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Test blu-ray
Image de la jaquette

Un Homme nommé Cheval

BLU-RAY - Région B
Carlotta - L'atelier d'images
Parution : 4 décembre 2019

Image

Les éditeurs Carlotta et L’Ateliers d’Images se sont associés pour nous présenter une belle édition Blu-ray française de ce classique du western moderne. Un homme nommé Cheval, dans son master haute-définition, a probablement dû bénéficier d’une restauration. Néanmoins, celle-ci n’est pas toute récente et ne reste pas homogène sur la durée du film compte tenu de quelques soucis dus à un tournage au budget limité, mais le rendu global de l’image est plutôt très satisfaisant avec même quelques pics qualitatifs impressionnants de beauté. Tout à fait stable et d’une propreté quasi-parfaite (un œil pointilleux remarquera l’apparition rapide d’une rayure blanche à la 80ème minute), ce master éblouit surtout par sa lumière naturelle - qui, de plus, respecte idéalement les éclairages correspondant aux différentes heures de la journée - et une colorimétrie joliment saturée. Les variations de luminosité et les nuances de couleurs ont été ainsi excellemment soignées. De leur côté, les contrastes se révèlent bien soutenus, avec des noir assez profonds ; les plans de nuit offrent du détail et obtiennent un très bon rendu sans distorsions numériques d’aucune sorte. Dans l’ensemble l’image apparaît douce et chatoyante, assez fidèle aux canons visuels de l’époque et probablement aux intentions d’origine. Cette image est heureusement texturée par un grain cinéma bien présent et séduisant, même si variable. Variable aussi est le piqué de l’image, souvent fin (le rendu des textures et des matières l’atteste, ainsi que quelques gros plans magnifiques) mais aussi parfois plus « brouillon » en raison également de la qualité médiocre de certains plans qui surgissent au beau milieu de certaines scènes, victimes d’une chute de définition et d’un grain disgracieux. Ces anomalies constituent donc les bémols de ce master HD en raison d’un tournage problématique (et peut-être d’un usage de sources différentes), en plus de quelques fautes de raccord lumière évidentes. Evidemment, la perte de définition qui apparaît lors des transitions en fondu est tout à fait normale et ne représente en rien un défaut. En conclusion, voici une édition parfaitement recommandable sur le plan visuel malgré ses imperfections, et qui sait rendre justice à ce très beau western.

Son

Ce Blu-ray propose trois pistes sonores HD : deux versions originales (en 5.1 et 2.0) et la version française (en mono 1.0). Les deux bandes-son anglaises partagent des caractéristiques assez proches : claires, propres, avec un équilibre harmonieux entre les voix, les ambiances et la musique malgré le surgissement parfois de quelques distorsions. La dimension multicanale de la piste 5.1 est assez discrète, c’est surtout la musique qui profite de la spatialisation qui sollicite les enceintes surround. Mais elle est aussi un peu plus subtile dans sa profondeur et la caractérisation des effets sonores, quand la piste 2.0 se montre plus brute et moins nuancée sur ce point. Mais on ne s’en plaindra pas, une transformation multicanale artificielle d’une bande-son cinquantenaire s’avère en général une catastrophe. Le doublage français ne démérite pas au niveau de la propreté et de la clarté des dialogues ; en revanche, les aigus sont un peu trop prononcés et les graves dénaturés. Bien sûr, son équilibre ne peut rivaliser avec les pistes sonores originales en raison des voix trop portées vers l’avant mais les ambiances ont été respectées, même si le mixage semble parfois trop artificiel.

Suppléments

L’Ouest, le vrai (25 min 21 - 16/9 - DTS HD-MA 2.0 - 2019 - HD)
L’unique supplément présenté dans cette édition est un entretien très intéressant avec Elliot Silverstein réalisé par Bertrand Tessier, illustré par des extraits du film et quelques photographies. Le cinéaste américain de 92 ans s’exprime avec lucidité et bonhomie sur un film qui lui tient beaucoup à cœur, un western voulu à l’époque comme « une introduction à la vie indienne. » Il parle des origines du projet (un script sur les Crows vivant dans le nord-ouest des Etats-Unis, le rite des « vœux au soleil » propre à la tradition religieuse des Mandans), de ses nombreuses recherches, de l’influence du peintre George Catlin (qui avait assisté à la cérémonie) pour la scène centrale d’Un homme nommé Cheval dont il décrit la fabrication, conseillé par quelques Sioux âgés, des recherches précises pour les costumes et la recréation de coiffes anciennes pour toujours plus de réalisme. Et ce, même si le budget obligea l’équipe à tourner les extérieurs au Mexique et les intérieurs en studio. Silverstein rappelle comment il dut composer avec le comité de censure qui désapprouva la violence de la séquence en question, et comment il réussit à convaincre ses membres en leur parlant de la violence de la crucifixion et de leur point de vue chrétien. Le réalisateur n’hésite pas à mentionner ses problèmes relationnels avec la production et surtout avec Richard Harris, avec lequel la collaboration fut difficile (c’était la réunion de deux fortes têtes). Une violente altercation éclata même lors du tournage de la scène d’attaque du village, qui fut interrompu un long moment en raison d’une opposition de points de vue. Il évoque brièvement quelques comédiens, dont l’ex-Miss Grèce Corinna Tsopei, engagée suite au refus de plusieurs chanteuses indiennes de tenir le rôle de la jeune sœur du chef. Elliot Silverstein termine son propos sur le point de vue indien face à la colonisation européenne puis sur l’importance et la singularité de leur culture.



Il est tout de même dommage de ne pas avoir également proposé la bande-annonce de la reprise en salles datant de décembre 2019... pourtant disponible sur un fameux réseau social.

Par Ronny Chester - le 28 février 2020