD - Région All
Blaq Out
Parution : 6 mai 2008

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Datant de 2008, le coffret Blaq Out offre des copies dont la qualité va croissant avec l’ordre des titres. Celle de Céline s’avère dans les grandes lignes correcte, malgré un manque de piqué et un assombrissement parfois trop prononcé. La définition n’est pas non plus optimale. Le format correspond à celui annoncé par l’éditeur (1.37). A noter que le passage d’une couche à l’autre peut bloquer sur certains lecteurs.

Concernant La vie comme ça, le format 1.37 est respecté. C'est un document d’époque de l’INA : la copie est granuleuse, sale. Au vu du filmage âpre, est-ce un problème ? Il y aurait en l’occurrence, outre une quasi-impossibilité technique, une certaine obscénité à rendre une copie léchée d’un film au visuel justement aussi mal-léché. Nulle trahison de son esthétique brute, déglinguée, du sentiment d’urgence que la caméra de Brisseau précisément cherchait.

Son

Pour Céline, un Dolby Stereo 2.0 qui ne permet qu’à moitié l’immersion désirée, le travail sur le son se ramenant pour l’essentiel à un gonflage de la bande-son de Michel Legrand. La vie comme ça offre un son stéréo 2.0 où s’imposent les bruitages parasites (normal) mais aussi souffles et manque d’audibilité (déjà moins bienvenus). Là encore, rien qui ne joue foncièrement contre le visionnage (ou ici l’écoute) du film dans des conditions souhaitables. La vie comme ça offre un exemple typique d’œuvre où le choix éditorial de brosser l’audiophile et les râleurs 4k (si l’on nous permet cet anachronisme pour un film édité en 2008) dans le sens du poil aurait au contraire été une trahison artistique. 

Suppléments

Céline

Le cinéaste Philippe Le Guay expose en 4 minutes d’un commentaire sur un montage d’images du film son admiration pour ce titre spécialement lyrique de la filmographie de Brisseau. Chaque film de la collection Blaq Out bénéficie d’un commentaire par un réalisateur ami (de Luc Moullet à André S. Labarthe), toujours d’excellente qualité. On y reviendra au fil de chroniques à venir.

La vie comme ça

Préface de Luc Moullet (4 min 12)
De sa voix reconnaissable entre toutes, Luc Moullet rend hommage au film de son confrère (et à certaines de ses actrices, telle Rosette auteure d’un remarquable Le Grand Méchant Père), disséquant sa manière heurtée, son montage se dispensant d’aller au bout des scènes dont l’on connaît l’issue, son puissant didactisme fait de discours-caméras et de motifs visuels frappants (exemple : la tête du délégué du personnel dépassant difficilement le bureau de son patron). « Un quart de siècle avant les évènements tragiques survenus dans la banlieue parisienne, Jean-Claude Brisseau semble avoir déjà tout dit sur la question. »

L’Ange et la Femme (53 min 49)
Philippe Rouyer revient, entretiens et extraits (de Céline, des Savates du Bon Dieu) à l’appui, sur le parcours atypique de Brisseau, convoquant collaborateurs (Romain Windig, Lisa Hérédia, Raphaëlle Godin, Sylvie Vartan, Jean Musy) et le cinéaste lui-même, pour dresser le portrait d’un esthète engagé, s’étant formé lui-même au super 8, romantique furieux déchiré entre mysticisme et matérialisme. Se dessine la figure d’un artiste à la fois seul dans la production française (d’une manière paradoxale par sa volonté populaire dans un cinéma d’exigence) et bien entouré. La décision d’avoir inclus ce document en bonus de La vie comme ça n’est pas incongrue, des documents photos préparant le tournage y étant exposés. 

Par Jean-Gavril Sluka - le 16 octobre 2014