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Test blu-ray
Image de la jaquette

Un témoin dans la ville

BLU-RAY - Région A, B, C
Gaumont
Parution : 4 juin 2014

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Jusque-là disponible en DVD dans la collection Gaumont à la demande, Un témoin dans la ville a désormais les honneurs d'un Blu-ray dans une collection à petit prix. Saluons tout d'abord l'initiative de l'éditeur d'avoir sorti en HD ce polar méconnu et réussi dont le transfert aurait presque pu être irréprochable. Car, contrairement aux habitudes de Gaumont qui a régulièrement tendance à lisser ses masters (ce que nous ne manquons pas de critiquer à chaque fois), on constate ici que l'aspect argentique est conservé, avec un grain bien présent, beaucoup moins atténué que sur d'autres références de l'éditeur. Le niveau de détail est logiquement bon, puisqu'il s'agit d'un scan 2K, et le piqué de l'image s'en ressent, relativement convaincant - si l'on ne prend pas en compte les fondus enchaînés ou quelques rares secondes plus dégradées, peut-être issues d'une copie de moindre qualité pour corriger des défauts de négatif. Comme c'est toujours le cas pour les classiques édités en HD par Gaumont, l'image a été stabilisée (mis à part quelques rares plans à la 75e minute) et complètement nettoyée.

Malheureusement, une autre souci récurrent de cet éditeur vient sérieusement ternir le tableau. C'est presque devenu un norme avec les Blu-ray Gaumont, le niveau des noirs est un peu trop élevé. Effet relativement invisible dans les scènes lumineuses (intérieur du café, standard des "Radio Taxis", etc.), il saute davantage aux yeux dans les scènes sombres : les noirs tendent vers le gris, comme vous pouvez le constater sur la capture suivante :

Or le film a été visiblement étalonné de façon curieuse à sa sortie. Pour compenser certaines images extrêmement sombres où l'action était difficilement perceptible (des plans en intérieur/nuit très faiblement éclairés, par exemple), on a semble-t-il éclairci les noirs au tirage pour rendre des détails plus visibles. Certains changements de contrastes en plein milieu d'un plan (comme à 7 min 31 s) nous font sérieusement penser à cette éventualité. Malheureusement, le résultat aggrave le problème puisque dans ces nuits censées être sombres, telles que les a voulu le directeur de la photographie, les noirs sont encore plus gris, révélant des zones totalement vides, sans information, comme le montre cette autre capture :

Si l'on ne constate pas de postérisation (banding), une autre conséquence de ce contraste laiteux apparaît : on peut parfois remarquer dans les zones sombres de légers artefacts de compression ou d'encodage. Malgré un taux de compression relativement solide (à 30 Mbps en moyenne), il subsiste ces minimes défauts, des macroblocs qui auraient dû rester discrets, ou presque, avec des noirs correctement étalonnés.

C'est fort dommageable pour un film noir à l'ambiance très marquée. Il vous faudra impérativement modifier les réglages de votre écran pour mieux l'apprécier. Il est quand même curieux qu'on ait laissé passer ce problème sans tenter d'uniformiser davantage les contrastes du film (mais cela aurait sans doute revu à la hausse le devis du laboratoire, et comme le film est déjà vendu à très bas prix...). En tout cas jamais, jusqu'à présent, nous n'avions constaté un tel problème de contraste sur les Blu-ray Gaumont.

Son

Une excellente restitution de la bande-son mono d'origine. Légèrement couvert, avec quelques sifflantes, le son est propre et clair, sans souffle parasite ou saturations désagréables.

Suppléments

Lino Ventura, le solitaire (11 min - HD)
Philippe Durant est un habitué de la maison Gaumont. On l'a notamment entendu dans les suppléments de la Collection Michel Audiard, vu dans ceux du Cerveau (dont il a également réalisé l'un des documentaires) et même lu au sein de l'édition 50e anniversaire des Tontons flingueurs sortie fin 2013 (puisqu'il a signé le livre Audiard en toutes lettres inclus dans le coffret). Le journaliste, également auteur d'une biographie de Lino Ventura, revient sur Un témoin dans la ville, un « changement de cap dans  sa carrière habituelle », en essayant d'expliquer ce qui a pu intéresser l'acteur dans cette histoire. Celui-ci semble poursuivre certaines thématiques de film en film (ses personnages ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour s'en sortir) avec une tendance à vouloir justifier les comportements de "salauds" en leur trouvant des motifs louables, des circonstances atténuantes. Philippe Durant insiste également sur l'aspect documentaire d'un film « inscrit dans son époque » et sur ces films policiers qui étaient un peu le passage obligé de la nouvelle génération de réalisateurs (comme Claude Sautet).

Chose rare sur les éditions Gaumont, il n'y a pas de bande-annonce.

Par Stéphane Beauchet - le 17 juin 2014