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Test dvd
Image de la jaquette

Boccace 70

DVD - Région 2
Carlotta
Parution : 17 septembre 2003

Image

Le bilan est excellent : les quatre épisodes ont bénéficié d’une restauration qui, conformément à l’habituel soin de l’éditeur, ne laisse que très peu de scories (quelques inévitables tâches ou poussières résiduelles demeurent). Mentionnons toutefois une très brève mais assez vilaine rupture colorimétrique vers le milieu du film de Luchino Visconti, le temps de quelques plans, d’autant plus saisissante que le rendu chromatique est, globalement, la grande qualité de cette édition : que ce soit les teintes bleutées de la nuit fellinienne, l’ocre automnal de l’appartement viscontien ou le rouge éclatant de la robe de Sophia Loren, cette édition restitue admirablement le flamboyant du film. C’est légèrement moins vrai pour le film de Monicelli qui, outre sa propre photographie plus réaliste, offre un rendu un peu plus terne et un soupçon de grain en plus.

Son

Les versions originales sont traditionnellement préférables, c’est d’autant plus vrai ici que les versions françaises sont assez poussives (sans parler des voix...). Rien à signaler de problématique dans les bandes-sons mono, assez superbes, du film de Fellini (le relief de la séquence de la fanfare, les réverbérations de la voix spectrale d’Anita Ekberg, la force du « Bevete piu latte » de Nino Rota parfois à la limite de la saturation…) ou de celui de Vittorio De Sica (l’atmosphère foisonnante de cette fête foraine, le chant chuinté de Sophia Loren…). Là encore, petits bémols sur celle du film de Visconti qui impose à mi-film un petit écho, ou sur celle de Renzo et Luciana qui offre moins de relief.

Suppléments

Le coffret Deluxe des éditions Carlotta (sorti en septembre 2003) se compose de deux disques : sur le premier figurent les trois épisodes de la version d’exploitation en salles, proposés en VOST ou en VF. Le film de Mario Monicelli se retrouve sur le second disque (en VOST uniquement) accompagné de divers suppléments :

- des bandes-annonces ou extraits de plusieurs films ayant fait la réputation du « film à sketches » italien, parmi lesquels RoGoPaG ou Amore e rabbia (l’extrait proposé est issu de La Séquence de la fleur de papier, film intégralement visible sur le DVD que l’éditeur a consacré à spécifiquement à l’œuvre de Pasolini durant les années 60)

- un entretien d’une douzaine de minutes avec l’éminent Jean A. Gili, qui, avec une clarté et une précision exemplaires, vient nous narrer La saga du film à sketches en Italie. Oeuvrant tour à tour comme historien et comme analyste, ce spécialiste du cinéma italien (il est notamment l’auteur d’une belle anthologie aux éditions de La Martinière) offre un panorama passionnant, qui ravira les profanes autant qu’il comblera les spécialistes.

- un documentaire en deux parties de Nicolas Ripoche, Le souffle de Boccace, qui entreprend, non sans ambition, de dresser un parallèle constant entre l’œuvre de Giovanni Boccace et le cinéma italien des années 60, à travers son irrévérence et ses thématiques de prédilection. La deuxième partie, par exemple, est partagée en chapitres évoquant tour à tour l’esprit satirique, les appétits sexuels de l’homme, l’amour, la féminité et les tromperies… Le sujet est remarquable, pertinemment réalisé et illustré par les extraits de Boccace 70 ou du Décaméron, mais nous nous devons d’adresser un reproche majeur tant cela nous a en partie gâché l’appréciation de cette louable entreprise : le ton monocorde et pompeux de la narration, qui assomme son spectateur bien plus qu’elle ne stimule sa curiosité. Vraiment dommage...

Saluons avec un certain enthousiasme le beau travail esthétique réalisé par Carlotta pour ses menus d’accueil et de chapitrage, qui reprennent des extraits du film sous formes de cases de bandes dessinées animées, avec un esprit et une esthétique 60's très sympathiquement restituée. A noter enfin la sortie en novembre 2009 d’une édition single ne proposant que le premier disque, c’est-à-dire sans le film de Mario Monicelli, que nous ne recommanderons donc pas.

Par Antoine Royer - le 9 octobre 2009